Heure de réveil : 5h12 (moi)

L’ankylose matinale revient et ça fait chier, voilà.
Je me sens beaucoup moins fatiguée mais ça veut aussi dire que mes injections sont sans doute moins efficaces et ça fait chier aussi, voilà.

Mébon.

Plus grave : je savais ce dont je voulais parler mais le rêve que j’ai fait ce matin m’a tout coupé. Je rêvais que ma maman me disait “On arrête le Xanax, ta tante a dit que” (ma tante est psychiatre) et je le vivais assez mal. Alors que je n’en prends pas tous les jours et que je peux même passer assez longtemps sans en prendre, juste parce que je n’en éprouve pas le besoin.

Mais ça m’a fâchée et ça m’a rappelé la psychiatre qui, avisant mon ordonnance, me dit “Ohlàlà c’est quoi tout ça ??? DES OPIACÉS ??!”. Ouais, j’ai une pathologie rhumato un peu lourde, meuf, du coup je me soigne. Mais non, les médicaments c’est le mal.

Je sais que Tina Fey est problématique…mais je l’aime bien quand même 😕

🐡🐡🐡

Je me demande si elle prend du Doliprane (paracétamol) quand elle a de la fièvre, de l’ibuprofène quand elle a un peu mal au dos ou si elle résiste en se flagellant sur le dernier livre du Pr Joyeux tout en récitant :

“Je vous salue Henri plein de grâce,
Les conspis sont avec vous.
Vous êtes béni entre tous les trolls,
Et Raoult, le fruit de vos errances, est béni.
Saint Joyeux, Père du COVID,
Criez pour nous, pauvres aveugles,
Maintenant et à l’heure de votre radiation de l’Ordre des Médecins.
Ramen.”

Les médicaments, on sait bien : c’est de la merde.
Parce que des fois ça fait du mal au corps. Si tu prends 18 Dolipranes, tu peux intoxiquer ton foie (> affaire Naomi Musanga). Je sais qu’on peut se suicider au Doliprane mais je ne sais pas si ça peut devenir psychoactif à un moment.

Alors que LES OPIACÉS ! Ça, c’est une drogue qui rend joyeux comme Henri. Alors même si c’est aussi dangereux que le Doliprane, ça fait peur parce que des gens se droguent avec. Iels se droguent !!! Des gens se droguent !!! 😱

Tu m’étonnes, qu’on se drogue, regarde le monde. Voilà. On gère le désespoir comme on le peut.

C’est en partie à cause de ça qu’on a retiré le Diantalvic (antalgique) et le Myolastan (tétrazépam, décontractant musculaire) du marché. Parce que des gens utilisaient ça pour se rendre joyeuxses.

Du coup on a remplacé le Diantalvic par le Tramadol qui est NETTEMENT MOINS DANGEREUX (non) 😅
Les personnes qui ne supportaient pas le Tramadol ? On s’en fout, visiblement. J’ai la chance de bien le supporter, on fait quoi, maintenant, pour les malades qu’on a laissé-es sans solution ?

Rien.
On fait rien 🤷‍♀️

Mais que font le tabac et l’alcool sur cette photo ?

✨✨✨

Je me demande si les personnes “anti-médicament” se font opérer sans anesthésie aussi. Et chez lae dentiste, ça se passe comment ? Non, parce qu’il faut être cohérentes à un moment.

En terme de toxicité, on rigole, on rigole, mais le Doliprane est tout sauf anodin. C’est pourtant disponible sans ordonnance, y compris à destination des enfants. Mais ce médicament, on peut. Parce que ça ne rend pas Joyeux (tant mieux, j’en veux pas chez moi, de Joyeux, gardez-le).

En fait t’as vraiment un mélange entre la défiance anti-médicaments et la toxicophobie. Si tu peux te défoncer avec, on interdit.
Parce que si on suit la soit-disant logique sécuritaire, on devrait interdire ou réglementer tout le reste. Bizarrement, on retire surtout les médicaments dont l’usage peut être détourné. Comme le Dafalgan Codéiné ou le Migralgine. Les migraineuses apprécient, j’en suis sûre.

Genre le Toplexil on l’a modifié juste pour qu’il ait moins d’effet psychoactif. Parce qu’il ne faut PAS d’effet psychoactif sinon les gens se DROGUENT (ou droguent leurs enfants) avec !

Pourquoi les gens se droguent ?
Rien à foutre.
Faut juste pas qu’iels se droguent, c’est tout ce qu’on sait.
Je rappelle qu’on est dans le Royaume du Vin et des Bouilleurs de Cru ou ça va aller ? Je peux acheter une bouteille de vodka quand je veux, mais je n’ai pas droit au Myolastan.

Nan.
Mieux.
Tu sais par quoi on a remplacé le Myolastan dans mon ordonnance ?
Par du Xanax 🤣 Paye ta logique, sans déconner, ce serait pas aussi grave j’en rigolerais. D’accord, j’en rigole mais en vrai je suis pas super joyeuse.

“[…]dans un communiqué datant du 3 octobre 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) donne de nouvelles préconisations concernant le paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’aspirine ou l’ibuprofène utilisés contre la douleur ou la fièvre. L’ANSM souhaite que ces médicaments ne soient plus vendus en libre accès dans les pharmacies.”

“Préconise”. J’ai acheté de l’ibuprofène il y a deux semaines, on est en 2021, je ne crois pas qu’on ait fait quoi que ce soit à ce sujet. Il aurait fallu dire qu’on peut se défoncer au paracétamol, non ? En gros on a déplacé les boîtes derrière le comptoir et au lieu de prendre ce que tu veux, tu demandes et la personne te le donne. Je me demande combien de fric a été dépensé rien qu’en réunions pour aboutir à ça parce que dans mes pharmacies habituelles, tout était resté derrière le comptoir.

Le Diantalvic il a fait case prison direct, lui. Le Doliprane, bon….ça va, quoi.

Quand on réprime au lieu d’encadrer, on se retrouve avec des pilules colorées qui contiennent du Fentanyl (aka 1000 fois pire que l’héroïne)

🦇🦇🦇

Tu peux aussi acheter du tabac, ici. Parce que le tabac, c’est bien connu, ça ne contient aucune substance dangereuse ou addictive.
Tu peux te défoncer la tête en terrasse à grands coups de Mojito, tout le monde trouve ça normal. Je m’allume une cigarette aromatique, je peux avoir jusque 450 balles d’amende il me semble.

Parce que les intérêts commerciaux ne sont pas les mêmes. On aura tenu quelques années avant que les industriels de la boutanche ne fassent “accommoder” la loi Evin. Maintenant, je peux, à ma plus grande joie, avoir des publicités pour de l’alcool sur YouTube. Mais on me prévient que ce n’est pas pour les enfants (alors que j’attends pour voir une vidéo qui parle de rituels sadiques dans un mobil-home crasseux du fin fond de la Pennsylvanie.).

HYPOCRITES !

(Non, pas toi, rho)
Le cannabis a pourtant des effets assez costauds contre la douleur. Mais non, on nous vend du CBD, parce que FAUT PAS SE DÉFONCER ! Surtout pas !

Je me demande si Gérald D. prend de la coke ou pas ? Non, je ne me demande, pas, je le sais déjà.

HYPOCRITES QUE VOUS ÊTES ! 🤬

Ces connards se fabriquent un monde sur-mesure. Un monde qui exclut plutôt qu’il réunit. Ici, une personne accro à la nicotine passera la douane alors que les effets sont autrement plus dangereux sur l’organisme que le paracétamol. Oui, mais ça rapporte de la thune.
Big Tobacco est plus puissant que Big Pharma, faut croire.

En fait, c’est comme pour le stationnement gênant : si tu peux payer l’amende, tu peux te garer où tu veux. Si tu peux pas payer l’amende, tu cherches une place légale. Parce que va pas me dire qu’ils sont pas toustes complètement foncedés à l’Élysée. Je ne te croirai pas. Ce délire de puissance, je le connais bien, trop bien. A d’autres 😒

“Psilocybine : nouvelle arme potentielle contre l’alcoolisme, selon un nouvel essai clinique”
Ah bah merde alors
(Image par art_bypaiano)

🍷🍷🍷

Si tu rapportes de l’argent en taxes (tabac, alcool), c’est bon. Même si l’alcool et le tabac tuent et pas qu’un peu, tout en provoquant de sales effets de bords chez les proches.

Aujourd’hui, tu peux en toute légalité avoir un nourrisson à la maison et fumer tes clopes à côté. Tu peux te siffler une bouteille de sky ou 18 bières avant de “t’énerver”, tout va bien. Tu as le droit. Mieux, ça sera peut-être une circonstance atténuante. Pauvre homme, victime de l’alcool, cette maladie mortelle et incurable.

Mais tu ne peux pas acheter de Diantalvic quand tu es malade, parce que les gens se défoncent avec. Quelle logique ❤️

On retire des molécules qui, littéralement, soignent des personnes, mais on a aucun souci avec le vin. Aucun.

Si quelqu’un-e arrive avec un super argumentaire pour m’expliquer tout ça, je suis preneuse, car la question me préoccupe depuis pas loin de 20 piges et j’ai toujours pas trouvé.

Mieux encore !
J’ai connu des personnes, alcoolo/toxico-dépendantes qui n’avaient juste pas de suivi car rien ne leur était proposé. Faut connaître les dispositifs et quand tu te sens déjà exclu, tu n’as pas trop dans l’idée de te faire aider par les personnes qui t’excluent de la société. Comment envisager qu’il puisse y avoir des choses intéressantes mises en place quand tout ce qui les préoccupe à la télé c’est de tuer les retraites ou de te couper la CAF ?
Bah on envisage pas alors que si, y’a des structures et des dispositifs.

J’ai connu des mères qui ne voulaient absolument pas entendre parler de services sociaux, persuadée qu’on allait leur retirer leurs enfants. Les assistantes sociales qui me lisent sauront sans doute reconnaître plusieurs cas je pense. Je sais que vous êtes classe, les copaines AS. Le problème ne vient à mon avis pas de vous mais d’un système qui nous veut absolument formatées et promptes à ouvrir le bec pour se nourrir du bullshit habituel. Ta gueule. Produis. Consomme. Crève.

🦥🦥🦥

Je retrouve un peu (j’ai dit un peu) le même pattern pour les personnes usagères de drogues et les personnes atteintes de pathologies mentales, oui, c’est pour ça que je me pose la question ce matin.

On vit dans le secret. Faut pas que les gens sachent, sinon tu risques :
– d’être internée
– d’être sous camisole chimique
– d’être sevrée de force

Dans les deux cas, tu peux subir le même traitement à base d’enfermement. Et ça fait pas trop trop envie, non.

Alors on ferme nos gueules et on fait profil bas. Faut pas que le monde sache qu’on est pas pareilles. Pis la HONTE, mein gott, la honte. La honte, quand tu es patiente psy, tu la ressens bien.

Tant que tu peux bosser, en fait, tout le monde s’en fout. Tu produis, tu es dans ton truc, tu as un peu le droit de faire ce que tu veux.
Mais sois au chômage, dépendante de la CAF ou de la CPAM et l’ambiance n’est pas la même.
Je l’ai bien vu quand j’ai commencé à aller moins bien au travail. On tolère l’handicapée de service, sauf quand elle est malade. Normal. Si elle est malade, on la soupçonne de vouloir se payer des vacances aux frais de la princesse alors qu’elle est roulée en boule dans son lit en chouinant son Myolastan.


🌻🌻🌻

En fait, c’est qu’on nous fait pas confiance, je crois bien.

On ne fait pas confiance aux personnes qui utilisent des drogues ou des médicaments. Parce que forcément, si la molécule est un peu de nature à provoquer de la joie, c’est contre le système, faut pas faire ça. C’est anormal, contre nature, on est sensées être joyeuses de base. Puis on ostracise, on met à l’écart de la société histoire de prévenir les risques. Pas les risques pour nous, non, mais pour les autres. Regarde moi grogner, bave aux lèvres, attendant la moindre occasion pour assassiner une contrôleuse de gestion.

Une personne bipolaire ne le dira pas en entretien d’embauche. Enfin, moi, je suis désolée, mais je ne le dirai pas en entretien. Je suis déjà spondylarthropathe, laisse tomber, c’est un trop gros morceau pour leurs insécurités, ça…

Protégeons la société : excluons les personnes anormales.

Lors de ma dernière visite à Pôle Emploi, j’avais deux BTS, un projet, tous mes papiers, on m’a dit “Ah mais vous avez la reconnaissance Travailleuse Handicapée ! Vous allez à Cap Emploi !”
Ah oui, tiens, je vais échanger mes 10 mn de bus contre 1h15 de transports + 10 mn de marche pour aller à Cap Emploi où on ne saura pas pourquoi je suis venue. Ah, si. Pour sortir des stats, parce que je sais déjà ce que je veux faire et que j’étais venue parce qu’on m’avait convoquée. J’ai passé 5 bonnes minutes à expliquer mon second BTS au conseiller. Je ne rentrais pas dans les cases. J’ai trouvé un travail de mon côté, j’y suis retournée une fois pour refaire une inscription et à ce moment-là, c’était bien entendu qu’on ne m’aiderait pas. Trop diplômée, trop handicap invisible.

Je me doute bien que Cap Emploi peut être utile (c’est le Pôle Emploi des personnes en situation de handicap) mais je n’ai pas encore connu une personne qui avait été aidée via le dispositif. Je suis sans doute tombée uniquement sur des cas exceptionnels.

Pis c’est même pas de leur faute, les dispositifs handicap n’ont pas de fric, le délai pour ma RQTH est passé de 4 mois à 14 en quelques années. Donc pour une reconnaissance qui dure 5 ans, tu dois refaire tout un dossier (et pas en procédure accélérée, visiblement, parce que c’est encore plus long, donc tu remplis les 16 pages pour dire “Oui, je suis toujours malade”) au bout de 4 ans. Mais ça, personne ne te le dit ❤️
Et je sais pertinemment que mon conseiller Cap Emploi était juste largué faute de formation ou de case pour moi dans leur logiciel. Je ne lui en veux pas du tout, je me doute bien qu’il est aussi victime du système à son niveau.

Pour avoir deux pathologies incurables, j’avoue qu’à chaque fois j’ai envie de mettre un post-it qui dirait “Nope, toujours pas guérie, je suis en ALD30, personne ne guérit en ALD30” (ALD30 c’est la liste des 30 pathologies “officiellement reconnues” comme ouvrant droit au 100% remboursement sécu)

C’est comme si le système ne nous acceptait que lorsque nous sommes fonctionnelles et donc productives. Je divague sans doute. Y’a 50 piges j’aurais été revendue à l’asile, de quoi je me plains ?


🐈🐈🐈

Avoir honte ou peur quand on est malade, c’est perçu comme moins fondé que quand on est toxico-dépendant-e. Après tout “c’est pas de notre faute” (genre les gens veulent à tout prix devenir dépendant-es à une substance, tsé), c’est la maladie. On est “plus légitimes” (note les guillemets) mais en vrai c’est la merde et ce serait considérer que les usagèr-es de substances sont là de manière tout à fait volontaire. Et ça, je n’y crois pas. C’est pas la même chose, pas les mêmes mécanismes, mais l’ostracisation et la réaction sont les mêmes.

Je comprends pas comment on peut mener une politique aussi stupide. Pour la thune, oui, évidemment. Pour la thune.

Puis, entre nous…c’est quoi, le souci, avec la drogue ? On sait bien que la pénalisation favorise les transactions illégales (cf. politique de légalisation au Portugal qui fonctionne bien) ! On interdit tout, on laisse les gens se faire du mal et crever mais au moins, hey, on est anti-drogues et dire non à la drogue, c’est bien *dit-elle en sirotant sa boisson légèrement caféinée du matin*. Oui, ça tue. J’en sais quelque chose, j’ai déjà perdu des potes, je sais que la drogue tue. Tu crois que le type qui se shoote dans la rue est content de lui ? Pas sûre. Et comment il est arrivé là, au fait ? Ah ouais, ça, personne n’en a rien à battre. Faut pas se droguer.

Je ne fais pas le parallèle entre toxicophobie et psychophobie pour rien. Je sais qu’il y a plein plein de trucs différents, mais le sentiment est le même : on sait qu’on est pas normales et qu’on risque quelque chose si on le dit. Alors on le dit pas. On se sent indésirable et c’est pas qu’une impression. Je revois le visage d’une des personnes à qui j’ai parlé de bipolarité : la stupéfaction, la peur, le sourire forcé. Ok, j’ai pigé. On ne se reparlera pas, sauf si tu y es contrainte.

L’autre point commun c’est ce dégoût des substances, médicaments ou drogues (qui rentrent un petit peu dans la même catégorie, non ?). On ne doit dépendre de quelque chose SOUS AUCUN PRETEXTE car c’est la fin de la liberté. Chez certaines personnes comme cette psychiatre, les médicaments c’était le Mal. Mais bah des fois t’as pas le choix.

Alors interdis les clopes, l’alcool et le café aussi. C’est quoi le souci ? Tu aimes bien ton café du matin ? Envisage alors que d’autres substances puissent être nécessaire à la vie des autres. Même des substances qu’on aime pas du tout. Je déteste beaucoup de drogues de toutes les fibres de mon être, mais j’en veux pas aux personnes qui en consomment.

Parce que, je dis ça mais je sais qu’on en meurt et qu’avant d’en mourir on en souffre des années. Tu as des drogues comme le Krokodil qui laissent au mieux 2 ans d’espérance de vie aux usagèr-es. Tu crois vraiment que des personnes vont se dire “tiens, je vais prendre ça parce que je crois en la vie” ? Tu penses qu’une personne qui s’injecte de l’héroïne est la plus joyeuse du monde ?

Commence par proposer un modèle social cohérent qui ne donne pas envie aux gens d’y échapper au péril de leurs vies. Parce que c’est ça, qui se passe. La grande évasion on en a moins besoin quand tout va bien.

Et oui, j’ai des médicaments dont je ne peux pas me passer car je suis malade, et quand je suis malade, je me soigne. Oui, c’est dangereux. Traverser la rue est dangereux. Vivre est mortel.

Donc non, maman, j’arrêterai pas le Xanax. Ni l’origan, du moins dans l’immédiat.