Heure de réveil : 5h27 (ankylose)

TW : suicide, agressions

Ça va. Je me sens triste parce que le deuil, mais je me sens soulagée, pour mon père et pour moi. Visiblement, sa fin de vie a été difficile, je donnerai pas de détail, juste “Parkinson”. Donc je me dis, lui aussi est libre, peu importe où il se trouve désormais. Par contre sa tutrice a fait n’imp et on va s’enquiller pas mal de démarches. Elle ne nous a par exemple pas prévenu-es que la maison avait déjà été vidée et ses possessions revendues et je dois trouver un transporteur pour faire le trajet Lozère-Lorraine (il lui restait pas mal d’affaires). Si une personne me lisant est en Lozère, j’aurai ptet besoin de ton aide bienveillante.

Du coup je vais pas du tout parler de ça, parce que bon, hein.

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J’ai envie de parler du pote relou en soirée. Ce qui n’a rien à voir avec ma situation actuelle mais qui a été relevé lors de discussions avec mes ami-es sur un MP en totale non mixité contre les mecs cisgenre. Déso pas déso 🤷‍♀️

On parlait d’un type qui est vraiment, mais alors wow, relou, et qui continue à être invité en soirées. Je ne le croise que virtuellement, comme bien d’autres pénibles, mais il paraît qu’il est pire en vrai. Son prénom n’est pas important, car c’est un archétype en lui-même, celui du “pote relou qu’on aime bien”. Par contre il ne s’agit pas d’un mec qui me lit, vous pouvez respirer, c’est pas les 18% de mon lectorat masculin connu de moi. Statistiquement, je dois en avoir un ou deux qui sont comme ça mais je ne les connais pas.

Tu sais, des fois (si tu as une vie sociale, c’est ok de pas en avoir aussi, moi ça me draine très vite donc je sors peu de ma tanière), tu vas quelque part, avec des potes, et tu subis le mec qui fait de la provoc à deux balles tout en étant ostensiblement de droite sans vouloir y toucher. Ce qu’il touche souvent, par contre, c’est ton cul en disant “oups ma main a glissé”.

J’en ai connus, notamment un exemplaire qui a même été témoin de mon mariage, l’enfoiré. Mec, toi, si tu me lis, dégage de la page, tu seras gentil. Agresser sexuellement une de mes meilleures amies lors de ma nuit de noces, c’était triplement crade, j’espère qu’un jour ça te frappera en pleine gueule.

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Pardon, je suis très fâchée, même 10 ans après. Il a profité de ma naïveté et de ma crédulité pour organiser son agression avant de finir notre relation en me désignant comme “sac à merde” car il pensait que j’avais vendu les autres secrets à ses potes. Ce qui était faux, parce que je suis aussi bête que loyale.

J’ai fait la même connerie que beaucoup de monde, et surtout beaucoup de mecs. A l’époque j’étais plutôt du côté “pick me” de la Force et je n’avais pas la perception des choses que j’ai aujourd’hui. Je regretterai toute ma vie ce qu’il s’est passé, ça m’a foutu un coup si effroyable que j’ai radicalement changé de route, avant de me faire avoir par un autre “pote” mais d’une manière plus subtile et malsaine.

Merde, on est pas là pour ressasser mes souvenirs, attends, je change de paragraphe et on recommence.

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Il n’y a pas forcément besoin d’une agression physique passible de prison (lol)(je dis lol car ils vont jamais en prison) pour que le pote soit nocif. Parfois, la toxicité est délivrée goutte à goutte, entre “discussions” animées et petites piques de ci de là. La provocation n’a pas forcément pour but un affrontement physique, mais elle peut totalement pourrir un groupe de personnes et tuer l’ambiance. Un simple mansplaining peut réduire une personne au silence, juste parce que pas envie de revivre le reloutage.

Surtout, ce genre d’individu, que je vais appeler Boulzilla, n’est pas du tout perçu de la même manière par les femmes ou les hommes ou les personnes non binaires. Les mecs vont le trouver provoc mais rigolo, toujours imprévisible mais si sympa (avec eux), alors où est le problème ?

Le problème, c’est que les non-mecs-cis vont pas avoir le même ressenti. Boulzilla fait, par exemple, rarement des avances mi-vanne mi-sérieux à ses potes. Tu sais, des fois que “tu me suces ? haha je plaisante” réussisse avec nous. Spoiler : on sait bien que tu ne rigoles pas, chaton, c’est pas en disant “haha” que ça dédramatise la phrase précédente. Et entendre ce genre de trucs n’est jamais bon pour notre santé mentale. Tu viens en soirée, on te fait des remarques de ce type, tu souris mais tu meurs un peu à l’intérieur.

L’autre problème, lié au premier, c’est que ses potes vont toujours lui trouver des excuses, et là on rentre au cœur du problème.

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C’est à VOUS de réguler ce genre de choses.

D’abord parce que quand on confronte, on est hystérique, drama queen, on prend tout mal alors qu’il a dit “haha”, et au final c’est nous qui partons parce qu’on en peut plus. En langage mec on dit “elle boude” alors que si je te demandais en soirée si ton cul accepterait un plug de 12 kg “haha” tu verrais le souci lié à la sexualisation de personnes qui n’en ont aucune envie là, maintenant, entre deux binouzes.

Ensuite, parce que c’est votre pote. Pas le nôtre. Ce genre de mec ne sait pas avoir d’amitiés féminines dépourvues d’arrière-pensée ou de pure misogynie. Outre le cul, c’est lui qui va te mansplainer ton propre travail ou te rire au nez de manière méprisante quand tu parles politique. S’il t’a prise pour cible, chaque son qui sortira de ta bouche sera “gentiment” moqué. Il est possible qu’il le fasse aussi avec ses potes, mais, tu vois, l’enjeu est légèrement différent entre se moquer d’un pote et se montrer misogyne envers les femmes. Misogyne et/ou méprisant, ça va main dans la main.

Mettons les choses au clair : c’est pas ok d’inviter un mec dont on connaît la toxicité, juste parce qu’il est “sympa”. Il est sympa avec toi, son pote, parce qu’il n’y a pas de rapport de domination ou de challenge sexuel entre vous. Quand on est dominant, on peut rire de bon cœur à des vannes atroces parce qu’on est pas concerné. Une remarque sur le poids, par exemple, n’aurait absolument pas la même saveur en fonction de la personne recevant la “blague-pour-ton-bien”. Les femmes sont jugées par rapport à leur morphologie et sont toujours perdantes, quoi qu’il arrive. Les hommes, beaucoup moins, il faut qu’ils arrivent aux extrêmes pour qu’on leur dise en s’en inquiétant sans plaisanter.

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Du coup, vous avez un sacré angle mort, les potos. Si les vannes glauques ne vous touchent pas, vous vous dites allez, c’est pas grand chose, c’est Boulzilla, on se connaît depuis la primaire, il ne ferait pas de mal à une mouche. Parfois, vous allez dire “oui, il a été un peu loin”, fin du débat.

Sauf que nous, on a été parfois agressée, ne serait-ce que verbalement, par le pote de primaire de truc. On a été agressée et personne n’en a manifestement rien à carrer. Lorsqu’on essaie d’en parler, on se fait renvoyer au “c’est de l’humour” ou “c’est Boulzilla, il est comme ça”. Il est COMME ÇA. Donc on fait rien, tu vois. Le mec agresse des gens, mais il est comme ça.

Alors, c’est nous qui partons. Parce qu’on en a marre que machin soit toujours là, inamovible, alors qu’il se comporte mal. Et on “boude” et on fait nos drama queens pour un rien, merde.

J’ai un bon exemple tiré de faits réels et que j’ai déjà évoqué avant, donc si t’étais là avant, désolée pour la redite.

J’étais pote avec un groupe de mecs qui se composait de musiciens + les suiveur-ses. Les meufs autorisées étaient soit déjà en couple avec un mec du groupe, soit un intérêt sexuel (très souvent des filles mineures entre 14 et 16 ans).

Un des membres du groupe avait un comportement vraiment très au delà du simple pétage de câble. Le mec était déchiré comme un artiste maudit et utilisait cette image pour faire absolument n’importe quoi. J’ai eu un accident de voiture, avec lui, par exemple. Excès de vitesse de -12 points, un rond-point, un vol plané et un atterrissage violent. Voiture pliée, mon dos plié. Il n’y a pas eu d’autre conséquence qu’une nouvelle voiture. Une autre fois, il a décidé de casser une dizaine de bouteilles pleines, contre un mur, parce que sa meuf l’avait largué. J’étais posée à 3m de là et le temps de me lever, un éclat de verre s’est fiché dans mon manteau, là où mon visage était 1 seconde auparavant. Les potos ont juste été racheter à boire pour la soirée.

Moi, un soir de beuverie, je m’endors jusque 5h du mat et je trouve mon appartement vide et totalement dévasté. Le sol était collant, il y avait des mégots écrasés sur le canapé, mon PC avait pris de la bière. Surtout, on m’avait laissée dormir là, seule, et le réveil a été brutal. Alors j’ai commencé à ranger, et comme je suis complètement tarée (haha) j’ai jeté une bouteille par la fenêtre (les poubelles étaient dans la cour, en visant bien, si ça se trouve…), puis deux, puis trois, puis toute la troupe, dont le mec mentionné plus haut, remonte à l’appart en quatrième vitesse.

Mon mec m’a larguée, méchamment, les autres m’ont traitée de tarée, d’hystérique, c’est quoi ton problème ? J’ai répondu “Oui, mais là, les bouteilles étaient vides” en regardant le pote destructeur. Et bien péter 3 bouteilles vides ont suffi à mon exclusion immédiate, totale et irréversible de la bande de potes. Ok, quelques semaines avant j’avais demandé si c’était normal de vouloir piéger une gamine de 14 ans à une soirée en lui refilant de la coke et si c’était normal de laisser tomber la meuf d’un des musiciens parce qu’elle avait fait une tentative de suicide. Elle aussi, tiens. Personne n’a voulu appeler les pompiers, on était deux (meufs) à l’avoir fait, et c’est moi qui m’en suis occupée lorsqu’elle est sortie de l’hôpital. Ensuite ? Tricarde à vie, parce qu’elle avait découvert que son mec se tapait sa meilleure pote depuis des années.

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Mes exemples sont extrêmes, en effet. Mais tout est absolument réel et non exagéré, au contraire, j’ai pas mal euphémisé le truc 😬

Les potes sont toujours potes aujourd’hui et toutes les victimes ont été exclues. Le Boulzilla n’a pas changé d’un poil, je l’ai recroisé bien des années après et il était même pire car validé dans sa connerie par un entourage qui croyait en l’artiste maudit qui a besoin de faire le connard pour s’exprimer.

Et comment veux-tu qu’il en soit autrement ? Les seuls critiques qui ont été formulées venaient de femmes car ses potes disaient “il est comme ça”. 10 ans après, oui, en effet, il était toujours comme ça.

C’est pas nous, femmes, compagnes, amies, qui pouvons changer les choses. Notre parole est invalidée, voire dangereuse, si on ouvre le bec, on risque l’exclusion ou des représailles.

C’est vous, les potes à Boulzilla, qui pouvez lui dire “Mec, tu déconnes à plein régime, calme-toi, va consulter, chépa, fais quelque chose”. Hélas, ils ne sont que rarement victimes et ne voient donc pas l’intérêt à changer quoi que ce soit. Puis la parole des femmes ne pèse pas une cacahuète, on sait jamais avec cette engeance du Malin, manipulatrices comme elles sont toutes, elles menacent l’équilibre du groupe et cherchent forcément à le faire exploser.

Oui, c’est un des trucs qu’on nous reproche. Faire exploser les groupes de potes. Genre c’est de ta faute si Boulzilla a agressé une personne, alors TU dégages si tu en parles.

Image par Stephen Marc de Pixabay

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Les mecs, vous avez un gros GROS souci avec vos potes toxiques. Ce n’est pas parce qu’il n’essaie pas de vous pécho que c’est un chouette type. Souvent, vous savez qu’untel est un gros queutard, qu’untel aime humilier les femmes devant témoins, qu’untel a des comportements à risque qui peuvent mettre en danger les autres. Sauf que comme vous ne subissez que rarement les conséquences, vous ne voyez pas l’urgence ou la criticité de la situation. Pour vous, ça roule.

Ça rejoint totalement des billets précédents sur le Boy’s Club et le désir homosocial. Les femmes n’y sont pas conviées, mais c’est à elles de résoudre les problèmes générés par vos conneries. C’est deux femmes qui ont aidé la pote suicidaire susmentionnée. Aucun, AUCUN mec n’a jamais demandé comment elle allait. Elle a juste disparu de leur champ de vision tout en faisant l’objet de “blagues” par la suite.

C’est à VOUS de gérer ça. Pas à nous. Vous détruisez, on reconstruit ce que vous avez détruit mais celui qui agresse ne sera jamais recadré.

C’est pas facile de perdre un pote ? Oui, je sais. Je le sais bien, j’ai perdu mon témoin de mariage et meilleur ami, j’ai aussi perdu une personne chère à mon cœur qui s’est révélé agresseur. Moi aussi, j’ai souffert de ces pertes alors que je n’étais pas la victime. Je les ai perdus en prenant position et en allant à l’encontre de mon propre intérêt, je visualise bien la difficulté et le deuil que ça entraîne. Moi aussi, j’ai perdu mon pote, oui, ça fait mal, mais si personne ne dit jamais rien, les prédateurs continuent toute la vie.

Pire, notre parole de femme est automatiquement invalidée. Personne ne nous croit, personne ne nous écoute. Un des potes peut dire, en tête à tête “Oui, machin abuse” mais ne prendra pas parti devant ses potes pour autant.

On ne vous demande pas la lune, finalement. Juste de gérer VOS potes dont vous savez pertinemment qu’ils sont problématiques. Ils ne nous écoutent pas, ils vous écouteront peut-être.

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Maintenant…au boulot !