Heure de réveil : 4h23 (j’ai pas pu tourner la tête pour mater les autres heures dsl)
TW : violences conjugales (récit), emprise, insécurité.
CW : cishétéronormativité pour cause d’inclusif compliqué à gérer sur ce type de billets. Les situations décrites concernent femmes, hommes, personnes non-binaires ou agenre, elle concerne tout type de relation amicale, familiale ou amoureuse. La majorité des cas est celui décrit, mais cela ne veut pas dire que d’autres configurations ne peuvent pas exister, c’est vraiment pour faciliter l’écriture.
Blablabla j’ai mal mais je suis au stade où je m’habitue, celui où je me re-pète un truc parce que j’ai assimilé cette douleur aux autres. Ça fait vachement Mater Dolorosa mais c’est vrai, en même temps, et c’est pas une plainte, juste une constatation. Je me suis habituée à la restriction de mouvements et aux positions antalgiques.
On va continuer sur l’insécurité affective, aujourd’hui, parce que je ne sais pas du tout ce que je vais écrire, mais un TRUC est là, on va voir si ça se décide ou pas. Oui, c’est pas moi qui écrit, moi je gère les à-côtés chiants, l’édition, tout ça, mais c’est une entité qui travaille dans un autre service au 7ème étage qui écrit tes billets du matin, sache-le.
L’entité me réclame plus de café, j’obéis.
☕☕☕
Hier, je repensais à mon ex abusif (qui a failli me tuer, by the way, c’est un peu plus qu’abusif mais le mot est assez soft pour que je puisse l’écrire sans me trigger) et au ménage.
On s’était rencontré en formation, je faisais une formation en infographie et lui dans un secteur d’ingénierie du bâtiment. J’ai évidemment pas trouvé d’autre boulot que téléprospectrice après quelques expériences désagréables en agence de com et en entreprise et lui était embauché à haute rémunération (2500€ net de 2006, soit 3193€ de 2020)dès son premier stage. J’ai terminé ma formation 2 mois avant lui, je me suis retrouvée à chercher un appart du jour pour le lendemain car mon plan logement était un plan de merde. J’ai trouvé l’appartement quasiment tout de suite, j’ai emménagé et mon ex a pu déposer des affaires petit à petit. J’ai géré la recherche d’appart, la caution, la CAF pour les APL, le loyer, les charges et tout ça avec mon petit boulot de téléprospectrice au SMIC.
Il est arrivé dans un studio déjà géré, propre, avec ses affaires. Pas de draps à acheter, pas de courses à faire, tout était là. Il s’est posé et a critiqué. C’était trop petit, le plafond était en crépi et il y avait une mezzanine (ça, j’avoue, c’était con), le canapé était trop petit, il fallait une autre cafetière (là dessus, ok), mon grille-pain était nul, la laverie était trop loin alors il irait pas, etc.
Puis il m’a fixé ses standards. Tout devait être propre. Le sol nettoyé tous les jours. La salle de bains décalcairisée, ses vêtements propres, and so on.
Moi, j’étais stupéfaite. J’avais rencontré un mec qui s’était montré abusif après quelques semaines de relation, mais je ne m’attendais pas à ça et ça m’a beaucoup blessée qu’il critique ma prouesse : trouver un appart et signer en moins de 48h, lui fournir un logement gratuit et propre. Je gagnais deux fois moins que lui, mais je m’occupais de tout.
🤿🤿🤿
“Tu es folle et instable !
– Mais arrête tes conneries, j’ai un CDI, un appart, je gère tout, c’est quoi ton problème ?
– Regarde ce bordel, là, partout (*désigne un appartement propre*)
– Mais tu déconnes ?
– Pas du tout, si c’est pour vivre dans ces conditions, je m’en vais !!!
– (*peur intense qui arrive*) Tu voudrais quoi, alors ?
– Que tu changes le canapé.
– Mais on est dans un meublé…puis c’est super cher, un canapé, je peux pas !
– Ben écoute, tu te débarrasses de l’ancien, je nous en prendrai un neuf ( =”que j’aurai choisi”)
– Attends, c’est chaud, on est dans un meublé, va falloir compenser ou laisser un canapé, je…
– Ok.”
Il se lève, prend un long couteau dans la cuisine, éventre le canapé.
“Là, tu vois, on doit le changer”
(Désolée je vais reprendre un peu mon souffle, c’était beaucoup plus violent en vrai et j’ai son/images en stéréo avec sa voix qui me parle froidement mais de manière inquiétante).
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On a changé le canapé.
Et ça a continuer à vriller. Il a fini par éventrer mon fauteuil de bureau car je passais trop de temps à jouer en ligne à son goût. Bah quand tu vois un mec qui fait 15 kg de muscles et 10 cm de plus que toi, armé d’un couteau de 25 cm, c’est, sans doute volontairement, c’est la pure terreur qui te sidère.
Il m’avait pourtant expliqué qu’il ne me tuerait pas ici, à cause des traces. Alors il m’imposait des sorties dans des lieux touristiques très isolés et faisait semblant de commencer à m’agresser, pour finir par “Mais je déconne haha”. La bonne ambiance.
A ce stade, je n’étais que peur. Aller bosser me coupait de ce sentiment de manière temporaire, l’alcool faisait le reste. Moi, dans ma tête, j’étais déjà tuée, c’était une affaire de jours.
Il contrôlait le mobilier (👏 good job buddy ! 👏), mais aussi mon emploi du temps, mes trajets, mes communications avec l’extérieur, mes vêtements, mon alimentation et ma sexualité non consentante parce qu’à un moment, tu lâches totalement l’affaire. Il me réveillait la nuit pour m’engueuler sur un truc de merde, puis se rendormait. Je ne me rendormais pas. J’étais épuisée, car je dormais très très peu à cause de lui. Bosser était plus reposant qu’aller à la maison.
Un jour, j’appelle les flics, j’avais bu, les mecs m’ont avisée, échevelée (je venais de me faire frapper, sorry for the brushing), encore ivre (lui aussi l’était mais il était pas hors de lui), les mecs lui ont dit “Bon courage, monsieur” en m’avisant, et ils sont partis, me laissant avec un mec dont la première question a été “T’as appelé les flics, sale pute ?”. Je me suis enfermée dans la salle de bains, puis j’ai fui le domicile en courant, sans mes lunettes. Les fois suivantes je n’ai pas fait la même erreur : j’ai chopé mes lunettes et mon sac. Je traînais dehors en me sifflant des bières, le temps qu’il s’endorme et que je puisse revenir.
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Voilà, il reste beaucoup à dire, mais je ne peux plus et toi non plus. Le récit est glaçant, violent, euphémisé au possible.
Mais c’est un exemple d’insécurité affective extrême que j’ai beaucoup analysé. Je n’avais eu que 2 ou 3 ex un peu manipulateurs, avant, qui me mettaient aussi dans cette posture quémandeuse, la violence physique en moins.
Je vais te raconter comment ça a commencé et tu vas comprendre là où je veux en venir.
On s’est rencontrés en formation, selon lui, la première image de moi qu’il a eu c’est “c’est quoi cette meuf ?” moi j’ai juste admiré sa plastique impeccable. Lui a trouvé que je m’habillais mal, que je me coiffais mal, que les piercings ça faisait punk à chien, que j’écoutais de la musique de merde. En revanche, il a rapidement vu que j’étais pas si conne, lors des soirées. Je suis la fausse extravertie qui a le bon mot, la bonne vanne, qui sourit et s’intéresse à tout le monde. Il m’a vue “bien habillée” et plus maquillée que d’habitude, parce qu’on était en soirée, j’allais pas venir en tongs. Il m’a aussi vu répondre à un mec qui m’agressait, j’ai rien lâché, le mec m’en a foutu une, je lui en ai refoutu une. C’est à ce moment là qu’il a décidé qu’il m’aurait (ses propres mots), parce que j’allais présenter du challenge (toujours ses mots).
J’étais un challenge, un trophée. Je l’ai compris en découvrant qu’il n’était pas le seul à avoir envie de passer ses nuits avec moi. Moi, j’en avais aucune idée et (littéralement) rien à foutre.
Mais son éducation faisait que je représentais un domaine inconnu de lui. Effectivement, j’écoutais du Metal, j’aurais pu être une punk à chien si j’aimais les chiens, j’avais eu une vie déjà très remplie, plein de centres d’intérêts qu’il ne connaissait pas, nos conversations étaient intéressantes. Au début.
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La situation a changé à l’instant où j’ai très volontiers cédé à ses avances. Au moment de notre première relation physique, j’avais plus la même personne avec moi. Là, il a commencé à me reprocher d’être une fille facile, j’ai dit oui, et alors ? Et la violence a commencé.
Rien n’allait, chez moi, rien. Petit à petit, il a sapé toute confiance en moi.
☣ “Tu es moche”
☣ “T’es sûre de cette couleur, là ? Ça te donne l’air d’un cadavre”
☣ “Franchement ça va pas, ces chaussures, je vais t’en acheter d’autres”
☣ “T’es vraiment grosse, hein ? Tu es sûre que tu veux manger ça ?” (je faisais du 40/42)
☣ “Tu cuisines mal” (lui avait été cuisinier mais n’a préparé aucun repas pour moi, strictement aucun)
Diffusé sur quelques semaines, toutes ces petites remarques faisaient leur chemin, quand il a rompu brutalement :
“Tu ne fais pas assez preuve d’esprit d’initiative, j’en ai marre de décider de tout” (chaque activité que je proposais était nulle à ses yeux)
J’ai évidemment ramé pour le récupérer (quelle erreur…) et le cycle a continué.
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Bon, pourquoi je te raconte tout ça ? Parce qu’on parle d’insécurité affective et de prédation.
L’insécurité affective, c’est un des leviers sur laquelle l’emprise se base.
On va parler de la théorie de l’attachement de John Bowlby (en super résumé)pour essayer de comprendre ça. Cette théorie parle d’enfants et a des relents psychanalytiques, mais tu vas voir, ça va faire résonner des trucs.
La théorie de l’attachement, ce sont d’abord des figures d’attachement : les parents, les personnes prenant soin de l’enfant. Lorsqu’un bébé pleure, il n’a pas les mots pour exprimer ce dont il a besoin, ce sont donc ces figures d’attachement qui vont y répondre ou pas.
👶 Par exemple, un nourrisson pleure, on le nourrit, on regarde s’il faut le changer, etc. On s’occupe activement de lui et il sent que, même si on galère, on est là. Ces gestes d’attention construisent la relation à ces figures d’attachement et contribuent à un sentiment de sécurité : un attachement sécure. On sait qu’une personne viendra si on pleure.
👶 Si on laisse un bébé pleurer sans répondre à ses pleurs, on l’insécurise : il a l’impression d’être seul au monde et non entendu. A un moment, il cessera de pleurer pour de bon, et là on sait que les dommages sont grands.
👶 Si on a pas une réponse unique : soit répondre, soit ne pas répondre, soit répondre avec agressivité, cela crée de la confusion. Quand une personne se montre à la fois gentille et méchante, on sait plus, on est largué-e.
L’insécurité affective peut (ou pas) venir de l’enfance. Mais elle peut être acquise plus tard avec certaines relations toxiques. Pas forcément violentes, non, mais toxiques. Quand je fais écouter un morceau que j’aime bien à une amie et qu’elle me dit “Faut pas laisser ton fils gérer ta playlist, qu’est-ce que c’est que cette merde ?”, elle m’insécurise. Au lieu de dire “C’est pas ma came”, elle fait semblant d’avoir oublié que c’était le morceau que je voulais lui passer, puis elle critique très méchamment, toujours “sans savoir”. Elle me pousse à stopper la situation en disant “C’est ce que je voulais te faire écouter mais j’ai bien eu ton avis, merci”. JE me suis humiliée, sur un truc qui ne devrait pas être humiliant. J’ai l’impression que l’humiliation vient de moi : pourquoi lui ai-je fait écouter cette merde que j’aime bien ? Pourquoi j’écoute pas de la vraie musique ?
Alors que, moi, si on me fait écouter un morceau que j’aime pas, je vais éventuellement vanner si je sens que l’ambiance s’y prête, mais en général, je m’abstiens. Je dis “Bon…c’est pas trop mon truc mais c’est intéressant” sans la partie humiliation qui va avec.
Dans tous les cas, cet épisode renforce un ascendant ce cette personne sur moi, tu vois ? Je me sens nulle, dévalorisée dans mes goûts, coupable d’aimer écouter ce que j’écoute. Je suis fâchée, mais j’ai honte. Je n’ai pourtant fait que partager quelque chose, mais j’aurais dû m’abstenir et je m’abstiendrai à l’avenir.
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L’insécurité affective se construit, brique après brique. Les petites remarques “pour ton bien”, la dévalorisation de tes productions (“mouais pas mal”), de ton travail (“tu pourrais mieux faire, tu gagnes combien, déjà ?”), de ton niveau de vie, de ton entourage (unetelle est conne, l’autre est nuisible, la troisième laisse tomber), de ton physique, de ton look, de ta personnalité…
C’est toujours par des micro-agressions que ça commence. Le truc que tu oublies car c’est pas si grave, il dit ce qu’il pense. Tu as laissé passer ? Il va tenter plus fort. Un peu. Et surtout, il va avoir des phases adorables où tout va bien et où t’es la reine du monde. Cadeaux, attentions, phase lune de miel.
ATTENTION ! Beaucoup de relations abusives n’impliquent ni violence physique, ni violence sexuelle. On peut rester à un niveau de non-violence apparente, sans bleus et sans blessure. Le cycle fonctionne également dans certaines relations amicales, ou avec des membres de la famille. Pas besoin de s’en prendre une par son partenaire pour avoir le droit de dire qu’on est victime, c’est super important à rappeler : si tu te sens mal, tu es légitime à poser la question ou à vouloir en parler (et mes MP sont TOUJOURS ouverts pour toi, ok ?). Et ton entourage doit te prendre au sérieux. Les coups ne font pas tout, c’est une idée reçue particulièrement mortifère, on peut pousser quelqu’un au suicide juste avec des SMS.
Après ce bref moment de répit, la situation s’apaise mais la tension remonte petit à petit. Silences, menaces, la tension, quoi. Tu sais qu’un truc va exploser, puis ça explose sans que tu n’y puisses rien. Le langage est totalement contradictoire : tu passes de reine du monde à dernière des merdes, et ça te met dans un état de confusion totale.
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Chaque cycle augmente l’emprise et les violences. Et plus ça va, plus tu te sens responsable de la relation, car visiblement ça déconne tout de ta faute à toi. C’est toi qui changes, qui t’adaptes, qui fais des concessions. Je le répète ici encore : pas besoin de violence physique pour abîmer des personnes. J’ai vécu, et je ne suis pas la seule, des amitiés toxiques de ce calibre. Bah les dégâts sont là, je peux te l’assurer.
Le truc qui m’intéresse, là, c’est la construction de l’insécurité, ou la déconstruction de la sécurité. De mon côté, je n’avais pas eu une enfance sécure même si j’ai eu des personnes-relais, c’était donc assez facile de me piéger. J’ai grandi en demande d’amour et de reconnaissance constantes, je voulais qu’on me regarde, qu’on m’écoute, qu’on me prenne en compte tout en ayant une terreur absolue des relations, ayant été “abusée” enfant par un adulte, je n’avais plus confiance mais une forte demande affective et c’est toujours le cas.
C’est très très simple de piéger une personne comme moi. Juste la phase du love-bombing fonctionne (submerger totalement une personne d’amour et de valorisation), et si en plus tu es toi-même en position de demander de l’aide, j’accours. Je m’attache vite aux personnes car j’ai beaucoup d’empathie, et là, c’est plié. Syndrome de l’infirmière x insécurité affective = gros pot de miel.
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Cette insécurité-là te fait faire n’importe quoi. Tu veux regagner la stabilité de la phase normale, à chaque cycle tu crois que tu pourras faire mieux alors que tu te désensibilises petit à petit à la violence qui, elle, augmente.
Et pas besoin de violence, passé un stade. Ton mec abusif veut un truc ? Il te jette CE regard, et tu fermes ta gueule, et tu fais le truc.
Puis surtout, les ruptures, mein gott. Le chaud, le froid. Tu as mal nettoyé les chiottes ? Il s’en va. Tu ne sais pas ce qui causera sa colère alors tu fais tout comme il faut mais il trouve toujours un truc différent et inédit.
L’insécurité, c’est de ne pas savoir quelle sera la réponse. Admettons que tu me demandes une compote de pommes et un yaourt à boire. Je te le donne. Tu demandes 5 fois, je te le donne 5 fois. Mais la 6ème fois, je te colle une torgnole. Qu’est-ce que tu fais ? C’est ton goûter, tu as faim, qu’est-ce que tu fais ? Soit tu redemandes, et tu cours le risque d’une autre gifle, soit tu redemandes et on te file ta bouffe sans broncher, soit tu dis rien. A partir de ce moment, tu seras dans l’incertitude de la réponse.
Et c’est un bon levier : l’incertitude. Chaque matin, tu sais pas quelle forme prendra ton mec. Cela te place dans une posture d’attente et de dépendance : ta vie dépend de son humeur. Tu est joie bonheur, lui morose, vous serez tous les deux moroses car tu t’adaptes. Si tu reste pleine de vie, tu seras sanctionnée de vivre alors que lui “ne va pas bien”.
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Ce type de comportement EST UNE VIOLENCE.
Si j’écris ce billet, c’est que je lis beaucoup de témoignages de meufs en couple qui parlent de ce type d’événements comme étant normaux. Les descriptions choquent, mais la personne, elle, ne peut pas cerner le problème car elle est dans la confusion totale. Il est gentil, là, ou pas ? Est-ce que je vais encore manger une remarque ? Qu’est-ce qu’il va faire ensuite ?
🚩 Tout ce qui est dit plus haut est valable pour tout le monde. Peu importe qu’il ne t’ait jamais frappée ou hurlé dessus. Le fait de modeler ton humeur et tes réactions en fonction des siennes est 🐳 la baleine bleue du red flag 🐳
Ce comportement est souvent assez subtilement disséminé dans les échanges. Ma règle perso c’est : si tu commences à vouloir te changer pour une autre personne, il y a un problème. Le travail sur soi est normal, il arrive qu’on te dise un truc qui résonne en toi et qui te pousse à réfléchir. Mais je parle pas de ça, je parle de t’obliger à te taire, par exemple, faire comme il veut alors que tu n’en as pas envie, le laisser te dénigrer de manière passive-agressive (“Je t’ai acheté un ensemble de lingerie” (parce que tes soutifs sont miteux)), saper ta confiance, y compris dans des domaines que tu maîtrises mieux que lui.
On est pas forcément ici dans de la violence époustouflante, la violence n’est même pas forcément le but. Le tout est d’asseoir une domination. Qui décide ? Manifestement, lui.
🚩 “J’ai dû arrêter de voir certains amis car il en était jaloux”
🚩 “Il trouve que je dépense trop d’argent” (hors situation de dépenses compulsives)
🚩 “Je ne suis pas sûre pour ces escarpins, je ne porte que des baskets, mais ça lui plaît”
🚩 “Désolée, je dois annuler notre soirée, il m’invite à un week-end surprise”
🚩 “Il n’aime pas que je lise des romans policiers, ça l’inquiète”
🚩 “Je vais aller chez un psy, je dois faire des efforts, je suis invivable”
🚩 “Il m’a promis qu’on irait voir un conseiller conjugal si je restais”
🚩 “Ses messages sont parfois adorables, parfois agressifs, je ne comprends pas”
🚩 “Il aimerait que je prenne ce poste pour qu’on fasse les trajets ensemble”
🚩 “Il m’a annoncé hier soit qu’il était muté à Dunkerque, on va devoir déménager…”
🚩 “Oh non, je ne vais pas lui en parler, je sais ce qu’il va dire”
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J’ai une bien mauvaise nouvelle si tu t’es reconnue plus haut. Ce mec là ne changera pas, sauf miracle. Je n’ai jusqu’à présent assisté à AUCUN miracle de toute ma vie. Je dis pas que ça n’arrive pas, mais…ça n’arrive pas. Souvent. Pas souvent. On va dire ça 😬
Une personne qui cherche à t’insécuriser veut te dominer. Dans une relation saine (hors relations BDSM ou consentement total et rétractable à la situation) l’un ne domine et ne terrorise pas l’autre. Si il cherche à t’être supérieur, s’il est déjà dans une position de dominant, tu es son sujet. Sa sujette. Bref. Tu n’es pas son égale, tu ne le seras jamais. Si tu ne peux par exemple pas discuter de certains sujets, ça veut dire que tu te tais, qu’il t’a fait taire sans même un seul geste.
Lorsque la situation est posée, il n’a aucun, mais alors aucun intérêt au changement, hélas. Il a le beurre, l’argent du beurre, le cul de la crémière et la laiterie toute entière. Pourquoi s’emmerder à changer alors qu’il a déjà tout ? La situation lui convient bien, sinon il ne ferait pas ça.
Il est “malade” ? Il a besoin d’aide ? Qu’il le fasse. Tu n’es pas sa soignante. Et s’il le fait, tu as aussi pas mal de “chances” que le psy lui donne encore plus de billes, car il racontera sa version misérabiliste de votre histoire où tu le terrorises.
On peut vouloir changer pour son amoureux. J’ai fait ça, aussi. Mais je vois bien la différence avec mes relations passées. Que je change ou que je ne change pas, ça ne remet pas notre relation en question. Je fais plein de trucs qu’il n’aime pas, il fait aussi des trucs que je n’aime pas, et bien c’est tout. C’est la vie. Je ne me sens pas pressurisée pour répondre à ses attentes, je n’ai pas d’épée de Damoclès au dessus de la gueule, je n’ai pas peur qu’il parte du jour au lendemain.
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Je t’écris depuis mon attachement sécure avec mon passif insécure. En aucun cas je dis que mon mec est le meilleur, il ne l’est pas. Mais quand on s’est mis ensemble, je n’ai pas compris. Je ne ressentais pas cette pression, cette peur, tout était calme et tranquille. J’avais pas connu ça, j’ai eu peur que ça cache un énorme truc affreux, et puis non. Mais l’absence de violence m’a vraiment perturbée.
J’écris pas pour dire “ouf j’ai de la chance”, j’écris pour dire “attention, ça, c’est de la violence, même si tu n’identifies pas ça comme ça. Les choses peuvent et sont sensées se passer autrement”. J’ai eu du mal au début à comprendre la non-violence, car je ne connaissais pas le truc. Je ne savais pas ce que c’était que ce qui se passait, j’ai pensé qu’il ne m’aimait pas et que c’était pour ça qu’il ne criait pas. Plusieurs années ont été nécessaires à la reconstruction de la sécurité, et je suis pas encore réparée, loin de là.
Tout ça pour dire :
Une personne qui joue avec ton insécurité affective est une personne toxique.