Heures de réveil : 3h17, 4h35 (cauchemar, chats)

TW : mention de meurtre, d’inceste, kinks (pas de description)

CW : cishétéronormativité (“hommes” et “femmes”) imposée par le sujet

Je suis crevée et découragée. Plombée et tout le merdier. Qu’est-ce que tu veux dire de plus ? 🤷‍♀️

Ah, si, j’édite désormais les billets directement sur le site, ce qui veut dire que je n’ai plus la barrière psychologique des 3500 mots (3622 ce matin)
Je peux aussi chapitrer et faire un sommaire si c’est trop long, on avisera.

💥 Mais on continue sur la violence

💥💥💥

Hier j’ai grave dévié et finalement assez peu parlé de la biologie en tant que telle. Je vais voir si on a plus de choses purement techniques, des études, tout ça.

Comme Google m’aime (il serait temps) je suis tombée sur un article de Pierre Karli sur le site de l’Académie de Médecine qui me semble très intéressant (mais qui date de 2004…). On va dire qu’on retient cette date et qu’on va vérifier si possible avec des sources plus récentes.

Peut-on parler d’une « biologie de la violence ? »

Pourquoi répondre d’abord de façon négative ? C’est qu’à mes yeux, deux conceptions qui ont, l’une comme l’autre, une large audience (surtout aux Etats-Unis) ne
sont pas recevables, car elles proclament le rôle prépondérant de la conception selon laquelle les agressions, les violences seraient — toutes — étroitement liées à notre nature, notre identité et notre fonctionnement proprement biologiques. L’agressivité, la violence, considérées comme des entités naturelles, des réalités causales premières, seraient inscrites dans nos gènes et le cerveau qui se développe sur la base de ces gènes serait alors fatalement le « générateur » d’une sorte d’énergie spécifique, de force motrice endogène qui nous jetterait inéluctablement les uns contre les autres.
(Article ici)

Il parle ensuite des travaux de Cesare Lombroso (1835 – 1909) qui a cherché à démontrer qu’il existait des criminels nés.

A l’époque, quand j’ai regardé Natural Born Killers (Tueurs nés en français, sortie en 1994), je n’ai pas compris le titre. Je le comprends techniquement, mais je sais aussi, via le film, qu’iels ont de super bonnes raisons de haïr le monde. Le film tire son inspiration d’un couple, Charles Starkweather et Caril Ann Fugate, 19 et 14 ans, parti-es dans un road trip sanglant qui dura 11 jours. Enfance bousillée et re-bousillée, grande colère intériorisée… J’ai vu Natural Born Killer à sa sortie en VHS en 1996, l’année suivante de mon visionnage de Kids au cinéma.

A 14 ans, j’avais moi-même pas une super vie tip top joie bonheur, c’était même le chaos total, je me suis évidemment identifiée à Mallory qui se vengeait après avoir subi la violence de sa famille, dont des “abus sexuels”. Moi, à cet âge, j’étais libéré de mon agresseur depuis pas loin de 2 ans mais j’avais la HAINE. J’avais envie de le voir souffrir, mourir, connaître les pires tourments mais ça n’existe plus en moi aujourd’hui. C’était trop compliqué et ça ne me ressemblait pas. On m’a dit que je devais le haïr et imaginer sa mort. Moults années plus tard, je le déteste, mais je ne lui veux pas de mal.

En voyant de road trip meurtrier, je m’imaginais, moi aussi, tuer les méchants. Ma compassion a commencé à s’effriter durant le film, je trouvais que c’était trop : tuer l’indien, c’était trop, en tout cas, et c’est là que j’ai décroché. Fun fact ; je n’ai jamais pu voir la scène d’entaille de la main pour sceller son union, mais le reste, ça va. Va comprendre.

🌚🌚🌚

En réalité, depuis très tôt, j’ai eu presque pitié de mon agresseur. J’avais moins de 12 ans mais je savais qu’il avait eu un père très autoritaire et violent, une mère dysfonctionnelle et traumatisée. Cet adulte était parfaitement dysfonctionnel et je le sentais. Ce qui était très très perturbant, c’était de percevoir une personne de mon âge dans ce corps d’adulte énervé. Il avait des accents de petit garçon. Pas de quoi déclencher une empathie envers mon agresseur, mais je savais qu’il avait lui-même été bousillé.

Comme tu t’en doutes, ça a été  un questionnement qui m’a accompagnée depuis. Cette extrême violence en moi ne venait pas de nulle part mais des violences subies. Je réagissais à mon trauma. Attends, je vais vérifier à nouveau si mes futurs morts sont morts (toujours pas). Bon.

Suis-je une natural born killer ? Certes non. En réalité, fantasmer la violence m’a aidée à tenir. Je me suis dit que j’allais imaginer des manières de le tuer, avant de me dire “Pour finir en taule ? Nope.” Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai atteint le stade où écrire ou lire ses noms et prénoms ne me fait presque plus rien. Même sa mort, je la recherche, pour voir, mais je me dis que je suis probablement beaucoup plus heureuse que lui, en ce moment. Il a vécu une vie de parasite toxique, se nourrissant de nos peurs, ayant une emprise extraordinaire sur nous, est-ce qu’un type comme ça peut réellement être heureux ? Moi, je suis toute pétée mais j’ai un mari que j’aime, qui m’aime, on a un enfant évidemment parfait et aimé. J’ai de vrai-es ami-es, des personnes de confiance, j’ai des relations relativement saines maintenant.

👻 Les questions de sa violence et de ma propre violence m’ont énormément travaillée, c’est pour ça que dès que j’ai pu, c’est à dire avec internet en 2001, rechercher sans cesse de la documentation sur le passage à l’acte. Je ne comprenais pas comment on pouvait s’affranchir sans ciller des conventions sociales humaines de type plutôt pas mal universel : l’inceste est tabou chez beaucoup d’espèces, il pourrait éventuellement d’agir d’un interdit “biologique” en réponse au danger de la consanguinité. Lévi-Strauss propose un tabou inné. On y oppose l’attraction sexuelle génétique (deux enfants séparés à la naissance tombent amoureux en se retrouvant) qui n’est pas non plus prouvée. Mais on était pas biologiquement liés, son passage à l’acte a-t-il pu être ainsi facilité ? Mystère.

C’est pas vraiment dévier, en fait, non. Les aspects biologiques ne sont pas nets, et dans plusieurs civilisations (notamment Égyptienne ou chez les Habsbourg, cf. Charles II d’Espagne) on a su s’en affranchir sans trop de difficultés. On parle plus de contexte familial que de “j’y peux rien c’est la nature”.

Toute l’histoire si tu cliques.

En tout cas, je ne suis globalement pas une personne violente. Mes accès de rages sont essentiellement dus à mes troubles de l’humeur (ça a été environ divisé par 4 avec la prise de Lithium). Il y a une très forte composante traumatique, évidemment. J’ai subi plusieurs agressions et situations génératrices de SSPT. Mais avec une humeur plus régulière, je pète vachement moins les plombs.

🍁🍁🍁

Il est très très séduisant de se dire qu’il existe des tueurs-nés. Tu le sais sans doute déjà mais je commence à avoir une belle bibliothèque mentale des pires tueurs-es qui ont sévi ici bas. Chez 99% de ces tueur-ses, on a un contexte psycho-social absolument abominable. Des enfances ravagées, des violences subies et une impuissance à y répondre en tant qu’enfant. Toutes les personnes à enfance compliquée ne tuent pas, sinon je serais déjà en prison, et ptet que toi aussi.

Pour en revenir à Cesare Lumbroso, car il représente une étape importante en criminologie, l’idée était de reconnaître le criminel grâce à ses caractéristiques physiques, notamment au niveau du crâne. Evidemment, c’est bullshit, mais ça a marqué la discipline en posant cette question sans pouvoir y répondre : nature ou culture ?

“Oui mais les enfants tueurs”
Très bonne question, merci de l’avoir posée.
Dans la grande majorité des cas, l’enfance a été traumatique et je dis ça car il existe forcément des contre exemples.

Harvey Glatman était un enfant “compliqué” dès sa naissance.

Harvey Murray Glatman est né le 10 décembre 1927 dans le Bronx à New York, au sein d’une famille juive. Ses parents sont Albert, qui était un modiste, et Ophelia Glatman. Il grandira toutefois à Denver dans le Colorado où ils finiront par s’installer en 1938. Dès son plus jeune âge, ses parents remarquent qu’il a un comportement antisocial et sadomasochiste. En effet, ils racontent qu’à l’âge de douze ans, leur fils avait essayé de s’étouffer avec une corde dans leur salle de bain afin de satisfaire ses désirs sexuels. Un psychiatre lui avait prescrit des médicaments pour cela. Ou encore à l’âge de quatre ans il serrait son pénis avec un fil attaché à un tiroir. Il se masturbait souvent en faisant ces actes. Glatman déclarera plus tard au moment de son arrestation qu’il a toujours été fasciné par les cordes et qu’il en avait toujours une sur lui-même lorsqu’il était enfant. Sa mère le décrira toutefois comme un enfant normal et en bonne santé dans l’ensemble. Elle avait une tendance à minimiser les actions de son fils, même après son arrestation.
(Wikipedia)

Ce tueur est donc à priori un “natural born fétichiste”, sauf que…bah avoir des comportements de masturbation compulsive impliquant des cordes à l’âge de 4 ans, ça peut tout à fait indiquer un enfant victime de violences sexuelles. La mère “minimise les faits” et a joué un rôle très important dans le sentiment d’impunité de Harvey en ne gérant pas sa violence autrement qu’en la dissimulant. Le père, lui, punit très sévèrement les comportements masturbatoires. Son adolescence est marquée par le harcèlement scolaire, Glatman n’ayant pas un physique très avantageux.
Violence, violence, violence.

Où est la génétique ? Où est l’éducation ? Où sont les situations de violence ? Un enfant peut-il avoir des conduites masturbatoires compulsives impliquant l’objet fétichisé sans influence extérieure ?

J’en sais rien, mais cet exemple pose énormément de questions.

🎱🎱🎱

On retourne sur l’article du début :

Au XXe siècle, l’attention va se porter sur les chromosomes et les gènes qui sont censés être à l’origine de cette constitution physique particulière et des « mauvais penchants » dont elle serait responsable. A partir de 1965, on va beaucoup parler pendant quelque temps d’un « chromosome du crime », à savoir un chromosome Y surnuméraire présent dans le génome de certains hommes. Il sera question, à leur propos, de « supermâles génétiquement programmés pour la violence » et d’une « prédisposition au crime ». Au même moment (en 1966), Konrad Lorenz publie un livre qui a eu un grand retentissement et dans lequel il parle de « cette quantité néfaste d’agressivité dont une hérédité malsaine pénètre encore l’homme d’aujourd’hui jusqu’à la moelle », ou encore de « l’instinct d’agression hérité de nos ancêtres anthropoïdes et que notre raison ne peut pas contrôler ». Au cours des dernières décennies, les importants progrès réalisés par la biologie moléculaire ont tout naturellement conduit les promoteurs du « tout génétique » à passer du niveau des chromosomes à celui des gènes. On a affirmé avoir découvert, à plusieurs reprises, le « gène de l’agressivité » et d’aucuns ont proclamé que la neurobiologie moléculaire allait bientôt être en mesure d’extirper du génome humain les gènes censés être responsables des comportements « déviants », et en particulier ceux qui seraient à l’origine des comportements violents. Cette anticipation d’une « amélioration » radicale de la nature humaine se fonde sur la conviction clairement exprimée qu’une ingénierie génétique efficace allait enfin pouvoir prendre la place d’une ingénierie sociale considérée comme parfaitement inefficace. C’est ainsi qu’un collègue américain nous conseille, tout récemment, de repenser l’Homme et de changer notre avenir en choisissant nos gènes.
(Article toujours ici)

Ce que j’en comprends, c’est qu’on a cherché à tout prix cette explication biologique, en passant de Lumbroso à différentes techniques “biologiques” qui devraient expliquer la “nature humaine”.

Cela pose problème à différents niveaux.

  • Eugénisme
  • Actions préventives violentes contre les personnes déviantes
  • Évacuation totale du contexte psycho-social.

L’eugénisme, je ne te fais pas de dessin, tu as peut-être vu “Bienvenue à Gattaca” ou d’autres productions dystopiques marquées par la sélection génétique et l’éloignement des sujets considérés comme non conformes. On voudrait donc “neutraliser” les personnes estimées comme dangereuses sur une base génétique.

Perso, j’ai adoré ce film

Sauf que…

Beaucoup d’entre nous ont vécu leurs calvaires, aussi. Moi, j’ai jamais tué personne et je n’ai ENVIE de tuer personne. Les enfances dépiautées ne signifient pas un passage à l’acte ultérieur.

Quand bien même il y aurait un gène de la violence, que fait-on ? On tue par anticipation les “méchant-es” ? On attend qu’iels commettent des crimes pour les enfermer toute leur vie ? On les stérilise ? Ou alors, on en profite pour ne surtout pas parler de sociologie ou de psychologie ?

L’avènement de la génétique moléculaire a permis de progresser, tout en mettant en évidence l’extrême complexité du rôle joué par les gènes, ce qui permet d’affirmer que « l’idée selon laquelle un gène détermine une composante spécifique d’un phénotype comportemental perd toute crédibilité scientifique ». En effet, il apparaît que plusieurs gènes participent — en des combinaisons diversifiées — au développement d’un même caractère, que ce caractère peut être dû à des gènes différents chez différents individus, que l’effet produit par un gène unique est souvent de très faible ampleur, et que cet effet peut être dû non pas à un gène « pathogène », mais à des mutations neutres qui modifient le taux d’expression d’un gène « normal ». A cet égard, il est intéressant de noter que « c’est dans le cerveau qu’existent les plus grandes différences d’expression génique entre l’homme et les autres primates », et qu’il n’est donc pas besoin de faire appel à des gènes spécifiques pour expliquer les spécificités du cerveau humain.

J’ai aussi trouvé ceci :

De fait, au niveau social, la violence repose en général sur une l’idéologie. Comme l’explique l’anthropologue Maurice Godelier, qui voit dans la violence la source de toutes les formes de domination, il n’y a pas de reproduction des rapports de domination sans une mixtion de violence et de consentement plus ou moins explicite. Et c’est en imaginant des idéologies que l’homme et les sociétés rendent possible la violence et donc la domination. Les idéologies, du fait qu’elles ne sont pas perçues comme « imaginaires » par celles et ceux qui y croient, ont en effet des implications bien réelles en termes de violence et de domination, notamment politiques, religieuses et sexuelles.
(Pour la Science)

Ainsi, il a été possible durant des années de frapper des enfants “pour leur bien”, “pour les endurcir” ou les “former”. Lorsqu’on s’est rendu compte que cela avait un fort impact négatif sur les enfants, on a commencé à parler de Violences Éducatives Ordinaires (VEO).
Et devine quoi ? Chaque article parlant de la pénalisation des châtiment corporels est systématiquement suivi d’une litanie de “J’ai reçu des fessées j’en suis pas morte” ou “On fait quoi, alors, maintenant, on ne peut plus punir nos enfants ?” ou “C’est ma méthode d’éducation, touche à ton cul”. On est purement dans le culturel, les conventions sociales, la domination des adultes et surtout leur croyance en la bienfaisance de ces châtiments corporels. Absolument RIEN ne valide cette violence. On a des études, des preuves, des témoignages sur le très long terme, RIEN ne justifie la violence envers les enfants, bien au contraire. Et pourtant, certain-es s’y accrochent comme d’autres croient dur comme fer à la Main Invisible du Marché. On est absolument hors du champ de la biologie.

“Nous Toutes” a démontré de la transphobie en refusant les femmes trans dans le décompte macabre des féminicides, mais je pose quand même cette image ici parce que le chiffre est très important.

🧠🧠🧠

Il y a un autre aspect que je voudrais aborder : La criminalité, la maladie mentale et les lésions cérébrales.

Si c’est pas la génétique, c’est les hormones ou le cerveau. Encore une citation, désolée :

La plupart des tueurs en série trouvent leur motivation à commettre des crimes dans un désir de domination sexuelle. Par exemple, Ted Bundy, qui a kidnappé, violé et tué au moins 31 femmes entre 1974 et 1978, répond bien aux critères de la psychopathie. Mais il souffrait également d’une paraphilie (un trouble sexuel), en l’occurrence le sadisme, dans lequel le plaisir ne peut être éprouvé qu’en faisant souffrir la personne désirée. Sa motivation à tuer vient de sa paraphilie ; son manque d’empathie et de culpabilité vient de sa psychopathie. C’est lorsque vous combinez la psychopathie avec une paraphilie que vous obtenez un individu très dangereux.
(Cerveau&Psycho)

NB : le terme de “psychopathie” est aujourd’hui remis en question et sorti du DSM au profit de la “personnalité antisociale”

On est bien un peu dans tous les champs. Un élément psychiatrique, une paraphilie, pas de regret, let’s go. On est très très loin de la cause uniquement biologique, au vu de ses traumas enfantins de type “On m’a fait croire que ma mère était ma grand-mère, celle que je prenais pour ma sœur était en réalité ma mère”.

Sauf que, comme on le dit plus haut : toutes les personnes traumatisées ne tuent pas, toutes les personnes atteintes de troubles mentaux ne tuent pas, toutes les personnes ayant une ou plusieurs paraphilies ne tuent pas (on peut jouer avec des cordes sans mourir). La qualification de “psychopathe” ou de “fou furieux” ne fait qu’amplifier la psychophobie ambiante et participe à l’ostracisation des personnes “folles furieuses”.

La “folie”, notamment les psychoses, sont des éléments d’explication sur un tableau beaucoup plus vaste.

Je cherche des sources sur les lésions et commotions cérébrales…

L’ex-joueur de la NFL qui a abattu six personnes souffrait d’une maladie cérébrale
L’ancien joueur professionnel de football américain Phillip Adams souffrait d’une maladie cérébrale dégénérative, l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), lorsqu’il a abattu six personnes avant de se donner la mort en avril, ont indiqué des médecins spécialistes mardi. Un examen post-mortem du cerveau d’Adams, effectué par des neuropathologistes de l’université de Boston a révélé que l’homme de 32 ans présentait des signes de lésions cérébrales «inhabituellement graves».

«Phillip Adams présentait une quantité extraordinaire de pathologies associées au lobe frontal, la zone du cerveau située derrière le front», a expliqué Ann McKee, directrice du Centre ETC de l’établissement, comparant ce cas à celui d’Aaron Hernandez, ex-joueur des New England Patriots qui avait été condamné pour meurtre en 2015, avant de mettre fin à ses jours en prison deux ans plus tard.
(Le Figaro)

Chris Benoit, un catcheur célèbre et surtout mort, victime de nombreux chocs à la tête, a fini par massacrer sa famille avant de s’enlever la vie. Et les exemples sont nombreux dans le milieu du sport de contact. J’imagine que les archer-es, épéistes ou les personnes qui pratiquent l’athlétisme sont moins à risque…

MAIS ☝️

D’après ce que j’ai pu voir sur ces cas et, dans l’ensemble, les milieu du football américain ou du catch sont des milieux ultra-virilistes avec culte du corps et appréciation de la violence. Le Boy’s Club version Fight Club. Je te refais pas le topo de la misogynie, de l’exploitation des fans et des femmes, de la violence domestique habituelle, tu connais la chanson. Ce que je veux dire, c’est qu’on encourage des hommes à l’agressivité et on les valorise pour ça. On peut même les starifier, comme c’est le cas ici. On encourage donc la violence et l’agressivité. Est-ce que ça ne jouerait pas un tout petit peu dans les modalités pétées de résolution de conflit avec leurs proches ? Je sais pas, hein, je propose.

Par ailleurs, la plasticité cérébrale peut, dans certaines conditions (genre se soigner et ne pas avoir une blessure trop importante, tout ça) palier aux lésions. On ne parle évidemment pas (enfin si, tu es en train d’en parler, patate) de Phineas Gage (1823 – 1860) qui fut un des exemples les plus incroyable de survie après accident grave de cerveau (une barre en métal, une boîte crânienne, ça ferait une très belle vidéo gore et beaucoup d’audience). Son lobe frontal a été très endommagé. Il a survécu mais sa personnalité avait totalement changé. En beaucoup moins bien. Impulsivité, agressivité, zéro contrôle de ses émotions ou des conventions sociales.

Phineas Gage posant avec sa fameuse barre.

🍊🍊🍊

“Oui mais la testostérone aussi”

L’ocytocine serait l’hormone de l’attachement, la testostérone celle de l’agressivité et de la conquête du pouvoir, tandis que la dopamine serait le neurotransmetteur du bonheur. Dans leur souci de simplification abusive, certains médias véhiculent ces associations en reliant une hormone à des comportements sociaux biens définis. La littérature scientifique sur le sujet est bien plus prudente. En effet, la plupart des revues de littérature, que ce soit concernant l’ocytocine ou la testostérone, suggèrent plutôt des rôles éminemment contextuels de ces hormones. Dès lors, selon le contexte et d’autres variables individuelles, l’ocytocine est associée dans certaines expériences à la méfiance, à l’ethnocentrisme ou encore la jubilation dans le malheur d’autrui si celui-ci nous est bénéfique.

Quant à la littérature concernant la testostérone, elle suggère que cette hormone est aussi associée, selon le contexte, à des actions altruistes et à des comportements prosociaux. À titre d’exemple, on pourra mentionner cette étude de 2011 qui montre que chez un groupe de femmes, l’administration sublinguale d’une dose unique de testostérone provoque une augmentation substantielle du comportement de négociation équitable, réduisant ainsi les conflits et augmentant l’efficacité des interactions sociales. Cependant, un point très intéressant est à noter dans cette étude : les femmes conscientes d’avoir reçu de la testostérone (par opposition à celles qui ont reçu de la testostérone en aveugle) témoignent de comportements plus agressifs.
(Futura Sciences)

🙄 Et meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde !

Tout ce bel édifice tout bien rangé qui explique la violence, finalement, c’était…un mélange de plein de choses.

En résumé : la biologie seule, que ce soit l’étude des pathologies mentales, le cerveau, les hormones, n’explique pas la criminalité et la violence.

Si les hommes (cis) sont plus souvent auteurs de violences, c’est en GRANDE partie “grâce” aux comportements valorisés. On s’attend d’un homme qu’il protège, défende, agresse au besoin. La virilité est fortement liée à la domination et à la violence (pour le maintien de cette domination). Le facteur culturel et social me semble d’une importance capitale. Il y a un contexte physiologique et biologique, mais c’est vachement moins impactant que ce qu’on croit. L’humain-e peut survivre et s’adapter aux traumas, aux lésions cérébrales, à la maladie mentale.

“On ne naît pas violent-e, on le devient”