Heure de réveil : 5h12 (la dalle ! les croquettes ! aboule la graille, taulière !)
#feminisme #haine #pauvreshommes

Je dépasse les 30 mn d’ankylose matinale et c’est pas ma joie. Je vais tâcher de penser à autre chose au lieu de laisser l’angoisse m’envahir.
(Pas contente de mon billet mais j’envoie, trop de tergiversations, j’amenderai si nécessaire, mais y’a un truc qui va pas, désolée d’avance)

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“Le féminisme, c’est la haine de l’homme.”

Je suis tombée sur un screenshot où un mec dit ça, je sais pas, ça m’a parlé… 🤔
(Je devais parler de toute autre chose en vrai mais je vais me laisser porter)

“Le féminisme, c’est la haine de l’homme.”

Je sais que le masculinisme c’est la haine des femmes donc normalement ça ne devrait pas me choquer qu’on retourne la proposition.
Mais évidemment que si, ça m’ulcère, parce que c’est totalement con et totalement faux et totalement abusif de dire ça.

Les personnes qui disent ça n’ont absolument pas compris les rapports de pouvoir et leur aspect systémique, les notions de domination et d’asservissement, surtout, ils ignorent totalement la violence de leurs congénères.

Oui parce que j’ai pas lu beaucoup de femmes dire “vous haïssez les hommes”. On a bien les rémoras (le petit nom qu’on donne ici aux femmes au sexisme intériorisé, parce que les rémoras sont potes avec les requins et lui nettoient la peau en échange de pas se faire bouffer, j’ai trouvé ça parlant), mais sinon c’est totalement absurde.


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Ils se sentent menacés. C’est d’autant plus drôle qu’ils se sentent menacés par des personnes qu’ils considèrent comme des subordonnées sans âme. On doit avoir un petit quelque chose de flippant.

Imagine, un jour, les animaux se mettent à parler grâce à un dispositif placé autour de leur cou et qui traduit les bêlements en mots intelligibles.
Tu auras les bouchers qui vont nier totalement cette capacité pour continuer à abattre des animaux pour les manger. Et pour commencer, ils retireraient les boîtiers permettant la communication. Un animal qui ne parle pas est un animal consentant, non ?
“Mais non, ils imitent, ils ne parlent pas, si ils parlaient ça se saurait, enfin”

Tu aurais aussi les militantes antispécistes qui en profiteraient pour remettre tout ça sur le tapis : “Alors comme ça on tue des êtres sentients ?” (et ce serait une bonne chose, entendons nous bien)

Tu aurais le gens lambda, qui s’en fout et qui mange son steak sans faire le lien, parce que c’est très bien comme ça, la la la je n’entends rien.

Alors qu’en réalité, si les animaux parlaient ben…ils parleraient. Si on omet les chats qui veulent dominer le monde, le risque n’est pas trop grand de soulèvement animal (quoique…), ça nous permettrait de communiquer efficacement, de savoir ce dont ils ont besoin et envie.

Et tu aurais toujours droit à ton steak si tu en as envie parce que beaucoup de monde en aurait rien à branler qu’ils parlent.

Dans tous les cas, il y aurait des réactions extrêmes, car ça remet en question leur mode de vie carnivore. Je pense que la plupart vivraient dans le déni le plus total : c’est un complot antispéciste, faut débunker ça, et la liberté de manger ce qu’on veut, hein ? C’est la République qu’on assassine !

Il y aurait les “sentientosceptiques” qui évoqueraient un complot du lobby du soja, les traditionnalistes qui ne laissent aucun facteur extérieur perturber leurs habitudes, les culpabilisantes “tellement d’années à manger des animaux j’ai honte” et les satisfaites “Ah, enfin, on en a la preuve !”

Bah là, on nous a collé un boîtier autour du cou qui nous permet de parler et d’être entendues. Depuis tout ce temps, le “sexe faible” disait des trucs et personne ne les entendait !!!

On se retrouve avec les mêmes personnes que plus haut. Le déni, la réactance, encore du déni et encore de la violence.

Demain, si par magie on se réveillait avec une parité parfaite dans tous les domaines (je vais vérifier si c’est pas le cas, attends.)(nope) ça serait l’Apocalypse.

On en avait parlé y’a un moment mais dans une pièce en mixité, les hommes pensent qu’on est à 50/50 à partir de 20% de femmes.
Donc si on est à 50/50, ils se sentent atrocement oppressés.
(Edit 2023 : j’ai retrouvé à grand peine la source de ce chiffre, donc voici)

On parle de la non-mixité entre politiciens blancs ou pas ? Nan, les photos parlent d’elles-mêmes…

G7 2019

G20 à Osaka en 2019 photo: Alan Santos / PR

Davos 2020

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J’ai connu la vie de bureau. Longtemps et dans des secteurs assez différents. En gestion administrative on est souvent beaucoup plus de femmes (genre 80/20 quoi). Il arrive que dans un bureau il n’y ait qu’un seul homme. Et tu sais ce qui se passe ? On le plaint.

“Oh mon pauvre tu te sens pas trop seul ?”
“Haha ça doit donner quand elles ont toutes leurs règles en même temps” (véridiquement entendu)
“Fais attention tu vas devenir comme elles !”

Alors que moi quand je me faisais harceler car j’étais la seule meuf sur 30 personnes, personne n’en avait rien à foutre. Pire, un seul collègue a remarqué que je me faisais coincer par l’un d’entre eux quand j’étais seule et venait me “délivrer” régulièrement. Un seul mec. Tout le monde était au courant de ce qui se passait, mon agresseur avait un gros passif.

Moi, lors de mon embauche, on m’a dit “C’est bien, une femme, vous allez apporter un peu de douceur dans l’équipe”. C’était vachement bien payé, j’ai fermé ma gueule parce que j’avais pas le choix mais le cringe était intense. Sachant que j’ai empêché deux bastons entre collègues, on va dire que j’ai apporté un peu de douceur, oui.

Un pauvre homme seul et malheureux dans un bureau plein de femmes, c’est purement atroce. Il a les petits déjeuner gratuits, les gâteaux, les cookies, tout ce qu’on peut apporter comme friandises à son équipe, sans jamais jamais jamais avoir apporté quoi que ce soit de son côté. Si il a un souci, on l’aide. On se moque gentiment (le mec devenait pivoine quand on disait “j’ai mes règles”, je veux dire, comment ne pas ricaner ?)

Je pense que (notall) hommes seraient plus satisfaits avec un boîtier magique qui nous oblige à nous taire. C’est même un peu la blague de base du gros beauf, ça, non ? “Ah ah elles parlent trop”.
Alors que non, en réalité. On parle trop quand on veut récupérer la parole, surtout. Puis je sais pas si tu as déjà vu un jour un homme politique mais niveau parler longtemps pour dire des trucs chiants, ils se posent là. On tolère un discours de 2h de Sarko (QUI FAIT DE LA PUB POUR AUDIBLE !!! La dèche ! La dèche, les enfants !!! 🥳 ) mais quand ta meuf te raconte sa journée, ohlàlà quelle purge.


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Les féministes ne haïssent pas les hommes. Ok, je mets pas mal de guillemets parce que perso, je les aime pas trop trop, de base. J’ai de quoi.

Nan mais en vrai, on a toustes de quoi.
Entre les vexations quotidiennes dès la naissance (ce bébé est trop gros, c’est une fille, mettons lui des vêtements qu’elle ne devra pas salir et avec lesquelles elle bougera avec difficulté, puis des petites sandales à bride, aussi), la violence symbolique, les violences sexuelles, conjugales, systémiques, la culture du viol, les inégalités salariales, la non représentation politique…

En fait ils ont de la chance qu’on ne les haïsse pas. On ne les hait pas car on est formatées pour surjouer le syndrome de Stockholm. Ce sont nos bourreaux mais on est obligées de les aimer pour faire des bébés car telle est notre destinée.

En gros, si on l’ouvre, on est dans la haine. Même si c’est pour dire “deux baguettes bien cuites svp” c’est que de la haine qui sort. De quel droit précise-t-on la cuisson de la baguette ? Pour qui te prends-tu ?

Je comprends la peur. Ils se disent merde, si un jour les bonne femmes prennent le pouvoir comment on va morfler nos races !

Elles vont se venger !!!

Ah, intéressant. En général, c’est ce qui est dit en sous texte : elles vont se venger. C’est vraiment admettre la faute en réalité. Ils savent que si un jour on avait un pouvoir totalitaire ils ne feraient pas long feu, parce qu’ils nous traitent comme des domestiques, si ce n’est comme des parpaings avec des bras.

“Les femmes haïssent les hommes” ?
Elles devraient.

Franchement, on devrait les haïr.
Mais tu sais quoi ? C’est même pas le cas.
Je me considère comme misandre mais…je ne hais pas (tous) les hommes. J’éprouve encore un peu de pitié, mais pas de haine, j’ai pas le temps pour ça, parce que la haine pure, ça ne sert à rien. Ça ne fait pas avancer, la haine, ce n’est pas constructif, et nous, on veut aller de l’avant, pas stagner en ressassant à quel point les hommes sont [insérez ici motif de restriction de compte].

Je veux juste pas passer mon temps avec des mecs non déconstruits.


🙊🙊🙊

“Les féministes haïssent les hommes” ça veut dire en gros :
– que celles qui ouvrent leur gueule sont indésirables
– que les hommes sont victimes
– que les hommes ont cette image de la recherche de l’équité : la haine
– qu’on peut faire ce qu’on veut, tant qu’on les emmerde pas, et on les emmerde tout le temps

Parce que ce que veulent ces saletés de bonnes femmes, avouons-le, c’est hardcore. Égalité salariale, être tranquilles dans la rue, ne pas se faire tabasser, nos corps nos choix, ouhlàlà danger danger danger.

Danger pour qui ?
Pour qui ne veut pas perdre ses privilèges, bien sûr.
Pour qui veut continuer à coller sa grosse main dégueulasse sur les fesses de ses subordonnées.
Pour qui ne veut pas voir qu’il bosse pour les méchants dans l’histoire
Pour qui se sent très bien comme ça, merci, ne changeons rien

Cette phrase est révélatrice, très révélatrice.
Le concept de haine des hommes vient de leur propre imagination. C’est comme ça qu’ils se figurent nos luttes : par rapport à eux. Ils n’ont pas compris qu’on bosse pour nous en priorité mais qu’ils ont leur place dans le truc. Non, eux occupent une place centrale dans tous les cas dans toute la vie. Si on fait quelque chose, c’est obligatoirement par rapport à eux.

Les féministes haïssent les hommes parce qu’elles ne les placent pas au centre de leur lutte. Et lorsqu’elles les placent au centre de leur lutte, elles les haïssent aussi tu me diras.

L’émancipation et l’égalité sont dangereuses pour eux. Regarde : ce sont les premiers à utiliser les sites de rencontre et les premiers à se plaindre que l’entrée est gratuite pour le gibier. Ils se plaignent de ne plus trouver de compagne “comme avant”, celle qui fait la cuisine et la vaisselle tout en fermant bien sa gueule. Les pauvres, franchement, ça craint 😭

“Les féministes sont dangereuses car elles haïssent les hommes”

On voit quand même bien bien que tout doit être centré sur eux. Tout ce qui les exclut, de fait ou par une volonté de non-mixité, est indésirable.
Tout, sauf…les tâches ménagères, la charge mentale, les enfants. Ça, on nous le laisse. Et le jour où on veut partager ça aussi, on devient méchantes.

Le terme de misandrie est problématique, notamment pour les personnes trans, je me permets néanmoins d’ajouter cette image.

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Je dis méchante à dessein car ça transparaît souvent dans la chouine : “Ouin ouin vous êtes méchantes”, moi c’est ce que je lis quand un type random vient pleurer à la misandrie sous un post.

On est pas méchantes, on veut juste que tu arrêtes d’être violent avec nous, en fait. Parce que nous, notre problématique, elle est question de vie ou de mort.

Dans le monde…
🍏 Combien de femmes meurent à la suite d’IVG clandestins ? 47 000 femmes par an. 25 millions d’avortement clandestins sont pratiqués chaque année. (2018)
🍏 Combien meurent sous les coups de leur conjoint ? 50 000 ( en 2017)
🍏 Combien sont violées ou battues ? 903 par jour. 250 000 par an.

https://www.onufemmes.fr/nos-actualites/2019/11/25/feminicides-etat-des-lieux-de-la-situation-dans-le-monde
https://www.planetoscope.com/Criminalite/1202-viols-dans-le-monde.html
https://www.amnesty.ch/fr/themes/droits-des-femmes/faits-chiffres-et/faits-et-chiffres
https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures

C’est ça, nos “petits problèmes de bonne femme”, Jean-Nuisible. Alors, bichon, ton problème d’ego blessé de ne pas être invité à nos réunions Tupperware, j’avoue que, très sincèrement, j’en ai rien à battre.

Tu chouines pour un 38,5°C de fièvre, nous on accouche pas toujours dans de bonnes conditions, même en France, on se paye des trucs que t’oserais même pas imaginer parce que “Beurk c’est dégueulasse, les règles”. T’as de la chance, tu les as pas, ça tombe bien.

On ne vous hait pas, non, mais on a d’excellentes raisons pour le faire, et c’est ça qui vous fait peur. Et si un jour les femmes se comportaient comme nous ? Et si un jour nos subordonnées se retournaient contre nous ? Et si elles réalisaient qu’elles n’étaient pas si impuissantes que ça ? Vous avez juste peur qu’on vous réserve le même traitement et c’est méga-flippant. C’est donc un peu admettre que vous vous comportez en tyrans si la représaille vous chagrine.


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Et, pendant ce temps, on travaille sur la masculinité toxique. On vous écrit des articles de vulgarisation ou des BD parce que c’est pas trop long et compliqué pour vous. Mais vous ne les lisez de toutes façons pas, pourquoi on se fait chier ? Parce que ça fait de bons supports pour les débutantes, oui. Merde, même ça, on ne le fait pas UNIQUEMENT POUR VOUS, j’avoue, le seum.

C’est pas qu’on vous hait pas, c’est qu’on a pas besoin de vous, en réalité.
On a progressé seules jusqu’à présent, on a progressé, innové, poursuivi une réflexion riche de manière collective malgré vous.

Pire, on bosse aussi pour vous et nos alliés. On travaille sur les parentalités féministes et inclusives, on vous aide (assiste) à la déconstruction lorsque vous le souhaitez, certaines d’entre nous vous chouchoutent à mort, vous êtes si peu nombreux à montrer de l’intérêt. Et on se fait avoir car dans les alliés, il y a tous les prédateurs en vadrouille qui se disent que c’est ptet pas un si mauvais plan que ça pour pécho.
Mais on continue, on avance et on vous accueillera si vous venez nous voir.

Je sais que c’est contrariant que tout ne tourne pas autour de vous. Non, je ne le sais pas, car tout ne tourne pas autour de moi. Je suis Player 2 parce que j’ai des seins. Sans doute plus facile pour les combos. Nous, on a l’habitude de passer après, c’est l’inverse qui nous perturbe : passer au centre de la lutte, c’est impressionnant et ça peut faire peur.

“Les féministes détestent les hommes” c’est vraiment ne RIEN avoir pigé au game.
La haine ne va pas trop trop dans cette direction. Ce n’est pas logique, si on admet que dire “chut” à un mec n’est pas de la haine.

“Les hommes détestent les féministes” ça, j’y crois sans difficulté. Je vais faire de la psychologie de comptoir mais quand on me dit “j’ai rien à cacher” je sais que la personne a quelque chose à cacher. Je sais qu’entre ce qu’on énonce et ce qu’on pense il y a un gouffre. Dans le cas présent, je suis sûre que la phrase se présente de cette manière : les hommes détestent les femmes.

Pour le coup, ça se tient.
🍎 Qui nous insulte ?
🍎 Qui nous menace de mort ?
🍎 Qui souhaite qu’on se fasse violer parce que lol ?
🍎 Qui nous doxxe (doxing : rendre publiques les coordonnées d’une personne) ?
🍎 Qui nous harcèle de manière générale ?

Si tu regarde bien, nous on fait nos trucs dans nos coins, on fait des campagnes de sensibilisation, on poste des commentaires, on fait de la pédagogie. Much violence.

En vrai, ils savent que l’offense à notre égard est grande. Ils sont pas cons, pas tous. Ils voient bien qu’on est en situation d’être dominées alors qu’ils sont en position de dominants. Eux, à notre place, se vengeraient en déchaînant toute leur haine et leur colère.
Nous, on fait des collages et des groupes de parole.

Ils ont bien de la chance qu’on ne soit pas rancunières.
…et même franchement chamallow : on s’envoie des fleurs, des cœurs, des compliments, on se soutient, c’est ça la violence féministe. Sans déconner, j’ai jamais reçu autant d’amour et de bonnes vibes que depuis que je milite 2.0.

La violence elle est juste dans vos têtes, parce que vous êtes élevés comme ça et que vous vous complaisez dans cette toute-puissance physique. Nous, on règle les chose autrement (à coup de callout et de shitstorm, ok, c’est pas non plus la panacée mais, hey, on essaie).

Cette violence que vous nous prêtez est imaginaire. Une projection de vos esprits fragiles.

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii y’a des meufs qui. Oui. Y’a des meufs qui valent pas mieux, qui oppressent, qui sont manipulatrices, qui se servent des outils militants pour nuire. On l’a déjà dit : ici on chie sur l’exemplarité mon bonhomme. Si une meuf fait de la merde, on lui dit. Mais on ne va pas lui coller un foutu boîtier pour l’empêcher d’écrire non plus.

Puis merde, commencez par gérer vos abrutis pleins de testostérone qui viennent nous insulter au moindre frémissement et on en reparlera, de nos rémoras.

Les féministes de détestent pas les hommes. Les féministes pensent à leur gueule et à celle de leurs adelphes. Ne prêtez pas vos propres sentiments à des personnes que vous ne connaissez pas.