Heures de réveil : j’ai pu de réveil mais il était 6h03 quand j’ai lâché l’affaire.

Avoir un enfant neuroatypique de 6 ans, 11 mois et 27 jours, c’est calmer une crise de larmes pendant des heures car il a de la peine pour avoir vu une histoire triste et qu’il ne retrouvait plus sa peluche Banana Man de TABS (Totally Accurate Battle Simulator, j’ai pris les peluches de collec, j’avoue, c’est un trop bon jeu). Je ne peux pas mettre l’emoji banane, je me sentirais sale, donc imagine, voilà.

Inconsolable parce que, j’ai vu ce matin, il avait vu une vidéo qui racontait “et si une baleine te mangeait ?”

On a eu 2 crises, il a dormi collé à moi, se réveillant régulièrement pour vérifier ma présence et se rapprocher, comme quand il était tout petit. Il pousse un petit soupir, et se rendort, fermement arrimé. J’ai pas trop trop dormi, de mon côté.

La dernière fois, c’est quand il s’est souvenu qu’en fait avant on avait 3 chats, pas 2. Il m’a demandé ce qu’il s’était passé, j’ai répondu et il s’est totalement effondré. Sinon, le coller devant un docu animalier et attendre qu’un animal soit en danger ou meure ou mange un autre animal, ça fonctionne bien aussi.

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Je suis pas une maman super protectrice, j’essaye de l’exposer petit à petit. Je sais qu’il est hypersensible, il a déjà fait des melt car un des rubans en papier d’une création de centre aéré s’était envolée sur la route (et que je vais pas aller chercher un ruban en papier en plein milieu du trafic du soir sur le boulevard, nope).

Alors, je fais comme je peux. Petit à petit, j’aborde les sujets pas faciles. Je sais que la vie c’est de la merde, je suis bien au courant, j’essaie donc de le préparer au mieux. L’exposition brutale est, pour lui, la pire des manières, comme chez les personnes phobiques. La phobie ne répond pas à la raison, exposer brutalement est beaucoup plus délétère qu’efficace.

Il sait que j’ai très peur des mille pattes et m’avertit “Attention, maman, ferme les yeux !” parce que lui aussi il a compris que la brutalité ça n’aidait pas.

“Plonger dans le bain”, “Se confronter au monde” et “Apprendre la vie”, c’est déjà assez compliqué avec un enfant neurotypique (comprendre : ni autiste, ni TDAH, ni maladie psy, ni anomalie chromosomique). Quand tu as une petite boule d’émotions complexes qui dégoupille au moindre sursaut, c’est un peu plus tricky.

Je ne sais plus qui disait, en sortant de l’école, que je le protégeais peut-être trop. Ça m’a assez choquée car j’ai la sensation de ne pas assez le protéger. Je regarde des photos de mille pattes de temps en temps, tu sais ? Je m’expose à l’idée, au concept, et là j’arrive à supp…heu…presque 😬

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Pire, je suis une personne qui trigger, aussi. Parce que parfois, je vais énoncer les choses de manière lapidaire et “objective”. Je travaille beaucoup sur moi pour arrêter de dire les évidences, ou ce qui me saute aux yeux, lorsqu’on me livre un récit. Je devrais arrêter de répondre aux “pourquoi” de manière sincère ou poser une conclusion en accord avec la réalité et la cohérence du récit sans prendre de précaution. J’ai déjà eu des réponses automatiques, claires, précises, mais dévastatrice, car ce qui me saute aux yeux n’est pas forcément évident pour qui vit la situation.

Je ne suis pas le parent protecteur, non, je suis l’autre parent, celle qui ouvre les portes de l’avion en plein ciel et dit “Mate moi ces nuages et cette capacité d’aspiration hors de l’appareil !”

Mais c’est contre moi qu’il a dormi. Aussi parce que son père a fait canapé, vu la taille et les acrobaties nocturnes de l’enfant. C’est moi qui l’ai pris contre moi en lui disant que tout irait bien et steuplé arrête de gigoter. Je ne dis pas ça parce que son père n’était pas greffé lui aussi. Son père est bien plus réconfortant que moi, bien plus patient et compréhensif.

Moi, ça me laisse impuissante, et j’aime pas ça, donc ça m’agace. Je ne le montre pas (🙄 heureusement) mais j’ai juste envie qu’il m’expose le problème et qu’on le dissèque et c’est plié. Ce qui n’est pas possible. Donc je console comme je peux, en étant là. En ne diminuant pas sa souffrance, en ne minimisant pas son ressenti, en l’écoutant juste. Les sujets de melt sont parfois proprement ridicules mais si ça provoque ça chez lui, je dois apprendre à le respecter.

Élever cet enfant m’aide beaucoup à mieux me comporter envers les personnes hypersensibles. Je ne dis pas que je me comporte super mieux, mais ça m’a permis de réaliser plein de trucs et de me dire qu’il fallait que je corrige une chose ou deux.

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Un jour d’énième psy, elle me demande comment il gère ses émotions et si JE (pas le père, hein, non non, ça c’est maman) gérais les miennes, et j’ai été interloquée. Gérer quoi ? Comment ? On me demande à MOI d’aider un enfant à gérer ses émotions ? Nope, mauvais casting. Son père est tout indiqué pour ça, mais moi, je ne sais pas reconnaître la violence immédiatement, je suis multi-traumas et presque totalement verrouillée de l’émotionnel. Je peux aider, mais j’ai des limitations.

Bon, après j’ai raconté mes dossier, de manière chronologique et factuelle, et comme chaque psy, chacune, la moindre d’entre elles, elle m’a regardée comme si j’aurais pas dû être en vie et surtout pas dû donner la vie. Après je vois l’aspect comptable se déclencher, des doubles séances mère-enfant ça rapporte pas mal.

J’aurais bien aimé avoir un enfant NT. Ça à l’air vraiment moins compliqué. Quand je vois des enfants supporter la frustration et ne pas hurler à la mort à la moindre contrariété, je me dis que la vie doit être un peu plus simple. Moi, j’ai un baril de nitroglycérine de plus en plus gros à gérer.

Je ne compte plus les gens qui disent “Mais il fait du judo ?” genre ça va aider radicalement à se défouler, car c’est un garçon.
Donc non il ne va pas au judo car je ne peux pas l’accompagner à pieds et je ne conduis pas, le trajet aller/retour ferait un peu moins d’une heure à pieds, et quand je dis “pied” mon canal tarsien fait coucou. Coucou !
Par contre il va aller à la piscine, parce que c’est faisable pour moi. Mais non, ce qui compte c’est que je ne l’emmène PAS au judo, car le judo, c’est bien connu, ça apaise obligatoirement les enfants TDAH.

idem

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Parce que cet enfant a une daronne un peu cassée, aussi. Je devrais prendre sur moi et “me bouger” comme on me l’a déjà dit si gentiment, mais ce matin, j’en suis à 1h30 de dérouillage et le couloir de la maison représente une difficulté pour moi.

Même pas foutue de “prendre sur elle” pour me “bouger” et faire “ce qu’il faut” pour “cet enfant”. Non. J’avoue. Je me fais violence pour exister, si tu veux, je pense que c’est déjà un bon début.

J’en peux plus du validisme en fait.
Genre vraiment plus.

J’en ai marre de devoir détailler chaque raison qui fait que je ne peux pas emmener mon gosse au judo comme les vraies mamans. Une autre maman m’a tenu la jambe comme ça, longtemps, LONGTEMPS.
Elle ne comprenait pas du tout. Rien. Elle posait des question, et puis plus de questions, et puis plus de questions encore, alors je me suis un peu agacée et je lui ai sorti mon dossier médical complet, et là elle a réussi à se taire. Momentanément.

Si je dis “je ne peux pas” c’est que je ne peux pas. Pas que j’ai la flemme ou que je suis une mère négligente…mère qui commence à apprendre Photoshop à son enfant qui gère déjà Canva sans souci…et qui commence à avoir des rudiments en animation de personnages via Bloxels. Daronne qui lui apprend à dessiner quand il veut bien, qui lui prête son matos de Beaux-Arts et trouve le support adapté à ses envies. Maman qui s’intéresse à ce qui l’intéresse, qui participe et comprend son imaginaire…
Puis des parents qui comprennent la passion jeu vidéo, qui savent le guider et jouer avec lui, qui l’encouragent comme iels le peuvent, le consolent et le rassurent le soir, quand il pleure.

On peut être en situation de handicaps et quand même réussir à apporter des choses à son enfant, à sa manière, sans forcément aller au judo à pieds.

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Chuis juste fatiguée.
Ok, chuis fatiguée parce que j’ai dû dormir 3h à tout casser, mais chuis fatiguée tout court.

“Je Suis Tombé En Bas De Ma Bulle. “Le Collectif (via FB) clique sur l’image tout ça tout ça

Ça va être la rentrée, on va avoir de nouveau les mêmes problèmes et incompréhensions. Je vais redire oui oui on a rdv en novembre pour le diag TDAH. On va me demander des comptes, jamais à son père.

On va me redire en filigrane que j’avais qu’à pas faire un enfant, avec mon passif. Que l’Enfant en question soit heureux et relativement équilibré ne compte pas : seules ses difficultés sont à prendre en compte, pour pouvoir me les attribuer.

On attend pas grand chose de son père, qui fait pourtant beaucoup. Mais on a plaqué un modèle familial de “maman en charge, papa effacé”
sur notre vie, parce que c’est comme ça que ça se passe. Après, on découvre que je suis pas laxiste et que son père est très présent dans sa vie. Ah. Merde.

C’est pour ça, oui, que je m’intéresses aux daronnes de tueurs. Evidemment. Je ne me suis moi-même pas fait illusion un seul instant.

Comment tu fais, quand ton enfant est “différent” ?

Bah tu galères ta race, voilà ce que tu fais. Et quand toi aussi tu es neuroatypique, bah tu double-galères ta race.

Sur ce, je vais aller habiller l’Enfant susmentionné, qui a momentanément oublié qu’il allait au centre aéré et qui va hurler à la mort dans moins de 5 mn parce que, comme il est “différent”, les autres l’emmerdent. Pas tous les autres, c’est pour ça qu’il y va, c’est aussi pour retrouver ses copaines et faire des activités qui feront que, ce soir, il sera tout content.

Mais, en attendant, BEWARE ! The storm is coming !
(Je le connais si bien. Souhaite moi bonne chance on commence le cycle de hurlements-câlins)

Ah, et pour rappel, au besoin :

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