Heures de réveil : 1h09, 2h16, 3h40, 4h49, 5h12 (je sais plus, je m’en fous, je suis crevée)
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(Je laisse filer la plume, ce matin, donc c’est un billet perso dispensable)

L’Enfant s’est levé 20 mn après moi et me parle en continu des trucs qu’il VEUT, qu’il NECESSITE ABSOLUMENT et qu’il m’a DESSINÉS.

Une de ces petites demandes anodines c’est que je lui apprenne à utiliser un soft 3D pour créer ses propres monstres pour Minecraft.
Il fête ses 6 ans vendredi et il huuuuuurle dès que je lui explique que pour beaucoup d’adultes, ce logiciel est trop compliqué à utiliser. J’ai été formatrice sur 3DS Max il y a mille ans, pour le coup j’en sais vraiment quelque chose.

Alors pour son anniversaire il veut aussi être grand et pouvoir de nouveau jouer à Roblox. Et bah on est pas dans la merde.

Je suis tellement fatiguée. Il nous tanne depuis l’infini j’ai l’impression.

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J’ai fait des flyers pour son anniversaire, parce qu’aucun-e de ses camarade n’est là ou…ne veut venir parce que c’est un enfant particulier à côtoyer. Une amie vient avec enfants (merci) mais sinon…bah il découvre les joies d’être un enfant bizarre né en août.
Je peux relater assez fort, mon premier vrai anniversaire j’avais 25 ans. Le mois d’août était le mois de garde de mon père, en Lozère, autant dire que je l’ai pas fêté super souvent, tout en étant jalousée par mon frère et mes demi-sœurs qui, euxlles, avaient encore moins que moi parce qu’euxlles n’étaient pas sur place pour l’anniv avec Papa (Oui oui, on me l’a remis dans la gueule pas mal de fois, “toi tu avais tes anniversaires avec papa” en oubliant qu’il oubliait quand même chaque année et surtout que j’y pouvais rien, moi). Au moins, il connaissait le mois de ma naissance. Pour le jour, bof. Mais le mois il avait bon et de toutes façons ma mère l’appelait pour lui rappeler. Il oubliait quand même, oui.

Bref.

Je dois faire un gâteau, je dois décorer, je dois blablabla et j’ai à la fois la flemme et la tristesse de savoir qu’il n’aura pas ses copaines de classe car l’Île de France est totalement désertée par les gens trop contents de pouvoir enfin partir en vacances pour aller choper le variant oméga à la plage.

Ah, aussi, parce que personne ne l’a invité à aucun anniversaire cette année.

Mais si, t’as le droit de partir en vacances, je suis juste fatiguée, un peu blasée et très très légèrement stressée.

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Pis je me sens nulle parce que j’ai vraiment fait de mon mieux pour sociabiliser, mais je peux vraiment pas parler aux autres mamans. Déjà, elles m’évitent, ça n’aide pas. Y’en a une qui a mis 2 ans à répondre à mon “bonjour”. J’ai un look qui dit “ta gueule” probablement.

On est en plein dans un de mes schémas (en schémathérapie donc) qui est l’exclusion. C’est mon schéma prédominant et voir que l’Enfant risque de patauger aussi dedans, et par ma faute (oui, évidemment, c’est de ma faute) ça me rend infiniment triste.

J’ai pas le small talk infus par exemple. Mes sujets de conversations sont passionnant, mais ça comporte des trucs de geek, les jeux vidéo et les affaires criminelles. Je suis un puits à “fun” fact sur les trucs morbides ou juste vachement bizarres (“Tu connais l’histoire de Lake City Quiet Pills ?”). J’essaie de me retenir d’être moi-même mais ça ne marche pas, ça n’a jamais marché et ça me rend malheureuse. Alors j’ai presque pas de vie sociale dans la vraie vie, parce que c’est marqué sur moi que je suis bizarre de toutes façons.

Du coup, je m’éloigne du monde, parce que je suis mieux en solo. Mais ça me détache encore plus des autres et surtout encore plus de mes ami-es quand je suis sous clé.
Mon mode “bunker” est extraordinairement sophistiqué, j’ai pas envie de détruire toute une vie de déni en ouvrant la porte. J’entrouvre, donc.

Puis en vrai, ça m’arrange, de ne pas parler aux gens que je croise dans la rue. Je ne les aime pas particulièrement et euxlles non plus. C’est un bon deal, non ?

Ouais sauf que ma belle-mère psychanalyste Lacanienne a réussi à planter une graine bien tenace dans mon cerveau :
“Et ben, maintenant que tu es enceinte et que tu vas avoir un enfant, il serait temps de te soigner pour devenir un peu sociable, sinon il va en souffrir, le pauvre”
J’ai oublié le petit rire “hihihi” à la fin mais t’as pigé.

Y’a des phrases, comme ça, qui restent. Maintenant, par exemple, je suis persuadée que c’est de ma faute s’il ne sociabilise que moyennement, tout comme je suis persuadée que tout ce qui ne va pas est de ma faute de toutes manières.


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S’auto-exclure ça évite d’avoir à faire face au rejet. Je m’exclus avant que tu ne le fasses. J’utilise (inconsciemment) cette stratégie depuis la maternelle, quand on m’a fait comprendre que j’étais différente.

J’ai la chance d’avoir une famille au fort capital culturel. C’est pas de la thune mais on m’a appelée “la bourge” presque toute ma scolarité, parce que j’avais de bonnes notes et une bonne culture générale. Après ça a été “la folle”. D’une exclusion à l’autre, je vogue, je vogue.

Un jour, je suis venue en jupe, on m’a poussée dans l’escalier et mis des coups de pieds. J’ai tenté de performer la normalité, ma jupe était vraiment belle, j’étais contente, beaucoup de camarades de classe étaient déjà venues en jupe sans problème.

Nan, en vrai, ils avaient une motivation supplémentaire : j’avais envoyé bouler un pote à eux. L’histoire la plus cringe de toute ma vie. Y. vient avec des potes à la maison (j’avais 16 ans), on discute, ils s’en vont. Quelques minutes après, ça sonne, le type fait mine j’ai oublié un truc, je le fais rentrer, et là il me dit “J’ai des capotes, on va dans ta chambre”. J’ai tracé et je me suis enfermée dans ma chambre. Il a passé 20 mn à essayer de forcer la porte, à supplier et à supplier que je ne dise rien à ses potes entre deux “Mais allez, vas-y, ouvre, ça va être bien”. Brrrrr.
Il a fait croire qu’il avait réussi son coup, j’ai laissé couler (la peur) mais un soir chez une amie, quelques bières, je raconte toute l’histoire à son pote. Visiblement, ma version était très différente de la sienne…

Heureusement, on était début juin, parce que toute la petite bande s’est mise à me harceler, à m’insulter et à me cracher dessus. J’aurais dû me douter, pour la jupe, mais sur le coup j’étais contente de moi parce qu’elle m’allait bien.

Image de storyset sur Freepik

🍋🍋🍋

J’ai porté des lentilles à 13 ans. J’avais et j’ai toujours une forte myopie et j’ai réclamé à mort de pouvoir porter des lentilles. A l’époque c’étaient des lentilles souples annuelles avec la petite pastille effervescente et les petits paniers.

Puis j’ai aussi connu mon premier amour à cette période. Il m’a aidée à reprendre confiance en moi, ce type était adorable et bienveillant. Il avait 10 ans de plus que moi, mais n’a jamais jamais forcé quoi que ce soit. En fait “ça” ne l’intéressait pas et ça m’arrangeait bien. Donc j’avais confiance en lui, et petit à petit il a réussi à me dégager de mes immenses baggy et T-shirts oversize. On allait faire du shopping ensemble, ou il me ramenait des trucs de Londres où il allait régulièrement. C’était une période très troublante et assez sympa en fait.

Un jour, le jean 501 blanc (taille 36…) que j’avais commandé est arrivé. Je l’ai mis. J’ai mis un T-shirt normal, et des baskets.
“Han merde mais en fait t’es une fille ? Et t’es PAS GROSSE ?” m’a-t-on dit, plusieurs fois. Et là mon statut a fait 180° de la meuf à lunettes ringarde à l’hypersexualisation. Cette période de ma vie a été un WTF interplanétaire, je ne comprenais pas vraiment ma soudaine popularité.

Alors je suis devenue “folle”.

Ma position d’objet sexuel était insupportable et extrêmement douloureuse, d’autant plus que j’avais déjà été sexualisée enfant par un prédateur. Deux. Trois.
Donc, la “folie”.
Ça n’a pas été très compliqué, je me suis mise à parler un peu plus de ce que ressentais et pensais, j’ai commencé les excentricités vestimentaires et là les gens ont fait “Ok elle est tarée” et on m’a à peu près foutu la paix.

Je dis à peu près parce que j’étais un peu la manic pixie dream girl pour certains qui avaient envie de fantaisie dans leur vie. Et on me traitait en fille facile…alors que je n’ai eu quasiment que des relations longues et monogames dans ma vie (j’ai pêché une fois, je suis vraiment la pisse-froid de l’adultère). Franchement des fois j’aurais bien aimé être une fille facile mais j’étais toujours en couple et ça m’allait 🤷‍♀️

Encore après, j’ai trouvé LE truc : devenir trop grosse pour me faire emmerder dans la rue. Le TCA au service de ma tranquillité d’esprit. Faut bien que ça serve.
NB : non, je n’ai pas fait exprès de grossir, c’était une expression de mon cynisme, effectivement on m’a moins emmerdée mais j’ai gagné plein d’oppressions en échange.

Et j’ai été sleevée (chirurgie bariatrique, perte de 60kg), je suis revenue dans la case des meufs qu’on mate. Fun fact : jusqu’à la taille 44 on me mate ostensiblement, passé le 46 je n’existe plus. Dois y avoir une règle secrète, je ne sais pas.

Image de flatart sur Freepik

🍅🍅🍅

J’aurais bien aimé être un mec, des fois. Le côté labrador sans conséquences. Le côté pas hypersexualisé en permanence. Ce doit être reposant de ne pas être systématiquement vu comme un objet de désir et de plaisir.

Je suis une personne 😱

Des fois, en soirée, ou dans les limbes du web, je rencontre une personne que je trouve intéressante. On discute, on partage, c’est cool. Et puis je me rends compte qu’en fait c’était que du vent pour tenter de me pécho.
Quand tu es heureuse d’avoir fait une belle rencontre avec une personne intéressante et que tu te retrouves dans la “fuckzone” ça fait assez mal. Puis merde, j’en arrive à dire “mon fils” ou “mon mari” le plus tôt possible dans la conversation pour qu’on me range dans la case “imbaisable” mais ça marche même pas trop trop.

La fuckzone c’est comme la “friendzone” mais à l’envers (et réel) : on te met juste dans la case “à baiser”. C’est autre chose que d’être mise dans la “frienzone”, les enjeux et l’issue sont monstrueusement différents. Des femmes meurent d’être dans la fuckzone.
Et la “friendzone” (le fait pour un homme d’être toujours l’ami et jamais l’amant) c’est un peu un concept sur lequel il faudrait un billet. Bouge pas, je me le note. Voilà.

J’aimerais bien être juste une personne. C’est pour ça que j’aime internet : on voit pas à quoi je ressemble sauf si je le veux, et je contrôle le contenu picturesque qui me concerne.
Et je me suis déjà sentie en danger en parlant à un mec, genre vraiment physiquement en danger, l’impression qu’il va me sauter dessus d’une seconde à l’autre, l’agressivité qui monte lorsqu’il réalise que je tente de me soustraire à son piège et qu’il va se manger un râteau…

Bref.

L’ensemble de la BD en cliquant sur cette image

🦖🦖🦖

L’exclusion.

C’est plus simple de partir perdante, de se disqualifier pour ne pas avoir à concourir parce qu’on a peur de ne pas gagner. Mais je suis une bonne joueuse et une bonne perdante : je savais que j’allais perdre, je suis en terrain connu. Je fuis la compétition, évidemment.

Je vis avec ce schéma depuis longtemps, toute ma vie. Il m’est aussi utile que mortifère, car ça fait de moi une compagne et une amie souvent distante. La distance va avec mon schéma “carence affective”, c’est bien foutu quand même le psychisme (non). La distance diminue artificiellement la prise de risque affective. Peu d’investissement = moins de douleur quand, inéluctablement, la relation part en vrille.

Si tu viens me chercher pour me parler, j’engage la conversation avec plaisir. Si tu frappes à ma porte, tu ne me dérangeras que rarement et je serais ravie de t’accueillir. Mais j’ai toujours l’impression d’emmerder les gens avec mes trucs existentiels à deux balles alors je ne demande pas d’aide. Quand ça va pas, je me roule en boule, je chiale et j’attends que ça passe. Et j’écris des billets, parce que j’en avais marre de tanner tout le monde avec mes épiphanies métaphysiques alors je tanne encore plus de monde avec cette page, ça dilue.


🐶🐶🐶

Ce que j’essaye d’expliquer, t’inquiète on arrive à la fin, c’est qu’on a des schémas qui nous servent (la distanciation et l’exclusion m’ont aidée à me protéger) mais qui sont aussi totalement fucked up.
J’ai mortellement besoin des autres mais je ne sais pas leur dire, et pour éviter le rejet je ne cherche pas à le dire non plus.

Comme je ne demande pas, je ne reçois pas ou peu (parce que les proches me connaissent donc ne se font plus avoir), donc je suis déçue d’une chose dont j’ai besoin mais que je n’exprime pas et que je ne reçois pas. Les gens sont pas médiums, meuf, comment tu veux qu’on sache ce qui se passe dans ta tête ? Tu causes pas, alors on te laisse tranquille. Et plus on te laisse tranquille, plus tu t’isoles.

C’est un schéma avec lequel je suis beaucoup en lutte pour mon enfant. J’essaie de faire en sorte de ne pas lui transmettre ce trait, mais c’est mal barré pour le moment.

Est-ce que ma belle-mère avait raison, alors ? Est-ce que c’est de ma faute si il est considéré comme bizarre par ses camarades ? Il est condamné à errer comme moi, jusqu’au jour où il comprendra enfin d’où vient ce trait, c’est à dire de son indigne mère ?

J’en sais foutre rien, et je ne peux pas deviner non plus. Je sais juste que la sociabilisation forcée me fait du mal. J’en ai marre des questions sur pourquoi je m’habille comme ça et je fais quoi dans la vie oh je suis en maladie parce que je suis malade et gnagnagna.
Oui, je suis bizarre, excentrique, et même malade mentale labellisée Lithium TM.

Donc je fais au mieux, avec mes capacités, mes moyens, ma disponibilité.

Parce que, tu vois, mon fils a une daronne à la masse, d’accord, mais sa daronne à la masse elle connaît ses schémas toxiques et fait de son mieux pour apaiser tout ça.

S’il vient me voir en me parlant exclusion je sais précisément quoi lui dire et comment le faire travailler dessus sans mon aide. Sans mon aide car je ne suis pas psy et que je ne suis surtout pas SA psy, ce serait trop malsain.

Je trouve ça plus intéressant que de me flageller toute ma vie car je suis impure que c’est Freud qui l’a dit. Ouais, je lui refile des schémas de merde. Mais, hey, au moins, j’en ai conscience et j’anticipe la suite (en essayant de corriger ça avec de superbes invitations que je vais imprimer aujourd’hui).

Allez.
Moultième crise de l’Enfant Contrarié.

Bonne journée 🥺