Heures de réveil : 3h72, 4htruc, 5h47 (ankylose, douleur, chats)
#topsantémagazine #reconversionprofessionnelle #désolée

Vacherie, je suis pétée de partout avec ce temps de merde. Et j’ai les pieds qui gonflent, ce qui veut dire que j’ai les jambes lourdes et ça c’est super chiant.

Je sais pas si tu as déjà eu les jambes lourdes ou sans repos, mais c’est un des pires trucs moyennement chiant à vivre (moyennement parce que oui, y’a pire, évidemment il y a pire), surtout quand tu es HYPER crevée et que ça t’empêche de dormir. Pis je suis là à déambuler zombiesquement dans le couloir et à masser mes pieds et nan, en fait faut juste attendre que le sommeil prenne le dessus sur la gêne. Gêne qui peut être super douloureuse aussi, parce que ça peut former des œdèmes et quand tes pieds ont doublé de volume on est en droit de dire “je crois que je fais de la rétention d’eau hihi”.

Je précise tout ça pour mes lecteurs au masculins, oui, y’en a, qui n’ont jamais vécu ça et pour qui c’est totalement abscons. Les jambes lourdes c’est pas létal mais qu’est-ce que c’est chiant ! Et oui, je sais que des mecs ont les jambes lourdes aussi, mais moins, j’ai dû en rencontrer deux dans ma vie alors que 99% des copaines vont me dire “Han ouais c’est la mort ce truc”.

🌊 Donc : on reste hydraté-es, le Coca Zéro ne compte pas (damned), on mange moins salé et on peut se tourner vers des extraits de plante en parapharmacie mais je vais pas faire de réclame pour un truc en particulier (si, le quatuor circulation Superdiet a un nom abominable mais une super efficacité, je me permets quand même de le citer parce que ça m’a bien sauvé la mise). Dans tous les cas, attention, le ginko, souvent utilisé dans ces produits, est un fluidifiant sanguin donc si tu prends déjà un produit avec ce type d’action ou si c’est une chose à surveiller chez toi, c’est une mauvaise idée.

⚠ Comme pour CHAQUE produit phytothérapeutique : toujours toujours toujours vérifier si il n’y a pas d’interaction avec les éventuels traitements suivis. Parce que la phytothérapie et les extraits de plante en général sont souvent EFFICACES (et sans sucres !) et peuvent provoquer effets secondaires et interactions médicamenteuses.
Comme le millepertuis ou même la mélatonine : c’est pas des bonbons magiques, il y a de vrais principes actifs dedans, vigilance.

Voilà, je sais pas, je ne pensais pas faire de la sensibilisation aux jambes lourdes ce matin mais c’est étrangement un sujet qui se rappelle à moi assez souvent 😅

Je suis donc désormais dans la merde parce qu’il va falloir que je trouve une transition vers la suite du billet dont je ne connais pas encore le contenu, on a dit freestyle chaque matin, ça doit être la seule règle que je respecte scrupuleusement : pas de préparation, tu écris au saut du lit et tu discutes pas.


☠️☠️☠️

Il faisait gris, ce matin-là, dans ce petit coin de tranquillité précaire du Val de Marne. Le qualificatif de précaire faisait référence aux innombrables débroussailleuses et autres tondeuses à gazon démarrant, comme par hasard, au moment de ses siestes. En temps normal la vie y était quand même chouette et le code immeuble pas trop difficile à retenir.

Elle se réveillait, d’ailleurs, tête molle et cheveu aplati, traînant la patte pour rejoindre son bureau. Curieusement, sa patte était un peu molle elle aussi. Mais tout en elle était mou, elle chassa l’idée d’un geste : ça allait bien. Nada urine de chat sur les draps, quelques miaoux par ci par là, un discret ronflement émanant d’une entité répandue sur le lit. Ça allait bien.

Ce couloir était beaucoup trop long. Mais comment se plaindre d’un couloir trop long alors que Lulu passait ses nuits chez le marchand de sommeil sur le trottoir d’en face ?

N’empêche. Ce couloir était beaucoup trop long. Rapidement, son pied droit se mit à lui parler en langue inconnue.
Elle pesta.
Si seulement ses organes et tissus voulaient bien se donner la peine d’apprendre à communiquer autrement que par des signaux douloureux, ce serait chouette.
D’un autre côté, ce serait flippant.

Elle rit en pendant aux messages de détresse qu’elle recevrait d’ici quelques heures de la part de ses poumons lorsqu’elle offrirait à ses synapses un peu de réconfort aromatique. Rire de la destruction planifiée de ses organes, se dit-elle, c’est moche. Et elle lâcha un petit ricanement tout à fait bénin en chassant cette idée farfelue de ses pensées.

Elle avait beaucoup à faire, ce matin. A commencer par vérifier de manière compulsive si la CPAM était en vacances ou pas. La CPAM n’était pas en vacances. Ce qui voulait dire beaucoup moins galère pour organiser l’anniversaire de son enfant qu’avec 22€ tout compris.
Ça allait bien.

Ça allait bien mais la gêne augmentait. Elle n’avait pas une perception habituelle de la douleur, habituée aux assauts meurtriers de son propre corps contre lui-même. Aussi, une tendinite était parfois une petite gêne. Vivent les opiacés. La douleur n’était qu’un message à prendre ou à laisser.

Un sursaut la coupa dans ses pensées tandis qu’elle remarqua ses pieds. “Mais que quoi ?” fit écho au silence des petites saucisses cocktail qui avaient remplacé ses orteils. Les saucisses cocktail ne parlaient pas mais elle n’en avaient pas nécessairement besoin. Le problème était, comment dire…assez remarquable.

💧💧💧

Passée la surprise initiale, elle jeta de nouveau un regard vers ses pieds.

“Jésus Marie José Pérec” se dit-elle “mais qu’est-ce que c’est que ça ?”

Les petites saucisses avaient la couleur knacki officielle (Pantone 7576C). C’était à la fois hypnotique et totalement aberrant. La stupéfaction la laissa pantoise quelques longues secondes et elle alluma ses moniteurs 21″ en savourant le ronronnement de l’ordinateur qui se réveillait à son tour.
Elle et lui ne se comprenaient pas toujours, il lui avait causé beaucoup de dommages mais c’était réciproque. Le clavier IP68 sur lequel elle écrivait en était le stigmate le plus visible : un clavier encapoté, le seul clavier qu’elle méritait. Sa pénitence quotidienne, le toucher était épouvantable.

Où en était-elle ?
Quelques minutes s’étaient écoulées dans les limbes du matin. Le matin lui-même ne savait plus trop où il en était, si on en croyait la vue depuis la fenêtre.
Du brouillard, du gris, un taux d’humidité alarmant…

Ah, oui, l’humidité. Les saucisses. C’était ça. Un rapide examen météorologique confirma que cette semaine serait pénible. Pile quand elle allait devoir faire cuire des millions de gâteaux au four. Comme à chaque fois.
Ça allait bien.

Ça allait bien mais les saucisses se réveillaient de leur torpeur et commençaient à palpiter doucement. Oh oh. Est-ce que ses pieds avaient gonflé ? Non. Mais non. Peut-être un peu.

Le vide l’envahit, comme chaque matin avant d’écrire. Un grand néant rassurant, paisible et presque confortable, un espace à remplir que son esprit ne tarderait pas à saturer d’idées parfois aussi loufoques qu’une otarie en costume de pingouin taillant la bavette à une orque en espérant que sa bicolarité confondrait l’agresseur.

Bicolarité haha.
Oui, parfois elle se faisait rire toute seule, cette égoïste. Elle ne partageait pas toutes ses blagues et ça tombait bien : le monde n’était pas prêt. Ou, hypothèse improbable, ses blagues étaient nulles.

N’empêche, ces knackis commençaient à devenir ennuyeuses.
Elle jeta un coup d’œil et sursauta.
C’était pas elle, ses pieds avaient encore gonflé. Un tout petit peu, mais quand même. Combien de temps s’était écoulé ? Les heures du matin passaient toujours très vite, alors…10 minutes.
Curieux.

“Allons mettre en route ce foutu billet”

🐹🐹🐹

Ce foutu billet était en route, elle y parlait de ses pieds gonflés en donnant des recommandations sanitaires dignes de Doctissimo, ça allait bien.

Ça allait bien mais les knacki devenaient un peu anxiogènes à regarder. Elle avait l’impression d’assister à l’agonie d’une méduse et ses ongles commençaient à prendre une forme étrange.

On lui avait expliqué, lors d’une visite aux urgences pour retirer un rivet en nylon dans l’oreille, que les tissus se reformaient autour des éventuels corps étrangers. Mais ses ongles de pieds n’étaient techniquement pas des corps étrangers.

Bon.

Faire chauffer la bouilloire en ignorant les appels des saucisses, planter devant le tiroir à couverts. Mais si, mais si, les chats avaient été nourris, ils ne lui tournaient pas autour tels des requins poilus au miaulement suraigu, tout allait bien.
Ah, voilà, la bouilloire. De la Ricoré de la honte car son estomac ne supportait pas bien les autres options. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 cuillères dans son double mug géant acheté à Jardiland une après midi d’août 2018 avec du sable pour aquarium, un filtre et un jouet pour les chats. Comment pouvait-elle se souvenir de ce genre de détail et pas des trucs évidents comme appeler la Mairie pour la carte d’identité de l’Enfant ?

Ses pensées furent abrégées par le bruit de l’eau qui chauffe. 65°C. Parfait. A 75°C, la bouilloire sonnerait et non, à 5h du matin ce n’était pas une très bonne idée.

Le mug rempli, elle tenta de faire demi-tour. Elle posa le mug sur le plan de travail. C’était quoi ces conneries ? Où étaient ses ongles de pied ? Non, non, impossible, ça n’existe pas et tout va bien, on avait dit que tout allait bien.

Assise devant sa boisson chaude, elle contempla l’étrange spectacle qui s’offrait à elle. Étrange était la meilleure manière de décrire ce qui se passait. On aurait dit qu’un organisme étranger avait élu domicile dans ses pieds et flottait. De quoi se nourrissait-il ? De la chair de ses orteils ?

Mais quelle horreur.
Un peu d’eau froide et…et il ne se passa rien.

Chacun de ses pied avait désormais la taille d’un ballon de rugby. Il n’était que 6h30 et, déjà, ça n’allait plus si bien que ça.

Son petit monde se lèverait dans une heure. Elle décida de les laisser dormir avant de sonner les trompettes de l’Apocalypse. Elle avait décidément toujours eu le sens de la mesure. Faire les choses en grand, c’était parfois compliqué, surtout quand il s’agissait de ses p…

HOLY SHIT 😵

Pour le coup, elle ne pourrait pas se dispenser d’un avis médical. Foutredieu que c’était pénible, elle avait prévu de procrastiner toute la journée.
Devant l’urgence de la situation, elle fit appel à une de ses capacités supranormales : le déni. Ça allait bien, ÇA ALLAIT BIEN BON SANG !

Elle qui avait l’habitude de la douleur n’avait pas vraiment cette préoccupation en tête. Oui, ses pieds étaient une seule grosse knacki palpitante mais ça ne faisait pas SI mal. C’était surtout visuellement, que ça posait problème. Si son mari voyait ses pieds il paniquerait immédiatement, le fou. Elle, elle avait la rationalité avec elle. Alors elle se colla devant ses écrans, le bureau dissimulant les erreurs de la nature qu’étaient devenus ses pieds. Il allait falloir boire moins de Ricoré, sous peine d’un passage aux toilettes. Il faudrait viser juste pour que personne ne voit rien ni ne s’alarme.

Heureusement, elle faisait un peu partie des meubles et personne ne remarqua rien. Pourtant…ses jambes avaient commencé à gonfler à leur tour. “Rien que ne puisse soigner un petit diurétique” se dit-elle. La force d’auto persuasion nécessaire à l’oubli d’environ 5L d’eau en excédent dans ses tissus était dantesque. Le dantesque était un exercice routinier pour elle, ça allait bien.

Son problème principal était de tenir bon et assise le temps que les membres de sa famille partent au centre de loisirs ou au travail. Après, elle aviserait.

Les voilà partis.
C’est le moment de paniquer.

Mais non, elle était toujours calme et contemplait son corps gonfler. C’était à la fois cauchemardesque et fascinant. Qu’allait-il se passer ensuite ? Est-ce qu’un peu d’eau froide…?

La question ne trouverait pas de réponse. Le séjour aux urgences était une expérience qu’elle n’avait pas envie de réitérer. A tous les coups on la renverrait chez elle avec rien et le COVID. Si ça se trouve, ça allait passer tout seul ?

La force du déni était toujours aussi puissante.

Ça allait bien.

Ça allait bien.

Ça allait bien.

🐟🐟🐟

Lorsqu’il rentra du travail en catastrophe avec l’Enfant que personne n’avait été chercher au centre de loisirs, il ne la trouva pas.
On ne voit pas facilement ce qui est juste sous nos yeux. Ce n’était pourtant pas anodin, mais ses yeux mirent quelques minutes à remarquer l’erreur.

Il resta encore quelques longues secondes, figé, à tenter de comprendre ce qu’il avait sous les yeux. C’était improbable, dangereux pour le parquet mais génial.

“Mon cœur ? Mon cœur ? C’est toi qui a acheté une piscine gonflable ? Pourquoi tu l’as mise au milieu du salon ? Mon cœur ?”

Seul un petit clapotis bienveillant lui répondit.

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