Heure de réveil : 5h17 (chats)

Billet d’hier, je n’ai pas pu le poster, j’ai eu un grand moment de découragement et de déprime à me dire “à quoi bon ?”

Je ne vais pas très bien mais j’ai pas envie d’en parler, tu peux pousser un soupir de soulagement.

Je viens de tomber sur un article de Libé (liens : abonné-es , PDF) qui m’a un peu intriguée.

“Grande démission généralisée: peut-on ébranler le système en traînant des pieds?”

Le texte a été écrit par Corinne Maier, que j’ai découvert psychanalyste APRES avoir lu l’article. J’aurais dû parier, je commence à avoir le nez creux.

🦕🦕🦕

Corinne Maier, selon Wikipedia :

“Corinne Maier, née le 7 décembre 1963 à Genève, est économiste, psychanalyste et essayiste. Elle est de nationalités belge, française et suisse, “dans le désordre”, dit-elle.
Elle est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris (en 1986) et titulaire d’un DEA de relations internationales (Paris I), d’un magistère d’Économie (Paris XIII) et d’un doctorat de 3e cycle soutenu en 1999 à l’université Paris-VIII en « Psychanalyse et champ freudien ». Elle figure parmi les “cents femmes les plus influentes du monde” dans le classement annuel de la BBC en 2016.

Elle est l’auteure d’essais, de pamphlets, d’un roman et de scénarios de bande dessinée. Ses ouvrages ont fait l’objet de très nombreuses traductions. Iconoclaste, elle est surnommée «l’héroïne de la contre-culture » par le New York Times depuis le succès mondial de Bonjour Paresse (traduit en trente langues) et en raison de ce qu’elle y écrit de son ex-employeur, EDF. Un autre de ses livres, No Kid, qui prend la forme d’un manifeste anti-nataliste, a été traduit en douze langues. Solidaire de la cause childfree (bien qu’elle-même soit mère de deux enfants), elle participe dans la foulée de cet ouvrage aux trois éditions de la Fête des Non-Parents. En tant qu’historienne, elle publie sur des personnalités de l’histoire (De Gaulle, Casanova, Pasteur, Marx, Freud…).”

(Wikipedia)

Moi : mixed feelings

Bibliographie :
🔸Le général de Gaulle à la lumière de Jacques Lacan, éditions L’Harmattan, 2001
🔸Casanova ou la Loi du désir, éditions Imago, 2002
🔸Le Lacan dira-t-on, Un Guide français-lacanien, éditions Mots et Cie, 2003
🔸De Gaulle et le gaullisme, Une mythologie d’aujourd’hui, éditions Milan, 2003
🔸L’obscène : la mort à l’œuvre, éditions Encre Marine, 2004
🔸Bonjour paresse : De l’art et de la nécessité d’en faire le moins possible en entreprise, éditions Michalon, 2004
🔸L’Allemagne nazie, La haine au pouvoir, éditions Milan, 2004
🔸Saint Pasteur, marginal et révolutionnaire, éditions Le Bord de l’eau, 2004
🔸Le divan, c’est amusant : Lacan sans peine, éditions Alain Stanké, 2006
🔸Intello Academy, éditions michalon, 2006
🔸Ceci n’est pas une lettre de candidature : tout ce que vous aimeriez écrire à un recruteur sans oser poster la lettre, Paris, Éditions Mille et Une Nuits, 2007
🔸No Kid, Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant, Paris, Éd. Poche (J’ai lu), 2007
🔹Manuel de savoir-vivre en cas d’invasion islamique, éditions Michalon, 2008
🔹Tchao la France : 40 raisons de quitter votre pays, Paris, Éditions Flammarion, 2010
🔸Freud : une biographie dessinée, Éditions Dargaud, 2011
🔸Petit Manuel du Parfait arriviste, Éditions Flammarion, 2012
🔸Marx 5 : une biographie dessinée, Dargaud, 2013
🔸Einstein 6 : une biographie dessinée, Dargaud, 2015
🔸Ma vie est un best-seller, Casterman, 2015
🔸A la Conquête de l’homme rouge, éditions Anne Carrière, 2019
🔸Dehors les enfants, éditions Albin Michel, 2021

😬 Moi : encore MORE mixed feelings

🔹 Tchao la France :
“Si la France est un paradis pour les touristes, y vivre est bien souvent une vraie galère. Il faut se battre pour se loger, supplier pour travailler, désamorcer tous les pièges d’une société bloquée et supporter des leçons de morale à tous les carrefours. « Je crois que ça ne va pas être possible », nous répètent des bataillons d’aigris. Et, en effet, rien ne l’est. Surtout depuis que la liberté, l’égalité et la fraternité ont été kidnappées par le travail, la maternité et l’identité nationale. « La France, on l’aime ou on la quitte », nous dit Nicolas Sarkozy. Prenez-le au mot, faites vos valises ! S’installer à l’étranger est à la mode : deux millions et demi de Français ont déjà quitté le pays, et leur nombre ne cesse d’augmenter… Ce pamphlet plein d’humour et très informé vous donne toutes les raisons de partir tout de suite. Nourri par du vécu et mené par une plume alerte, Tchao la France s’adresse à tous ceux, de plus en plus nombreux, qui maugréent : « Quel pays à la con. » Et l’auteur des best-sellers Bonjour Paresse et No Kid sait de quoi elle parle puisqu’elle a quitté la France depuis quatre ans pour vivre à Bruxelles.”

🔹Manuel de savoir-vivre en cas d’invasion islamique :
“Et si les musulmans envahissaient la France ? Vous n’osez pas y penser ? Ce brûlot déjanté et hilarant, totalement provoc’, l’a imaginé pour vous.
Comment réussir votre adaptation à la France islamique ? Vous trouverez dans ce manuel des conseils indispensables : le boulot, le voile, la drague, les vacances, la bouffe… Surfez, non pas sur la vague, mais sur la dune et concluez un deal gagnant-gagnant avec les nouveaux maîtres, ce livre vous donnera aussi toutes les clés pour comprendre le monde de demain : la tour Eiffel sera-t-elle illuminée en vert ?
Islamique ou pas, «La France sera toujours la France» – hélas ! Il ne faut pas s’y tromper, c’est une France lourdingue et donneuse de leçons qui se fait dézinguer dans cet ouvrage. Mais quand on peut se moquer de tout et d’abord de soi-même, on peut rire avec tout le monde : l’humour n’est-il pas une forme de politesse ? Au-delà des apparences, vous avez entre les mains un livre… humaniste.”

☠️OH
☠️MY
☠️VERY
☠️SAINTE
☠️MERDE

🐙🐙🐙

Je suis en train de lire les autres articles, et mes feelings, ouuuuh.

👻 “Le faux eldorado des «mompreneurs»
A l’instar de figures plus connues comme Chiara Ferragni, de futures ou jeunes mères qui créent leur entreprise, souvent depuis leur domicile, se mettent en scène sur les réseaux sociaux, au risque de perdre le contrôle.”
(Libération)

Aucune mention des Multi Level Marketing (MLM : Herbalife, Avon, Younique etc.), alors que c’est LE PLUS GROS PIEGE sur cette cible-là. Les réunions Tupperware, tout ça, tout ça ? MLM. C’est pas toutes les mères qui ont les fonds pour démarrer seules leur business. Au contraire.
Comment parler des mères de famille entrepreneuses sans parler de l’éléphant au milieu de la pièce ? Ici on apprend que la pression est grande sur ces femmes, merde, pourquoi je bosse pas chez Libé ? Si le job c’est de faire des articles sans question ni réponse et sans même avoir vraiment fait de recherche, qu’est-ce que je fous là ?

😬 Ah oui, pardon.

…mein gott un article childfree qui a tout compris :

👻 “Contre la charge mentale, vive la paresse maternelle

Tout ce maternage hyperimpliqué, hyperprotecteur, pour quel résultat ? Le risque qu’ils deviennent des enfants surgâtés, des jeunes mollassons prisonniers de leurs écrans, incapables de quitter le giron familial et de subvenir à leurs besoins, est réel. Les jeunes qui n’étudient pas, ne travaillent pas et ne se forment pas à un métier sont plus de 14 millions en Europe, soit 14 % des 15-29 ans. Un chiffre en hausse à la suite de la crise sanitaire, qui leur a rogné les ailes. Mais n’est-ce pas aussi l’éducation qu’on leur a donnée qui les écrase ? Il est possible que trop d’attention, trop de «je t’aime», trop de «bravo» destinés à leur insuffler confiance en eux les paralysent et les empêchent de devenir adultes, car dans la vie adulte, on n’a pas si souvent que ça l’occasion d’entendre «bravo» et «je t’aime».
[…] La vague féministe en cours ne s’est emparée du sujet que timidement, alors qu’il est brûlant. Reconnaissons que les tabous sont forts : décrier la maternité, la déconstruire, c’est se désigner soi-même comme mauvaise mère et s’exposer à la vindicte. Je l’ai constaté lorsque j’ai publié mon livre No Kid. Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant. Critiquer la maternité quand on est mère, c’est un blasphème.”

(Libération)

😒 Alors déjà cette personne ne s’est pas vraiment intéressée aux mouvements de daronnes féministes. Genre vraiment pas. Et j’ai toujours pas été excommuniée pour mes billets critiques.

Ensuite…”des enfants surgâtés, des jeunes mollassons prisonniers de leurs écrans, incapables de quitter le giron familial et de subvenir à leurs besoins” ??!
🤷‍♀️

Tu la sens, la psychanalyse, là, ou c’est pas encore assez net ?
“Rendre nos enfants mollassons”
Elle a raison, une bonne tacloche en travers de la gueule et iels arrêtent de râler, hahaha. Haha 😑

🦆🦆🦆

La cohérence. Je cherche la cohérence.

Quelqu’une a vu la cohérence ? 🔍

Pour tout dire, j’ai lu plusieurs autres articles d’elle pour essayer de cerner le propos. Je rappelle que je ne connais absolument pas cette personne.
Je t’ai épargné beaucoup de citations trop longues mais au moins ça, j’ai pigé, donc, manifestement, la paresse c’est cool.

⚠ Sauf quand tu es un enfant mollasson scotché à son écran.
Les écrans, elle a pas l’air de trop aimer ça.

Mais Corinne Maier est née en 1963, et, si j’en crois la règle officielle, de la génération des Baby Boomers (1946–1964). Est-ce que j’ai envie de dire que ça se sent ? Grave. Puis bon, Lacan. Je. Freud et Lacan. Voilà. Est-ce une surprise ? Absolument pas, je me suis retenue de le hurler à chaque ligne.

👉 Éloge de la paresse, mais secouons nos enfants que nous aimons trop et auxquels nous (mères) sommes beaucoup trop attachées.

“Dans la vie faut pas en faire” de Sonya Faure :
Elle a quitté la CFDT, n’a pas participé aux grèves du printemps contre le changement de statut d’EDF. «Même les DRH sentent bien que l’ennemi de l’entreprise n’est plus dans la contestation, mais dans le doute. Le type qui se demande le soir si, vraiment, tout ça en vaut bien la peine. C’est comme une guérilla, il n’y a pas de coup, il y a du flou, il y a du mou. Il y a de la défection.» D’une génération de cadres qui ne conteste plus, mais qui, tout à son ego, se démotive. Ou s’allonge. «J’ai fait ma révolution sur le divan. La psychanalyse est la grande aventure de ma vie.» Esprit «caustique et persifleur» (un ami), à la fois «brillante et désinvolte» (un autre), elle est assez bobo pour faire trôner un vélo dans son salon parisien, mais aussi opportuniste, qui confie à une amie qu’elle fera tout pour mettre ses deux jeunes enfants dans une école fréquentée par des «fils de». «On n’existe pas sans réseau.»

(Toujours Libé)

🙄

Femme de droite en vue, en avant toustes !

🐠🐠🐠

Allez, on va lire le fameux article.

Pour rappel, liens vers l’article : abonné-es , PDF

👻 “Grande démission généralisée: peut-on ébranler le système en traînant des pieds?

«Big Quit», génération «No Sex», «No Kid»… Dans ce monde à bout de souffle, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir perdu le désir d’agir, réfugiés derrière les écrans et les menues tâches, selon l’auteure Corinne Maier.”

👉 Première remarque : le mouvement “No Sex” c’est aussi, un tout petit peu, les personnes situées sur le spectre de l’asexualité et qui osent se révéler face aux injonctions au sexe. C’est pas “refuser le sexe”. Elle parle des mecs insécure qui pécho pas, mais eux ne refusent pas le sexe (quand ils sont assez armés ils tuent des femmes, ololol). Meuf, t’as pas tout compris au deal, en vrai, et c’est cringe.

“No Kid” alors que t’es childfree et que tu écris des livres dessus, je, mh. ok. donc en fait tu dis que le désengagement c’est bien. Mais pas tout le temps. Ça devient super compliqué.

👻 “Cette «sécession des gens ordinaires», pour reprendre une formule du juriste Alain Supiot, se traduit par les millions de jeunes «Neet» (ceux qui ne sont ni étudiants, ni en formation ni au travail), qui n’ont envie de rien. Faire quelque chose, à quoi bon ? Se donner du mal, se battre, pour quoi faire ? Tous les combats donnent l’impression d’être soit déjà gagnés, soit perdus d’avance. “

D’accord, elle s’adresse aux jeunes. J’ai de la chance, j’ai 40 ans et 10 jours, je peux faire ça : 🖕

👻 “Nous préférerions ne pas aller vers demain, la multiplication des jeunes qui ne veulent pas d’enfant en est la preuve.” 🧐
Nous, les désengagés, c’est en traînant des pieds que nous attendons la fin. Après tout, c’est ce que le pouvoir attend de nous : d’être des citoyens obéissants, se conformant à des règles qu’ils ne peuvent jamais changer – pour quoi faire puisque nous vivons dans le meilleur des systèmes possibles, aux mains d’un pouvoir bienveillant.”

Ok.
Soit il y a beaucoup de sous-texte qui m’est totalement inaccessible, soit je ne trouve pas de cohérence dans ce discours. De ce que j’ai pu lire, elle a un réel problème avec “les jeunes” et “les écrans” tout en faisant l’éloge de la paresse chez les autres. Regret d’être mère, peut-être. J’en sais rien. Mais il faut plus s’engager pour que la civilisation s’effondre.
Question con : on fait quoi, quand la civilisation se sera effondrée ? Pourquoi ne pas toustes nous tuer ici et maintenant pour régler le problème ? Pourquoi les vieux peuvent rien foutre mais les jeunes sont des flemmasses ? Comment cette personne écrit-elle des livres ?

🙈 Faut de la paresse, mais pas de paresse-molle, non, il faut que la paresse reste productive :
“Mieux vaut rester immobiles dans un présent mou, réfugiés sur nos écrans ou occupés à de menues tâches sans conséquence.”
Est-ce un jugement ou un conseil ?
Ou alors c’est parce que je suis une millenial et qu’on aime encore bien se faire exploiter (donc ça passe), contrairement aux ados qui ont compris que c’était la merde et l’urgence ?

Dans un autre article, on la décrit comme hyper productive, et t’as vu la gueule de sa bibliographie. Faut être molle MAIS s’engager et faire des choses constructives au lieu de rester à glander devant nos écrans…mais pas bosser en entreprise ou faire du “mompreneurariat”.

🌞 J’ai du mal à cerner le truc, mais ça me rappelle quand ma belle-mère lacanienne m’a dit “Ah, toi, tu es comme moi, tu ne fais pas de sous-entendu”. Heureusement que j’avais rien en bouche, parce que j’aurais sérieusement pu m’étouffer.
Cause de la mort : étouffement suite à une hilarité.

💀 Death by Lacan 💀

Son propos est juste…bah c’est pas cohérent, en fait. Un boomer va sans doute s’y retrouver, mais moi elle ne me tire aucun sourire, je trouve même inquiétant qu’on lui dresse des autels.

🍁🍁🍁

Je pense avoir compris.

🤔 En fait, son discours ne s’adresse jamais à ELLE. Elle est donc boomeuse, childfree mais a deux enfants. “Socialiste” sans donner son étiquette politique (et ça c’est ok, on est pas obligées), conspue les bullshit jobs mais a fait très belle carrière chez EDF, et, dans tous les cas, n’a à priori pas trop de problèmes d’argent, parce que se permettre d’écrire, être publiée, parler de mettre ses gosses dans le privé pour qu’ils aient “un réseau”, c’est pas des signes de précarité.

“Quitter la France” trop simple, hein ? Glander au boulot, fastoche, surtout quand tu es femme de chambre (zéro notion de métiers précaires dans ses écrits sur le travail, t’en dis quoi ?), se désengager, simple comme bonjour quand t’as pas de loyer à payer.

🦄 J’ai envie de dire “donneuse de leçons” mais ça serais sans doute suuuper abusif, non ? Non ? Ah, bon, on va le dire alors. Donneuse de leçons.

“Les jeunes” doivent faire des trucs. Iels se désengagent du monde, comme si on avait pas déjà lu ça 1000 fois. En 1932 déjà, les jeunes se désengageaient du monde, on a même des traces datant de la Grèce Antique qui parlent de “les jeunes, ces grosses flemmasses”

« Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe; ils sont mal élevés, méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs aînés, et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu’un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents… »
SOCRATE (470-399 av. JC)

Je ne sais pas QUI doit paresser, du coup. Les mères doivent paresser ou ne pas avoir eu d’enfant. On ne doit pas travailler dans de grandes entreprises à bullshit job, mais l’auto-entreprise est mortifère pour les mères. On doit être dans la paresse mais produire “quelque chose” ou alors attendre l’effondrement de la civilisation.

Des interrogations de riches, quoi.

🥦 Meuf, je comprends mieux François Vidal que toi. Je sais lire Alain Juppé avec moins de déplaisir. Au moins, là, c’est cohérent, et il n’y a pas ce “non-double-discours”.

🥦🥦🥦

💡 Mais si tu te dis “Elle écrit un truc pas pour les boomers mais pour les générations suivantes” ça fait tout de suite sens.

“Les jeunes” doivent trouver des solutions, Corinne, elle, a déjà fait sa part.

💡 La lire avec le prisme boomer, celui qui affirme que les jeunes :
“[…] seraient égoïstes (63%), paresseux (53%), intolérants (53%) et pas assez engagés politiquement (64%).”
(Enquête Ipsos/Logica Business Consulting pour Le Monde)

Par exemple, pour sauver la planète, il faut renoncer à faire des enfants. Je comprends la logique, je connais des personnes childfree pour lesquelles c’est l’argument n°1 et c’était mon argument n°2 pour ne pas avoir d’enfant (la transmission de la spondylarthrite était n°1)

Donc, TOI, tu dois renoncer à avoir des enfants.

🦇 Ce que je retrouve dans beaucoup de textes, en filigrane, c’est cette idée qu’on a toutes les raisons d’angoisser. Mais Corinne Maier n’apporte AUCUNE solution. Elle apporte comme solution le désengagement, sous réserve de production. Elle ne donne pas de piste de réflexion sur l’amélioration du monde du travail, pas de réflexion féministe sur la maternité non plus.

Oui parce que là, on est sur du non-argument quand elle parle de la “paresse des mères”. Elle dit juste “désengage toi de la maternité sinon ton gosse sera un connard d’égoïste comme toutes les générations après la mienne”.
En gros, t’as eu un enfant, tu dois moins en faire, bisou. A AUCUN MOMENT elle ne parle de l’autre parent. Elle parle des inégalités, mais jamais du rôle de l’autre parent.

🙍‍♀️ Oh, et tu dois être paresseuse, oui, mais à priori sans écran et en maternant le moins possible pour ne pas céder à l’injonction à la bienveillance. En gros, soit t’as une nounou, soit tu as une mamie, soit tu as un parc insonorisé dans un coin du salon, soit tu as les trois à la fois. A moins que tu n’élèves une peluche.

Dans l’article “Contre la charge mentale, vive la paresse maternelle” je re-cite :
“La vague féministe en cours ne s’est emparée du sujet que timidement, alors qu’il est brûlant.” 🤭

Mein gott. Chantal. Es-tu au moins féministe ? Tu sais qu’il ne suffit pas de le dire pour l’être ? Dire ça c’est ignorer tout un pan de notre culture féministe, mais, allez, je te cède le point, je ne savais pas qui tu étais avant ce matin.

Le festival Very Bad Mother n’existe pas, tu savais ? Clique sur l’image pour ne pas arriver sur leur site non-existant.

🦎🦎🦎

Depuis les premiers mots de l’article, je le sais : c’est une libfem. Le salut n’est pas politique, il est individuel.

J’ai rien contre l’éloge de la paresse, ce serait l’hôpital qui se fout de la charité, honnêtement. Je comprends le propos et si tu suis les aventures de la page tu sais bien ce que je pense de mon propre bullshit job et de la vie en entreprise.

J’ai bel et bien un désengagement technique (je ne travaille pas), mais le mien est politisé, motivé par autre chose que “je fais un bullshit job”. J’ai été cassée par le travail mais ça ne m’a pas désengagée, en vrai, ça a été exactement le contraire.

Vivre mon féminisme m’a permis de me réconcilier avec la politique. Sans avoir vraiment trouvé mon étiquette, je suis entre anarchisme et rouge-pas-autoritariste, les difficultés que j’ai rencontrées m’ont politisée, m’ont donné envie d’agir sur le monde, à mon petit niveau.

👉 En ça, je suis bel et bien dans le schéma du “se désengager mais produire”, je suis même totalement dedans, bravo !!! Personne ne dit d’où vient ma thune, par contre, parce que c’est sans doute accessoire. J’ai le privilège de pouvoir le faire. Tout le monde ne l’a pas.

🍐🍐🍐

Pour moi, la solution est collective. Corinne Maier parle des esclaves des grecs, devenus paresseux, qui ont fait choir la civilisation.

👻 “«Nepaïstes» de tous les pays, désengagez-vous, désengageons-nous. C’est par leur fainéantise que les esclaves ont joué un rôle essentiel dans l’effondrement de la civilisation grecque : selon les hellénistes Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet, ils ont ébranlé le système par leur mollesse et leur absence d’enthousiasme. Nous, les désengagés, c’est en traînant des pieds que nous attendons la fin.”

Ok, on va réviser notre histoire. Je reviens.

Bon, alors au vu de l’histoire Grecque et de son merdier pas possible niveau frontières, culture et territoires, je pense que la paresse des esclaves est peut-être un des facteurs, mais certainement pas LE facteur.

J’ai trouvé le livre dont est probablement issue cette citation : “Travail et esclavage” de Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet (ISBN 2-87027-246-4)
Mais il n’est pas dispo, ni en PDF, ni en librairie, je l’ai d’occasion à 31€, 82,74$ et tu peux toujours te gratter pour que j’achète un livre à ce prix là pour confirmer un truc.

🐚 Par contre, j’ai regardé les causes de l’effondrement de la civilisation grecque (laquelle, d’ailleurs ? L’antique, la Byzantine, les suivantes ? Mystère).

Je retrouve une multitudes de guerres, des systèmes politiques profondément corrompus et, effectivement, des esclaves. Est-ce que le “relâchement” des esclaves à causé la chute de cet empire ? Si oui, j’ai envie de dire tant mieux, mais il reste tout de même très probable que l’instabilité chronique de la zone ait un tout petit peu pesé dans le game. Un chouilla.

Et là, on est dans la vision individualiste et libérale la plus pure. Zéro pensée politique contextualisant le propos, juste du name dropping “Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal Naquet representent, yeah !” 😎

Je retrouve dans un texte de Paulin Ismard, “La cité et ses esclaves” une information intéressante :

“Depuis les travaux de Moses Finley, il est admis que l’Athènes classique aurait constitué la première société « véritablement esclavagiste » de l’histoire.
De fait, c’est à Athènes, à l’aube du VIe siècle, que le statut de citoyen trouva sa première définition légale, en étroite relation avec le développement de l’esclavage-marchandise ; c’est à Athènes que les esclaves-marchandises, présents dans tous les secteurs de la production, auraient pour la première fois représenté une composante massive de la population (sans doute entre 30 et 50 %).”

J’ai aussi regardé côté “chute de l’Empire Romain” histoire de, mais là non plus, aucune notion du rôle de l’esclavage. Attention, je ne dis pas que les esclaves (30 à 50% de la population ça fait lourd) n’ont pas joué un rôle. Appartenant aux civilisations en question, bien sûr qu’iels ont joué un rôle.

Mais est-ce la “paresse des esclaves” qui a porté le coup fatal ? On va dire qu’on ne sait pas, au mieux. J’y vois plus un exemple opportun qu’un véritable argument.

👾👾👾

Donc les “jeunes” se désengagent et ont la flemme. C’est bien, visiblement, mais on est quand même des larves de canapé avec nos smartphones. Non, je ne suis plus jeune. Mais je suis quand même une larve mollassonne.

Soit je suis complètement à l’ouest, hypothèse probable, soit plus j’en lis moins j’en comprends. Je ne sais pas quel est la cohérence de son propos après 4h de recherches.

🤷‍♀️ Mais j’ai envie de dire : on en a ptet juste plein le cul que des boomers viennent nous donner des leçons ?

Car, moi, le militantisme “jeune”, je le constate à travers ma bulle de filtre (oui, évidemment). Certaines questions sociales, comme le racisme, le genre ou l’inclusion, ont fait beaucoup de chemin chez nos ados. On est politisé-es relativement tôt, si je compare à mes propres années lycée.

Là, on nous parle de dépolitisation sans en dire le nom. Dans le nihilisme le plus pur, cesser de produire en attendant la mort.

Ché pas. Moi ça me tente pas trop trop. Je suis ok pour la partie “attendre la mort”, attention, mais je ne pense pas que le désengagement collectif fasse autre chose qu’accélérer cet “effondrement souhaitable”. Et aussi, léger détails, je sais que Corinne n’aime pas les enfants, mais moi j’aime bien le mien, et si on pouvait un peu faire des trucs pour qu’il crève pas de chaud à 12 ans, franchement, ça m’arrangerait.

🌳🌳🌳

Conclusion :
Apolitisme over 9000 sous couvert d’humour.

Et je dis ça en étant dans le modèle souhaité : désengagée de tout, sauf de ma parentalité (et encore) parce que je vais pas changer mon style d’éducation pour plaire à une meuf qui n’a visiblement pas envie d’élever des enfants.

Je dis ça en étant encore plus dans le modèle, car je n’ai pas une éducation bienveillante à tout prix. Je suis une mère indigne, mais si mon enfant a des problèmes d’estime de lui-même, je ne vais pas cesser de l’encourager et de lui dire que je l’aime pour “ne pas en fait un mollasson”.

C’était une découverte, hein ? Pour moi.

Je suis affligée qu’on laisse autant de place à cette femme alors que d’autres ont tant à dire qui ne soit pas crié du haut de sa tour d’ivoire. Je ne pense même pas forcément à moi, mais à toutes les personnes qui galèrent à se faire une place, tandis qu’on publie les logorrhées injonctives de cette personne.

Une chose est sûre : ça va pas me rendre lacanienne, cette histoire.