Heure de réveil : 4h39 (moi)
[Tentative de billet court]

Bon, sinon j’ai vu comme toi que le pronom “iel” était ajouté au Robert.

TERREUR FEMINISTE !!! 🥳

Le prochain qui nous dira “Ouin ouin c’est pas un mot dans le dictionnaire” l’aura dans l’os, car C’EST L’USAGE QUI FAIT LE DICTIONNAIRE. Dont acte 🖕

Genre quand tu dis “flexibilisation du marché du travail” ou “Lean management” c’est dans le dico ? Quand tu dis “Optimiser les insights volatiles” tu parles la langue de Voltaire ? Bah voilà.

Quand je suis arrivée dans le “digital” (digital ça veut dire avec les doigts, l’appellation correcte en français c’est “numérique” mais j’imagine que ces gens ont, eux, le droit de dévoyer des termes comme iels l’entendent)(edit : du coup l’usage fait le dictionnaire et j’ai récemment accepté ce mot) tu sais ce que j’ai fait le premier soir ? J’ai cherché les acronymes utilisés et révisé plusieurs lexiques de la start-up nation. ROI, POC, growth hacking et tout le bazar. Parce que j’entravais que dalle en réunion.

C’était chiant et ça l’est toujours, mais j’ai réussi à comprendre le parler-digital-avec-les-doigts en quelques jours. Je me suis…comment on dit…? Adaptée, voilà.
Je me suis adaptée à un métier qui réclamait un lexique supplémentaire pour le comprendre. Et personne n’est jamais venu hurler dans le bureau des directeurs qu’ils utilisaient des mots même pas existants et même pas français.


😴😴😴

Avec l’intégration de “iel” on voit bien quels sont les combats qui tiennent à cœur : poutrer le féminisme. Sinon, personne n’en aurait rien à foutre.

Quelques nouveaux mots édition 2021 :
“covid”, “antivax”, “confinement”, “déconfinement”, “patient zéro”, “geste barrière”, “réa”, “quatorzaine”, “distanciation sociale”.

🦠 C’est l’usage qui fait le dictionnaire.

“story”, “cloud”, “blacklister”, “influenceur”, “télétravailler”, “féminicide”, “transitionner”, “culture du viol”, “transidentité”, “validisme”, “dysphorie”, “hipsterisation”, “coolitude”, “infox”, “brouteur”, “VPN”, “vlog”, “démonétiser”, “fintech”, “blob”

🌠 C’EST L’USAGE QUI FAIT LE DICTIONNAIRE !

Donc si on dit et qu’on écrit “iel” et que c’est un usage répandu, ça a sa place dans le dictionnaire. Oh je suis sûre que t’as trois Jean-Nuisibles qui vont râler sur “féminicide” en chouinant “oui mais les hommes” (vous êtes ridicules, sans déconner).

Seuls 4 mots (covid, antivax, hispterisation et infox) ne sont pas reconnus par le correcteur de mon éditeur secret de billets (Google Keep), sinon. Et j’ai toujours la flemme de faire “ajouter au dictionnaire” donc j’y peux rien.

C’EST 👏 L’USAGE 👏 QUI 👏 FAIT 👏 LE 👏 DICTIONNAIRE ! 👏

Je crois que t’as compris.


🦖🦖🦖

L’intégration d’un pronom “neutre” est une excellente nouvelle, mais on a aussi l’entrée des mots tels que “transidentité”, “transitionner”, les expressions “culture (du viol)” et “(racisme) systémiques” font aussi partie des définitions auxquelles on a ajouté un nouveau sens.

Tu sais pourquoi ?
Parce que les personnes trans existent.
Parce que les féministes existent.
Parce que le racisme systémique et la culture du viol existent.

▶ Lorsqu’une chose existe et qu’on a pas de mot pour le définir, on crée un mot. Et ensuite le mot se retrouve dans le dictionnaire s’il est utilisé. C’est pas juste des académiciens qui se réunissent dans un endroit secret pour inventer les mots qui seront utilisés pour parler de notions qui n’existent pas encore, ils ont pas que ça à foutre de leurs vies. C’est pas dans ce sens que ça se passe.

Le fait de ne pas avoir de terme pour désigner quelque chose est un bon moyen de silenciation (silencier entre aussi dans le dico, au fait) : si on t’interdit ou qu’on te décourage à utiliser un mot pour te définir, comment te définir ?

Le dictionnaire est un outil des dominants. Va pas me faire croire que le Robert 1903 était un nid de wokistes. Le fait de rejeter un mot et de refuser son intégration est politique. L’entrée du mot “féminicide” répond à un vrai problème social, d’ampleur, et pourtant…son entrée date de cette année.

🔎 Ce terme est intéressant à observer.
Sur les collages féministes qu’on trouve visiblement dans tous les quartiers sauf le mien, le mot “féminicide” est souvent barré et remplacé par “homicide” par les personnes qui veulent dégrader le message.

On censure, en rue, les mots des militant-es. On les censure aussi en ligne : il n’y a qu’à voir le nombre de commentaires outrés à chaque utilisation de l’inclusif par quiconque. Je pense qu’il y a un système de sifflet à ultrasons pour connards, dans ce cas, parce que c’est une constante sur les échanges à propos de publications féministes. Je ne sais pas comment, techniquement, ils arrivent à être aussi présents. Sans doute parce qu’ils sont nombreux, oui.

Dans le commentaire le plus à hurler de rire du monde entier, un mec cis arrive à dire “Je ne vois pas pourquoi on devrait s’adapter à vous, on représente 97% de la population” 🤣 donc si ça se trouve ils sont effectivement partout. Invisibles, mais partout. Ah merde oui c’est le cas, ça s’appelle le patriarcat, et moi qui étais fière de ma trouvaille que j’aurais appelée “homvisible”…


🐳🐳🐳

On refuse en bloc les mots féministes, on laisse vivre la flexibilisation du marché du travail et des mots liés à la pandémie entrent en force car c’est l’actualité. Moi, c’est ça, que je vois.

Du coup, permet moi une grossièreté. Une petite.

“DANS VOS FACES” 🖕

On existe malgré vos piètres tentatives pour nous réduire au silence (nous silencier haha) et c’est une (modeste) preuve qu’on fait bien de persister dans nos choix. Alors on va persister, enfin moi, je vais persister.

Et la prochaine fois qu’un blaireau vient te plaquer une définition de 1853 dans la gueule pour te dire qu’il a raison, demande lui s’il a benchmarké les audits organisationnels pour répondre à l’opportunité de coacher les monitorings disruptifs dans le cadre de l’harmonisation du self-care peer-to-peer.

S’il te répond, c’est une sorcière et tu as le droit de le cramer 🔥