Heure de réveil : 4h43 (chats, ankylose)

Je suis passée de “déprimée” à “exécrable” je sais pas si le monde y gagne.

Du coup je vais faire encore un chapitre de Silvia Frederici – Le Capitalisme Patriarcal, mais cette fois-ci en “live” parce que je devais préparer hier et j’ai rien foutu (parce que je déprimais et que j’étais occupée à être exécrable), en plus j’ai encore la crève donc j’ai la gueule dans le brouillard, mais qu’est-ce qui me prend, pourquoi je fais pas un top 15 des superstitions ou un article sur les écureuils, aussi ? Je vais postuler chez Topito.

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Quoiqu’on a juste 46 pages à lire, ça va le faire. Je ne sais pas du tout ce que veut dire le titre du chapitre et ça fait sans doute de moi une mauvaise communiste mais en fait je m’en baleg.

🐦 “Omnia sunt communia (Tout appartient à tous) était la devise des combattants pour la liberté, au 16ème siècle, durant cette immense vague de lutte connue comme La guerre des paysans.”
(Merci Chants de Luttes)

Que ne peut pas Wikipédia pour moi ? Wikipédia OU UNE NOTE DE BAS DE PAGE qui laisse 4 lignes de texte sur la troisième page. J’adore les universitaires ❤️

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Allez on y va, et on commence par l’héritage de Karl Marx qui a ressurgi au gré des crises financières mondiales. Les éléments descriptifs de certaines situations (matérialisme, plus -value, économie et politique) sont particulièrement et contemporainement pertinents. “Accumulation primitive” et “Lutte des classes” comprises.

Avec la “mort” (ok on a fini d’incinérer tout le monde on peut dire que c’est fini) des différents Partis Socialistes, une nouvelle forme de lutte se crée et, sans le vieux barbu (non, pas dieu 🙄) mais avec beaucoup de sa théorisation sur le communisme. Et c’est cool. GG nous ❤️

Je pense, j’espère, qu’elle dit “Merci” parce qu’elle va lui décalquer la gueule dans deux pages et qu’elle veut pas avoir de problèmes 😁

🥊 Uppercut sans attendre : Marx, c’est vieux et plus adapté à pas mal de trucs et de machins dans le monde, genre la lutte anticapitaliste actuelle. Et effectivement : il a posé des bases inestimables même si il a oublié les femmes et les personnes racisées. Un simple oubli que je ne commenterai pas mais qui en dit long sur l’ambiance d’il y a 155 ans.

Je pense qu’il avait pas prévu le genre de merde actuelle, par exemple. Il avait pas non plus prévu Tik Tok, mais ça, personne ne l’avait envisagé. Bref. Il y a des enjeux actuels qui dépassent la pensée marxienne, notamment ceux relatifs à la surveillance de masse, au contrôle social exacerbé, aux nouveaux outils de domination capitalistes et, plus globalement, la violence néolibérale.

D’autre part, la pensée féministe a elle aussi évolué, ok, pas chez tout le monde mais quand même, il existe de nouveaux enjeux (contraception, vision du foyer et du couple, charge mentale, travail des femmes, libéralisation des mœurs, etc.) qui n’ont pas été interrogés par Marx.

Enfin, t’as compris : l’outil est obsolète, faut patcher, ma p’tite dame !

🦡🦡🦡

Sauf que si tu dis ça à un communiste, faut dire “merci” d’abord, comme Silvia, c’est important. Sinon ils se fâchent et te lancent de la dialectique validée par le Comité. Perso, je fais pu trop, ça, même si je me considère un tout petit peu comme étant communiste (je suis surtout anar je crois mais j’ai pas de 8°6 dans le frigo)(pardon 😅)

OH JOIE Frantz Fanon est mentionné ! J’avoue apprécier que Silvia Frederici n’oublie pas le colonialisme et le racisme dans ses textes.

🐦 “Ces théoriciens politiques se sont rendu compte que l’expérience des colonies exigeait de repenser “le marxisme dans son ensemble” et que soit la théorie marxiste pouvait être recadrée de façon à inclure les expériences de 75 pour cent de la population mondiale, soit elle cesserait d’être une force de libération et deviendrait au contraire un obstacle.”
(p.68)

J’aurais certainement pas dit mieux. Les dominé-es ne peuvent pas attendre qu’un potentiel miracle économique et politique se produise. Et hum, de mémoire, je n’ai pas entendu parler de miracle marxiste, j’ai surtout vu une aggravation du capitalisme. Mais si ça se trouve ça va arriver, on attend quelques mois et on se rappelle ?

Une autre critique de Marx est issue des mouvement écolos. En effet, Marx base beaucoup de sa pensée via la domination de la nature par l’homme (la femme osef), l’industrialisation effrénée et le pillage des ressources.

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Mais celles qui ont crié le plus fort étaient les féministes qui se sont emparées du sujet, telle des harpies en chasse.

🐦 “[…] les féministes mettant sur la table non seulement les sans-salaire de tous les pays mais la vaste population des sujets sociaux (femmes, enfants, hommes parfois) dont le travail dans les champs, les cuisines, les chambres, les rues produit et reproduit jour après jour la main d’œuvre, et avec elle un ensemble de thèmes et de luttes autour de la reproduction sociale que Marx et la tradition politique marxisme ont à peine abordé”
(p.69)

On l’a vu dans l’article précédent : on ne peut accepter la conception marxienne du travail (le travail reproductifs et l’esclavage comptant pour du beurre) et l’idée de Lutte des Classes telle qu’elle est pensée (universalisme). Et, de fait, 75% de la population laissée de côté c’est un peu problématique, c’est comme si j’observais le ciel tous les matin pendant 15 jours et que j’affirmais être astrophysicienne. Tu me dirais “Hey, meuf, t’es geek de profession, fais voir ton doctorat ?” et je tenterai de fuir sauf que je ne peux pas courir donc je serais obligée d’admettre mon mensonge ou d’en construire un encore plus gros. Le néolibéralisme m’a tout appris.

Un truc que j’ai appris avec ce livre, et ici je rappelle que je n’ai pas lu Marx, c’est la vision du capitalisme comme d’un mal nécessaire, qui permettrait de construire les bases pour une société plus juste après la Révolution. Je dois mon biais au fait que nous sommes en 2022, que j’ai 40 ans, et que l’idée d’un capitalisme nécessaire provoque chez moi des spasmes visagiers et une euphorie aberrante au vu du contexte mondial.

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Après, elle redit que le matérialisme c’est bien, hein, attention ! Elle a pas tort mais tu sens le souffle chaud des tankies dans son cou.

🐦 “Il y a une contradiction flagrante au cœur de la pensée de Marx. Bien qu’il fasse de l’exploitation du travail la clé de la production de la richesse capitaliste, il laisse non théorisés certains des rapports sociaux et des activités qui sont les plus essentiels à la production de la force de travail, comme le travail sexuel, la procréation, le soin des enfants et le travail domestique.
(p.73)

Ça, on l’a vu à l’épisode précédent, on va pas refaire le match.

Une réflexion féministe de Marx appelle à redéfinir “l’architecture” pour que le point central ne soit plus le travail salarié et la production matérielle, mais la production et la reproduction, histoire d’intégrer tout le monde, le travail reproductif étant, on le rappelle, la base de tout ce merdier. Si on fait pas de bébés, pas de travailleurs, rep à sa !

Par ailleurs, la facture du travail non payé (grossesse, soins aux enfants, tâches domestiques) est en réalité plutôt salée :

🐦 “La mesure du travail domestique, en heures et en valeur monétaire, a été portée en France par Ann Chadau et Annie Fouquet dès les années 1980. Ces travaux ont contribué à valoriser le travail domestique, représentant en 2010, 60 milliards d’heures, soit l’équivalent de 33 % du produit intérieur brut (s’il était payé au smic) [Roy, 2012]. Mais cette valorisation ne signifie pas rémunération. Mesurer le travail domestique, montrer qu’il représente au moins 10 000 milliards de dollars dans le monde [Oxfam, 2020], vise à frapper les esprits, à dénoncer les inégalités de genre, sans pour autant envisager sa rémunération.”
(Reconnaître le travail domestique, sans le rémunérer pour autant – Rachel Silvera dans Travail, genre et sociétés 2021/2 (n° 46), pages 189 à 193)

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Autant Marx est passé à côté, autant les capitalistes de son époque (1870) ne s’y sont pas trompés : le travail reproductif a de la valeur, si on met tout le monde au boulot dans des conditions abominables, on va avoir des problèmes de nombre de bébés insuffisant. Les femmes devaient retourner au foyer, aussi on a interdit leur travail en usine et mieux rémunéré les hommes. On a également commencé à laisser les enfants apprendre à lire au lieu de bosser, c’était en soi pas trop mal, sauf que les femmes étaient à la maison and so on. De là est parti une domination salariale en plus de la domination patriarcale en plus de la domination capitaliste.

🐦 “En ce sens, on peut lire la naissance de la ménagère prolétaire à temps plein”
(p.82)

Ici, et là encore je ris nerveusement, on propose que Marx se soit dit que les avancées technologiques allaient, comme Moulinex, libérer la fâme, pour expliquer l’absence de réflexion. Et bien non, ça n’a pas bien vieilli. J’écris sur un dispositif de technologie un peu avancée, j’ai un lave-linge, un sèche-linge, mais je suis toujours pas libérée. Je ressens toujours l’aliénation lorsque je regarde mon lave-vaisselle. Alors oui ok avant c’était pire. N’empêche que ça n’a rien changé, en terme de travail non payé. On s’attend aujourd’hui à ce que les femmes soient à la fois salariées et ménagères, je pense qu’on s’est fait avoir, niveau charge de travail.

Pire : beaucoup de politiques oublient encore aujourd’hui ce travail invisible. Tant que leurs chemises sont repassées, ça va. Mais élargir les allocation familiales, ça, jamais !

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Ici, la vision de l’industrie comme libératrice par Karl Marx. Je vis toujours en 2022 et j’ai rien constaté de probant à ce niveau-là. L’industrie lourde a surtout pollué et pillé les ressources naturelles, c’est elle qui envoie ses pétrolier s’échouer en mer, c’est elle qui déverse des produits chimiques, qui crée des continents de déchets. Je suis bien contente d’avoir mon lave-vaisselle de la déprime, tkt, c’est juste que…bah ça n’a rien libéré du tout, l’industrie.

Plus la technologie avance, plus on s’en sert pour exploiter les travailleur-ses. Tracking des enfers chez Amazon, censure des contenus sur les réseaux sociaux, automatisation du spam, fake news virales, etc.

Marx voyait aussi des personnes polyvalentes, aptes à tout métier, contrairement aux artisan-es spécialistes d’un seul domaine. Comme les machines feront tout, on sera en position de travailler n’importe où.

🐦 “Pour lui, le capitalisme est aussi le fouet qui dresse les humains aux exigences de l’autonomie que sont, par exemple, la nécessité de produire plus que ce sont on a besoin pour survivre et la faculté de coopération sociale à grande échelle.”
(p.86)

Un mal nécessaire qui chuterait en temps voulu pour faire place à un monde meilleur.

 

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Bah je suis désolée mais c’est raté genre bien bien raté. Les machines n’ont pas entièrement remplacé les travailleurs, l’esclavage existe toujours, les femmes ont des lave-vaisselles quand elles ont de la chance et j’ai pas spécialement l’impression d’avoir de la chance avec le système, on va dire. J’ai pourtant bien produit un futur travailleur, mais il est tout aussi neuroatypique que moi, alors on est dans la merde.

C’est surtout raté car l’industrialisation massive a créé des oppressions inédites, en rejetant par exemple leurs eaux usées dans les fleuves, les rivières, les mers, impactant directement les personnes vivant sur de la contamination brute. Je pense à la catastrophe de Bhopal, qui a essentiellement touché les pauvres qui vivaient dans les bidonvilles alentours. Catastrophe dont le responsable n’a jamais été puni et est mort riche. T’es déjà oppressé par un système qui te fait vivre dans un bidonville, t’es oppressé si tu travailles à l’usine chimique, si tu n’as pas les moyens de vivre plus loin, t’es aussi oppressé parce que visiblement, les autorités ne se sont pas pressées, considérant la population touchée. Dédommagement ?

🐦 “Des compensations furent accordées à quelques familles pour éviter des plaintes, et la majorité des survivants continuent de vivre aux abords d’un site toujours toxique. Union Carbide a versé 470 000 000 $ mais continue de nier sa responsabilité. Chaque victime a reçu environ 500 $ (600 $ d’après une émission française en 2012 ; ou encore 25 000 roupies correspondant à 715 euros).
(Wikipédia)

👆 Et si on se réappropriait les usines ?
On polluerait toujours 🤷‍♀️

De la même manière, l’agriculture intensive, souhaitée par Marx, ne s’est pas montrée efficace en terme de libération. Genre les pesticides, la pollution des nappes phréatiques, ce genre de choses qui existent dans une bien moindre mesure si on laisse leur terre aux paysans au lieu de monter des exploitations de ouf qui produisent presque autant qu’on ne gaspille la nourriture. Et je ne parle pas du bétail, sinon je vais m’énerver et on aura un débat vegan en commentaires.

Fillette au travail dans une filature par Lewis Hine

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Par ailleurs, les bébés, ça se fait pas dans des machines, ou alors j’ai été flouée.

Le travail reproductif comprend la production d’un enfant, mais aussi tous les soins qui vont autour. Si on peut mécaniser des choses, je vois mal un Calinotron 2000 dans le salon.

Si tu veux t’en fabriquer une, clique sur l’image.

Le travail éducatif est…difficile ? Intense ? Frustrant ? Chialant ? Tout à la fois ?

Puis je sais pas, les réunions de parents d’élèves, les rendez-vous avec l’instit, j’y enverrai bien mon aspibot mais il n’a pas assez de portée.

A l’autre bout du scope : les personnes âgées. On en fait quoi ? On les confie à la Machine ? Je juge pas, hein, j’ai au moins un candidat au départ, mais les soins ne peuvent pas être entièrement automatisés.

Tu sais pourquoi, à mon avis ? Parce que sans chaleur humaine, sans contact, sans échange, on grandit et on vieillit mal. Et ça, la Machine peut pas gérer. La Machine peut laver ma vaisselle mais ne peut pas faire faire ses devoir à un Enfant réticent.

🐦 “Comment définir le travail socialement nécessaire si le premier secteur d’activité, et le plus indispensable, n’en est pas reconnu comme une part essentielle ?”
(p.94)

La révolution ménagère et mon lave-vaisselle ne nous ont pas sauvées.
Au lieu de nous permettre de prendre le temps gagné pour faire des trucs, on a juste ajouté des contraintes dans les interstices. Comme on fout plus rien de nos journées, on nous remet au travail, par exemple. Sauf qu’on fout pas “plus rien” mais osef. Va taffer, ton gosse a 6 mois, c’est déjà grand.

Ici, Frederici réinvente en mieux un fantasme de groupe : acheter un château en Dordogne et y vivre en Mamounariat, sans hommes. On avait prévu une bicoque pour eux au fond du jardin mais l’une d’entre nous a fait remarquer à très juste titre que le sien serait capable de franchir 3m de barbelés pour qu’on lui rappelle le temps de cuisson des macaroni. Sans le savoir, on pensait à des communs reproductifs. C’est une idée intéressante que de sortir du modèle de la famille nucléaire (papa + maman + enfants), je sais qu’il y a des coloc féministes parentales, que ça fonctionne plutôt bien, même.

Cité ici, l’initiative dont j’avais perdu le nom : “The Grand Domestic Revolution Goes On“, un projet de recherche sur la vie en totale collectivité lié à l’urbanisation.

The Grand Domestic Revolution GOES ON

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“Y’a pas que le capitalisme dans la vie” poursuit Frederici, citant les civilisations non capitalistes ayant généré une somme de connaissances et de savoir-faire inimaginables. Tellement imaginables qu’on n’y a pas pensé jusqu’ici. C’est précisément ces richesses et ces savoirs que le capitalisme a siphonnés. L’agriculture sélective, la connaissance des astres, la navigation, l’exploration, les routes commerciales…On est tellement à la ramasse qu’on a une banque de graines pour quand le futur aura tout défoncé. Bon, ok, quand je pense aux Aztèques je pense aux sacrifices humains, mais c’est mon côté gothique macabre emogirl qui parle.

Sur le long terme, on peut dire je pense que 155 ans depuis la parution du Capital c’est pas mal niveau recul, la tendance est parfois extrêmement inverse à la pensée marxienne. On voit le retour des squats, des aspects d’organisation militantes, collectives, et un retour en force des talents artisanaux et du fait main. On a même des injonctions à la “slow food” et à la lenteur ou la paresse. L’industrie fait beaucoup moins rêver, mon aspirateur robot nécessite toujours que je bouge les  souris en peluches des chats sinon il les mange et ça trauma les chats de voir le méchant robot, souris à la gueule, faire des bips car c’est une proie trop grande pour lui.

💭 Aparté 💭

Honnêtement, et je crois que tu l’as compris, je suis technophile. Je suis les dernières avancées, surtout en terme d’IA, que je trouve à chialer de bonheur. Mais je suis également engagée contre les lois renseignements et le fichage. Mes textes ne sont pas sous licence, de même que mes diverses production artistiques : l’art appartient à qui se l’approprie. C’est précisément pourquoi je renonce (et j’espère que ce sera pour de bon cette fois) à travailler dans un domaine dans lequel je suis double diplômée et très compétente : l’éthique ne correspond pas à mes valeurs, par choix politique je ne retournerai ni en SSII ni sur un poste en IT. Ce que ce travail m’a appris que derrière chaque automatisation, il y a une personne. Derrière chaque service, il y a des mains qui cherchent les bugs, inlassablement. Si tu savais comment on exporte les données, comment on fait du data mining, tu serais super déçu-e.

Pour moi, la technologie actuelle est un danger. Et je dis ça en adorant ce domaine. Mais toutes les personnes en télétravail connaissent l”Oeil de Moscou qui vérifie bien que tout le monde est devant l’écran. Je peux suivre à la trace certaines livraisons importantes, et je déteste ça, même si c’est super pratique. Oui au tracking utile, non au tracking espion comme outil de domination.

Je pense qu’on PEUT PARFAITEMENT avoir un usage collectif raisonné de ces outils. Même la biométrie peut s’avérer utile. Mais pour le moment, je ne laisse plus mon âme à ces enfoirés. C’est là une lacune que je trouve à ce texte, d’où ce gros aparté. L’industrialisation a fait de la merde, mais la technologisation est en train de faire de nous des robots humains. Marx n’imaginait sans doute pas que la CAF utiliserait les relevés de compte pour couper les allocs. La technologie est devenu un outil oppressif dangereux (mais que j’adore).

💭Fin de l’aparté 💭

Le capitalisme a non seulement pillés techniques et ressources, mais a également fait violemment exploser les systèmes autonomes des terres qu’il a conquises. L’idée d’une famille nucléaire a fait beaucoup de mal aux populations dont le mode de vie n’était pas celui-ci. Formatage culturel, asservissement, richesses (pour les riches). On pourra reparler des sociétés précapitalistes si tu veux, c’est extrêmement intéressant.

Plus près, géographiquement, on a la disparition des “communs” en Europe et l’extermination, via les chasses aux sorcières et la répression des groupes religieux dissidents (Cathares…), de tout contre-pouvoir. cf. Caliban et la Sorcière de la même autrice.

🐦 “On ne peut pas ignorer non plus qu’en réalité, la coopération en laquelle Marx admirait la marque de l’organisation capitaliste du travail est devenue possible historiquement par la destruction des savoir-faire et de la coopération que les travailleurs déployaient dans leur lutte”
(p.100)

On a là une espèce de choc entre la réalité fantasmée de Marx, sa vision du capitalisme comme un mal nécessaire, son ignorance des problématiques liées au travail reproductif et la réalité du 19 novembre 2022 à 8h48. Alors, finalement, les personnes “en marge”, les hérétiques, ceux qui profitaient des communs, étaient-elle anti-communistes ? Vues comme indésirables chez Marx pour qui tout devait être planifié, ces personnes me semblent plutôt…communistes ?

Frederici cite Thomas Müntzer :

🐦 Thomas Müntzer (souvent orthographié en français : Münzer ou Muntzer, ou encore Munzer, ou en latin : Muncerus), né en 1489 (ou 1490) à Stolberg et mort le 27 mai 1525 à Mühlhausen, est une grande figure de la Réforme protestante reconnu comme pasteur et prédicateur anabaptiste et un des chefs religieux de la guerre des paysans dans le Saint-Empire romain germanique au xvie siècle. C’est un dirigeant révolutionnaire et l’un des grands protagonistes de la Réforme, et plus particulièrement de la Réforme radicale.
(Wikipédia)

Quand au lien entre le titre du chapitre et le texte, le voici. Thomas Müntzer.

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Pour nous en sortir, il faudra coopérer. Pas avec l’ennemi, mais avec ton voisin de palier qui fait du bruit. Je sais pas ce qu’il fout avec l’escalier et l’ascenseur mais je trouverai. C’est en tissant à nouveau les liens intra-communautaires, en faisant preuve de solidarité qu’on réussira peut-être à faire chier le monde. J’en demande pas plus, faut rester réalistes, faire chier le monde c’est déjà quelque chose.

Revenir ensemble, même si on s’aime pas. Je sais, c’est super tendu. Je ne sais pas si c’est faisable. Mais je pense que tout le monde est plus ou moins d’accord : la cohésion au sein d’un mouvement révolutionnaire est une des clés d’un gouvernement détrôné.

C’est une des raisons pour lesquelles le clivage est un élément crucial du contrôle des masses : on s’attache à ce que possède l’autre, on allume des incendies dans TPMP sans envisager de dézoomer un peu pour ne pas se rendre compte qu’on se fait tous-tes avoir. La cohésion, les associations, les actions locales sont une nuisance pour le néolibéralisme. Bon, après ils ont les flics et les militaires avec eux, mais on fait ce qu’on peut.

“Le fin du clivage gauche-droite”, 2018
Je sais pas c’qu’ont mes muscles visagiers ce matin mais ça envoie du stimuli !

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🐦 “En outre, le prolétariat mondial étant divisé par des hiérarchies fondées sur la race et le genre, la “dictature du prolétariat”, concrétisée dans une forme étatique, risquerait de devenir la dictature de la composante blanche et masculine de la classe travailleuse. Car il faut s’attendre à ce que ceux qui disposent de davantage de pouvoir social dirigent le processus révolutionnaire vers des objectifs susceptibles de maintenir leurs privilèges”
(p.107)

Je ne sais pas comment mieux le dire. Perso je fais pas confiance à ces gens, et je sais que ce seront les premiers à vouloir profiter d’un nouveau système, si possible sans que ça change trop et en ayant toujours des chemises bien repassées.

On parle ici du rôle de l’État qui devrait être décorrélé de l’accumulation du capital pour pouvoir être un outil de changement. Le pouvoir doit venir d’en bas, pas de l’État.

🐦 “On ne démontera jamais la maison du maître avec les outils du maître”
(Audre Lorde citée par Frederici)

…et on a fini la troisième partie !

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Je trouve la citation d’Audre Lorde fabuleuse. Non, on ne change pas les choses de l’intérieur juste en étant là ou en occupant une position de peut-être ça changera. Est-ce que tu connais des entreprises où il fait mieux vivre en 2022 qu’en 2002 ?

La révolution se fera par les travailleuses et les travailleurs, par les mères et pères de famille, par les vieilles et les vieux, par toi, en fait. L’information et les connaissances doivent circuler, la politique appliquée à la vie et tous ces trucs qui me valent d’être taxée d’utopiste.

Alors que non, je ne suis pas utopiste, au contraire, le monde que j’envisage est froid et mort. J’aimerais des trucs mais je sais que ça ne se fera pas et qu’on crèvera toustes la gueule ouverte. Bon, par contre, si il se passe un truc, je jure solennellement de faire le plein de 8,6 et de faire du thé glacé pour la buvette. Et des cookies si tu es sage.