1er septembre 2022 [Rentrée des classes, panik, panik paniiik]

Heure de réveil : 4h32 (chats, stress)

Voici venu le Jour de l’Anxiété.

😱😱😱HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA 😱😱😱

Et je voudrais penser à toi, qui, comme moi, a enfanté un “compliqué”. Toi qui te demande si ton enfant va se retrouver face à un-e enseignant-e formée ou pas. Le mien fait craquer les instits expérimentées, on est tout droit dans le risque de violences scolaires pour lui qui réussit à partir en vrille tellement vite…

On fait un bilan neuropsy pour le TDAH fin novembre, donc jusque là, cet enfant est considéré comme totalement typique. C’est con hein ? Parce qu’il ne l’est pas. Et que c’est pas un petit différent calme et mignon, c’est un petit différent tout sauf calme (mais mignon).

Lui a plus peur des “copains” qui le vannent parce qu’il est différent. Malheureusement, le problème va se poser toute sa scolarité, je crois. Toute sa vie. Il a des parents trop chelou, il est trop chelou parce qu’on le laisse s’exprimer et qu’on encourage sa créativité, il commence à comprendre qu’il sera toujours un peu en marge.
Ce qui est complètement con, parce que ses parents chelou l’aiment de tout leur cœur et ne sont pas si bizarres. Et on est une famille avec deux parents qui comprennent les enjeux et les envies de leur fils, le peu de copaines venu-es à la maison ne veut pas repartir parce que cette famille si bizarre est aimante, heureuse de sa bizarrerie.

Va faire comprendre ça. Ses copain-es réaliseront ça sans doute bien plus tard qu’on peut être étrange mais heureux. En attendant, en CE1, il faut pas être bizarre.

🐠🐠🐠

Je sais que s’il est face à une personne qui a été formée 2 jours, ça va être terrible.

Et, non, pas d’IEF ici, parce que je suis une mauvaise personne qui a envie d’être tranquille à certains moments. L’an dernier, l’instit disait “Moi je l’ai toute la journée” j’ai répondu “Je l’ai depuis 6 ans, madame, je fais le SAV de nuit et des vacances, je sais à quel point il peut être provocateur et destructeur”

L’Enfant en IEF c’est la mort de mes projets.
Et mes projets, tu vois, c’est important. J’attends le moment où je vais pouvoir travailler au calme, rattraper les trucs à rattraper, organiser et mettre de l’ordre sur le bureau et dans ma tête. Très égoïstement, reprendre ma vie.

Surtout, je ne peux pas dire un matin de dépression “Aujourd’hui, on ne fait rien, maman a envie de sauter par la fenêtre”.

🙈🙈🙈

J’ai besoin de RELAIS pour cet Enfant si intense. Les instits ont toujours l’impression d’avoir le pire de lui, mais elles ne savent pas ce que JE subis avec un enfant qui frappe et hurle en suraigu sur sa figure d’attachement. Les instits, elles ont la version soft de ce gosse, moi j’ai la version premium avec option nitroglycérine, et ce depuis 7 ans.

Mais je sais comment ça va se passer. Je (moi, la maman) vais devoir rééxpliquer le truc, voir l’instit déjà persuadé-e que je suis une mère laxiste avant même que j’aie ouvert la bouche, essayer de faire comprendre qu’on peut être une punk à chats et quand même avoir des règles à la maison, oui oui, puis expliquer les stratégies de gestion de l’Enfant en vain, car je ne sais pas ce qui est le mieux pour lui vu que je ne l’ai que depuis sa naissance.

J’ai déjà la rengaine et zéro espoir.

Ma mission, depuis le début de sa scolarité, c’est de faire du damage control. Déconstruire ce que les petites frappes qui cassent des dents (“Mais tout se passe bien dans la cour”) apprennent avec leurs poings.

Expliquer que la masculinité, c’est pas la violence. Puis réexpliquer, et réexpliquer. Redire que “t’es une fille” n’est pas une insulte, redire qu’il est super comme il est malgré ce que pensent les autres.

Tenter, encore, d’aider à la sociabilisation en sachant qu’on ne recevra aucune invitation d’anniversaire, encore.
Lui dire “il sait pas ce qu’il perd” quand il pleure parce qu’un bully lui a dit qu’il était nul ou parce qu’AUCUN n’a répondu à son invitation d’anniversaire.

Tu sais ce qu’on m’a dit ? Qu’on ostracisait notre enfant en étant nous-même trop bizarres.
“Pas étonnant qu’il soit tout seul, avec vous, les autres ne comprennent pas”.
Non, les autres ne comprennent pas, et si élever son enfant avec des valeurs féministes, antiracistes et tout le tralala c’est être une mauvaise maman, alors je suis la PIRE de toutes les daronnes et je t’emmerde.

🦆🦆🦆

La fabrication du français moyen commence à l’école. Les valeurs du système sont souhaitables. On ne le dit pas ouvertement, mais la violence des garçons est acceptable. La masculinité toxique elle commence là, en voyant ses camarades casser des dents ou harceler sans se faire sanctionner. Personne ne le protège du harcèlement scolaire, en fait. Parce que ça l’endurcit, tu vois ?

Je suis très décousue, ce matin.

J’ai peur.

Je te jure, je suis sans doute la plus pétée de trouille des 3. Quoi qu’il arrive, peu importe que son père soit très présent, c’est de ma faute de daronne si mon fils est “anormal”.

C’est pas la neuroatypie, non, c’est mon éducation. Cet enfant a mille fois plus d’empathie que moi (mais on a pas traversé les mêmes épreuves), il est sensible, a compris beaucoup d’enjeux sociaux car je lui explique simplement pourquoi les agresseurs agressent. Il sait que je me suis fait agresser aussi à l’école, parce que je le comprends et que je veux qu’il sache qu’il n’est pas seul. Il sait qu’on se ressemble beaucoup et que moi aussi, parfois, je dégoupille.

La violence scolaire des pairs, je l’ai connue à son plus haut niveau. Un camarade de classe a tenté de m’agresser sexuellement avec deux de ses potes au centre de loisirs quand j’avais 7/8 ans (je ne lui ai pas parlé du meurtre au collège, non, mais je sais où la violence peut mener, j’ai enterré une camarade de 13 ans en 1995). J’ai été frappée, jetée par terre, humiliée, et je me suis défendue comme une forcenée. Je lui ai dit “Tu PEUX te défendre, tu DOIS te défendre, si tu es agressé, réplique, je te défendrai moi aussi”

Le gosse qui casse la gueule de ses copains, lui, il est normal, tu vois ? Il est, dixit sa mère à une autre maman dont l’enfant avait été tabassé “élevé comme un vrai homme, lui”. Je me demande comment lae stagiaire de 3ème qui l’aura en classe saura gérer, tiens.

J’ai vraiment peur. J’ai peur qu’il s’en prenne une. Son instit avec ses 20 ans d’expérience a craqué et lui faisait subir des vexations quotidiennement, avant de péter une durite quand j’ai demandé qu’elle cesse de le traiter de fainéant, paresseux, lent, qui n’écoute rien. Il était alors “paranoïaque” et “menteur”.

Alors lae stagiaire de 3ème…je lui laisse 1 semaine pour abandonner tout espoir.

🦖🦖🦖

C’est ça, aussi, les effets de la politique de rapace de notre bon gouvernements de ses grands morts.

🧐 “On va sabrer dans les effectifs à la SNCF et supprimer 1200 postes”
2 ans plus tard
😱 “Oh mon dieu on doit fermer des lignes de train, pour fonctionner il nous faudrait 1200 personne en plus”

🧐 “On va laisser Oncle Fétide flexer l’Education Nationale, tiens”
1 an plus tard
😱 “Oh mon dieu on va devoir embaucher des prestataires et mieux les payer que les profs formé-es, parce que c’est pas un métier attractif vu qu’on a gelé la valeur du point en 1988”

TU LES VOIS, LES CONSÉQUENCES DE NOS VOTES, LA ?

Ah ouais, hein, c’est un peu plus concret, maintenant. Les choses commencent à se voir. Au moment où on aura des stagiaires qui délivreront nos ordonnances, on va ptet réaliser que c’est dangereux, non ? La réponse aux déserts médicaux ? Doctolib et la téléconsultation, bien sûr. Evidemment.
Zut, tu es en zone blanche ou tu n’as pas l’équipement nécessaire ? Tu ne sais pas lire ou utiliser un smartphone ?
Bah tant pis pour ta gueule, t’avais qu’à apprendre.

Le flex il flexe les flexeur-ses. Si t’es en dehors du game parce que tu es vieille, en situation de précarité ou parce que tu es en situation de handicap, tu peux crever. T’es hors jeu, on ne sert que les winners de la France qui se lève tôt ici.

Je SUIS littéralement la France qui se lève tôt, et je t’emmerde.
Je refuse qu’on dresse mon fils à la violence comme seule réponse. Taper, agresser, ça ne fait que perpétuer les monceaux de merde qu’on trimballe avec nos idées éducatives pétée conduites par “J’ai reçu des gifles, j’en suis pas morte”‘.

Je lui apprendrai, plus tard, que la violence militante doit exister et pourquoi. Mais je ne veux pas lui donner de laisser-passer en attendant.

🦋🦋🦋

Mais nous, là, les parent-es, les instits, les adultes : on fout quoi ?

C’est chouette, de “laisser une chance à Macron”, hein ?
“Il a pas eu l’occasion de prouver…”

Ouais, bah là il a eu l’occasion, et ça se voit. Il vous faudra encore combien de quinq…septennats pour comprendre que ces gens sont des criminels en puissance ?

Ils se prennent le retour de bâton d’une politique de casse des services publics et nous on est là “Ohhhhh mais dis donc si on avait pu s’en douter, ça aurait tout changé”. Cessons. Cessons ça. On les a, nos preuves, sauf que c’est sans doute bien trop tard : l’inertie de masse et les médias ont fait gagner les connards.

Parce que, on va le redire des fois que ça soit pas assez clair :
Que nos enfants aient la possibilité de se trouver face à une personne absolument pas formée au métier de prof, c’est injustifiable et c’est le résultat DIRECT du néolibéralisme. Cause, conséquence. Irresponsabilité, économies de bouts de chandelle pour préserver le patronat et les riches dans leur ensemble, conséquences.

Je ne sais pas à quel moment ça va percuter, tout ça. Les droitards sont sans doute déjà bien avancés dans leur rationalisation : être prof, c’est pas si difficile, ça va, t’as juste un programme à suivre parce que les enfants sont des robots. “De mon temps, l’école c’était très difficile” et du ok boomer en veux tu en voilà.

Ptet que les gens vont se rendre compte qu’instit est un métier quand les résultats du BAC et du Brevet sanctionneront un pays déjà bien bien faible, académiquement parlant.

Ou alors on va attendre que les infirmières et médecins soient remplacé-es par des freelance ou des prestataires qui ont un BAC+5 en communication digitale ?
[insérer ici mauvaise vanne sur les proctologues]

🦢🦢🦢

Je ne sais pas, je propose. Je me demande à quel moment on va enfin se sortir les doigts du cul (on peut remettre une vanne de proctologue ici)et rentrer dans le tas en beuglant. Quand est-ce qu’on va vraiment venir le chercher, lui ?

Un jour, si ça se trouve, on arrêtera de taxer ces idées insurrectionnelles de “vous allez trop loin” ?

Peur d’avancer, peur de reculer, autant rester en place, au moins on sait qui tond notre laine, hein ?

Et vous, les boomers ou post-boomers : regardez. Vous êtes content-es ? Tout va bien, niveau moral ? Est-ce que cette petite canicule vous a plu ? On va recommencer, vous en faites pas, jusqu’au jour où, comme en 2003, les vieux tomberont comme des mouches. Pas touche à l’électorat de droite, passons au zéro déchet et faisons pipi sous la douche, tout va bien se passer.

OUI
OUI je suis furieuse, en fait, profondément furieuse.

Le système s’auto-digère et nous on est là à nous tripoter l’entrejambe d’un air distrait en attendant de caner.

Cela dit, on fabrique des armes, vu l’ambiance actuelle on va dire que c’est un marché porteur. Dassault va gagner de la thune, ça va ruisseler sévère !

Ma colère monte, monte, monte, je sais que je gueule dans mon coin en me prenant pour une éditorialiste, j’en ai rien à foutre, j’ai envie de gueuler.

👻👻👻

VOILA !
LE VOILA le résultat de votre politique de merde : ce matin, TOUS les parents ont peur de savoir qui enseignera à leur enfant. Est-ce que la peur va nous faire capter des trucs ? Non. Parce qu’on est une foutue bande d’imbéciles incapables de réfléchir au delà de nos propres enjeux.

On va vérifier, alors, si prof c’est bien un métier de fainéant-es, si prof c’est être tout le temps en vacances, mais on va le vérifier en déployant un patch de sécurité sans avoir fait de recette avant : à l’arrache, dans la douleur et le rollback.

J’en peux plus, je te jure, j’en peux plus. Si j’avais pas ma bulle de filtre, je sais pas où je serais en ce moment. Dans les limbes, j’espère, ça aurait réglé pas mal de problèmes.

J’en peux plus de me voir traitée d’extrémiste parce que j’ai envie qu’on vive dans un endroit un peu cool pour tout le monde. Je dis “je suis féministe” t’as la meute qui rapplique pour me faire fermer ma gueule, je dis “le truc avec les profs, là, c’est dangereux” et on va me demander une Solution Parfaite d’un air goguenard. Espèce de hippie idéaliste. En attendant, commence à réfléchir sérieusement à la suite.

Sans idéalisme, on serait pas là, connard.
T’aurais pas la sécu, sans idéalisme, t’aurais pas non plus de congés payés, de retraite, de transports, d’allocations.
Mais ouais, va cracher sur l’idéalisme sans te rendre compte que vu de l’étranger, on est quand même pas mal favorisés. Va accoucher aux US, va t’y faire soigner les dents, va te faire hospitaliser d’urgence pour payer des factures de 5000$ dont 250$ pour le pansement qu’on a mis sur ton petit doigt.

La France, tu l’aimes ou tu la quittes, n’est-ce pas ? Bah casse-toi.

🐹🐹🐹

J’ai envie de prendre chaque personne, individuellement, et de la secouer en l’attrapant par les épaules. MAIS C’EST QUOI QUE T’AS PAS COMPRIS ?

T’as peur ? C’est ça ?
T’as peur donc autant rester là sans chercher à aller plus loin ?
“On sait ce qu’on a, on sait pas ce qu’on perd”.
Des profs. C’est des profs qu’on perd. Des soignant-es, des petites mains de la CPAM qu’on perd. Et toi tu pleures sur les délais de la CAF, ces incompétents, sans jamais te dire que, ptet, je sais pas, on peut éventuellement embaucher des gens et les former.

Pire, on a déjà eu l’arnaque “prestataires” avec la fusion ASSEDIC/ANPE (Pôle Emploi, le logo à 15 milliards d’euros), le service a énormément baissé en qualité, car les gens ne sont pas formés. On emploie des vacataires, qui font des erreurs, on ferme les agences physiques pour mieux exclure les personnes sans accès à internet. Mais ça concerne ces assistés de chômeurs, tu vois ? Ça n’a pas servi de leçon.

On a fermé des lits d’hôpitaux et on a bien eu l’air con avec cette petite pandémie transitoire qui s’attarde quand même depuis 3 ans. Mais j’ai chopé que deux fois le COVID, ça compte pas.

On a merchandisé les retraites et la fin de vie, et on se retrouve avec des scandales de maltraitance en EHPAD. Mais c’est des vieux, ça compte pas.

Est-ce que quand ça concerne nos enfants, on est moins cons ?
Nope.
Zéro espoir.

🐳🐳🐳

On a commencé, petit à petit, à massacrer le Code du Travail, puis on a ordonné des suppressions de poste pour dégraisser ce foutu mammouth. Cela ne concernait que les chômeurs. Puis les vieux, avec les EHPAD, puis les personnes au chômage, puis les personnes en situation de handicap (18 mois pour le renouvellement de mon statut de travailleuse handicapée contre 4 mois en 2015), puis les enfants.

T’es la suivante sur la liste. Ou le suivant. Tu le sais, en plus. Nos compatriotes en ont manifestement rien à branler des plus fragiles car on leur fait croire que ce sont leurs impôts qui paient les activités des détenus de Fresnes. Comme iels ont pas de fun dans leur vie, alors personne ne doit en avoir.

“T’as de la chance, tu aas l’ALD et tu es en invalidité”
Ouais, trop de chance. Assistée que je suis, j’aurais dû mettre fin à mes jours dès le diagnostic, t’as raison.
Je te jure qu’on m’a déjà dit ça. De la chance. Je suis malade, j’ai deux pathologies incurables qui me font souffrir chaque jour mais ouais, trop de chance.

On entretient cette envie, cette jalousie. On nous montre les super riches et nous on fait “wow trop bien quand on est riche” sans pousser la réflexion. Parce qu’on entretient cette envie d’en avoir plus, ce jamais assez qui est sensé nous entraîner vers la gloire. Être un connard qui golfe en août c’est visiblement un objectif de vie.

L’individualisme poussé à son paroxysme, le chacun pour soi et dieu pour personne, le cynisme monstrueux intériorisé.

Mais non mais tout va bien. Repose-toi, regarde un docu-série sur Netflix et oublie toutes ces petites angoisses existentielles.

🍃🍃🍃

Moi aussi, je me mens à moi-même.
Je me dis que ça finira bien.
Qu’il y a toujours de l’espoir.
Que les gens sont pas SI égoïstes.

Je sais que c’est des conneries, mais c’est un mensonge que j’entretiens depuis trop longtemps, maintenant. Et ce mensonge-là ne nuit pas aux autres, au contraire.

Alors je vais encore mentir en disant que je suis sûre que la rentrée va bien se passer.