Heures de réveil : 3htruc, 5h58 et mille autres (ankylose, chats, enfant)

Mardi, j’ai oublié d’aller chercher l’Enfant à l’école. Heureusement, son père était en télétravail mais juste en visio avec des gens important qu’il a dû tout plaquer pour aller chercher le précieux.

En 89 mois, en 2725 jours, je ne l’avais jamais oublié. En ce moment, je suis fatiguée comme rarement, comme après les injections anti-TNF, sauf que j’en suis privée. On pourrait désigner mes clopes à l’origan comme coupables mais je ne fume plus du tout en journée, juste avant de me coucher. Quelque chose ne va vraiment pas, alors je vois mon doc ce matin. Hier, la douleur de la spondylarthrite a explosé dans mon bassin et ce matin je me réveille avec les sinus au bord de la rupture, comme si j’avais la gueule de bois alors que je ne bois pas.

C’est comme si mon corps essayait de me dire quelque chose depuis des mois et que je ne l’écoutais pas, toute enfouie dans mon marasme de phase dépressive. Et moi, tout ce que je fais, c’est continuer à m’acharner à vouloir vivre normalement et sans aide. Non seulement je ne sais plus écrire en ce moment (mais ça je le relie à mon père, je pense à lui à chaque fois, maintenant, je sens son regard scrutateur sur moi, je vois ses babines se relever et l’humiliation arriver), mais je ne sais plus dessiner. Je sais juste maintenir mon entourage en vie, famille, chats, plantes, logement.

J’ai l’impression de me punir, pour des trucs dont je ne suis pas responsable. A la limite, j’aurais vraiment merdé, je le saurais, je me le serais claqué dans la gueule depuis longtemps et on serait passé à autre chose. Mais là c’est plus profond et dans tous les cas, c’est pas moi que je répare.

L’Enfant va pas trop mal, il a un nouveau copain et on a deux amis-enfants-d’amis à la maison samedi, ils vont s’éclater, j’espère juste que moi, ça ira. Que je vais pas pleurer d’un coup, comme ça.

J’ai rêvé de la chanson de William Sheller, cette nuit, ça vient de me revenir. Ce type me file la chiale à chaque fois.

Maman est folle
On y peut rien
Mais c’qui nous console
C’est qu’elle nous aime bien
Quand elle s’envole
On lui tient la main
Comme un ballon frivole
Au gré du vent qui vient

Tais-toi Léopold
Surtout ne dis rien
Les gens dans leurs cache-col
N’y comprendraient rien

Quand maman rigole
On oublie qu’on a faim
Que c’est l’heure de l’école
Qu’on a peur des voisins
Elle est notre idole
On en a le cœur plein
Faut pas qu’on nous la vole
Ou qu’on l’emmène au loin

Tais-toi Léopold…

Maman est folle
On y peut rien
Mais c’qui nous console
C’est qu’elle nous aime bien

♟♟♟

Je suis pourtant pas chanson française mais j’aime bien ce type. Avant, cette chanson parlait de ma maman, maintenant elle parle de moi.

Il se passe un truc et je sais pas ce que c’est. Des choses ont radicalement changé ces derniers mois. Je ne fais quasiment plus de crise d’hyperphagie, je ne fume plus que le soir, je n’abuse plus des benzo, et pourtant je ne me sens pas mieux.

Je n’ose pas appeler l’EHPAD où est mon père pour demander de ses nouvelles. Les personnes qui s’occupent de lui doivent nous penser bien ingrat-es de ne jamais penser à lui. Ou bien ingrates, si, comme lui, on oublie mon petit frère en permanence. Parfois, j’aurais aimé que ce soit moi qu’il oublie au lieu de me rappeler constamment à quel point je suis une personne décevante “qui aurait pu”. Je sais qu’il est fier de moi, mais je le sais via les autres. De lui, je n’ai qu’une indifférence gênée.

Jeudi dernier, au shop où je me suis fait tatouer Greta, passait “Ain’t talking about love” de Van Halen, et j’ai dû sortir pour pas pleurer. Van Halen, c’est lui, c’est ma première plongée dans le Metal, mes premiers frissons de guitar hero.

I heard the news baby
All about your disease
Yeah, you may have all you want baby
But I got somethin’ you need, oh yeah

Ain’t talkin’ ’bout love
My love is rotten to the core
Ain’t talkin’ ’bout love
Just like I told you before, yeah before

You know you’re semi-good lookin’
And on the streets again
Oh yeah, you think you’re really cookin’ baby
You better find yourself a friend, my friend

Ain’t talkin’ ’bout love…

I been to the edge
And there I stood and looked down
You know I lost a lot of friends there baby
I got no time to mess around

So if you want it, got to bleed for it baby
Yeah, got to, got to bleed, baby
Mmm you got to, got to bleed, baby
Hey, got to, got to bleed baby

Une chanson respectueuse envers les femmes et non violente.

🐦 “Le morceau parle de relations sexuelles sans lendemain, David Lee Roth, le chanteur du groupe, était célèbre pour ça. Il demandait au staff de donner des pass VIP aux jolies filles afin qu’elles accèdent aux backstages, et s’il arrive à coucher avec une d’entre elles, il payait l’agent qui lui a donné le pass 100 dollars. Le reste des paroles décrit un homme qui invite une femme à coucher avec, mais sans attaches, il dit que son amour est pourri jusqu’à la moelle, il ne veut que du sexe. Il va même jusqu’à lui dire qu’elle n’est pas vraiment jolie, qu’elle devrait être plus humble, car elle est imbue d’elle-même, ce n’est pas la meilleure façon de draguer direz-vous, et oui, on est d’accord.”
(Great Song)

Faut plus que je cherche les paroles des chansons, en fait, ça me déprime plus que tout.

🦇🦇🦇

Donc je sais pas. Les mauvaises langues diront que je fais ma crise de la quarantaine, mais je suis en crise depuis toujours et c’est difficile à discerner. Est-ce que je me rends compte que je suis à la moitié de ma vie et ce genre de conneries ? Non. Je pourrais me faire écraser demain en traversant la rue (pour aller chercher l’Enfant ou du Travail), sans parler des idéations suicidaires. Je ne sais pas comment je me sens.

Fatiguée, mais fatiguée de TOUT.

J’en peux plus de la gueule des gens qui nous gouvernent, de leur mépris affiché, le même mépris que les droitistes nous affichent en nous sortant leurs vieux poncifs de merde genre “Bisounours, qui va payer ?”. Toi, tu vas payer, tu la connais déjà, la réponse, tu vas payer parce que tu profites aussi du système. Bénéficier d’abattements et de niches fiscales tout en profitant des congés payés et de la sécu n’est pas égalitaire, merci, au revoir.

J’en peux plus de voir le monde se dégrader, de voir des images de guerre et de lire des articles sur des tanks qu’on donne, ou pas, à l’Ukraine. L’horloge de l’Apocalypse n’est plus loin, nous disent les experts. Tic toc. Alors il faut consommer de manière effrénée, tout en épargnant à fond, tout en ayant confiance au système bancaire et au système tout court. Tout va bien se passer, ne demande pas trop de trucs et tout se passera bien. Faut être bien conne pour militer pour les droits des femmes alors qu’en Afghanistan…

On nous braque, on nous fige sur nos acquis, on nous fait vivre dans la peur de La Bombe pour mieux nous manipuler politiquement. Nous empêcher de vivre comme on l’entend, nous remettre sur les rails du serious business tout en continuant les frivolités car ça fait vivre le tourisme et les revendeurs d’objets fabriqués par des gosses de l’autre côté du monde.

Sans déconner, j’en ai, des raisons de déprimer, déjà rien qu’avec ça. Mais la morosité m’avait déjà envahie, je suis tombée dedans quand j’étais petite. Sans futur ni espoir.

🍪🍪🍪

C’est vrai, ça.

Je n’ai jamais imaginé devenir une personne respectable, sérieuse, travailleuse ou tous les qualificatifs requis quand on est “adulte”. Je n’avais pas de grandes ambitions, je voulais qu’on me laisse tranquille avec mes trucs et mes machins. Je n’ai jamais eu de grande ambition professionnelle, parce que j’ai grandi en pensant que je n’y arriverai jamais. Force est de constater que j’ai réussi ma non-réussite. Merde, une faille logique.

Ça tombe bien, dis donc, faut que je me prépare pour aller voir mon médecin. Me redonner un peu figure humaine, tout ça. Cicalfater la gueule de Greta qui ne guérit pas très bien. Et si ça se trouve, j’irais à la librairie pour acheter des livres que je ne lirai pas. J’ai fini le livre de Silvia Frederici et entamé un autre, mauvaise langue.

Mais tout est un effort beaucoup trop grand.