Heures de réveil : 00h25, 1h17, 2h45, 4h50, 4h99 (gratte gratte papatte envoie les croquettes, la taulière)

Hier, j’ai vu la pédopsy qui va suivre l’Enfant et c’était cool. C’est super loin, mais c’était cool. On a rigolé sur les mamans crocodiles, surtout. Et oui, c’était cool. Après j’ai dormi.

Inspiré par les commentaires d’hier (enfin “inspirée” il est 5h36 je suis pas encore grand chose) je vais parler handicap et pouvoir magique.

🌵🌵🌵

S’il y a une oppression qui en intersectionne beaucoup d’autres, c’est le validisme/capacitisme et la psychophobie que je vais regrouper pour le moment par facilité scénaristique même si ça ne relève pas des mêmes choses.

J’ai été frappée par ça lors d’une énième vidéo sur, sans doute, des trucs glauques. J’ai découvert les hôpitaux psychiatriques du XVIIIème siècle, les internats en Russie à ce jour entre deux histoires atroces-mais-vraies.

🐦 “Le premier hôpital psychiatrique est fondé à Bagdad en l’an 705, et les asiles psychiatriques ont été bâtis à Fès au début du VIIIe siècle, au Caire en l’an 800 ainsi qu’à Damas et Alep en l’an 1270. Les patients étaient bénévolement traités à l’aide de bains, médicaments, musiques et autres activités thérapeutiques. Le plus ancien « asile des fous » en Europe est l’hôpital de Bethlem, ouvert en 1247 dans la banlieue de Londres et toujours en fonctionnement aujourd’hui.”
(Wikipedia)

Des bains, de la musique, je…ah ouais c’était y’a longtemps. Mais ça permet de rappeler discrètement les apports indéniables du monde Arabe à la médecine.

Je ne présume pas des intentions de gens morts depuis longtemps, mais confiner toutes les personnes déviantes en asile me semble plus une tentative de protection du “public” qu’une envie folle de soigner des gens qui n’en ont même pas forcément besoin.

Ce qui est super, c’est qu’on peut faire enfermer des personnes contre leur volonté, sans passer par la case procès. Tu dis “ouaiche elle est malade” et c’est tout. Je crois que le pire cas que je viens de passer 1h à retrouver est celui de Christine Collins qui, je l’ignorais, a donné naissance à un film en 2007, “Changeling” avec Angelina Jolie.

By Unknown author – Quora, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=68127391

🦝🦝🦝

Un jour de 1928, le petit Walter Collins, 9 ans, va au cinéma et ne revient jamais.
Évidemment, on le recherche, on le recherche et on le recherche en vain. Jusqu’au jour où on le retrouve, après 5 mois. On a connu des cas de disparition plus longs, oui.

Pour le moment, ça va. Il disparaît, on le retrouve, on le renvoie vers sa mère, sauf que…bah elle ne le reconnaît pas. Elle est sûre et certaine que ce n’est pas son fils. 5 mois c’est pas vraiment suffisant pour oublier le visage de l’enfant auquel tu as donné la vie, mais la police en a plein le cul et lui colle le gamin “à l’essai”. Je te jure, on lui a demandé d’essayer pour voir, des fois que la mémoire lui revienne, tu sais. Mais la mémoire revient pas, ce n’est pas du tout son enfant, elle le sait.

Le micro-imposteur avouera ensuite avoir fait semblant pour qu’on lui paye le transport jusqu’à Los Angeles.

Oui, on les a obligés à poser ensemble.

Et tu sais ce qu’il s’est passé avant que l’enfant n’avoue l’imposture ?

Personne ne l’a crue. Et le lieutenant-commandant-sergent-truc a demandé son internement, jusqu’à ce qu’elle retrouve ses esprits.

🐦 “Lors de la réunion, Collins a déclaré que le garçon n’était pas Walter. Sous pression pour résoudre l’affaire, l’officier responsable, le capitaine J.J. Jones, la convainc d'”essayer le garçon” en le ramenant chez elle. Elle est revenue trois semaines plus tard, affirmant à nouveau qu’il n’était pas son fils. Bien qu’elle ait des dossiers dentaires et le soutien d’amis pour prouver son cas, Collins a déclaré que Jones l’accusait d’être une mauvaise mère et de ridiculiser la police. Jones a fait interner Collins dans le service psychiatrique de l’hôpital du comté de Los Angeles en vertu d’un “Code 12″ – un terme utilisé pour emprisonner ou interner une personne jugée difficile ou gênante.”
(Wikipédia)

10 jours après l’aveu de l’imposteur, on la libère. Elle ne sera jamais dédommagée.

🌚🌚🌚

Parce que quand une femme ne sait pas ce qu’elle dit, elle est folle et ingérable. Hystérique. Et c’est où qu’on “””soigne””” l’hystérie ? A l’asile !

Entre 1935 et 1985, sur 1129 patient-es, 84% des lobotomies pratiquée en France, Belgique et Suisse l’ont été sur des femmes. On va pas faire le tour du monde, je viens de regarder rapidement, les chiffres sont consistants et représentatifs.

Et en effet, la lobotomie était relativement efficace, pour calmer les femmes. Ce qui me tue le plus c’est la date de fin de l’échantillonnage : 1985 😱

Christine Collins était “ingérable” pour la police qui en avait marre de chercher son lardon. Un inconvénient, une nuisance, ces femmes qui insistent et disent qu’elles ont raison. Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’ai été traitée de folle par mal de fois. Folle, tarée, hystéro, pas bien dans ma tête, complètement jetée, faut pas l’écouter. Et aujourd’hui, je ne parle plus du tout, sauf obligation absolue, de mes pathologies mentales. Je passe donc pour une personne un peu bizarre mais pas dangereuse. Si je parle bipolarité, je passe dans la case dangereuse, je l’ai vu plusieurs fois dans le regard de personnes, parfois proches de moi. J’ai pas commis de crime en 40 ans de vie, je suis assez paisible, mais je représente une menace. Je suis imprévisible et on préfère souvent ma version dépressive qui est plus calme.

Et je te raconte pas pour les potes schizophrènes…c’est vraiment vraiment pire. Quand je dis que  ma demi-soeur est schizophrène, les gens s’alarment direct et me demande si je la vois encore (non). Bon, pour le coup, dans son cas, c’est pas déconnant de s’inquiéter car elle a eu des passages à l’acte très violents. Mais ça, les gens n’en savent rien, et je connais plus de personnes schizophrènes non violentes que l’inverse. On en parle plusieurs fois sur cette page, j’ai fait un billet un peu structuré qui parle du stigmate des fols. Puis d’autres que tu retrouveras, j’ai confiance en toi.

La Folie : fig.1

💐💐💐

Je cherche des statistiques sur les effectifs pénitentiaires psychiatrisés.

🐦 “En France, le taux d’hospitalisation en psychiatrie est de 6 patients pour 1000 habitants en 2017. Ce taux d’hospitalisation varie avec l’âge, avec un taux plus important entre 15 et 60 ans. Les hommes ont un taux d’hospitalisation plus important que les femmes, même si ce taux reste très proche (6,6‰ contre 5,9‰). Le taux d’hospitalisation des hommes est plus élevé que celui des femmes avant 50 ans. Cette tendance s’inverse à partir de 55 ans. De plus, les 2 taux diminuent après 55 ans.

La schizophrénie et les troubles de l’humeur restent les principaux motifs de prise en charge : plus de la moitié des patients ont eu au moins un diagnostic principal de schizophrénie, troubles schizotypiques et troubles délirants ou de troubles de l’humeur (affectifs) en 2017. Ces prises en charge concentrent presque 60% des journées de présence en psychiatrie. Le nombre moyen de journées de présence par patient est de 84 jours pour la schizophrénie, et de 44 jours pour les troubles de l’humeur.

Les motifs de recours différent selon le sexe des patients. Ainsi, deux tiers des journées de présence pour troubles de l’humeur concernent des femmes ; et deux tiers des journées pour schizophrénie, troubles schizotypiques et troubles délirants concernent des hommes.”
(Santé mentale point FR)

Y’a un truc qui fait peur à beaucoup d’entre nous : l’internement. Genre si je m’énerve contre un connard dans la rue, que ça escalade et que ça finit au poste, j’ai pas mal de chances d’être mise de côté, moi, tandis qu’on fera sortir ma victime par la petite porte. Avec des antécédents psychiatriques, c’est relativement simple.

🥳 HEUREUSEMENT POUR NOUS la casse de l’hôpital public a aussi touché la psychiatrie, qui a donc moins de lits et peut ne pas pouvoir t’accueillir. Certes, on a aussi moins de moyens pour soigner les gens. Mais, hey, on peut pas tout avoir !
(oui c’était du cynisme)

La Folie : fig.2

🦠🦠🦠

Même si les effectifs sont relativement équitables entre femmes et hommes, l’approche de la psychiatrisation féminine reste très marquée par la misogynie. Tu peux être folle sans être internée, oui (re-heureusement) mais cette menace plane sans cesse sur ta tête.

Affabulatrice lorsque tu t’es fait agresser.
Névrosée quand tu dévies du plan.
Sexualité déviante lorsque tu aimes ça.
Hystérie lorsque tu réclames des trucs.
Et puis, la grande gagnante du prix Xanax since 1957 : la dépression.

Jamais on se dit, je sais pas, que rester à la maison et s’occuper d’enfants est aliénant. Non. T’as pas le courage d’encaisser les drames de la vie et tu fuis dans la tristesse, mauvaise mère, mauvaise femme ! On m’a déjà dit, que je “fuyais” en allant mal. Je me “complais” dans la dépression parce que ça me donne l’air cool. Alors que moi, ce que je veux vraiment, c’est rester en phase haute toute ma vie et m’éclater et faire des trucs, pas traîner en pyjama à la maison en chouinant sur des trucs anodins.

Source : Insee

Je suis quand même soulagée d’habiter en 2022.
Parce que c’est sûr et certain que j’aurais fini à l’asile il y a 100 ans.

⭐⭐⭐

Je ne suis pas (encore tout à fait) contre la psychiatrisation, parce que je sais à peu près gérer grâce aux médicaments, mais je comprends les “plus jamais” et les refus de retourner en HP. J’ai lu plusieurs récits de personnes internées, j’en ai écouté. Deux membres de ma famille sont psychiatres, je les ai écoutés aussi. Ce que j’ai retenu c’est que personne n’a les moyens de vraiment se montrer aidant. La contention médicale et physique est utilisée, faute d’autre chose. Je ne pense vraiment pas que les psychiatres soient des personnes méchantes, mais j’aime bien les deux miens donc je suis biaisée. Les miens, je sais qu’ils font vraiment au mieux, sans thune, comme les profs et les instits et les autres. Tout le monde y perd, dans le système psychiatrique. Les malades sont souvent traumatisé-es par l’enfermement, et je les comprends. Les soignant-es font semblant de faire des miracles avec 3 chaussettes trouées et 1 BIC 4 couleurs.

Je sais qu’il y a des psychiatres/psychologues dégueulasses, j’en ai vu quelques uns. Je sais à quel point cela peut être destructeur d’être suivi-e par une personne mal intentionnée, même sans le savoir. Le plus glauque a été celui qui, dès le premier rdv, a posé 1h de questions sur ma vie sexuelle.

Lors d’un énième rdv avec une énième psy qui se révèle finalement psychanalyste, on m’a dit :

“Mais c’est quoi tous ces médicaments ? Mais d’où vous prenez tout ça ? du TRAMADOL olàlààààààà !!!
– Je suis spondylarthropathe, je viens de vous le dire.
– Oui mais faut arrêter de prendre tout ça !
– C’est plutôt mon rhumatologue qui doit décider, non ?
– Mais c’est de la DROOOOGUE !!!”

Meuf mais juste ta gueule. Tu crois que ça me fait plaiz de passer chaque semaine 20mn à remplir mon pilulier ? Tu crois que je prends du TRAMADOL EN CAPSLOCK pour le fun ? D’où tu reviens sur l’ordo d’un autre spécialiste ?

“Et les anti-TNF, alors, on en fait quoi ?
– Ah ça on garde, j’y touche pas et ça devrait suffire pour votre pathologie.”

Mais ta gueule. Ferme ta gueule. T’es rhumato ? Oui ? Non ? Tu sais que je suis suivie depuis 12 ans ? Et toi en 2 mn tu me dis que je prends de la droooooooogue et que je dois absolument arrêter, de même que le Prozac, tiens. La dernière fois que j’ai arrêté le Prozac, ça s’est très, très, très, très mal passé.

Remarque, si je passe par la fenêtre ça fera un problème en moins, tu marques un point.

La Folie : fig.3

🍄🍄🍄

Franchement, je comprends les gens qui ne vont plus consulter grâce aux innombrables WTF de ce type, je les comprends car j’en fais partie.

Je suis bipolaire et je ne suis plus suivie car chaque rdv m’a vidée de ma substance. Bravo les pros, merci la Terre d’Accueil de la Psychanalyse où tout est dans le passé. Mon passif et ma situation sont tellement pétées qu’en général, le stylo est posé en 2 mn. Dépression réactionnelle, évidemment. Peu importe quand je dis que j’écris, que je parle à des victimes comme moi, que j’ai réussi à dépasser certains traumas pour aider, dépression réactionnelle. Je peux pas m’en sortir, donc. Même si je m’en sors.

Et c’est en gros ce qu’on me dit. Wow ça va être long. Ouais. Toute seule, j’ai vaincu mon dragon, ça m’aura pris près de 25 ans, je sais que c’est long et douloureux, tkt. Maintenant, tu proposes quoi ? Rien ? Rien ou encore plus de médicaments ? Non parce que pendant que tu t’emploies à me rabaisser et à me traiter comme un déchet, moi, bah j’avance, en fait.

J’ai plus avancé en écrivant tous ces billets que durant mes “suivis”. Je me guéris seule, ça marche pas trop mal, c’est très violent mais j’avance. Je suis lucide sur ma situation, je sais que je devrais être “suivie” mais j’en ai plein le cul de payer 100 balles pour une connasse qui me dit qu’on arrête mon traitement de fond avant de me dire “Je veux pas de fumistes faudra jouer le jeu, avec moi”. Ma proto-thérapie, elle me coûte le tarif d’un hébergement web et le prix du nom de domaine, on est à 10 fois moins que les tarifs habituels des psy.

La Folie : fig.4

🐾🐾🐾

Oui, je m’énerve, évidemment, que je m’énerve.

Je m’énerve quand on me regarde bizarrement parce que je suis cinglée. J’ai presque envie de jaillir en faisant “BOUH” avec un entonnoir sur la tête pour valider leurs peurs, qu’on en finisse.

Puis le plus “amusant” est certainement quand je dis que j’ai aussi un handicap physique. Larmoyance, compassion, oh ça doit être dur, oh ça doit faire mal…alors que la souffrance psychique gagne haut la main en ce qui me concerne. Et je dis ça en pesant mes mots. On me tolère plus ou moins avec ma canne, mais je suis dangereuse quand on sait que je suis folle. Je ne sais pas si, comme moi, tu as le double jackpot, mais c’est, d’expérience, une constante.

Et, pour moi, c’est la peur.
La peur que ça se sache à l’école de l’Enfant. La peur qu’on me le retire à cause de ça. La peur qu’on m’enferme et qu’on jette la clé, problème résolu. Mes peurs ne sont pas forcément rationnelles, mais elles sont là, tout le temps. Quand je me pète un nouveau truc dans le corps, j’ai parfois peur si la douleur est très très intense, mais je sais que j’aurai de la compassion, qu’on comprendra mieux ma situation.

🦖🦖🦖

🧐 Hein ?

Oui, pardon, je rêvassais, plus haut, les gens sont aussi validistes as fuck, tkt, t’es tricard-e quoi que tu fasses, qui que tu sois, où je me crois, moi ? 😆

Cela dit, on comprend mieux un plâtre sur une jambe cassée qu’un Prozac dans le bec.

C’est plus visuel on va dire.

Dans ce cas, si je me maquille en Joker ? Comment ça “les représentations de la maladie mentale sont complètement pétées et nuisent à la reconnaissance des personnes atteintes” ? Alors comme ça, face je perds, pile je perds, sur la tranche je perds aussi ?

Bah merde alors.