Heure de réveil : 4h15 (chats)

Parfois, je me suis demandée si Miki (Brigade du Beurre) savait lire l’heure pour la bouffe, car le soir, très précisément à 18h, elle hurle à l’assassinat par manque de pâtée.

Ensuite, mon cher et tendre m’a dit “Mais non, tu sais bien qu’elle miaule tout le temps, donc forcément elle miaule à 18h”

Et vu l’heure de réveil, en effet, il a raison, les chats ne savent pas lire l’heure et je veux du café. Je ne sais pas où je vais aller, aujourd’hui. Ah si.

🤖🤖🤖

Hier, j’ai reçu ce morceau d’argument :

“Un mec d’extrême gauche explique que critiquer les hommes violents c’est dire qu’on peut aller à l’encontre de son déterminisme et donc c’est être libéral et donc c’est être capitaliste”

Mais ça parle de Quatennens et de la fameuse gifle et comme ce type me fait cringer violemment je n’ai pas du tout pris connaissance des bails.

J’ai vraiment de la chance d’être féministe, j’ai percuté assez vite. Pronostic : on a un député qui a giflé sa femme et les BROS le défendent. Comme d’hab. Tu pensais que chez LFI c’était amour, gloire et féminisme ? Moi pas.

Les comportements, ce sont ceux de l’insoumis Adrien Quatennens qui a reconnu avoir exercé sur son épouse des actes violents étalés sur un an, ce qui a conduit son épouse à déposer une main courante. La justice a logiquement déclenché une enquête. Julien Bayou, lui, est accusé d’avoir harcelé son ex-compagne jusqu’à briser sa “santé morale” et la pousser à faire une “tentative de suicide”, selon Sandrine Rousseau. Julien Bayou conteste les faits.

L’accusation est gravissime et c’est bien pourquoi la pratique politique des Verts interroge. Or, la cellule interne aux Verts chargée des violences faites aux femmes, traite cette affaire depuis juillet. Si Sandrine Rousseau n’avait pas été interrogée lundi à la télévision, Julien Bayou serait toujours co-président du groupe Vert.
(France Info)

OH MON DIEU MEME LES MECS DE GAUCHE SONT VIOLENTS 😱😱😱 (je fais semblant de défaillir mais en vrai je vais me faire un café)(Voilà)

En vrai, je me fous des détails. Vraiment. On est pile dans le billet d’hier et des victimes qui font rien qu’à parler, les sorcières.

Je suis sûre que 170% des éditorialistes des médias droitistes ont bien bien décortiqué la vie de Rousseau pour la discréditer. C’est dommage, car on a oublié de dépiauter la vie de Bayou et Quatennens, dis donc ! C’est eux qui devraient avoir honte, en réalité, pas elle. Mais de qui parle-t-on dans les médias ? D’elle. De sa personnalité. De ses erreurs. De tout le merdier. Enfin, tu connais la chanson.

Puis Papi…Papi…mais sans déconner, prends-la, ta retraite, tu n’est pas en mesure de comprendre les enjeux féministes, Jonluk, tu es opé sur plein de choses, mais vraiment pas là dessus. Côté corporatisme à deux balles, tu te poses là avec ton soutien à un agresseur.

Jonluk il est environ ici, mais toujours en 1982.

Tu vois, on est vraiment dans le Bro Code appliqué à la politique, et ça ne change pas donc on reste en terrain connu. Sauf que, évidemment, comme ça concerne les gauchiasses, hein, on en fait des caisses. Genre y’a pas plus urgent que de basher des personnes ? Comment ça “non” ?

Mais bon, de toutes façons on va toustes cramer par 53°C sous un régime totalitaire où chaque personne aura un collier scellé autour du cou qui explose si tu n’as pas suffisamment produit dans la journée. On va voter la réforme des retraite et sans doute pas mal d’autres petits “détails” qui vont pourrir la vie de beaucoup de monde, mais ouais, faisons du tirage sur l’abominable féminisme des neiges.

🙄🙄🙄

Mais je ne suis pas là pour parler de ça, non non. Je viens pour essayer de comprendre ceci :

“Un mec d’extrême gauche explique que critiquer les hommes violents c’est dire qu’on peut aller à l’encontre de son déterminisme et donc c’est être libéral et donc c’est être capitaliste”

Le déterminisme social est un concept sociologique selon lequel les pensées et les comportements des humains résultent d’une contrainte sociale qui s’exerce sur eux, la plupart du temps sans que ceux-ci en aient conscience. En conséquence, l’individu ne choisit pas son action, il est contraint de la réaliser sous le poids de la société ; il n’est pas réellement libre d’agir comme il l’entend.
(Wikipedia)

J’ai chopé un graphique un peu pété qui résume le truc :

👉 Le capital économique c’est si tu es issu d’une famille bourgeoise ou pas. Si tu as des parents blindés, tu as pu faire toutes les activités sportives et culturelles que tu voulais, tu as été dans une bonne école et tu as pu être soutenu-e financièrement toute ta vie (achat de logement, par exemple)

👉 Le capital culturel, c’est le fait d’avoir accès à la culture : livres, films, arts, musique, etc. ce capital se transmet par différents biais qui vont du vocabulaire utilisé par les parents aux oeuvres culturelles à ta disposition dans ta bibliothèque, en passant par l’achat d’un instrument de musique et de cours de musique, ou de la possibilité de pouvoir librement explorer la culture, sans contrainte financière.

Dans mon cas, le capital économique n’était pas lourd mais le capital culturel était très présent. Entourée de livres, j’ai lu très tôt, beaucoup de choses. J’ai pu montrer au monde que j’étais absolument nulle en musique, mais j’ai aussi pu avoir le matériel nécessaire pour peindre et dessiner.
Quand mon fils fait du coloriage avec mes Promarker en double, ou quand je lui trouve le papier à grain qui va bien avec ses crayons noirs, quand je lui dis “non, trop d’encre, papier trop fin” ou quand je lui choisis des feutres Faber Castel pour l’école, on est EN PLEIN DEDANS. Ce gosse a à sa dispo du matériel d’arts plastiques de pro parce que je dessine et que j’ai eu l’argent pour constituer cette réserve.

En “entre les deux” il y a mon amoureux : capital économique bien plus confortable que le mien, capital culturel +++ mais aussi accès très tôt à l’informatique. Je considère l’équipement informatique comme un accès à du capital culturel au travers du capital économique, car, dans les années 90, un PC ça valait 10 000F soit 2625€ de 2022 en prenant compte de l’inflation. Donc pour accéder à l’informatique dans les années 90, il fallait avoir des sous.
Mon père avait un Macintosh LCII sur lequel, moi, j’ai tout appris. Mon père était artisan, cet outil lui servait pour le traçage et le dessin technique et moi je me faisais peur avec Sarab of Ra et je me la jouais au Mah-Jong, le tout en anglais sans savoir parler anglais. Je ne le voyais qu’une fois par an, autant dire que j’en profitais à mort. Ce sont ces sessions de découverte qui m’ont donné le goût de l’informatique.

Genre tu serais pas terrorisé-e par ce truc qui pop sous ta gueule alors que tu sais même pas ce que veux dire “charcoal” ?

On est tous les deux devenu-es des geeks, sauf qu’il a pu commencer bien plus tôt dans sa passion. J’ai dû attendre un rappel de la CAF de 2001 pour m’acheter un Packard Bell avec un écran d’au moins 17″. Ses études ont été financées, mais il a travaillé tôt, mes études ont été suivies en formation professionnelles ou à distance, de mon côté, j’ai aussi travaillé tôt.

Notre enfant a donc un panel assez impressionnant d’appareils avec lesquels jouer, on est donc dans le capital culturel x capital économique. Heureusement, il est neuroatypique1, sinon laisse tomber il aurait eu tous les bonus car il se sent garçon et pour le moment cette assignation lui convient parfaitement. Et comme il est blanc, paye ton combo.

Si notre fils devient un jour quelqu’un d’accompli, il y aura son parcours personnel et son travail, bien sûr, mais aussi tout ce capital qu’on lui a transmis.

Et ça, les enfants, c’est parce que la méritocratie n’existe pas.

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On a toustes, donc, un capital qui nous est apporté, ou pas, par notre environnement familial et social. Le déterminisme social, c’est de dire que ce genre de choses compte un tout petit peu dans la vie, oui, même si mon père a appris à lire et à écrire à 11 ans pour devenir chercheur au CNRS ensuite, son non-capital familial et les traumas liés à la guerre et au monde ont énormément joué dans ses échecs successifs.

Il y a forcément des success story de ouf, mais c’est quel poids par rapport à tous ces fils de qui deviendront présidents de ?

Le déterminisme social est évidemment lié au genre, mais l’influence du genre dépasse à mon avis ce cadre-là.

Par extensions, certains vont lier la violence masculine au déterminisme. En effet, on apprend très tôt aux petits garçons à frapper et à occuper l’espace, on apprend très tôt aux petites filles à rester sages et bien propres sur elles. C’est simpliste.

Lorsqu’on dit “Les mecs sont dressés pour se battre, pas étonnant, les gifles” on sous-entend que les hommes cis ne sont pas en capacité de dépasser ce “déterminisme”-là. Ce qui est à la fois très con et très utile. Très con parce que très con, utile parce que ça dédouane, en quelque sorte, la violence masculine sous toutes ses formes. En résumé, on se sert à tort de cette notion de déterminisme social pour justifier des comportements agressifs. On est à ça de l’argument de la biologie-la-testostérone-la-violence. Ok,  on est carrément dedans, t’as raison.

Le site parle d’aura de mâle alpha, c’est fabuleux, je te mets le lien sur l’image.

D’où la nécessité de :

🔫 Savoir d’où on vient, quels sont les éléments qui sont du ressort du déterminisme, prendre conscience du privilège ou de l’absence de celui-ci.
🔫 Faire en sorte de sortir du schéma, c’est à dire passer outre le déterminisme.

Parce que tout  n’est pas joué d’avance, ni avant 6 ans. Il est possible de sortir de logiques putrides. Si j’avais suivi le chemin que la vie me montrait, franchement, je ne serais plus là depuis longtemps. Le féminisme est d’ailleurs une idéologie qui va à l’encontre du “déterminisme genré” : on sort des rôles assignés, on transcende nos conditions individuelles pour faire quelque chose de mieux.

On peut dépasser le déterminisme, sinon personne n’aurait jamais évolué de toute sa vie. Dépasser ça c’est un peu une des quêtes secondaires de chaque être humain.
Attention, c’est pas simple. C’est parfois impossible et ce n’est pas à force de volonté pure qu’on y arrive, non. Des fois, souvent, les conditions sont trop pétées et tu n’y peux rien.

A mon sens de noob de la sociologie, le déterminisme existe pour qu’on le dépasse. C’est un kit de base, plus ou moins merdique, mais c’est à nous de jouer ensuite. On peut décider de suivre le parcours balisé et faire l’ENA lorsqu’on est fils de. Ou on peut décider de devenir éleveur d’escargots de rallye en Bourgogne.

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Est-ce que vouloir sortir du déterminisme est quelque chose de libéral ? J’en sais foutre rien, il est 6h13, va falloir que je vérifie.

Libéralisme : Le libéralisme est un courant de pensée qui prône la défense des droits individuels, au nom d’une vision fondée sur l’individu et la coopération volontaire entre les humains. Le système libéral repose donc sur la responsabilité individuelle.
Le libéralisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu’aucun pouvoir n’a le droit de violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus généralement le système social au profit du libre choix de chaque individu. Le libéralisme repose sur un précepte moral qui s’oppose à l’assujettissement, d’où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chaque individu de jouir d’un maximum de liberté, notamment en matière économique.
(Wikipedia)

En matière économique, le libéralisme est une doctrine qui défend la libre entreprise et la liberté du marché. Le principe fondamental du libéralisme est qu’il existe un ordre naturel qui tend à conduire le système économique vers l’équilibre. La loi de l’offre et de la demande, par exemple, conduit à l’équilibre entre la production et la consommation sous réserve de liberté des marchés et de libre concurrence, seules censées garantir l’ajustement optimum des ressources disponibles (offre) à la demande. S’il peut agir librement, l’homme en tant que premier agent économique peut atteindre cet ordre naturel. Les intérêts de l’individu et de la société sont alors convergents.
(La Toupie)

Pardon. J’ai vu la main invisible du marché et j’ai ri. Pardon. Désolée.

Bon, ça dit en gros que tu es libre de ce que tu fais et donc que tu dois exercer cette liberté pour baffer ta f…ah non attends…non, ça dit qu’on naît tous libres et égaux (au masculin), et que donc n’importe qui peut faire n’importe quoi parce que chacun-e dispose de droits “naturels” qui dépassent la simple situation sociale de départ. Full “quand on veut on peut”, méritocratie et tout et tout.

Le seul souci c’est que je suis née libre et heu égaux, mais que, oh, tiens donc, les expériences passées ont un retentissement sur ma vie. Je vais donc oublier tous ces petits tracas (y compris le handicap, quand on veut on peut) et postuler dès à présent pour devenir PDG de chez Air France (pour les pourrir de l’intérieur, bien évidemment). Et si on me refuse le poste, j’attaquerai parce qu’on me refuse ce qui me revient de droit. Oui, je sais, j’exagère mais on en est pas loin. Je pourrais par exemple grimper l’Everest, en théorie. Que je sois en situation de handicap, que j’aie pas les 10 000 balles pour faire la montée, que j’aie ni entraînement ni équipement, ça ne compte pas, seule la force de ma volonté me permettra de rendre mon dernier soupir dans la Vallée Arc-en-ciel.

Rainbow Valley – Lily Padula
par ici 

 

Bon. Alors j’ai cherché. Vraiment. Et je suis désolée, mais penser que le déterminisme social détermine 100% de la vie, c’est un peu audacieux. Si on en parle, si on a posé le concept, c’est pour énoncer ce qui doit être dépassé. Par pour justifier des comportements de merde par [insérer random bullshit ici].

Et si on regarde bien, le libéralisme parle aussi de déterminisme : il y a un “ordre naturel” qui (pardon encore la main invisible du marché, j’y peux rien, ça provoque en moi une hilarité systématique), et si “par nature” l’homme (mais que l’homme tavu) dispose de droits, on est par définition dans une forme de déterminisme. On va redire ici que tout le monde est égal, oui oui, et c’est pour ça que le monde va si bien, que le racisme a été éradiqué de la surface de la Terre en 1848, que La Fâme a l’égalité depuis 1945 et le droit de vote et que les enfants de cadres et professions intermédiaires ont 2,5 fois plus de chances que les enfants d’ouvriers d’obtenir un diplôme supérieur à bac+2.

Le déterminisme du libéralisme c’est de faire croire que tu peux faire ce dont tu as envie, sky is the limit. Si tu fais pas de ton mieux, tu crèves et c’est bien fait.

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“Les hommes sont violents car éduqués comme tels et vouloir sortir de ce déterminisme équivaut à tomber dans le libéralisme méritocratique.”

J’en connais un qui a pas trop checké ses privilèèèèèèges ! 🤭

Le Jean-Nuisible du jour nous dit également :

“DE TOUTE FAÇON les féministes revendiquent le droit a la violence comme moyen d’expression, donc leur retirer la gifle c’est mal et on peut pas l’interdire aux hommes non plus.”

Tu la sens, la justification de la violence, là ? Hein ? Comment ça, non ? Merde j’ai tout expliqué juste au dessus !

Moi j’en suis au stade du mec qui dit :

“Hon hon hon tu es pour l’égalité hein ? Alors, ça veut dire que je peux te gifler ?”

Non. Personne a le droit de gifler personne. La “violence féministe” n’est PAS une violence conjugale. La revendication du droit à la violence ne concerne PAS nos conjoint-es. La violence dont on parle ici est une violence politique, pas domestique. C’est pas ok de frapper (ou de faire usage de la violence, physique ou non) lae personne avec qui ont vit (ou les personnes, si on est poly). Ça n’a jamais été validé par le Comité, en tout cas. J’y étais pas mais je suis à peu près sûre de ça.

La violence dont on parle, elle est surtout défensive. Quand Despentes dit “un jour, nos compagnons auront peur car ils sauront que nous aussi on peut frapper” elle ne dit pas “frappe ton mec”, elle dit “réapproprie toi ton espace, affirme-toi, parfois il faudra hausser le ton mais n’abandonne pas la lutte”.

Mais les mecs cis ont tellement peur de l’égalité qu’ils en déduisent qu’on veut leur péter la gueule tout en leur retirant le droit de nous péter la nôtre. Mein gott que c’est inepte. Le but du jeu c’est que personne ne frappe personne, en fait. C’est pas que tout le monde frappe tout le monde. C’est gérer les conflits et les inégalités sans se laisser faire, car on a quand même une tradition de la gifle essentiellement masculine en ce bas monde.

J’ai récemment vu une vidéo gore absolument épouvantable où, dans un pays extrêmement religieux dont j’ai oublié le nom (L’Iran, voilà, merci), un homme et son beau-frère tuent sa femme de 17 ans (Mona Heydari, mariée à 12 ans) pour sortir ensuite dans la rue avec la preuve du meurtre. Totale impunité. Personne n’a bougé. Il a été filmé, la vidéo a été diffusée (pas besoin d’aller sur le Dark Ouèbe pour trouver ce genre de trucs). C’était début 2022, il n’y a aucune information sur la condamnation des auteurs à ce jour.

…mais un jour nous nous tiendront toustes par la main, ça fera cesser la violence et tout le monde sera égaux dans la joie et l’amitié.

 

🐡🐡🐡

On est PAS en Iran. Enfin moi. Mais c’est cette impunité dont je parle avec cet exemple sanglant. Il est admis, parfois,  qu’une petite giflounette, ça fait pas de mal. La violence conjugale est un phénomène qui ne s’arrête pas aux frontières des pays religieux. Un homme qui frappe, en France, a une relative impunité. Qui va prendre une plainte pour ça ? Pas les flics, déjà, nope.

La violence dont on parle, c’est la violence systémique, celle qui permet aux hommes de frapper et aux femmes de bien fermer leur gueule.

Il n’y a pas de symétrie entre la violence féminine et la violence masculine.

J’ai vu ma part de docu sur des infanticides pour savoir une chose : on condamne moralement plus fermement la mère que le père. Lors de plusieurs cas, le père avait “abusé” l’enfant victime, participant pleinement aux sévices. Lors du procès, on passe rapidement sur ce fait. Oui, ok, bon, le père est abusif, quelle surprise, dire que ça n’arrive jamais, passons. Mais une mère qui tue va au bûcher direct. Idem pour la durée des interrogatoires, au comico ou devant le juge. Un père violent, c’est pas original.

La violence exercée sur les femmes par la société n’est absolument pas la même que celle infligée aux hommes. Je ne dis pas ici qu’elle est inférieure ou supérieure, mais elle n’a pas la même valeur. On tolère beaucoup plus de choses si elles sont commises sur des femmes. Si on me met une main au cul, ça n’aura pas le même impact que si on met la main au cul d’un mec (qui va se dire “ça doit être autre chose tkt”)

On doit bien distinguer l’aspect domestique de l’aspect systémique. Les violences domestiques, par exemple, j’en n’en suis actuellement pas victime. Les violences systémiques, en revanche…bah c’est pour tout le monde et pas avec la même intensité. Il est visiblement “souhaitable” de frapper des personnes trans (ce qu’on lit pas, dans les commentaires du Figaro, la vache…). On peut, et ça arrive régulièrement, frapper des personnes perçues comme homosexuelles ou non conformes aux normes de genre. Ces gestes sont même parfois valorisés par l’extrême droite et les injonctions virilistes. Ce type de violence est donc semi-validé et c’est super grave mais personne n’en a rien à carrer. On est ici dans le systémique : les auteurs de violences envers les personnes trans n’ont pas de grief particulier vis à vis de l’individu, mais agit relativement à son système de valeurs péraves.

🌸🌸🌸

On a donc ici une confusion totale entre le privé et le politique.

Non, sortir du déterminisme n’est pas être libéral-e et donc capitaliste.

(Merde, même moi avec mon bac -25 en socio j’ai compris ça…)

Donc on va résumer :

🔸 On frappe pas saon(s) partenaire(s) ni ses enfants ni ses proches. On peut en revanche gifler des nazis.

🔸 Le déterminisme social est un package de base, pas une prison.

🔸 Le déterminisme n’est pas le truc qui “rend les hommes violents”, non, le sexisme dépasse largement ce cadre-là. Et ce qui rend les hommes violents, c’est pas non plus la biologie, c’est l’éducation et l’adhésion au système.

🔸 Le libéralisme c’est assez drôle parce qu’on croit qu’on a des droits naturels et une main invisible du marché qui régule les choses sans aucune interaction.

🔸 Les violences sont asymétriques car elles sont plus ou moins validées par la société. Dans une société sexiste, les violences envers les femmes seront considérées comme moins graves que les violences envers les hommes.

🔸 Mais, de la même manière, dépouiller les femmes de leur capacité à la violence les silencie. Le jour où la violence des femmes aura la même valeur que celle des hommes, on en reparlera. En attendant, non, les féministes ne proposent pas de tabasser tout le monde. Elles proposent que la violence s’éteigne avec l’égalité.

Il faut comparer ce qui est comparable, et, actuellement, violences masculines et féminines n’ont pas la même valeur. Une femme enfermée dans une pièce avec 1+ homme(s) a peur. L’inverse n’est pas vrai (oui, je fais des raccourcis, je commence à fatiguer). Les violences conjugales sont tellement normalisées que les plaintes finissent souvent à la poubelle, la plupart des conjoints violents profitent de cette impunité pour agresser. Quoi qu’on en dise, les femmes n’ont pas cette impunité et leur violence n’est absolument pas normalisée. Notamment en terme de médiatisation, et c’est l’amatrice de true crime qui te le dit : CHAQUE cas de femme tueuse fait l’objet d’au moins un reportage, sinon 12. Et quand La Fâme tue, elle éclipse son complice.

En 2021, 143 morts violentes au sein du couple ont été recensées par les services de police et les unités de gendarmerie[…] Les femmes restent les principales victimes : 122 femmes sont décédées des suites de violences conjugales contre 21 hommes. Douze enfants ont succombé aux blessures des agresseurs.
(Chiffres 2021 – Vie Publique)

J’arrive à 15% de victimes masculines. La banalité du mal misogyne fait qu’on ne médiatise qu’une très faible proportion des féminicides. Je n’ai pas le temps de chiffrer, mais en termes de médiatisation, on est quasiment sur du 30/70 en faveur des hommes. C’est important d’en parler et je chiffrerai ça quand j’en aurai l’occasion, car la différence de traitement médiatique mérite 15 billets au moins.

Surgonfler cette présumée violence-couteau-entre-les-dents des féministes, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde.

Et moi j’en ai plein le cul donc je vais relire tout ça et réfléchir aux déterminismes sociaux qui m’ont emprisonnée à tout jamais dans un corps malade alors que, merde, j’aurais pu faire tellement de choses bien.

  1. je déconne []