26 octobre 2020 [Sexisme métalleux]

Réveil : 4h04 (sommeil not found)
TW : gore, évocation de meurtre et de viol (sans détail)

L’heure d’hiver avec les chats c’est redoutable. Re-dou-table.

Hier j’ai voulu partager de la musique mais le nom du groupe est “Excision” 😡
J’aime bien une bonne partie de la discographie, MAIS CE NOM SANS DECONNER !!!

Cela dit dans le metal (ici Death et Black), des noms évocateurs, y’en a. Plein. Alors je serais nous je ferais pas trop trop les malines.

💀💀💀

– Dissection
– Rotting Christ (Christ en décomposition)
– Graveworm (Ver de Tombe)
– Impaled Nazarene (Voilà pourquoi on nous prend pour des satanistes !!!!)
– Mütilation
– Obtained Enslavement (C’est des blancs, bien sûr)
– Cannibal Corps, steuplé
– Dyng Fetus (Foetus mourant)
– Autopsy
– Decapitated
– Bloodbath (Bain de Sang)
– Necrophagist
– My Dying Bride (Ma fiancée qui meurt)
– Immolation
– Disembowelment (éviscération)
– Holocausto (…)
– Death Whore (La Pute de la Mort)
– Bonus : Scorpions : Virgin Killer (Tueur de Vierges)

L’esthétique Metal au mieux de sa forme (Je ne peux vraiment pas mettre des pochettes de Cannibal Corpse, on est sur du tout public, madame.)¹

Précision : je conchie le nom “Excision” mais j’écoute encore, oui (Attention c’est de l’electro, du Heavy Dustep précisément. Oui j’écoute de l’electro en ce moment, je sais pas pourquoi) Tout comme j’écoute ou ai écouté plusieurs des groupe mentionnés plus haut. C’est mal. C’est moche de ma part, Bouh. Alors si ton plan c’était de faire un commentaire en parlant de la création musicale qui s’exempte des codes moraux ou un speech sur la censure, ça tombe un peu à plat pour le coup. On est toustes imparfaites et la musique est vitale, c’est pas le sujet ici aussi (J’aimais bien savoir Bertrand Cantat en prison cela dit.)

👻👻👻

Ce qui me gêne c’est qu’on se donne des noms misogynes, en tant que groupe de mecs à 99,99%.
Quand je dis “gêne” je pense “envie de filer des coups de clavier rageur en travers de la tronche” en réalité.
Les trucs sanglants, ça fait partie du folklore du metal. Mais derrière Dieu et Jésus, c’est toujours une femme qui se cache dans la victimologie. Je n’ai pas encore lu de nom de groupes représentant la torture sur une personne masculine (à part Jésus donc).

Tu vas me dire que le Death et le Black Metal sont des musiques de dégénérées et TU AS ABSOLUMENT RAISON, c’est ça qu’on y aime ♥.

Il est donc normal d’évoquer la torture, la barbarie, la mort, en plus on est là pour se prendre de la brutalité musicale, envoie !

Mais pourquoi ces titres qui parlent de torture ou de mort les destinent à, majoritairement, des femmes ? Je ne sais pas si tu as déjà regardé les jaquettes de Cannibal Corpse mais, bon, non seulement c’est super graphique et faut pas devant les gosses, genre sérieusement pas, mais en plus…nan, va pas voir.
Genre on est pas déjà assez massacrées comme ça ?

Moi, un groupe qui s’appelle “Excision” je trouve ça à gerber. Déjà parce que le mec sait pas du tout en quoi ça consiste, dans sa chair, je veux dire, et il se permet de trouver le mot à minima intéressant, sinon il l’aurait pas choisi comme nom. Un autre groupe, qui a fait une reprise excellente de “Cindy f*cking Sander – Papillon de Lumière”, s’appelle Circoncision d’ailleurs². Seule mention de mutilation génitale masculine qui me vienne à l’esprit (je sais que c’est aussi culturel, je mentionne ce nom car il existe, j’utilise le terme de “mutilation” pour évoquer un acte chirurgical non nécessaire à la vie mais si tu as un meilleur mot, je le changerai). Y’a tellement d’autres mots dans l’univers pour qu’on ne s’en prenne pas systématiquement aux femmes !

Belle maîtrise du feutre, bravo Jonathan !

🐏🐏🐏

Si c’était que la musique. Mais c’est pas que la musique.
99% des séries/films/documentaires qui parlent d’un assassinat, de torture, de viol, évoquent des victimes perçues comme féminines (Ce genre d’émission aime bien aussi faire du fric avec la mort de femmes trans, d’où la précision). Les émissions de True Crime et faits divers ont un type de victime : une femme. On nous raconte par le menu comment elle s’est fait tuer par son fiancé, son mari, son ex, son voisin, sa belle-famille, etc. Poignardée, égorgée, violée, jetée à l’eau, et j’en passe.
Pourtant je regarde ce genre de trucs, je suis la dernière à pouvoir te juger. Mon boulot, c’est de me poser des questions. Celle-ci a une réponse beaucoup trop effrayante.

On banalise la souffrance et la mort des femmes. On les présente comme artistiques. Ça peut l’être, artistique. Il y a mille ans j’ai visité une expo temporaire d’art moderne où une femme avait fait une installation : une vitrine de boucherie, des morceaux de viande, des étiquettes plantées dedans avec des prénoms et des prix au kg. J’avais 16/17 ans, ça m’a tellement marquée que j’en ai développé un amour infini pour les installations. Mais si c’était un homme qui avait placé ces morceaux de viande en vitrine, le message n’aurait pas été le même, si ? Même s’il avait voulu dénoncer ou quoi, ça aurait pas été la même. C’est comme si un loup présentait à des brebis une brebis décapitée en disant “c’est de l’art”. Moi, brebis, je prends pas ça pour de l’art mais pour une menace directe sur ma personne.

🐲🐲🐲

Faut se rendre compte que nous, les brebis, on crève de trouille et souvent on crève tout court. On est obligées de subir l’évocation quasi permanente des crimes commis sur nos semblables. Je sais que tu sais. A côté de ça Facebook censure les “Cyclamen” are trash au point que si j’écrit la formule entière sur ce post je ne suis pas sûre qu’il passe la modération. LA FRAGILITAY EST GRANDE LES ENFANTS 😱
Nous on nous vend du 50 shades of viol, des documentaires sur les assassinats de nos comparses, des films et séries nous montrant agonisantes (Irréversible, sérieux…va me dire que c’est pas voyeuriste, bizarrement y’a que les mecs qui voient pas le souci). J’ai pu lire à peu près toutes les tortures possibles dans mes polars. Je pense que moins de 2% des victimes étaient des hommes.
On est “la” victime de serial killers, de crimes conjugaux, de violence dans la rue, d’agressions et de viols, dans et en dehors de notre foyer. Être une nana c’est la flippance totale, constante, perpétuelle. En sécurité seules, enfermées chez nous derrière 5 portes blindées.

Je sais pas pour toi, mais moi avant d’entrer dans mon immeuble, déjà j’ai les clés à la main, mais je me retourne pour vérifier que personne ne me suit et entrera à ma suite. Je ferme la grille, je ne la laisse pas claquer. Ensuite je regarde dans le hall, je referme bien la porte mais je la laisse se refermer doucement car il y a 4 planques possible pour une personne embusquée, je me ménage une fuite. Ascenseur, palier, je regarde si la porte de l’escalier est bien fermée, je rentre chez moi, ouf.
Chaque fois. Chaque. Putain. De. Fois.

J’ai raconté ça à mon mari qui ne comprenait pas que je flippe en voyant la porte des escaliers ouverte. Il a juste halluciné de mon récit. Et moi aussi parce que c’est seulement à ce moment que j’ai verbalisé l’ensemble de mes stratégies.

Ok je t’ai quand même mis une jaquette Cannibal Corpse, une des moins pires. On avait pas encore trouvé comment régler l’épaisseur du contour à cette époque reculée.

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LA PEUR

Et la peur, on la gagne d’expérience : on sait qu’on est victime potentielle. Mais on la gagne aussi en regardant nos sœurs se faire torturer et tuer à la télé. On la gagne quand les médias font leur boulot et relayent le nom de la dernière victime. Alexia, Jessica, Fiona…
Alors que concrètement, j’ai 0,00000001% de me faire assassiner dans mon hall d’immeuble, j’ai peur. Et c’est pas une peur innée, comme celle du noir (Tu vois on peut encore écrire le mot noir malgré ces débiles de militantes antiracistes, Jean-Ducon) (Pardon, j’ai croisé un universaliste Charlie hier 🤐).
C’est une peur acquise. Qu’on nous inculque très tôt en nous prévenant de ne pas accepter de bonbons d’un étranger. Un. Pas une. Un. Et c’est grâce à ça que le duo Fourniret-Olivier a fait tant de victimes : c’est elle qui cueillait les jeunes filles.

On nous apprend ensuite à garder notre virginité au péril de notre vie. Les hommes sont des prédateurs, nous dit-on, en tout cas je l’ai appris très tôt et j’aurais aimé l’avoir su encore plus tôt, ça m’aurait évité de subir sans comprendre ce qui se passait.

Un homme c’est dangereux, ça peut te tuer à mains nues.
Mon mari pourrait me tuer à mains nues.
Il est adorable mais j’y ai déjà pensé, oui. L’homme que tu croises dans la rue va peut-être venir t’accoster, et si tu dis non il va peut-être t’agresser.

Je sens déjà la perplexitude et l’indignation des hommes qui me lisent. J’exagère tellement, allez, c’est à cause de mon passé traumatique, de mes mauvaises expériences, les féministes m’ont lavé le cerveau. C’est tout à fait vrai. Avant, j’en avais juste pas conscience. Maintenant que mon puzzle a plus de pièces, j’ai la haine.

C’est assez facilement vérifiable :
“Est-ce que tu te sens à l’aise quand tu braves le couvre-feu et que tu rentres à 3h du mat un peu bourrée ?”
“Est-ce que tu te sens à l’aise quand tu es seule dans une pièce remplie d’hommes ?”
“Est-ce que tu t’es déjà dit que si tu t’engueulais trop fort avec ton mec il y avait une chance qu’il te décroche une droite ?”
“Est-ce que tu t’es déjà fait emmerder dans la rue ?”

Si t’es une nana et que tu as répondu “Jamais aucun souci” à tout, je ne te crois pas. J’espère me tromper mais je ne te crois pas. Les mecs ? Ils ne se posent simplement pas ces questions.

C’est ça, la peur qui nous maintient en servitude. Nos maîtres nous rappellent constamment notre dépendance et notre fragilité. Ça passe par les noms des groupes de Death Metal, les thématiques des séries et films, les paroles de chansons ou tout simplement, une présence écrasante, où qu’on aille.

Nowhere to run, no place to hide.
(Nulle part où aller, nulle part où se cacher)

Allez, ouais, encore des jaquettes metal du plus mauvais goût en bonus pour la version blog de ce billet !