Heures de réveil : pfffff, 4h47 (chats)

C’est rude en ce moment, oui. Fatiguée d’être fatiguée, envie de rien, irritabilité mais j’ai dessiné un épouvantail pas trop mal hier.

J’ai dit pas trop mal, j’ai pas dit la perfection faite épouvantail.

Bref, rien à voir, on va parler (encore) de la fausse polarisation du débat public parce que j’en ai plein le cul.

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Pourquoi on ne voit que la droite à la télé ?

Parce qu’elle ne fait que dire des trucs outranciers et que l’outrage, ça vend.

Genre tu dis “mort aux Étrangers d’Étragie” tout le monde fait oh, ah, et les autres font heil. Concrètement, c’est pourtant ce qu’on fait chaque jour en abandonnant des exilé-es en mer, en mettant des personnes à la rue, en démantelant des camps et en déchirant des tentes, en foutant des gens dans la précarité “parce que la méritocratie” et “fallait faire moins de gosses bande d’assisté-es”, tout en refilant des milliards d’euros d’aides aux entreprises.

🐦 “L’Ires vient de publier un passionnant travail qui jette une lumière crue sur l’une des zones d’ombre de nos comptes publics : à combien se monte le total des aides, subventions et autres niches fiscales reçues par les entreprises ? Après moult mises en garde méthodologiques, la conclusion tombe : on peut l’estimer, en 2019, à l’équivalent de 8,4 % du produit intérieur brut (PIB), un montant énorme.

Les chercheurs de l’université de Lille ne peuvent fournir qu’une estimation, car les plus de 2 000 mécanismes de soutien dont bénéficient les entreprises françaises sont distribuées dans la plus grande opacité.”

(Alternatives Economiques)

Oh.

Ah.

🐦 “Une fois ce long travail de compilation effectué, le rapport livre trois informations clés. D’abord, le montant exorbitant des aides reçues par les entreprises, 205 milliards d’euros, l’équivalent de près de 8,5 % du PIB, ou encore de 41 % du budget de l’Etat !

Les cadeaux fiscaux croissants aux entreprises forcent à taxer davantage les particuliers
L’essentiel provient des niches fiscales (109 milliards dont 48 milliards de niches déclassées), 64 milliards d’allègements de cotisations sociales et 32 milliards de dépenses budgétaires. Si l’on veut être prudent sur le poids des niches déclassées, on finit tout de même avec un total des aides à 6,5 % du PIB. Et la dynamique de long terme reste la même.

En effet, l’analyse historique met en lumière la progression ininterrompue de ces transferts de richesse publique aux entreprises, qui n’étaient que de 2,6 % des richesses produites en 1979. Les aides ont commencé à exploser à partir du début des années 2000 : la période la plus forte de l’hyperlibéralisme, entre 2000 et 2008, correspond à celle où les entreprises ont de plus en plus pompé la richesse publique en leur faveur.”

(Idem)

Oh oui, on peut accueillir toute la misère du monde, mais on laisse les gens crever pour faire profiter les organismes qui sont sensés nourrir tout le monde et qui ne le font pourtant pas. Va me dire qu’un SMIC à 1353,07€/mois ça fait vivre. Allez. Dis-le. J’ai commandé mes courses, hier, donc non, le dis pas sinon je t’envoie le prix des barquettes de LU.

L’argent magique il est là, ici, mais le dire revient à être une sale communiste. Inaudible. Insensé.

Mais laisser crever des gens, là, ouais, hail toussa. Bande d’hypocrites.

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Je trouve ce point très significatif en terme de polarisation du débat : des gens meurent vs l’efficacité du siphonnage des caisses de l’état.

Non parce que, selon moi, aucun, zéro, macache patron-ne n’a à gagner des millions ou des milliards. Personne n’a à être milliardaire tant que d’autres meurent par leur faute. Mais leur vie, au vu de l’émoi lorsqu’un Dassault se crashe en avion ou qu’un RH d’Air France se fait arracher la chemise, vaut plus que celle des milliers de personnes fuyant des pays en guerre pour se retrouver sans vie sur les côtes d’un pays. Je sais pas. Ça me semble pas vraiment logique. Ils font quoi, les milliardaires ? Faire péter le score CO2 tout en sifflant des cocktails dans leur piscine en rigolant bien parce qu’ils ont des bouées, eux.

En tout cas, la compétitivité de notre Brave Patrie ne dépend pas vraiment de ces personnes. Si ?

🐦 “En 2019, l’effort de recherche et développement s’établit à 2,19 % du PIB. Ce ratio baisse continûment depuis 2014, année où il a atteint le maximum de 2,28 %. Sur la période 2010‑2019, la dépense intérieure de recherche et développement expérimental (DIRD Dépense intérieure de recherche et développement.) a progressé de 1,6 % par an, soit à un rythme à peine supérieur à celui du PIB (+ 1,4 %).
(Enseignement Supérieur et Recherche Point FR)

Les investissements des entreprises sont donc de l’ordre de 1,53% du PIB contre 6,5% reçus de l’État. Je t’ai déjà dit que je n’étais pas économiste ? Oui ? Et bien je ne suis pas économiste mais je me demande bien ce que font les entreprises avec leur 6,5% de PIB magique, à part licencier et faire ramer les gens encore plus fort tout en se plaignant d’être écrasées par les taxes (on appelle ça des “cotisations sociales” les enfants, et vos conneries sont soutenues par nos impôts) ?

Enfin, comment ces importantes largesses ont-elles été financées ? L’étude souligne qu’une partie a pu l’être grâce à un poids accru de la fiscalité des ménages. Les cadeaux fiscaux croissants aux entreprises forcent à taxer davantage les particuliers : l’impôt sur le revenu représentait un quart des recettes totales de l’Etat en 2019, une part en hausse de plus de 7 points par rapport à 2007. Et comme cela ne suffit pas, le reste est financé par une montée de la dette publique qui joue le rôle de mécanisme d’absorption du coût des aides publiques aux entreprises.
(Alternatives Economiques)

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Et pourquoi on file du fric à des entreprises en faillite qui rémunèrent autant leurs actionnaires et dirigeants ? Est-ce normal qu’un directeur lambda ait un salaire à 6 chiffres pour passer sa vie en réunion ou dans le zion complet ? Est-ce normal de laisser des gens le cul posé sur leur fauteuil en cuir brasser des millions ? Oui, je suis absolument favorable à un plafonnement des salaires et à une imposition plus forte. Elon Musk est l’antithèse de l’inspiration, à mes yeux. Parasite.

Et les Panama Papers, au fait ? Tu t’en souviens ? Ça a fait comme pour les autres scandales financiers : oh REGARDE PIERRE PALMADE LA DECHE !!!

On a, sous nos yeux éberlués et souvent rêveurs, des personnes au train de vie insensé qui bousillent tout, et on fait oh et ah et hail. Est-ce que devenir millionnaire est un chouette rêve ? Je ne le pense vraiment, vraiment pas.

Mais les médias, les traditionnels, les nouveaux, les réseaux sociaux, regorgent de promesses de richesse et d’influenceur-ses qui se prennent en photo entre deux engueulades. Moi, la vie Instagram, elle me fait pas rêver. On sait pertinemment que c’est du vent mais on a tendance à tout oublier quand on nous vend du rêve.

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Si toi tu dis tout ça, par exemple sous un commentaire Insta, on va te répondre “jalousie” et “haine”. Pourquoi accuser les critiques de rageuses comme si on s’attaquait à des bébés chats sans défense ?

POLARISATION (hop on retombe sur nos pattes, joli)

Les avis divergents de la norme (brossage dans le sens du poil de la violence du capitalisme) sont taxés d’extrêmes. Mais les avis divergents poussant dans l’autre sens (à savoir + d’inégalités) sont inspirants. Quand une Le Pen parle toute la misère du monde en éructant des horreurs, on fait ouin ouin hail vite fait tout en se disant qu’elle est pas si folle que ça, que les étrangers volent notre travail, après tout, et moi qui voulais ramasser les merdes des autres depuis tout petit-e, j’en veux maintenant aux femmes de ménage et aux cantonniers.

Le constat, c’est “Oui mais on a pas de thunes”
Plusieurs réponses possibles :
✅ Taxons les gens
✅ Expulsons les immigré-es et accusons-les
✅ Refilons de la thune aux entreprises pour qu’elles ne le rendent pas à la société
⛔ Mettons fin à ce système de merde

On est tellement habitué-es à la banalisation des idées d’extrême-droite et celles du néolibéralisme que ça ne nous semble pas impensable de nous sacrifier encore plus pour le patronat, si ça fait que des Français-es de France ont une revalorisation de 100 balles par mois.

Mais si tu dis, je sais, pas, allons chercher la thune là où elle est, ayé, t’es une dangereuse extrémiste.

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Je ne peux pas dire devant tous les publics que je suis féministe. Je le fais, mais je sais bien que ça passe pas, vu les retours de flamme. Même si je rappelle que mon but n’est pas d’exterminer qui que ce soit, au contraire, on se fout violemment de moi en me traitant de Bisounours.

Attention, subversion :

Je pense qu’on devrait, au sens “devoir” du terme, accueillir toute la misère du monde, oui, absolument. On devrait aussi arrêter de tolérer la pédocriminalité, et arrêter de tuer des femmes et des enfants. On devrait cesser de tolérer, voire soutenir, la violence envers les personnes racisées et/ou en situation de précarité ou de handicap. On devrait stopper le financement des entreprises qui ne rémunèrent pas suffisamment leurs salarié-es et, au passage, améliorer grandement les conditions de travail tout en allégeant les horaires des gens.

Et ça, c’est être extrême. Heureusement que je n’ai pas parlé de la suite du programme.

Si tu dis “Je peux pas, je suis végane”, on se fout de ta gueule ouvertement. Hin hin hin des saucisses, du steak tartare, tuer des animaux, trop de fun. Précision : je ne suis pas végane mais j’ai quand même conscience de tout ça et j’aimerais qu’on trouve des solutions pour véganiser la société.

Le seuil “de gauche” il est là.

Le seuil “de droite-BFM” c’est de laisser crever des migrant-es en mer et de laisser crever nos “assisté-es”. 6,5% du PIB, qui sont les assistés ?

Je suis navrée pour les personnes de droite qui ne me lisent de toutes façons pas, mais ce ne sont pas des différences de point de vue, à ce stade, c’est de l’incitation à la haine via des canaux uniques d’information. Je pense que si tu me colles une semaine devant CNEWS, soit je pars en HP, soit je me radicalise (ok, vers la gauche parce que je connais l’embrouille).

Le discours de “gauche” radical ne passe plus la douane. Trop dangereux. Et je te parle pas de la cancel culture à géométrie non euclidienne.

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Le fait est qu’il n’y a pas de polarisation des débats, il y a un point de vue unique dégradé en différentes teintes de brun, suffisamment dégradé pour qu’on puisse inviter une personne radicalisée aux idées puantes et une autre personne radicalisées aux idées puantes dans une émission et les voir faire semblant de s’agresser tout en défendant le même point de vue.

Il y a l’autoritarisme, l’injustice et la préférence nationale, et les Bisounours.

La polarisation n’existe pas lorsqu’in fine, on défend la même chose en étant simplement en désaccord sur la méthode. Regarde, les droitistes, Républicains et LREM, main dans la main pour voter la réforme des retraites au Sénat, si c’est pas mignon 🤎 (Oui vous êtes toustes des merdes, voilà, c’est dit)

Lorsque les propos, nos propos, ne sont plus audibles, on ne peut pas polariser quoi que ce soit. Même lorsqu’on défile dans les rues par millions, on est pas audibles. On se mange juste du LBD pleine poire et ferme bien ta gueule, merci. T’es qui ? Tu gagnes combien ? T’es juste jaloux-se !

De la même manière que lorsque tu tiens des propos féministes sur les internettes, ton propos sera étouffé par la légion de mecs blancs cis qui hurlent à l’assassinat, on couvre de violence tout le discours de gauche ou alternatif.

 

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En revanche, il y a une polarisation de classe : qui veut devenir millionnaire ? Tu gagnes combien ? Tu as étudié où ? Tu es propriétaire ? La première question qu’on pose aux gens c’est “c’est quoi ton métier ?”, jamais “c’est quoi ta plus grande passion dans la vie ?”. Et si t’es pas BAC+12 ou cadre, pouf pouf, tu fermes bien ta gueule steuplé. Tout le monde est sensé courir vers le même objectif : le fric. Si tu es femme de chambre comme Rachel Kéké, on ne va pas t’écouter parce que tu n’es pas Rachel Kéké. T’en sais quoi, de la vie, si tu as juste un CAP ? T’en sais quoi, de la vie, si ton boulot c’est de t’occuper des gens en EHPAD ? T’en sais quoi de…nos préoccupations de riches tandis que tu pousses des chariots et que tu soulèves du ciment ?

Bah…t’en sais TOUT, en fait. Tu sais tout de la mort en EHPAD, tu sais tout de la configuration de la vie en situation de précarité, tu connais le prix de la baguette et même celui d’un croissant. C’est honteux d’être sous-payé-e, mais honteux pour toi, pas pour l’entreprise qui te sous-rémunère. T’aurais dû mieux te démerder dans la vie, voilà, et maintenant, tu paies ton inconséquence. Qu’on ait besoin de s’occuper de construire ton immeuble ou refaire le lit d’une mamie n’a pas d’importance : t’es tricard-e, t’as rien à exprimer.

Mais cette polarisation là se fait discrète. On va pas dire directement “mort aux pauvres” parce qu’on en a besoin pour ramasser nos ordures (prenez Elisabeth Borne avec vous, par pitié), mais on ne les laisse pas moins crever à petit feu dans une pénibilité qu’on pense bien méritée. Ou qu’on n’envisage même pas, finalement. Comment réaliser la pénibilité lorsqu’on a un boulot où on est payé-e sans même devoir se présenter chaque matin à 8h ? Comme à l’Assemblée Nationale, tsé ?

Et quand tu tiens des propos tels que les miens, tu es extrémiste. Quand tu veux pas que les gens se tuent au boulot, t’es extrémiste.

La polarisation des partis, c’est fini depuis longtemps. On sait qui a gagné depuis que je suis née. Pas besoin d’en dire plus, alors on définit un seul objectif : le profit. C’est tout, c’est tout ce qui apparaît dans les médias, dans les discours, dans les films, dans la musique. Sois blindax ou crève. Cherche l’argent, la beauté et la célébrité. Deviens Youtubeur-se à succès et rentre la maille !

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Pourquoi se faire encore plus d’argent quand on a déjà de l’argent ? C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse en moi. Je n’ai pas envie d’une piscine privée (enfin si mais pour faire des longueurs tranquille, d’accord, c’est mon rêve de riche), ou d’un jet (vu que je reste chez moi, pas besoin), pas même d’une maison de 48 pièces dont je ne ferai rien.

Pour moi, ça ne fait même pas partie des objectifs d’une vie ou d’un débat. En revanche, savoir que des gens dorment sous des cartons à 50m de la maison, ça me fait chier, oui.

Mais si ça c’est polarisant, ça veut bien dire quelque chose. Ça veut dire que laisser vivre ou mourir des personnes pauvres, on s’en bat la rate. Oser affirmer que tout le monde mérite de l’aide est polarisant dans un monde où la mort ne veut rien dire.

C’est pas sensé être polarisant que de dire qu’on veut que les gens vivent au lieu de survivre.

Donc arrêtez de me péter les gonades avec vos “extrémiiiiiisssssste” et regardez-vous.