Heure de réveil : 0h57
L’avantage de la cortisone c’est que ça calme bien les douleurs. L’inconvénient, c’est que ça me provoque de grosses insomnies et ça me speed.

Heure de réveil : 5h47
J’ai réussi à me rendormir, la fatigue a été plus grande que le foisonnement.

Tiens, aujourd’hui, on va parler des diktats féministes et de la grosse méchante cancel culture woke de la violence violente.

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Je ne sais pas si tu as déjà vu un enfant taper une crise des enfers en se roulant par terre, se débattant, son sachet de fraises Tagada à la main, hurlant au meurtre, car sa mère ne veut pas lui en acheter (pas parce que le sucre rend hyperactif, parce qu’elle les mange tous). De loin, tu te dis merde, il s’est violemment cogné la tête contre un caddie, il s’est cassé une jambe, appelons la police. Mais nan, il se relève, la mère ayant cédé histoire de bien merder son éducation, parce qu’elle en a plein le cul de ses crises et qu’elle anticipe la suivante.

Ce que je veux dire c’est que la plupart des mecs cis blancs dominants sont des enfants de 5 ans qui tapent du poing contre le sol en beuglant parce qu’ils avaient le droit heu c’était pas ce qu’on avait dit heu remboursez heu.

Leur colère leur semble parfaitement légitime, de notre côté on lève les yeux au ciel et on continue nos vies en faisant du damage control.

Merde, ils ont réussi à faire virer le personnage violet des M&M’s ainsi que tout le cast (pas une grosse perte mébon) aux US, parce que le violet était “woke” et que ça leur était insupportable. Pas de fierté exagérée pour ces bonbons illustrant le “si on te tendait un bol de délicieuses friandises chocolatées en te disant qu’un seul est empoisonné et te tuerait sur le coup, tenterais-tu ta chance ? Bah c’est pareil avec les [insérer ici population honnie par la gauche ou la droite]”. Sauf qu’ils ont fait trier le “poison” à l’usine. Parce qu’ils possèdent l’usine ET le poison.

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Les “diktats féministes”, au fait, c’est quoi ?

🍒 Ne pas nous tripoter dans les transports.
🍒 Ne pas nous tripoter au bureau.
🍒 Ne pas nous agresser sexuellement tout court.
🍒 Respecter le consentement.
🍒 Comprendre que le corps des femmes leurs appartient.
🍒 Par exemple en les laissant décider de leur contraception et de leur désir ou non d’enfanter.
🍒 Ou en les laissant tranquilles avec leur physique jamais conforme.
🍒 Ne pas nous sexualiser en permanence en nous notant en fonction de notre baisabilité.
🍒 Nous payer correctement.

Puis attention, violence queer :

🥝 Comprendre que le genre est un spectre en 4D et que si ça te concerne pas, ta gueule.
🥝 Accepter qu’une personne vive le genre auquel elle s’identifie.
🥝 Ne pas tabasser les personnes qui ne se conforment pas à l’hétérosexualité ou au cisgenrisme.
🥝 Si tu veux que les gens fassent des gosses, laisse les faire des gosses, qu’iels qu’iels soient.

Bon sang, avec tout ça, le monde est en péril, t’as raison. Et encore, j’ai pas ajouté le racisme dans le lot, là on atteindrait des sommets d’indignation.

En gros : vos gueules sur nos vies. Much violence.

Par contre, les violences policières, ça va.

“Ne nous tue pas stp.
– Sorcière !!!”

La violence, elle est propagée par la culture, les blagues douteuses, les BD pédopornographiques qui sont publiées OKLM par Bastien Vivès (et défendues par des gens et tout), les éditos du Point et les couvertures de Valeurs Actuelles. Alors, tu vois, on le dit. Vous faites de la merde, vous diffusez en le sachant pertinemment des médias sexistes et racistes, si on ne relevait pas ça on ne ferait pas notre taff correctement.

On se plaint que les hommes sont élevés à pas pleurer. Ils le disent. Ils s’en servent pour se victimiser,  parfois. Et nous on fait quoi ? On les tabasse ? On se fout de leurs gueules de prisonniers de leur masculinité toxique ? On fait des blagues sur les hommes battus ? Si oui, dis moi, je suis pas mal l’actu mais je n’ai pas encore trouvé de telle image. Non. On dit “faut pas élever nos fils comme ça, ça pue” et on fait de la psycho de comptoir avec nos partenaires, si on a la malchance d’être hétérosexuelles, en les écoutant, en tentant de les réparer.

MUCH VIOLENCE

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La violence, elle se situerait dans ce “bâillonnement” du “on peut pu rien dire” de la “cancel culture”. La pire violence : l’atteinte à l’hégémonie culturelle qui encourage la puissance blanche masculine. Imagine un monde sans ces diktats masculins ? On aurait ptet moins de guerre, moins de violence, moins d’inégalités. J’ai pas dit zéro, j’ai dit moins. Elisabeth Borne est une femme, Margaret Thatcher en était une aussi, calmons-nous.

Donc on peut faire censurer des personnages fictifs M&M’s, hurler à la petite sirène noire, pleurer devant la “Netflixisation” des productions culturelles (ça, ça veut dire qu’on met plus de personnages féminins, racisés, queer ou le tout en même temps), demander à ce que des films ne soient plus diffusés, censurer des livres…

Je vais pas me faire des potes mais je pense à American Psycho. J’ai vu le film 2 fois et j’ai lu le livre (qui est extrêmement plus graphique), jamais Patrick Bateman ne m’a semblé un personnage inspirant, au contraire. Sans doute mon allergie aux costards ou aux tueurs de femmes, je ne sais pas.
Ce film est un des piliers de la culture incel. Parce que des personnes mécontentes de leur vie le regardent au premier degré, rêvant eux aussi de manier la hache dans leur appartement de luxe. Entre les deux, une réelle glorification du personnage principal qui est quand même un tueur (je spoile pas).

Mais je ne demande pas sa censure car le film a un sens.

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Tu sais quoi ?

J’adore les films violents et je n’aurais pas lu American Psycho jusqu’au bout si ce n’était pas le cas. J’aime la musique brutale, le gore, les trucs qui font peur, je suis à ça du edgelord en fait. En plus j’ai des pensées suicidaires et les cheveux colorés, franchement, je pourrais.

Sauf que j’ai un regard critique sur ce qui me tombe dans le bec.
Parce que j’ai été éduquée à avoir ce regard critique.
Si Patrick Bateman me semblait ultra cool début 2000, il me semble dangereux en 2023, pas parce que je suis devenue une vieille conne, mais parce que je perçois ce que je ne percevais pas avant : en fait c’est pas trop trop cool de tuer des gens. Le roman est excellent car en 1991, Bret Easton Ellis critique les débuts du néolibéralisme et la pression mise sur les golden boys. C’est assez évident dans le livre. Il critique le système qui “rend fou” et la société de consommation qui consomme aussi les femmes. L’univers de Easton Ellis est froid et violent, on ne peut pas s’attacher au personnage principal, simplement constater sa descente aux enfers de manière passive et impuissante. Cette impuissance est nécessaire et renvoie à l’impuissance de l’individu, sa très grande solitude face au foisonnement de la société.
C’est ça, pour moi, American Psycho, c’est pas un film jouissif avec du sang.

Idem avec les tueurs en série : j’ai commencé les années 2000 en étant fascinée comme la post-ado que j’étais, j’ai toujours cette fascination mais plus du tout le même regard sur le sujet. Parce que c’est pas trop trop cool de tuer des gens et c’est pas trop trop cool de tuer des femmes.
Et non, les vannes sur Dupont de Ligonnès, je ne trouve vraiment pas ça drôle.

Les victimes principales de toutes ces productions, à part les milliers de mort-es lors des effondrements d’immeubles quand Superman et l’autre se foutent sur la gueule, c’est des femmes. C’est la demoiselle en détresse qui se fait violer ou tuer en début de film pour donner un enjeu à l’histoire. C’est une motivation au personnage jamais vraiment défini. Et si son personnage est défini, elle est froide et brutale “comme un homme” à la Basic Instinct.

Ne pas dépeindre des femmes en dehors de ce scope est dommageable, on le sait.

La représentativité c’est important et la cancel culture c’est de nous priver de nos voix et de décourager notre esprit critique.

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Sans déconner, vous me faites marrer à chouiner dès qu’on signale que ça, oui, ça aussi, c’est misogyne, raciste, transphobe, homophobe, validiste. Est-ce que c’est agréable de voir ce type de contenu absolument partout, totalement validé et encouragé ? Hey ça suffit, on fait semblant de faire une demi blague misandre vous êtes en PLS, les enfants. Pire, on les consomme aussi, ces médias, on les mate, ces films. C’est juste qu’on le fait en connaissance de cause (et que si on s’en tenait à l’acceptable on ne regarderait jamais rien donc on fait un truc de ouf qui s’appelle “faire des concessions”).

Tu sais ce que ces délicieuses pubs Aubade font aux filles et aux femmes ? Tu sais ce que les magazines féminins font aux filles et aux femmes ? On est exposées à des modèles inaccessibles tous le jours, parce qu’il faut avoir un super beau cul et aussi savoir écouter son homme parler pour l’aider. Et les hommes, eux, voient ces modèles et nous demandent pourquoi on est pas comme ça.

Donc non, c’est pas trivial. Des photos de culs et de seins sur les abribus, en 4 par 3, en vidéo, sur les couvertures des magazines, c’est pas une bonne chose. C’est pas puritain de dire ça, non. Les pubs Aubade ne présentent que des bouts de corps de femmes, quand j’étais petite je me suis mis en tête que je devrais ressembler à ça. Et quand ma poitrine a commencé à déborder du 90D règlementaire, j’en ai pleuré parce que personne n’allait plus jamais vouloir de moi. Je sais ne pas être la seule.

Pour le plaisir des yeux des hommes, pour le plaisir qu’ils tirent à voir nos corps mutilés, découpés sur des panneaux lumineux, il se passe quoi ? Au détriment de qui ?

C’est normal d’alerter, de dire que le sexisme commence et continue ici.

Plot Twist : je parle d’Aubade car j’aime beaucoup l’esthétique de leurs photos, tout comme j’adore les nus féminins et les corps féminins en général. Je peux me perdre dans les courbes d’une femme que je trouve belle. Je ne suis pas choquée par la nudité ou les photos érotiques, peu importe qui elles représentent (je me perds aussi chez les hommes). Le problème ne se situe pas ici, je crois. Le problème il est de présenter un corps standard unique, de préférence sans visage, pour vendre des produits et vendre aux gamines l’idée que c’est le but à atteindre. Le problème il est dans l’industrie de la minceur qui profite bien ce ces multiples expositions à ces images lourdement photoshoppées pour se faire des trilliards sur nos gueules.

Le problème, c’est pas le média, c’est tout ce qu’il y a autour. Comment on le présente, comment on le vend, dans quel but, avec quels objectifs ?

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A-t-on filmé American Psycho pour vendre auprès des edgelords ou des quinquas en détresse ? Honnêtement, je le pense, mais je préfère souvent les livres et je dois avouer mon biais. On l’a fait car le livre était sulfureux et que la violence, ça vend. Non, dans la vraie vie, en général, on ne tue pas des gens même si on en a très très envie. Alors on va au ciné voir des gens se faire tuer pour de faux, et il n’y a pas de mal à ça. Le mal, c’est la récupération de ces productions par des personnes qui en font un message de haine à la redpill. Les masculinistes récupèrent (et salissent) tout, c’est obligé que ce film ait été repris au premier degré par la manosphère.

Donc nous on dit “attention” ou “vigilance” et ici commencerait la violence.
“Onpeupurienmontrer dans votre monde aseptisé”
Bah si, en fait. C’est juste qu’il faut réfléchir à l’impact de ce que tu montres. Si ton film est repris et adulé par les incel, c’est qu’il y a un souci quelque part, que ton message a mal été interprété. Et en tant qu’auteur-ice, c’est à toi de faire en sorte de bien formuler ton propos, c’est même la base de ton taff, quoi. Ou alors, je sais pas, on éduque les gens ? On leur apprend à pas TOUT prendre au premier degré ?

Tu sais ce qui me fait rire ? C’est qu’on prête aux féministes à la fois une frigidité pudibonde et une sexualité débridée. On sait pas choisir (et y’a pas vraiment à choisir non plus, d’accord). En gros, on relie tout à notre sexe (au sens neutre : organes génitaux et sexualité). On est puritaines car on a pas envie de voir des culs partout pour vendre de la location de voitures. C’est forcément qu’on aime pas le cul. C’est forcément une histoire sexuelle, pas culturelle. On nous renvoie à notre sexualité pour neutraliser le discours sous-jacent qui est de dire “vous êtes des connards machistes”, on nous renvoie à ça car on ne veut pas entendre la critique du patriarcat. Alors c’est forcément une histoire de cul. Aucune autre explication.

Sauf que le porno féministe existe. La littérature érotique féministe existe. Des personnes couchent avec des personnes et aiment ça. C’est pas une histoire de désir, c’est une histoire de représentation, et je ne me sens pas représentée par une paire de seins sous un abribus, non. Pire, je suis un peu étonnée qu’on vende du cul aux gosses qui passent aussi par cet abribus. Ou pas, parce que le grooming commence tôt, t’as raison.

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La violence des diktats féministes c’est tout ça. Franchement, je serais nous, je ferais pas les fières, on est carrément pas au niveau, bande de Bisounours que nous sommes. Genre réclamer qu’on ne nous tue pas, sans rire, on se croit où ?