5 avril 2023 [Les riches aussi font face à la justice, des fois]

Heures de réveil : mon cher époux a le nez bouché, mais les chats ont remporté la mise à 6h09

Hier on a fait Beigbeder, là je me moque de Donald Trump un peu, on verra où ça nous mène, je sais à peine comment je m’appelle alors bon…

Genius 1er a donc été arrêté et mis en examen hier et il a eu une walk of shame d’anthologie, il semblerait.

“Merde, mes actes ont des conséquences et ma houppette se fait la malle” dit la photo. Serious business, l’intouchable.

Alors oui, oui, il va revenir se la jouer sur les réseaux sociaux, maintenant qu’on lui a rendu les clés. Il va dire qu’il faut rush le Capitole à nouveau, que c’est le terrorisme intellectuel de l’ultragauche comme Gérald D. ou bien qu’il n’a pas peur, mais je te le dis, il a peur.

Je vois la même lueur que Weinstein lors de son procès. L’abattement. Dos au mur, maintenant que les choses se corsent et qu’il faut répondre de ses actes. Merde, ça devient réel, ces conneries.

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C’est pour ça que des gens comme Beigbeder refusent qu’on les critique : ils ont pas l’habitude et c’est très vexant. On peut traiter les femmes en objets sexuels à l’envi, on peut palper gros, on peut se permettre à peu près tout, et c’est comme ça et pas autrement. Imagine la surprise quand ils doivent rendre des comptes !

Je sais que c’est âgiste que de dire ça, mais on dirait des enfants de 5 ans tentant les bobards avant de taper une crise parce que personne n’y croit. C’est âgiste et injuste pour les gosses car à 5 ans, il est encore tout à fait possible de leur apprendre des choses, alors que passé 50, c’est tendu. Enfants > Mecs blancs cis hétéros de plus de 50 ans.

N’empêche, on a un vrai souci d’éducation de nos mecs de 50+ ans. Je pense qu’ils sont totalement foutus, perso. Pas totalement totalement, des fois on a de bonnes surprises, mais ce genre de surprise vient rarement de personnes de l’extrême-droite.

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Le souci, c’est de grandir à huis clos dans son environnement favorisé en pensant que son enfance ou son éducation n’ont rien de particulier. Et j’en veux pas aux enfants de penser que c’est comme ça aussi chez les autres, s’iels ne voient jamais l’extérieur, comment tu veux leur apprendre leurs privilèges ?

C’est quelque chose que j’apprends donc à mon fils. Même si on est pas excessivement fortuné-es, on a beaucoup de chance et de moyens à notre disposition. Ce n’est pas toujours le cas. Certains de ses copains d’école ne vivent sans doute pas la même enfance que lui. Je le sens parfois partir du côté “tout m’est dû” de la Force et c’est mon taff de recadrer.

Alors j’imagine bien les petits gosses de riches, élevés dans la protection, l’impunité, la facilité sans jamais manquer de rien. Faut pas être Françoise Dolto.

Pardon j’ai mis un point par réflexe parce qu’il ne faut pas être Françoise Dolto, ce que je voulais dire c’est qu’il ne fallait pas être Françoise Dolto pour capter que ça nous rend des adultes on ne peut plus dysfonctionnels.

Je parle bien ici uniquement des droitards nés et élevés par la bourgeoisie, on peut complètement devenir de droite en étant né dans la dèche. C’est juste que les premiers atteignent bien plus souvent de hautes fonctions que les seconds et sont donc bien plus nocifs.

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Tiens, je sais ce que je vais faire : enfin lire le livre de Mary Trump “Trop et jamais assez” où elle parle de l’abruti qui porte le même nom qu’elle. Si ça se trouve on aura une fiche de lecture et tout, mais je l’ai pris en anglais il me semble donc ça va réclamer quelques efforts.

“Trop et jamais assez” est un bon titre, en tout cas. En avoir trop et jamais assez caractérise terriblement bien ce type de personne gavée de privilèges qui ne connaît ni la honte, ni l’introspection.

Le pire, c’est qu’on les encourage. Ils sont souvent admirés par les personnes envieuses de leur style de vie. Regarde la fascination qu’exercent sur nous les enfants de stars ! Ça nous renvoie à nos limitations personnelles, aux injustices et privations avec lesquelles nous sommes né-es. Quand une personne a beaucoup de trucs, tu vois qu’elle a des trucs, alors toi aussi tu veux des trucs (Oui, j’ai encore la chanson “Je possède des thunes” en tête depuis tout ce temps) et c’est parfaitement normal de vouloir des trucs, surtout s’il s’agit de trucs genre manger ou s’habiller ou des soins médicaux ou des parents.

Donc toi, t’en chies ta race, et t’as le gosse de riche qui vient se la péter en face de toi. Tu fais quoi ? Tu penses quoi ? Moi, je pense à la redistribution des ressources et à manger les riches mais je suis trop politisée pour ce monde de merde. Quand tu es moins politisé-e, tu veux pareil alors que c’est mathématiquement impossible que tout le monde soit millionnaire. Le capitalisme a besoin de ses pauvres parce que ce sont euxlles qui travaillent et génèrent le capital façon hamster dans sa roue qui veut atteindre sa petite récompense après avoir bien couru en vain. La précarité les enrichit, ces gens font leur beurre sur les inégalités qu’ils entretiennent.

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L’exemple contemporain le plus frappant est la ruée vers les “pump and dump” des cryptomonnaies ou les MLM. Tu es arrivé en premier dans la niche, tu as beaucoup gagné, tu revends ton secret aux autres sans préciser que “premier arrivé, premier servi”. Les premières strates de ta pyramides vont témoigner que tu es un super coach, toutes les autres vont perdre de l’argent en t’enrichissant.

Le “pump and dump” c’est, en gros, trouver un filon et faire artificiellement grimper ou descendre le cours de ta crypto. Genre Elon Truk qui va parler du Dogecoin en prime time et le faire s’envoler, avant l’inexorable chute. Aux premiers les gros gains, aux autres le bec dans l’eau. La finance c’est pas comme la connerie : il y a une réserve limitée.

C’est injuste et pourri, on est bien d’accord. Pour moi, vouloir devenir millionnaire à tout prix lorsqu’on est pas né-e riche c’est accepter consciemment d’enjamber les autres dans la course au pognon. On parle de traîtrise de classe mais…bah je peux comprendre, en fait. On est bercé-es par les récits de réussite extraordinaire via tous les médias, la richesse est toujours connotée positivement, et lorsqu’elle “va trop loin” c’est en général un “parvenu” qui fait les frais de la critique. Surtout, ce sont eux qui vont réellement en prison.

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Mais on nous fait vivre avec l’espoir. Parce que le jour où tout le monde réalisera l’entourloupe, ça se passera un petit peu moins bien pour les bourgeois.

Si tout le monde vivait de la même manière qu’un Trump, le réchauffement climatique serait déjà à +45°C. Seule une minorité peut se permettre de cramer la chandelle par les deux bouts, donc elle se la joue vie de luxe nananère sur Instagram.

C’est ça, les modèles qu’on nous vend. Des personnes sans respect ni allure qui consomment plus que nous ne le pourrons jamais au cours de nos vies. Et si tu es sage, si tu travailles dur, qu’on te dit, la richesse sera aussi à toi.

La “méritocratie” n’existe que pour les pauvres et elle favorise souvent les personnes sans scrupules. Pour gagner gros, faut arnaquer à ton tour.

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Ne serais-je qu’une grosse rageuse frustrée ?
Absolument pas.
Mes besoins sont limités, sauf pour les bouquins qu’on en a trop mais jamais assez. J’ai pas envie de vacances à Dubaï ou de bijoux en ronce de platine 24 carats. En revanche, tu vois, ça me plairait bien que tout le monde ait le minimum vital, pour commencer. Un toit, un frigo plein, un revenu, des services de qualité, une médecine abordable. Quand tout le monde aura le minimum, on pourra causer. Mon regard va “vers le bas”, si on veut. Rien à foutre des jets privés si ma voisine ne mange pas à sa faim.

Quand tu es né-e dans l’opulence, tu n’as pas forcément le réflexe de regarder les autres, parce que tu as tout ce dont tu as besoin et plus encore. La personne qui lave tes vitres est une entité sans prénom qui fait partie des meubles. Jamais tu ne te demande comment c’est, chez elle, parce que personne ne t’a jamais appris que, chez les autres, c’était ptet pas comme ça.

Ces gens sont nés et on été élevés là dedans. Ils ont été éduqués avec des personnes comme eux jusqu’à leur entrée dans la vie active et n’ont jamais foutu un pied ailleurs que dans leur entresoi. Ils ont l’illusion que tout est totalement normal, équilibré et juste.

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Du coup, quand ça tourne mal, la surprise.

Personne ne leur a jamais dit que la justice pouvait éventuellement les rattraper. Leurs petits méfaits ont souvent été gérés par papa, maman et leurs avocats. Le sentiment d’impunité ne se construit pas tout seul. Le jour où ça part en gonades, ils sont totalement perdus, tout assurés qu’ils sont de ne jamais avoir à répondre de leurs actes.

L’affaire Alex Murdaugh est une preuve éclatante de cette gestion de crise transgénérationnelle qui mène à la mort.

Alex Murdaugh est un avocat, fils d’avocat, petit fils d’avocat. La famille a toujours eu du prestige et tout le merdier, aussi, lorsque le jeune Stephen Smith, 19 ans, trouve la mort dans des conditions suspectes, on protège le chérubin, Buster, qui fait partie de la liste de suspects. Le second chérubin, l’autre enfant d’Alex, fait le con en bateau et provoque la mort de Mallory, 19 ans, mais n’est pas inquiété plus que ça. Juste avant, la fidèle employée de maison a fait un triple salto arrière dans les escaliers de la demeure. Des accidents, pas de bol.

Sauf que lorsque l’étau se resserre (ça fait quand même pas mal de trucs sous le tapis), Alex décide d’en finir. Comme tout bon patriarche, il ne se suicidera pas tout seul, non. Il prend d’abord la vie de Paul, puis de sa femme, avant de faire quelques mois plus tard son Jean-Claude Roman “oups je sais soudainement plus viser mais je te jure, je voulais mettre fin à mes jours” lorsqu’il réalise que ça ne suffit pas de tuer des gens. Tuer des gens c’est même un très bon moyen d’aller en prison.

Le verdict est tombé très récemment : prison à vie pour Alex Murdaugh.

Mais jusqu’au bout, il a pensé s’en sortir. No way. Papa et papi ont toujours couvert ses frasques, sauf que là, ils ne sont plus là pour gérer donc c’est la merde car personne ne t’a appris la décence. On ne règle pas ses problèmes en tuant des gens, chaton, normalement tu es sensé le savoir, non ? Bah visiblement, non.

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Alors ça me fait sourire, de voir Trump en difficultés. D’un coup, il découvre que la justice s’applique à tout le monde, lui y compris.

Nan, ça me fait pas juste sourire, j’avoue, je jubile un peu. Même s’il s’en sort, on sait jamais, la honte se lit enfin sur son visage de cire.

Juste ça, c’est pas mal.