7 janvier 2021

Heure de réveil : 4h11 (l’appel de la croquette)
Teasing : ce billet parle de ma vie et de la page

Depuis hier je vis une situation un peu hallucinante. Et je dis ça, j’ai déjà eu des hallucinations.

Je veux sponsoriser mon article sur les violences conjugales, pas parce que je suis la Duchesse des internettes, juste parce que vous avez été plusieurs à me dire que ça vous avait fait du bien, mais tout ça j’ai raconté hier.

Mention de Facebook ou “FB” dans un billet : pub rejetée automatiquement. La base. On parle pas de Facebook sur Facebook.
Présence de mots genre “connard” (chier et cul passent, à priori) : rejet.

Alors j’édite mon billet, je suis pas bête haha.

Mais non.

“Contenu concernant des enjeux politiques et sociaux”

Donc pour poster un article sur les violences conjugales afin d’apporter de l’aide aux victimes et à leur proches, voilà comment ça se passe, très concrètement :

– Je dois faire certifier l’identité qui se cache derrière ma page.
– Je retire un de mes noms pour “coller” avec ce qui a sur la CNI, malgré envoi du livret de famille
– Je me dis que j’ai de la chance de ne pas avoir de deadname ou de harceleur violent, dis.
– Mon compte perso est certifié, je peux le relier à la page.
– Ah, maintenant je dois certifier aussi la page, merde.
– Double authentification, normal.
– Je suis obligée de recevoir l’appel d’un bot pour avoir un premier code. Je rentre le code.
– La mention “financé par” [insère mon nom] apparaîtra. Heu…non…on met pas mon nom…
– On me demande une adresse mail @corporate (c’est à dire pas une adresse @gmail.fr ou @hotmail.fr, une adresse mail reliée à un site internet existant.
– Mon blog existe avec son nom de domaine (aucreuxdemoname.fr si ça te tente).
– Je crée une adresse mail chez mon hébergeur, je redirige les envois correctement parce que je suis psychorigide.
– On m’envoie un second code, que je rentre.
– Ah, on me demande…une adresse postale.
– Cette adresse postale sera “visible 7 ans sur la plateforme machin”
– Et ta raison sociale, au fait ?

Tout ça dans le cadre d’une politique purement étazunienne, car, j’ai regardé, la France ne fait pas partie des pays qui réclament ce genre de documents.

Du coup, que mon adresse perso soit visible…j’ai beau assumer mes idées, j’ai un enfant et je m’en voudrais toute ma vie s’il se passait “quelque chose”. Alors je vais prendre une boîte postale, tu vois.

Mais, hey, de toutes façons, je n’ai pas de “raison sociale”, je ne suis pas une entreprise ni une association, je sais que ça va pas passer.

Je te rappelle le début de ce pavé ?

“Je veux sponsoriser mon article sur les violences conjugales”

Je veux pas organiser l’insurrection financée par Soros (c’est demain, ça), je veux diffuser un texte et filer de la thune pour ça. Les violences conjugales, visiblement, ça fait partie des “opinions” et ça me rend ouf.

Oui, le combat est politique. Mais heu…enfin…l’objectif est pas de conquérir le monde, il est d’aider des femmes à sauver leur pe…ah. Oh. Ok. Ouais, c’est politique, de vouloir nous laisser aux mains de nos bourreaux. T’as raison, c’est politique.

🐇🐇🐇

Une immense chape de désespoir s’est abattue sur mes épaules, hier, et je suis absolument sérieuse, hélas. J’ai mal choisi mon camp, être faf c’est vachement plus simple : tu réfléchis pas, tu obéis, en plus t’es dans le camp de la thune.

Mais j ‘aime bien mon humanité, tsé, plutôt crever que de changer de bord par facilité (rep à sa, [nom de politique retourneur de veste]).

Là où c’est plus pervers, c’est que même s’il est modeste, le compteur de vues s’est emballé sur ce billet, et en vrai je suis pétée de trouille. J’ai fait une vraie grosse crise d’angoisse hier à ce sujet.

J’ai eu envie d’effacer cette page, de reprendre ma vie comme “avant” et d’oublier tout ça pour retourner dans ma médiocrité. Bien profond t’as une voix qui me répète que je suis une arrogante petite merde. Prétentieuse. Qui fait semblant de tout savoir alors que, regarde, elle est en PLS en voyant que son billet a été vu 5000 fois.

Je suis persuadée que la moindre de mes virgules est un indice flagrant de ma bêtise.

Des années de TCC m’ont néanmoins aussi appris que cette “voix” peut bien aller se faire foutre, d’ailleurs elle est moins virulente qu’avant. Je sais que je ne suis pas dans le rationnel et juste dans la peur.

🦄🦄🦄

Mais tu vois, en teasing du billet j’ai écrit ça sans réfléchir :
“Teasing : billet un peu perso, tu peux zapper si tu veux ”

NE ME LIS PAS ! 🤦‍♀️
SURTOUT NE ME LIS PAS !
Mais qu’elle est bête…

Bon, au moins, maintenant j’identifie au lieu de me saboter bêtement comme à chaque projet que je démarre. J’ai failli saboter cette page 4 fois jusqu’à présent. Et (normalement) tu es toujours là. Si tu me lis c’est que t’es là, oui.

C’est compliqué d’être folle, j’te jure. J’ai un côté bien barré que j’ai cerné depuis plusieurs années, Avec le temps, je le comprends mieux, ce petit troll. Mais la route reste longue.

J’ai pas eu une enfance malheureuse, si on fait de la psychologie de comptoir. Enfin, si, il m’est arrivé des trucs traumatisants mais globalement, je m’en sors plutôt pas trop mal (Juste là dessus je sais que les potes vont hurler). Je fonctionne à peu près correctement, je me lève, j’écris, je m’occupe de mon enfant pour l’envoyer à l’école, je bois du café, je fais un semblant de ménage et je tourne en rond en m’interdisant de dessiner parce que je ne le mérite pas en attendant d’aller récupérer la progéniture.

Là tu vois quand même le résultat d’années à être rabaissée en permanence. Un des trucs de ma mamie, que j’aime fort, hein, ça a été de dire “Elle est [insérer qualité], faut pas lui dire sinon elle va devenir arrogante”. J’avais 9,65/10 de moyenne en primaire, j’étais souvent seconde car première ex aequo avec une fille dont le nom commençait par la lettre B. Mais j’étais seconde. L’ordre alphabétique n’a pas de prise sur ma mamie. Fallait que je reste humble, et quoi de plus simple que de saper la confiance en elle d’une petite fille qui est déjà maltraitée chez elle par un pervers ?

Oui, j’avais dit, c’est un billet où je parle de moi.
Ah merde j’ai pas remis le teasing, attends.

Voilà

🐣🐣🐣

On a un gros souci avec l’éducation de nos filles, ouais. J’ai été bâtie, détruite à coups de masses, et rebâtie avec des exigences plus modestes.

Pis surtout, on a toujours dit que je bavardais, que je causais trop, que j’étais trop expressive. Alors pendant 30 ans, j’ai tout essayé pour fermer ma gueule. Juste, tais-toi.
Et ça me rendait hyper malheureuse, bien sûr.
“Tais-toi, ramène pas ta science” quand je réponds premier degré à quelque chose qui ne l’est pas.
“Mais qu’est-ce que tu racontes, t’es complètement tarée !” quand je me laissais un peu aller à raconter ce que je pensais vraiment de telle ou telle situation.

Pis on me remarquait, dans la rue, alors fallait m’habiller de manière moins voyante. Ne pas attirer l’attention. Tracer ma route, vivre ma vie, dans le silence et l’invisibilité, comme une Vraie Femme.

Avec les années, je me suis mise à écrire, internet m’a offert un anonymat salvateur. Côté look, j’ai jamais pu longtemps me fondre dans la masse, soyons honnête. Et j’ai tenté, le tailleur-ballerines, j’ai tenté. L’enfer¹

Je me suis rendu compte, y’a un moment, que je pouvais saboter “la voix” qui me sabote. Par exemple en me faisant faire tatouer tout l’avant bras, main comprise. Ah bah là, la voix, elle peut gueuler, c’est trop tard !

Petit à petit, j’ai des audaces qui passent la douane. J’ai appris à faire ça, mais cette putain de voix gueule toujours. Elle ne supporte pas que je m’en sorte comme ça, je la comprends, c’est gonflant, je relève la tête à chaque fois.
C’est donc une lutte un peu constante.

Comme le fait que ça gueule “Ferme cette page, tout le monde s’en fout, de ta vie, tu crois quoi ?” chaque, oui, chaque matin. Elle parvient même à neutraliser les commentaires positifs en me soufflant que ce sont mes proches qui font ça pour me rassurer.

JE SAIS
Je sais que tu as la même voix, on l’a toustes.

🦁🦁🦁

D’ailleurs, ce billet, c’est n’importe quoi, un peu.

En vrai je suis épuisée.

Comme je le disais, je suis pas mal fonctionnelle. Donc même épuisée émotionnellement, j’ai pas de bouton stop, personne ne m’a non plus appris à en avoir. Je continue. Même dans mes pires moments de crise en phase dépressive je vide le lave-vaisselle. Même en ayant des idées extrêmement noires, je vais chercher mon fils à l’école. J’ai passé des journées entières de boulot à fantasmer ma mort. Tout en bossant absolument normalement.

Pis tu veux dire quoi ?
“Ça va ?
– Non, j’ai envie de crever”

Alors…j’ai tenté une fois. Pour voir. On va résumer en disant que cela n’a pas été très concluant (J’ai été obligée de passer de longues minutes à rassurer et consoler ma collègue parce que je n’allais pas bien et qu’elle m’a demandé pourquoi) (La liste est longue en réalité). Un jour, j’ai tenté de dire que j’étais bipolaire. Le silence a été glaçant.

A part dans mes moments d’épuisement physique, je continue d’avancer. Mon salon est un peu moins propre. Les choses un peu moins bien rangées. Mais tout le monde, très proches mis-es à part, se fait berner par ma joie de vivre alors que je suis mentalement en PLS depuis des jours, voire des semaines.

Bref.

Hier mon bassin, oui, l’ensemble d’os et d’articulations, a décidé de lâcher. Paf. J’ai posé un pied au sol et la douleur m’a foudroyée.
10 mn après je vidais le lave-vaisselle et je réceptionnais le colis de précieuses croquettes de 12kg avant de tout ranger.

Comme je m’étais toujours pas résignée, l’autre hanche a fait “Klonk”.

Je dois l’avouer, oui, j’ai juré, et pas qu’un peu.

🐸🐸🐸

Mon corps lâche quand l’esprit ne le veut pas. Ça a toujours été comme ça. Dans les périodes de très gros stress, parfois, je finis totalement inapte à faire quoi que ce soit.
Je me suis déjà réveillée un matin d’anniversaire totalement “paralysée” (paresthésies, en gros engourdissement des membres et perte de sensation, c’est pas une paralysie à proprement parler mais c’est bien flippant quand tu ne t’y attends pas).

Avec le recul je sais pourquoi j’ai eu cette incapacité à bouger. C’était mon anniversaire, tout le monde voulait faire un “gros truc” et on m’a vendu un pique nique loin alors que tout ce dont j’avais envie était de me rouler en boule à la maison (j’étais en phase dépressive encore).
La tension a commencé à monter quand on m’a dit “On fait quoi pour ton anniv ?”, a continué avec les diverses questions, et a fini par exploser quand on s’est mis d’accord sur un pique-nique (idée du tocard dont je parlais hier, en plus, et à l’époque je “savais” déjà. Sa compagne ne le savais pas encore, moi oui, je les reconnais).
J’ai dit oui uniquement parce que tout le monde avait l’air super content de l’idée. En dedans moi, le terme de PLS ne rendrait pas hommage à la pure terreur qui m’a accompagnée, jusqu’à cette manifestation physique si commode.

Parce que tout le côté “pas envie” n’était pas conscient jusqu’ici. J’ai suivi le mouvement, en disant oui oui, en le pensant aussi, mais j’étais vaguement mal à l’aise. J’aurais dû m’écouter et c’est ce que je fais un peu plus. Mais du coup je sors plus 😅

🦋🦋🦋

Donc là, mon corps me pose un STOP.

Hey, mes doigts fonctionnent encore, eux (pour le moment ! POUR LE MOMENT !) donc c’est pas la fin des Monologues hein, t’en fais pas².

Faut juste que j’arrive à me reposer un peu. Psychologiquement. Je risque de faire des billets moins lourds durant les prochains jours aussi, parce que j’ai écrit deux trois billets assez “puissants” et personnels et que ça fait quand même quelque chose que d’écrire à travers ses larmes. Je n’ai pas vraiment conscience de ce que tu ressens en lisant un de ces billets, mais moi ça me vide de ma substance. Totalement.
Je mets parfois plusieurs jours à me “remettre” d’un billet (et ça se voit si tu suis la chronologie des posts).

Je dis ça, tu vas voir que demain je vais encore plomber l’ambiance avec du sang, de la mort, du glauque et des appels à l’insurrection 😃

Cette page est politique, après tout.
Rentabilisons-là.

PS : mon Trump du jour est qualifié d’insurrectionnel et ça commence à être la merde, on dirait…c’est tout pour la revue de presse du jour.

1. Oui j’ai des photos, non tu ne les verras pas. [↩]
2. On est en mai 2022 et j’ai pas abandonné [↩]