Heure de réveil : 4h09 (chat vs épuisement)
⚠ Spoil d’Agathe Christie
TW : évocation de crimes (zéro description).
Hier avec le Sex Boat j’ai fait plein de vues, je vais mettre sex dans tous mes billets maintenant :
– Sex on the beach : attention aux irritations !
– Sex machine : comment séparer James Brown de l’artiste ?
– Sex Friends : les rumeurs sur les coucheries dans le casting de la série sont-elles fondées ?
– Sex and the City : de la méreprésentation de la féminité en milieu urbain.
– Sex wax : comment le mot sexe fait aussi vendre des produits aux surfeurs
– Sex crimes : Ah ouais non ça va on en parle déjà ici.
J’hésite entre plusieurs idées, je vais faire un tour et je reviens ♥
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Ok en fait j’ai pris ni l’une ni l’autre ni l’autre. Ce matin, je vais te parler d’un sale type, d’un type que même une pacifiste comme moi a envie d’étriper. Ce sale type est mort (il meurt vers la fin du billet #teasing) mais l’histoire est épique. Non, en vrai l’histoire est super rageante mais se termine “bien”.
Ken Rex McElroy est la personne dont je vais parler.
Y’a donc vraiment des gens pour appeler leurs enfants “Rex” ? Genre là j’appelle mon fils “Mistigri” et ça passe ? Tout est dans le prénom en plus : rex, c’est le roi, le chef, celui qui décide, le monde va voir ce qu’il va voir.
Né en 1934 dans le Kansas, état que je ne sais absolument pas situer sur une carte de l’Amérique du Nord, vivant à Skidmore, Missouri, Ken était 15/16 dans la fratrie. 16 enfants. Je sais pas, les très grands nombres on a toujours du mal à visualiser, genre 1 milliard d’argent, 1 année lumière, 16 enfants, c’est ptet normal.
T’imagines, accoucher 16 fois chez toi dans les années 20/30 ? 😱
C’est ce que l’état du Texas veut accomplir en impossibilisant l’IVG, histoire qu’on puisse retrouver les sensations des glorieuses années 30, je présume.
Du coup, en grandissant, Ken Rex (je vais devoir trouver un autre nom, j’arrête pas de pouffer de rire avec celui-ci, contrôle-toi, meuf !) fera 10+ enfants, sauf qu’il s’en fout, lui, il accouche pas. Par contre, il est violent mais il plaît aux filles. Donc heu…il est ensuite violent avec les femmes ?
Gagné !
Par contre t’as rien gagné, elle était facile.
⚡⚡⚡
Ce type commence sa carrière de criminel à 13 ans et arrête l’école à 15. C’est pas un type bien et tu t’en doutes parce que j’en parle pas vraiment respectueusement, même si je fais ce que je peux. Nan, je fais pas ce que je peux, ce type est un connard fini.
Comme d’habitude, il commence par des vols, puis escalade doucement vers la ravine où finissent un peu tous ces mecs : la violence envers les femmes.
Sa dernière épouse avait 12 ans (j’ai une source qui dit 14), lui, 23 de plus, soit presque deux fois son âge. J’ai rien contre les coups de foudre romantiques mais dans le cas qui nous intéresse, il n’y a rien de romantique.
Il reste à Skidmore (440 habitant-es) toute sa vie, transformant le quotidien de cette petite ville en véritable enfer. Vindicatif, irrespectueux de tout, c’est comme un enfant face à une pyramide de LEGO : il veut tout piétiner et être le REX DU MONDE.
Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, il va vivre toute sa vie dans l’impunité. Bénéficiant d’une chance incroyable, d’un vice de procédure, il échappera à 21 accusations. VINGT ET UNES 🤨
Du coup, à chaque preuve d’impunité (une non-sanction) il prend la confiance en plus de l’escalade criminelle habituelle. Il prend bien la confiance dans le sens où il se permet de faire ses conneries en pleine lumière avec des majeurs tendus imprimés sur sa rétine.
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Tu te souviens de la fille de 12 ans qu’il a “épousée” ? Ben elle aura son premier enfant à 14 ans et tentera ensuite de revenir chez ses parents. Parce que son “mari” est un type notoirement violent et toxique.
A mon avis, ça va mal tourner, mais je connais l’histoire, je triche.
Il ne va pas QUE la récupérer. Il va la récupérer, abattre le chien de la famille et brûler la maison. OUAICHE.
Pour le coup, les forces répressives ont fait leur taff, Trena et l’enfant sont mis à l’abri. Mais Ken Rex Mon Cul va trouver le refuge et continuer à harceler Trena, notamment en s’asseyant des heures devant le foyer pour l’intimider.
L’intimidation, c’est la clef de voûte de tout son système. Il intimide les potentiels témoins de ses crimes et délits, et pas délicatement à coup de bouquets de fleurs et de boîtes de chocolats, ou alors lestés avec des briques. Forcément, si un type abat le chien de tes voisins avant d’y foutre le feu, t’as pas tendance à te dire que tu vas l’inviter prochainement à ta réunion Tupperware, si tu vois ce que je veux dire.
Il intimide aussi car le crime paye, pour lui, et qu’il s’est offert un superavocat réputé pour ses nombreuses victoires au tribunal pour remettre des criminels dehors dans le vent.
Sa PREMIERE condamnation date de milleneufcentfuckingquatrevingt (1980). Une de ses filles est accusée d’avoir volé des bonbons. Parfaitement outré, Ken Rex McElroy va au magasin de bonbons avec un fusil à pompe. Il tirera sur le tenancier de 70 ans, qui survivra. D’un coup de shotgun dans la nuque.
Habile, le procureur sait qu’il va avoir du mal à jouer le “tentative de meurtre” avec le superavocat de McElroy, il tente donc le “agression” et gagne !!!
🥳🥳🥳
Oui enfin voilà, une peine pour agression c’est pas non plus la panacée pour la petite ville de Skidmore, tout le monde sait bien qu’il va sortir, et pas plus tard que maintenant car Rex paie la caution. Il est condamné à deux ans, seulement, et paiera 40 000$ pour sortir en attendant son appel. Le crime paye, fig.374.
Le mec a “agressé” trop de femmes, trop d’enfants (et oui), il sème la panique dans la ville depuis des années en s’en sortant à chaque fois. Encore une fois, il est libéré et les gens on en raz le cul.
Non parce que j’ai pas détaillé les 21 “oups”, mais c’est lourd. Comment on fait pour s’en sortir aussi facilement ? La chance, déjà, parce qu’il y a toujours le petit détail qui sauve. Genre le propriétaire du magasin de bonbons qui survit miraculeusement à l’attaque. L’avocat qui sait bien faire son job, ensuite. L’intimidation de témoins, on l’a déjà mentionnée, et la tactique du “Non, c’est pas moi, j’ai un alibi, j’étais au cinéma, ces deux personnes que je n’ai ni menacées ni soudoyées en attesteront pour moi.”
J’ai pas tout le détail et je pense que c’est chiant de tout lister, mais il :
– a tiré deux fois sur un voisin qui l’avait invité à tester des armes ou à tirer sur des bouteilles, un truc du genre.
– agressions d’enfants, agressions d’enfants, agressions d’enfants
– a cambriolé plein d’endroits
– a cramé plein d’endroits
– est devenu un agresseurs sexuel de très belle catégorie, entre ses épouses mineures (le mariage lui a évité des ennuis, et ouais, si tu obliges ta victime à t’épouser, tu ne la violes plus, techniquement)(on est dans les années 1613, le viol conjugal n’est pas encore envisageable)
🇺🇸 “His attorney, Richard McFadin, said he routinely defended McElroy in three or four felonies a year.”
🇫🇷 “Son avocat, Richard McFadin, a déclaré qu’il défendait régulièrement McElroy pour trois ou quatre délits par an.”
https://web.archive.org/web/20100901203623/http://www.mcclatchydc.com/2010/08/29/99817/3-decades-on-who-killed-skidmores.html
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Du coup, les résidents de Skidmore ne savent plus quoi faire. Ou, plutôt, si, ils savent tous, individuellement, ce qu’il faut faire. Une réunion informelle de 40 à 70 hommes se tient, et là on peut assister en différé à la transformation d’une idée abstraite en assassinat bien réel.
🇺🇸 “To the people of Skidmore, McElroy’s continued presence was inexplicable. Time and again, the law had failed to protect them from a violent, abusive man who had stolen from them, raped them, terrorized them in their homes, and fired guns in the hopes of killing them. There was no predicting what kind of pain he could inflict before he was sent to jail. And that assumed he’d wind up there at all.”
🇫🇷 “Pour les habitants de Skidmore, la présence continue de McElroy était incompréhensible. À maintes reprises, la loi n’avait pas réussi à les protéger d’un homme violent et abusif qui les avait volés, violés, terrorisés dans leurs maisons et qui avait tiré avec des armes à feu dans l’espoir de les tuer. On ne pouvait pas prévoir le genre de dégâts qu’il pouvait infliger avant d’être envoyé en prison. Et cela supposait qu’il y soit envoyé.”
https://www.mentalfloss.com/article/574749/ken-mcelroy-murder-skidmore-missouri
Ouais, ils étaient parvenus à la même conclusion chacun de leur côté : faut abattre le mouton noir sinon il va tout cramer. Lorsqu’ils constatent que finalement leur idée individuelle était pas si irréalisable, ils concoctent un plan relativement simple : on le coince dans sa voiture, on l’abat, on se casse.
Le Crime de l’Orient Express du Missouri.
C’est donc exactement ce qui va se passer : une trentaine de personnes se poste sur son chemin et là j’ai plusieurs versions différentes (c’est un peu le souci ici, j’ai trouzmille sources) mais en gros Ken Rex de ses Grands Morts n’est plus.
…et personne ne sera inculpé. Trop de monde sur place, beaucoup de témoins potentiels qui n’ont rien vu ni entendu. La dilution de la responsabilité en action.
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On reste un peu sur les dynamiques de groupe, là, t’as vu ? T’imagines comment un type lambda se retrouve parmi une foule meurtrière et qui tire lui aussi ? Vu les photos de la voiture, on a eu BEAUCOUP de coups de feu. Trena, passée de victime à complice en l’espace de quelques années de maltraitances extrêmes, est sur le siège passager. On la fait descendre après le premier coup de feu pour ne pas la blesser (même si elle a bien pris le pli et a fait peur à nombre d’entre eux)(Elle obtiendra réparation avec 17 000$ de la ville), et chacun donne un coup.
Si tu ne connais pas le Crime de l’Orient Express (ça arrive), c’est une enquête d’Hercule Poirot écrite par Agatha Christie qui se déroule dans un train, enquête dont je viens de te spoiler absolument toute l’intrigue 🙃
Si tu as 30 personnes autour d’une voiture. 30 personnes armées. Comment savoir avec certitude qui a tiré le premier et qui a tiré le coup fatal avec autant de monde sur la scène de crime ? C’est le problème inverse à celui auquel sont confronté-es les enquêteurices : il y a trop de suspects.
Il y a trop de suspects, et…même si il semblerait qu’on ait pu avoir une petite idée de qui a tué, on va dire que les forces de police n’ont pas fait leur max pour foutre en taule le péon qui a sauvé la tranquillité de la ville. Personne n’a vendu la mèche depuis 1981.
“Mais quel dommage, nous ne trouverons jamais qui a fait ça…🤫”
L’histoire est assez intéressante à creuser, je t’invite à mater ce que tu peux sur le sujet, il y a eu une série documentaire sur une chaîne dont j’oublie le nom.
🍘🍘🍘
Je ne sais pas quel a été ton premier réflexe mais moi je me suis dit “bien fait !” parce que le méchant était enfin mis hors d’état de nuire.
Ensuite, je me suis souvenue que j’étais contre la peine de mort dans absolument tous les cas. Oui. Je n’assimile pas la peine de mort à la justice mais à la vengeance et la vengeance est un outil dangereux.
Après tout, il a été exécuté à l’arrache dans son camion par des gens. Et c’est crade, en fait. Passé ce premier réflexe de “la justice est rétablie” je suis au stade “la peine de mort en milieu urbain oklm ?”.
Je ne vais pas te mentir : je ressens toujours cette micro-satisfaction, comme quand les méchants meurent. Je pense que c’est normal, surtout dans cette histoire : le mec a nui a toute une ville durant des décennies, en toute impunité. Je ne peux pas me dire triste, affectée, compassionnelle, parce que je ne le suis pas. Je conchie ce connard.
Mais j’ai ce goût, là, dans l’arrière-gorge, tu sais ?
Déjà, je me dis que ce type a échappé à 21 inculpations, quoi, merde, c’est qu’il y a un souci quelque part, non ? On l’a laissé intimider les témoins et sortir sous caution, on le laisse épouser des filles de 12/14 ans, lorsqu’on place Trena en foyer avec son bébé, comment se fait-il que personne ne capte qu’il a retrouvé l’adresse et qu’il est là, devant la maison, chaque jour ?
L’impunité, elle ne vient pas par magie, elle est portée par un système, et dans le cas de Trena, elle est portée par un système sexiste où les femmes sont vues comme des usines à bébés. Personne ne l’a jamais vraiment protégée? Pire ,sa tentative d’évasion a coûté la vie à son chien et purifié la maison de ses parents par le feu. J’ai lu et entendu des propos assez durs la concernant. “Complice”. Complice mon cul, elle a été dressée, comme tant d’autres. Elle n’est pas passée de victime à complice par magie.
J’ai pas été dans le détail sur ce qu’il a commis au niveau sexuel et si tu es sensible sur le sujet, n’y va pas parce que c’est moche.
Mais il est plus souvent inculpé pour des atteintes à la propriété d’autrui (vol, incendie…) que pour des agressions sexuelles. On est dans les années 50-80 je sais, mais merde. Tu vois bien les priorités des gens.
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Du coup c’est chiant, ma conscience politique ruine un peu ma “happy end” mais elle est là pour ça (ma conscience politique, pas ma happy end).
Cette histoire ne fait que poser des questions.
💥 Comment peut-on passer 30 ans à faire chier le monde sans problème ? Moi aussi je veux ça ! Non ? Non.
💥 L’affaire aurait-elle été différente si Kenny Boy avait été incarcéré ? Ou alors aurait-il juste fait des allers-retours en prison en devenant plus violent à chaque fois ?
💥 Tuer un “monstre” est-il loyal ?
💥 Si toute une foule tire en même temps, qui est responsable de la mort ? Tout le monde ? Personne ?
💥 Peut-on dire d’une femme sous emprise qu’elle est complice ? (cf. affaire de la famille Ogata, j’ai envie d’en parler depuis un moment mais l’histoire est excessivement atroce)
💥 Quelle tolérance est nécessaire pour fermer les yeux sur cette affaire ?
💥 Est-ce que tout est bien qui finit bien ou alors on est dans un cauchemar éthique ?
Je sais pas pour toi, mais moi je suis dans un cauchemar éthique, totalement. Le mec est franchement détestable à chaque étage de sa personne, en plus il s’en sort tout le temps !
Y’a de quoi rager. Et ça me rappelle un truc, dans une moindre mesure.
On a eu des voisins atroces pendant quelques années, ils ont fini par être expulsés. Je suis contre les expulsions, de toutes les fibres de mon âme, mais ça faisait 5 ans sans loyer, parfois du sang dans la cage d’escaliers, des hurlements et des bastons, du jet d’affaires par la fenêtre et la BAC chaque semaine. Allez, j’exagère. Une fois toutes les deux semaines.
C’était tendu mais je connaissais bien le voisin avant qu’il sombre, donc je ne me suis pas vraiment sentie menacée. J’ai en revanche un peu mal vécu de devoir empêcher mon fils grimper les étages à 4 pattes parce qu’il y avait des mégots, des mares de vodka et du sang par terre. Notre vie a été franchement compliquée pendant des années sans que rien ne se passe. Jusqu’à l’expulsion.
Donc moi, en moi-même, j’étais contente d’envisager enfin un peu de calme, mais j’étais furieuse qu’on expulse des gens. J’ai vu pour la première fois de ma vie une porte anti-squatt et ça m’a collé la gerbe. Ouais mais on dormait la nuit. Ma réflexion petite-bourgeoise sur “la paix chez nous” et ma conscience politique ont résolu la question : les expulsions sont hors du cadre de mon éthique personnelle. Et j’ai admis que oui, j’étais dégoûtée qu’ils aient été expulsés et que c’était plus fort que mon individualisme.
Ouais mais j’ai pu dorm…
Ah non j’avais un gosse, c’est vrai 🤔