Heures de réveil : 2h14, 3h40, 4h49 (ankylose, ankylose, chats)
TW : Ă©vocation de chenille qui me trigger as fuck donc je mets un TW, balisĂ© par ⚠ dans le texte. Pas de description, j’en suis incapable, vu que ça me trigger.

Ouais je fais des nuits somptueuses en ce moment, tavu ?

Je suis dans une phase un peu surrĂ©aliste, avec une impression d’Ă©trangetĂ©. C’est fatiguant. C’est pas une sensation d’Ă©trangetĂ© angoissante, j’ai juste l’impression que tout est nouveau.

Hier, je me disais que les psy avaient raison de dire que je suis trĂšs lucide sur ma situation. Effectivement, je me mens mais je sais que je me mens et je sais pourquoi je me mens. J’ai des compulsions, je sais pourquoi, je sais comment. Je suis extrĂȘmement critique avec moi-mĂȘme, je me dis les choses qui blessent sans ambage.

Alors c’est super, ça leur Ă©vite des heures d’analyses, sauf que comme je suis trĂšs consciente de presque tout, je me vois sombrer quand je sombre. LĂ  c’est ces saloperies d’hormones, j’ai de quoi rationaliser. Mais en phase descendante je me vois couler au ralenti.

Et c’est flippant. Je me vois sombrer tout en sachant que je remonterai Ă  un moment. Quand ? Aucune idĂ©e. Je sais que ça ira mieux donc je serre les dents et j’attends que ça passe.

🐞🐞🐞

⚠ Attention on va parler de ces abominations de la nature qui ont mĂȘme pas de bras ⚠

J’ai peur des insectes rampants, ceux qui n’ont pas de pattes (les vers de terre par exemple), ceux qui en ont beaucoup trop (les mille-pattes), ceux qui n’ont pas fini de grandir.
On tente de juguler pĂ©niblement une invasion de mites alimentaires. Moi, je connaissais la version avec des ailes. J’avais oubliĂ© qu’elles pondaient.
Vendredi soir, je vais me chercher une crĂšme dessert (pralinĂ©) et en dĂ©ballant…BIM, une espĂšce de machin blanc dĂ©gueu qui me mate. Hurlement, fuite, mari qui fait le kĂ©kĂ© en disant “Mais si, c’est mignon” (il est entomologiste, on a pas la mĂȘme notion du mignon, moi j’aime MalĂ©vitch, lui il aime les colĂ©optĂšres) pendant que je suis roulĂ©e en boule, loin.

J’ai mis un long moment Ă  envisager de toucher Ă  nouveau le placard Ă  sucre, avec des flashs de la bestiole et montĂ©es d’angoisse face Ă  une crĂ©ature que je pourrais maĂźtriser physiquement trĂšs facilement. Autant pour l’Enfant, ça va, je lui attrape (…avec une paire de pinces de cuisine, faut pas dĂ©conner), mais moi, c’est l’enfer. Du coup je n’ai plus rien pour mes moments d’hyperphagie du soir, la peur est plus grande que les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) dans le cas prĂ©sent. ZĂ©ro cohĂ©rence, les phobies ça ne se commande pas.

Jai Ă©tĂ© bien punie de mon courage. Hier, dans la journĂ©e, je me dis “Ha haaaaa mais il te reste une boĂźte de gĂąteaux, lĂ  dedans, allez, la compulsion est plus forte que la peur !”
J’ouvre la porte, une chenille tombe. Mon cri a Ă©tĂ© assez strident pour interrompre toutes les siestes Ă  4 km Ă  la ronde, j’Ă©tais seule donc je suis restĂ©e loin de la cuisine autant que possible. Et j’ai de nouveau des flashs avec ce truc, j’imagine qu’il me tombe dessus, et je suis vraiment en PLS Ă©motionnelle. Tremblements, crise d’angoisse…

On peut ĂȘtre hyper mal, rĂ©ellement, avec des conneries.
Parce que concrĂštement, cette chose ne me veut pas de mal, elle mĂšne sa vie, elle a plus peur de moi que l’inverse, etc. J’ai rationalisĂ© comme j’ai pu avec mes rudiments de TCC (ThĂ©rapie Cognitive et Comportementale) mais je suis toujours pĂ©trifiĂ©e.

Pire : je me mĂ©fie de chaque emballage de produit sucrĂ©, maintenant. J’aurais aimĂ© que ce miracle se rĂ©alise sans la prĂ©sence d’un machin horrible sans bras ni jambe. Mais maintenant, c’est liĂ©. Ça va s’attĂ©nuer avec le temps, mais je sais que ça restera, comme certaines images traumatiques de mon enfance restent associĂ©es Ă  des trucs random (comme ma dĂ©testation des cyclistes sportifs et du thĂ©Ăątre).

Et c’est “amusant” car j’ai lĂ  deux comportements “irrationnels” qui se battent :
– Les TCA : j’ai des lubies alimentaires mais aussi des aversions trĂšs fortes. Je sais dĂ©jĂ  que les crĂšmes dessert pralinĂ©, c’est fini de chez fini. J’ai jetĂ© des fonds de grignotage, de peur que les monstres viennent se loger prĂšs de moi, j’ai “faim de sucrĂ©” mais je suis pĂ©trifiĂ©e par la peur.
– La phobie : la peur est un puissant mĂ©canisme de survie. SidĂ©ration, fuite ou combat. T’as mĂȘme pas eu le temps d’intĂ©grer l’information que tu es dĂ©jĂ  planquĂ©e Ă  l’autre bout de l’appart en couinant. La phobie ne se maĂźtrise pas comme ça, juste en disant “j’ai pas peur”.

Donc lĂ  c’est la peur qui gagne. Quand je pense Ă  ce placard, j’ai peur, maintenant. Tant que je ne l’aurai pas passĂ© par le feu, j’aurai peur, et j’ai pas envie de cramer la baraque. Du coup ça “calme” les TCA assez violemment : j’ai envie de dĂ©vorer plein de trucs, puis le placard, la peur, la fuite.

Je trouve ça super intĂ©ressant. Je ne sais pas quoi faire de l’info, alors je te colle ça lĂ . Est-ce que la compulsion rattrapera la peur ? Vais-je pouvoir un jour remanger de la crĂšme dessert ? Vais-je finir toute racornie devant le placard en question, la main dĂ©sespĂ©rĂ©ment tendue vers les prĂ©cieux glucides ? Vais-je cramer tous les placards ?

Le suspense est Ă  son comble.

edit Ă  7h55 : j’ai revu un de ces trucs, mais j’ouvrais la porte avec ma pince, par contre enfant ou pas, ce placard est foutu pour moi.

edit Ă  6h48 le 27 fĂ©vrier 2023 : toujours maudit mais TOUT est emballĂ© dans de l’hermĂ©tique.

⚠ C’est fini, c’est bon ⚠

🍄🍄🍄

Hier, aprĂšs m’avoir vue en sueur avec mes pinces pour lui attraper ses biscuits et sa compote, mon fils me fait une remarque intĂ©ressante :

“Mais maman, tu regardes des choses qui font peur, pourquoi tu as peur du [censurĂ©] dans le placard ?”

SĂ©rieux, les gosses et leurs remarques judicieuses que tu te rends compte qu’iels sont mille fois plus futĂ©-es que toi, c’est rude 😱

C’est vrai que je consomme du contenu horrifique depuis mon tout premier Stephen King empruntĂ© au CDI du collĂšge. J’adore ça, sauf quand des animaux sont impliquĂ©s. On touche pas aux animaux. J’ai vu des contenus horriblement trash (rĂ©els ou pas) mais il suffit de me dire “Luka Rocco Magnotta et les chatons” pour que je badde. Je n’ai Ă©videmment pas vu les vidĂ©os, de mĂȘme que je ne vais volontairement pas voir de contenu comportant de la violence envers les animaux.

J’ai vu des trucs atroces, souvent fictifs. Ouais faut pas dĂ©conner, je suis pas fan des vidĂ©os qui capitalisent du like sur les snuff (films de la mort de personnes que tout est rĂ©el). Je mate des trucs gore, inquiĂ©tants et macabres mais un insecte sans bras me colle en crise d’angoisse direct.

Mon cher Ă©poux, lui, est entomologiste. Toucher des trucs dĂ©gueulasses ? “Meh”
Par contre il a peur des requins. L’attaque par requin est quand mĂȘme une possibilitĂ© quasiment inexistante, surtout quand on habite et qu’on travaille en Ile-de-France, respectivement au 3Ăšme et 6Ăšme Ă©tage. Ma peur est plus proche physiquement.
Il est par ailleurs assez angoissĂ© Ă  la base, je suis l’irresponsable de la famille et je ne comprends pas certaines de ses angoisses.

Du coup, quand il a vu l’abomination sans pattes que je mentionne plus haut, il a rigolĂ© quand j’ai eu peur. C’est moche, tavu comment je t’affiche ?
Mec, je te promets, la prochaine fois que tu feras une crise d’angoisse pour un truc irrationnel, je rigolerai.
Non, je rigolerai pas, rhaaaaa.
Évidemment que je ne rigolerai pas…🙄

Mais y’a juste un truc : la peur, ça ne se contrĂŽle pas, ou aprĂšs beaucoup d’efforts. Avoir peur des requins quand on est aussi loin de la mer c’est totalement irrationnel, mĂȘme si la Marne dĂ©bordait on habite en hauteur, les requins arriveraient Ă  nous vers 2321.
L’Enfant et moi on a peur de quand le soleil explosera. J’ai dit “Oh tu sais on sera mort-es depuis longtemps, t’en fais pas” ça ne l’a pas rassurĂ© et moi non plus, Ă©trangement.

☕☕☕

La peur est quand mĂȘme assez utile pour nous empĂȘcher de faire des calinous Ă  un cobra ou Ă  un grizzli chafouin. La peur nous dit que c’est pas une bonne idĂ©e que de se jeter dans le vide de 116 m de haut sans parachute.

La peur est assez utilisĂ©e par nos dirigeants pour canaliser notre Ă©nergie. Peur du chĂŽmage, du contexte politique, peut d’ĂȘtre malade, et surtout peur de l’Ă©tranger, de l’inconnu qui “vole notre travail”.
Ainsi instrumentalisĂ©e, on l’a vu aux derniĂšres Ă©lections, on le verra aux prochaines, elle permet un contrĂŽle des masses. Combien ont votĂ© Macron au lieu de MĂ©lenchon au premier tour des derniĂšres prĂ©sidentielles de peur que…le PS ne passe pas ?

Je ne plaisante pas. J’Ă©tais assez Ă©tonnĂ©e de la logique : tu veux voter pour un parti, mais tu as peur que ton vote permette que le FN passe au second tour donc tu vote pour le jeune connards taggĂ© “socialiste vite fait” histoire de.

Et tu te fais enfler, mais costaud. Le FN est passĂ© au second tour et en plus on a un prĂ©sident de droite avec une politique qui banalise celle de l’extrĂȘme-droite. Mais tu as eu trĂšs peur au moment de mettre le bulletin dans l’urne. Tu t’es fait avoir.

ApartĂ© : j’ai votĂ© Macron au second tour, j’ai aucune leçon de morale Ă  donner, d’ac ? Je comprends la peur, je l’ai discutĂ©e avec des personnes qui ont votĂ© Macron au premier tour. Je suis en dĂ©saccord total sur le fond mais je comprends la peur. Je comprends ce qui a poussĂ© Ă  ça, et c’Ă©tait prĂ©cisĂ©ment ce sur quoi comptait notre *argh* PrĂ©sident *argh*
Donc ZERO jugement ici, vraiment. C’est pas toi qui es en tort, c’est leur politique de l’escroquerie qui l’est.

Il n’en reste qu’on a fait intĂ©grer un truc totalement irrationnel (“Non, Macron n’est pas un chacal nĂ©olibĂ©ral”) Ă  la population pour obtenir sa coopĂ©ration. Alors que depuis le 21 avril 2002 le FN est au second tour quoi qu’il arrive. C’est pas un risque, en fait, c’est (presque) une fatalitĂ©. Raison de plus pour voter avec ton Ăąme au premier tour, si tu vas voter (j’ai rien contre les abstentionnistes, je suis biclassĂ©e abstentionniste). En gros, on te menace avec quelque chose qui est dĂ©jĂ  arrivĂ© plusieurs fois en 20 ans. Objectivement, faut admettre que c’est un peu con.

Moi aussi j’ai eu peur en votant (j’ai votĂ© LFI, oui, je le vis bien et ça ne fait pas de moi une personne “de droite” ou une mauvaise personne mĂȘme si je ne suis pas sĂ»re du tout de voter pour ce parti aux prochaines prĂ©sidentielles).


đŸ„đŸ„đŸ„

Quand Trump a Ă©tĂ© Ă©lu aux States on Ă©tait effondrĂ©es, atterrĂ©es. En 4 ans il a rĂ©ussi Ă  bien foutre la merde. Mais il a fini par se faire jeter et Papi Biden tente de rattraper le coup. Il n’a pas eu son mur, ou pas entiĂšrement. Les mĂ©dias l’ont taillĂ© en piĂšces pendant tout son mandat et finalement, on aurait presque pu dire qu’il a causĂ© de gros dĂ©gĂąts mais que c’est pas la fin du monde non plus, il y a eu une rĂ©sistance farouche qui a tenu, pied Ă  pied.
Il a repolitisĂ© par mal de gauchistes en tout cas. C’est ma relativisation de l’Ă©vĂ©nement, absolument. Trouver le positif toussa.

⚠ Certaines personnes disent “oui bah qu’on ait une prĂ©sidente RN, ça nous fera les pieds et on comprendra”. Je ne suis pas d’accord avec ça. Si on peut dire “ouais ça leur fera les pieds” faut pas oublier qu’il y a eu des centaines de milliers morts du COVID qui auraient pu ĂȘtre Ă©vitĂ©s si Trump avait Ă©tĂ© moins une enflure de premiĂšre.
Les actions des fascistes sont DANGEREUSES dans tous les cas et il n’est en aucun cas, Ă  mon avis, souhaitable de “tester pour voir”. Je sais que le cyanure provoque la mort sans avoir testĂ© avant, merci bien.

De toutes façons, je suis pas chroniqueuse politique, je suis là pour causer.

Nous disions.
La mĂ©canique de la peur en politique, elle est flagrante. C’est plus pauvre que nous qui nous vole. Ce qu’on a, on l’a acquis Ă  la force du poignet, madame, alors c’est pas pour nous le faire tirer Ă  la moindre occasion.

Alors que, concrĂštement, beaucoup de patrons nous volent en ne payant pas leurs cotisations sociales et fiscales. Ils nous volent extrĂȘmemenormĂ©ment plus que Lulu, que je n’ai pas vu depuis un moment faire la manche prĂšs de la maison, tiens…😧

Nos patrons nous payent mal, nous poussent au burn-bore-out, on sait que le MEDEF c’est pas une association sympathique de gens Ă  barbes fleuries qui rĂ©confortent les autres avec leurs guitares sĂšches et leurs champignons sympas autour d’un feu sur la plage.

Le danger, le vrai risque, concret, tangible, rĂ©el, il vient pas du clodo en bas de chez toi. Aujourd’hui ou demain, je vais accueillir une personne Ă  la maison. Que je n’ai vue qu’une fois, mais que je sais en grande prĂ©caritĂ© avec son enfant. On va causer, je vais lui donner des petites voitures. Si, admettons, j’avais 10 mn de narcolepsie, il y a trĂšs peu de chances que je me sois fait voler quoi que ce soit et plus de chances qu’elle ait appelĂ© le SAMU, tu vois ?

Mais on a toujours PEUR parce qu’on est nourries aux histoires de gens qui volent et qui tuent, de “cas sociaux” (je conchie cette expression, je l’utilise telle qu’on l’utilise Ă  tort dans ce contexte pour renforcer l’effet de ce que je veux dire) incestueux qui vivent dans des taudis, sans jamais se demander pourquoi et comment on en arrive lĂ , sans essayer de comprendre et encore moins aider.

On m’a dĂ©jĂ  volĂ©e, plusieurs fois, et parfois des trucs auxquels je tenais beaucoup.
Mais je sais que ma rencontre d’aujourd’hui ne se passera pas comme ça. Parce que je fais confiance par dĂ©faut. Au total, j’en suis plus souvent sortie gagnante que perdante.


🍎🍎🍎

Mais en terme de peur, j’ai bien plus peur du rĂ©chauffement climatique, de notre gouvernement, du MEDEF, des lobbies, des incel et autres mascus violents que de la personne que je croise dans la rue. Le pouvoir de nuisance n’est pas du tout le mĂȘme. Alors pourquoi nous dit-on de “rester vigilantes” et “personne n’est qui tu croit” ?

J’aime plutĂŽt bien Victoria Charlton, c’est une Youtubeuse true crime quĂ©bĂ©coise. Mais je n’achĂšterai pas ses livres qui s’appellent “Gardez l’Ɠil ouvert”. Elle dit “Barrez vos portes” Ă  la fin de ses vidĂ©os.
Et j’aime pas ça, mĂȘme si j’ai une porte blindĂ©e đŸ€·â€â™€ïž

C’est la sociĂ©tĂ© qu’il faut changer, et ça passera par la solidaritĂ©. Se mĂ©fier de tout le monde c’est quelque chose que je ne comprends pas. Je peux comprendre, intellectuellement, mais c’est pas mon premier rĂ©flexe. Je suis pourtant assez mĂ©fiante quand je sors ou que je rentre chez moi. Je vĂ©rifie que la porte de la grille soit fermĂ©e, que personne ne me suive, je suis trĂšs vigilante parce que je sais que si quelqu’un voulait m’agresser, ce serait lĂ . Mais si ça se trouve l’agresseur en question c’est mon boulanger ou le coiffeur de la famille, on sait pas, parce que les agresseurs ont souvent un bon masque de sanitĂ©.

Du coup, tout le monde se mĂ©fie de tout le monde, on se replie sur nos vies, on a peur de l’inconnu et on commence Ă  avoir des pensĂ©es du genre “Mais que fait la police ?”
(Elle sirote son petit blanc de 7h du mat)

Et lĂ , c’est mort.
Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis “la peur contrĂŽle nos vies blablabla” je suis pas la premiĂšre Ă  te dire ça. Je sais que c’est parfois dangereux de faire confiance, je me suis fait avoir (parfois violemment) un paquet de fois, mais j’ai le mode “confiance” par dĂ©faut.


🍉🍉🍉

Je n’ai aucune solution pour lutter contre la peur.

Presque.

Le seul truc qui fonctionne c’est de s’informer sĂ©rieusement. En faisant “ses propres recherches” mais avec des sources fiables, quoi.
En TCC, on amĂ©liore aussi les rĂ©ponses phobiques en exposant petit Ă  petit la personne Ă  ce qu’elle redoute. Le fait de se renseigner sur ce qui nous fait peur nous y expose petit Ă  petit. Savoir quoi, quand, comment, pourquoi craindre quelque chose est toujours bĂ©nĂ©fique. T’auras toujours peur mais tu sauras prĂ©cisĂ©ment pourquoi.

Quand je me suis rendu compte que je devenais une personne un peu rĂ©ac sur les bords avec l’Ăąge et la parentalitĂ© (c’est classique malheureusement, la peur fait x1000 avec les enfants), je me suis obligĂ©e Ă  la confrontation et ça m’a aidĂ©e. Je dis bonjour et je souris aux personnes qui font la manche, mĂȘme si j’ai pas de sous. Je me dis que c’est la moindre des choses. Au dĂ©but j’avais peur qu’on engage la conversation, mais en fait non. En fait j’ai rĂ©adoptĂ© le comportement que j’avais avant ma (courte) descente vers les limbes. Et ma peur est partie.
Ça s’est pas fait tout de suite et il reste une personne qui me fait peur dans le quartier (mais il m’a engueulĂ©e deux fois, dĂ©jĂ , parce que je passais ou que je ne lui ai pas donnĂ© assez, du coup heu ouais, je vais pas aller lui tailler une bavette.) mais ça aide.

Il y a des trucs, genre le rĂ©chauffement climatique, qu’on ne peut plus Ă©viter. Du coup, ça ne sert concrĂštement Ă  rien d’avoir peur si la peur ne nous pousse pas Ă  nous dĂ©passer un peu et nous sortir les doigts du cul. Puis on est dedans, merde, hier il faisait 30°C chez moi. C’est pas de la rĂ©signation, c’est de la prĂ©paration, Ă  ce stade.

Sauf qu’on est en train de courir partout en hurlant comme des poulets sans tĂȘte. Et du coup, comme on a peur, on redevient conservatrices parce qu’on a peur de perdre le peu qu’on a. La peur est fondĂ©e mais la rĂ©action est facilement instrumentalisĂ©e par les droitard et le fascisme en gĂ©nĂ©ral. On en vient Ă  se demander qui va nous nuire lĂ , maintenant, chez nous, au lieu de se dire qu’on est dĂ©jĂ  lĂ©sĂ©es et que c’est plus le moment d’ĂȘtre pĂ©trifiĂ©es.
Mais on ne maßtrise pas ses réactions face au danger.

C’est aussi en ça que les mĂ©dias sont importants car ils relayent une certaine vision de la vĂ©ritĂ© Ă  la fois un peu pĂ©tĂ©e et extrĂȘmement anxiogĂšne pour la plupart. Si tu es exposĂ©e mille fois Ă  de la violence et Ă  de l’injustice, tu en deviens plus influençable (#stifo đŸ€ą). C’est pour ça que mater BFM et CNews de longue peut rĂ©ellement nuire au niveau psycho-cognitif. Notre perception varie en fonction de notre prisme de lecture.

Voir sans cesse de la peur, des agressions, des abus de confiance (mais pas chez Balkany, chez Balkany on appelle ça “travailler honnĂȘtement” et tout le monde applaudit), ça nous incite Ă  penser que le monde est violent.
Si le monde est violent, je dois nous protéger, moi et les miens.
Je me protĂšge en Ă©vitant la situation de peur.
Petit Ă  petit, j’en viens Ă  Ă©prouver de la rancƓur face Ă  ce qui me fait peur, parce que j’ai pas Ă  avoir peur, merde. Donc je me fĂąche contre l’objet de ma peur qui m’empĂȘche de vivre.

Ici, je suis fĂąchĂ©e contre Macron par exemple, parce que je considĂšre que lui et les autres nuisibles sont le danger. Mais ma voisine qui a une conscience politique et un niveau d’informations diffĂ©rents des miens, va peut-ĂȘtre penser que les Afghans ont pas Ă  venir dans notre blanc-chez-nous “Parce qu’on sait jamais, avec ces gens lĂ ”.

Je sais que le terrorisme suprĂ©matiste blanc est plus meurtrier que le terrorisme islamiste. Les chiffres sont lĂ . Je sais qu’on a Ă©tĂ© durement touchĂ©es par les attentats, mais je ne vais pas considĂ©rer mon Ă©picier comme un ennemi juste “parce que, on sait jamais”. Et mon principal ennemi, c’est le suprĂ©matisme blanc, celui-lĂ  mĂȘme qui joue sur nos peurs pour faire monter la mayo. Couper la peur Ă  la source me semble plus judicieux.

“Ok, ça va arriver (le RN, Jean Castex Ă  oilpĂ©, les 50°C en mars), comment faire ?” c’est dĂ©jĂ  commencer Ă  dĂ©passer sa peur. Juste se poser la question. Énoncer sa crainte, la dĂ©velopper, la comprendre, la partager, la discuter. Parlons du RN, parlons de Jean Castex en monokini Ă©chancrĂ©, parlons du prix de la crĂšme solaire.

Parlons sans crainte de ce qui nous effraye.


🙈🙈🙈

J’ai parlĂ© chenilles dĂ©gueulasses Ă  l’instant avec mon mari qui a enfin trouvĂ© la source de l’invasion il y a 5 mn. Je suis toujours terrorisĂ©e par ce placard mais maintenant je sais que les Ă©vadĂ©es du nid (que je n’ai heureusement pas trouvĂ©) allaient faire une chrysalide pour se transformer en mites alimentaires adultes avec des ailes et tout ça.

Et des mites alimentaires adultes, j’en ai dĂ©jĂ  avalĂ© une avec mon cafĂ©, c’Ă©tait atroce mais j’ai pas peur d’elles parce qu’elles ont des ailes.
Donc ça va.

Va comprendre…đŸ€·â€â™€ïž