Heure de réveil : 3h42 (stress, chats)

Je te partage l’auto-blague qui a fait beaucoup rire mon mari hier soir. Je dialoguais paisiblement avec moi-même en allant chercher le gamin, et là je me dis, quand même…
Alix a une maman bipolaire, le pauvre.
Heureusement, l’autre va SUPER BIEN.

C’est nul mais ça me fait beaucoup rire.

Aujourd’hui ça cause écriture inclusive vite fait, tiens. Et comme on est ici je vais en parler au féminin universel, parce que nique la logique.

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Avoir peur de l’avenir et du changement est plus dangereux selon moi que d’utiliser une écriture qui, à défaut de mieux, a l’avantage de ne laisser personne sur le côté.
C’est difficile à imaginer, et comment l’imaginer sans être concerné, mais quand tout est accordé au masculin, j’ai pas ma place. Alors ouais c’est moche à lire. Et je dis ça, j’écris, depuis de longues années maintenant. Quand j’ai découvert l’écriture inclusive je l’ai adoptée immédiatement. Ça m’a semblé tellement logique, évident. Pénible, mais évident.

J’écris sur des thématiques militantes donc, forcément, l’inclusif. Mais c’est aussi l’occasion de trouver d’autres tournures de phrases, d’autres expressions, pour éviter ces points/tirets/whatever. Je trouve que c’est un bon exercice de style. Ça complique l’écriture, oui, mais je ne me suis pas posé la question de mon propre confort.

J’écris pour les militantes, je ne trébuche plus sur les tirets depuis un moment, et les personnes dyslexiques ne vont pas trop mal non plus, figure-toi.

(J’adore, t’as UN article qui dit que l’inclusif pose problème aux personnes dyslexiques et là t’as internet on fire alors que les personnes dys que je connais ont, certes, du mal à lire, mais ne sont pas forcément très impactées par l’inclusif en particulier. Donc va militer pour une meilleure prise en charge des troubles dys, va bénévoler, va faire ce que tu veux mais ça se voit comme le nez au milieu de la figure que c’est juste un prétexte pour en mettre plein les dents à ces connasses de féministes)

Et les personnes pour lesquelles j’écris sont des personnes victimes d’exclusion de toutes façons.

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C’est comme accepter de dire que «toutes les femmes n’ont pas d’utérus». Ça va à contre-pied de ce que je pensais, et en réalité le concept est logique. Mais quand j’ai commencé à m’intéresser à la performativité du genre («comment on est une femme ou un homme», la manière dont on transmet aux autres notre expression de genre) j’ai été heurtée, parfois violemment, par des concepts qui m’étaient jusqu’alors totalement inconnus. La remise en cause a parfois été assez brutale.
Tu vois, j’ai encore du mal à «capter» la non-binarité. Je suis moi-même vraiment à l’aise dans mon genre, comment penser que parfois, c’est vachement plus compliqué ?
Tu sais ce que je fais ? Tu vas voir, c’est une super technique, attention les yeux. 😎

J’accepte le concept car il est logique et pertinent, qu’il répond à un besoin de personnes qui ne se retrouvent nulle part ailleurs, et on sait à quel point le sentiment d’appartenance est crucial quand on est en minorité (Le coup de mettre les gentes dans des cases c’est pas le but des militantes, en fait, c’est à mon sens les gens qui mettent les gens qui ont des cases dans des cases qui sont eux-mêmes dans des cases bien bien déterminées) (D’ailleurs les gens qui disent «vous mettez les gens dans les cases» c’est un peu comme les gens qui te disent qu’ils ne voient pas les couleurs : c’est souvent les mêmes).

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Mon petit confort est moins important que de mener une vie dans l’amour des autres. Ça fait super religieux dit comme ça, je te jure que je suis athée, mais, oui, je suis une bisounours, totalement. Je veux que les gentes soient le plus heureuxses possible. Même les gens que je ne connais pas.

Mon mode par défaut est empathique. Pourquoi utiliser sciemment une attitude excluante ? Si les personnes non binaires demandent qu’on ait des égards envers elles c’est le minimum que de respecter leur besoin. C’est pas amusant de ne pas être conforme. C’est une souffrance. N’augmentons pas cette souffrance. C’est ça le principal, c’est pas accepter les autres quand tu t’es bien approprié le concept, c’est les accepter tout de suite tels qu’iels sont.
L’empathie n’est pas un gros mot, la sensibilité non plus. Même si pas mal de gens sont de complets crétins, je les aime bien et je ne souhaite pas leur mort, non, même aux pires, je ne souhaite pas la mort. C’est comme ça. Pour moi ce serait pourtant beaucoup plus simple de haïr.

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Ce qui me préoccupe lorsque je publie quelque chose, c’est surtout de savoir si mon texte fera du bien, s’il sera inspirant, s’il fera rire. Je pense d’abord à mon petit lectorat qui est composé de toutes les personnes imaginables sur le spectre du genre. Et je n’ai pas envie de blesser les personnes pour lesquelles je produis. Donc, à minima, j’avertis de l’éventuelle binarité de mes propos et je prends des précautions.

Comme je parle souvent de parentalité, je suis «forcément» binaire pour la lisibilité de mon propos. Alors je préviens. Je sais que la famille ça peut être plein de configurations différentes, je sais surtout que les bébés c’est adorable. Des fois, par inadvertance.
C’est un peu dans la même vague que les Trigger Warning. Ça ME semblait inutile à moi car depuis le temps j’ai pris connaissance de témoignages plus atroces les uns que les autres, mais je les précise le cas échéant pour qu’une personne fragilisée ne fasse pas une remontée traumatique en me lisant.

Il est sans doute difficile d’imaginer un internement suite à un post, PTSD, tout ça, mais ça arrive. J’ai déjà récupéré des copaines totalement effondrées suite à la lecture d’un récit.
Et quand t’as la souffrance pleine poire tu te poses des questions. Normalement. Est-ce que je peux aider ? Contribuer ? Améliorer ? Le premier levier d’action c’est toi-même. Pas la peine de déplacer des montagnes, pour contribuer. Commençons par embrasser les personnes marginalisées. Métaphoriquement stp.

Après, je suis peut-être un cas particulier. J’écris vraiment POUR les personnes discriminées et victimes de violences. Alors oui, forcément, j’adapte mon discours. Mon «public» ne comprendrait pas que je n’utilise pas l’inclusif, ne pas l’utiliser alors que j’évoque des problématiques féministes n’aurait aucun foutu sens.

En plus, franchement, c’est pas la mort, l’inclusif. C’est chiant quand tu écris, oui. Mais c’est pas la mort. On s’habitue, et depuis des années c’est devenu tellement naturel que je l’utilise aussi pour le boulot (ou je genre au féminin lorsque mon écrit s’adresse à une majorité de femmes).

Je comprend parfaitement la réticence. On a une belle langue, une culture littéraire incroyable, mais…bah on écrit plus des poèmes en mode «La Fontaine», on écrit plus comme Proust des phrases de 16 pages de long, la langue est vivante, elle a changé et change encore. Genre là personne vient me tabasser parce que j’écris n’importe comment.

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Tu n’écoutes que du classique ou t’es en train de secouer la tête sur du Bossfight ? On fait comment ? On arrête la musique ? Non parce que la musique, aujourd’hui, n’a aucun rapport avec ce qu’elle était dans ses Grandes Heures, mon lapin.
Tu as arrêtes ton éducation artistique à la fin de la Renaissance ? Van Gogh est un dégénéré, Dali un monstre ?

Cela ne veut pas dire que je crache sur ta culture qui est aussi la mienne, ce n’est pas le cas, c’est bien de la connaître et de la préserver mais c’est pas mal non plus de savoir apprécier «autre chose», sans pour autant la renier. On peut faire les deux à la fois, une culture PAR DÉFINITION c’est vivant. Je suis désolée mais Bossfight fait partie de ma culture maintenant.
(La hoooooooooonte mais ouais, j’avoue).