[1/3] Parentalités numériques : Tik Tok et les trends des enfers

Cet article est LONG et divisé en 3 parties. Le sommaire ci-dessus t’aidera à savoir où tu en es et à reprendre ta lecture au besoin. Chaque section est agrémentée de sources et de vidéos pour approfondir les sujets si tu en as besoin. J’ai cherché au maximum des ressources en français, malheureusement, sur une minorité d’entre elles, il faudra mettre les sous-titres. Si tu as d’autres ressources, je les ajouterai.

Ne seront pas abordés ici : l’aspect politique de Tik Tok et la propagande, le complotisme, les affaires criminelles, le sexe sur Tik Tok. Cela peut éventuellement faire l’objet d’une seconde partie.

Si il te manque un sujet, si tu veux un article plus détaillé sur un des thèmes, demande-moi, il y a toujours énormément à dire.

Prends une boisson, un snack quelconque, une peluche réconfortante (je te promets que tu en auras besoin) et c’est parti !

 

Par où commencer ?

Si tu vis dans une grotte coupée du monde au fin fond du Larzac, tu n’as sans doute pas entendu parler de Tik Tok. Et, j’ai envie de dire, quelle chance ! Cette plateforme de partage combine tous les défauts de la concurrence (YouTube, Facebook, Twitter/eggs, Instagram, Twitch, Kick…) tout en ajoutant une couche d’addiction : l’enchaînement extrêmement rapide de contenu nous fait regarder des dizaines de vidéo à la suite sans qu’on s’en rende compte.

Avant tout une plateforme musicale (rachat/fusion de Musical.ly en 2018), on peut y trouver des chorégraphiques super élaborées, des performances musicales impressionnantes, mais aussi plein de conneries.

Le format est rapide, l’application taillée pour le partage, la viralité, les réponses entre Tik Tokers encouragées. Chacun-e peut récupérer le contenu des autres pour les commenter (“duet”), et puis rien n’appartient vraiment à personne.

Pour autant, c’est une plateforme qui peut être intéressante à divers points de vue. J’y fais une veille politique, par exemple. Sans censure, sans modération, j’ai accès à des contenus qui seraient jugés comme trop extrémistes sur Facebook. Mais j’ai 42 ans, pas 13, je sais facilement détecter un contenu problématique.

Aujourd’hui, ce sont les trends (tendances, modes) qui vont nous intéresser. La majorité des sources est en anglais, mais je vais documenter en français au maximum et te proposer des contenus pour aller plus loin si un sujet t’intéresse particulièrement. Il est impossible de couvrir tous les sujets, j’ai ainsi laissé de côté le sujet de l’extrême-droite qui nécessite un article à lui seul.

Si beaucoup de trends sont anodines, d’autres sont dangereuses. Le risque de blessures graves ou de décès, reste rare et ne représente pas la problématique majeure des contenus qu’on peut retrouver sur cette plateforme…ou ailleurs.

Car beaucoup de ces trends proviennent d’autres plateformes. Le cinammon challenge (manger une cuillère à soupe de cannelle moulue et tenir 60 secondes) nous vient par exemple du YouTube de  2012. Du YouTube anglophone, car la plupart de ces tendances nous viennent des US et s’exportent à l’international grâce à la magie des internettes du futur. Comme souvent, la connerie étasunienne fait la mode.

Ce qui est valable sur Tik Tok l’est donc aussi sur YouTube, Instagram et autres réseaux sociaux. Les plateformes sont poreuses entre elles. Si je parle aujourd’hui spécifiquement de Tik Tok, c’est que ce réseau est taillé pour la viralité et la consommation en continu des contenus. Il y est plus simple de publier, partager, et la modération est encore moindre qu’ailleurs. Donc, non, ces trends ne sont pas spécifiques à Tik Tok et certains exemples que je vais mentionner viennent d’autres plateformes. 

 

Modération et réseaux sociaux

Tu trouves que Facebook manque de modération ? Qu’Instagram pourrait mieux faire ? Que Twitter heu voilà ? Ben dis toi que sur Tik Tok, c’est mille fois pire. Au mieux, on bannit un hashtag (#), éventuellement un compte si, vraiment, vraiment, vraiiiiiment, il a fait de la merde. Mais la modération est une vaste blague.

Ce qui est pratique car tout le contenu d’extrême-gauche ne se fait pas striker, contrairement aux autres plateformes. Tu savais que j’évite certains mots clés sur mes publis Facebook car ils provoquent un masquage automatique desdites publications ? Genre #palestine, #viol… Et sur YouTube, c’est pareil : on ne peut pas dire “suicide” ou “pédophilie” sous peine de subir shadowban (ta vidéo n’est pas visible dans les résultats des recherches) et démonétisation. 

Sur Tik Tok, j’ai accès à des contenus militants assez costauds sans difficulté, l’algo me connaît bien et me les propose directement. C’est un plus et ça rend mes sessions assez sympa.

C’est pour ça que je suis partagée sur ces problèmes de modération. De base, rien n’est modéré. Il faut qu’il y ait des intérêts politiques ou financiers en jeu pour que les plateformes se mettent à faire des trucs. En cela, Tik Tok n’est pas vraiment “pire” en réalité. Je pense que la rapidité et la MASSE de contenu produit à la seconde rend toute tentative de modération très difficile, sans parler de la viralité de certains contenus. Et je me dis que les blocages pernicieux et politiques ne sont pas beaucoup mieux.

 

Sensibilisation et prévention

On ne peut simplement pas prévenir le danger. Je suis désolée. Ton enfant aura un jour ou l’autre accès à des contenus problématiques. Iel sera influencé-e par des gens qui n’ont pas son intérêt à cœur. 

C’est pour ça que ton boulot, ça va être non pas d’interdire ou bannir (enfin tu peux si tu veux, mais iel trouvera un moyen de contourner, et on ne peut pas contrôler ses enfants toute leur vie, heureusement) mais de discuter, partager et débriefer. Intéresse-toi à ce qu’iel regarde.

Je suis très loin d’être une daronne parfaite, au contraire, j’ai des défaillances et un trop grand laxisme. Je n’ai pas pu le protéger de certaines choses, car je n’ai pas le nez collé à son écran. Je vais juste t’expliquer comment je fais. Si ça se trouve ça ne te conviendra pas, et c’est tout à fait ok, je suis pas Françoise Dolto (brr).

En gros, il sait que s’il voit quelque chose de dérangeant, qui le met mal à l’aise, je ne le disputerai jamais, même s’il a transgressé une de nos règles. 

Ça a été établi verbalement en consolidé plusieurs fois : peu importe où tu as trouvé ça, même si tu as installé un jeu sans ma permission, tu peux m’en parler et on en discutera ensemble calmement, il n’y aura pas de punition.

Il sait par exemple que certaines vannes du Joueur du Grenier (j’ai dit, je suis une daronne très imparfaite) sont des sous-entendus sexuels. Il sait quelles blagues sont racistes et en quoi c’est vraiment de la merde. Je préfère lui expliquer certaines problématiques à postériori. Quitte à avoir des discussions gênantes. Il sait que je ne suis pas ok sur plein de trucs, mais qu’on les regarde ensemble, car, si je m’écoutais, on ne regarderait quasiment rien. 

Par contre, je grogne et j’explique au besoin pourquoi je grogne. Je préfère qu’il sache reconnaître les contenus douteux, les vannes oppressives, le sexisme et le racisme, plutôt que de tout interdire.

 

Les Challenges

“Cap ou pas cap ?” 

Souvent idiots, parfois dangereux, l’important est que cela soit amusant à regarder. Tu as 15 secondes de vidéo où une femme ingère sa cannelle en poudre, mais pas les conséquences à long terme sur ses poumons. Tu as les chutes rocambolesques, mais pas les fractures qui s’ensuivent. Tu as les blagues de couple où une femme fait croire à son partenaire qu’elle le trompe, tu le vois s’énerver, mais tu ne vois pas la confiance s’émousser petit à petit entre les deux…

 

Benadryl et NyQuil chicken

Le Benadryl (diphénhydramine) est un antihistaminique en vente libre aux USA et présent dans deux médicaments en France. Les antihistaminiques provoquent de la somnolence, ils sont parfois utilisés pour cet usage. À fortes doses, ils peuvent avoir des effets hallucinogènes en plus d’être sédatifs. 

Le NyQuil contient un cocktail de molécules entre anti-douleur (Paracétamol), antihistaminique (Doxylamine), expectorant antitussif opiacé (Dextrométhorphane bromhydrate) accompagné de 10% d’alcool dans sa version en sirop. On est sur le même type d’effet en cas de surdose.

Ces substances sont réglementées en Europe mais disponibles sans ordonnance outre Atlantique. Un équivalent français serait le Toplexil ou d’autres sirops à base de destrométhorphane ou de codéine. L’utilisation de ces sirops remonte à si loin que j’en entendais déjà parler au collège dans les années 90 et que je suis à peu près sûre que l’abus date de l’instant où une personne en a trop pris et a trouvé ça rigolo.

L’objet de la trend, pour le Benadryl challenge, est de se surdoser en Benadryl. Le NyQuil Chicken, lui, est une “recette” consistant à cuire du poulet dans du NyQuil liquide avant de le consommer.

Une chaîne YouTube anglophone (les sous-titres en FR sont disponibles sur sa chaîne), ChubbyEmu, explique ce qu’il se passe au niveau toxicologique et l’impact sur l’organisme. 

 

En résumé : c’est une très mauvaise idée et il vaut mieux se tourner vers les drogues plus convent…heu non j’ai rien dit. 

N’empêche : on connaît la dangerosité des substances illicites et leur prévention est bien meilleure. Avaler 40 bonbons roses vendus sans ordonnance, ça semblera toujours plus anodin que de manger de la DROGUE (bouh), alors qu’on peut faire une overdose de Doliprane.

 

Blackout challenge

 J’ai vu pas mal de descriptifs différents, mais on ne va pas tourner autour du pot : on est sur de l’asphyxie auto-érotique. La privation d’air, suivie d’un apport en oxygène lorsqu’on reprend sa respiration, provoquant un effet de “transe”.

Je pense que je n’ai pas forcément besoin de te faire un dessin pour expliquer en quoi s’étrangler ou se mettre un sac en plastique sur la tête afin de se priver d’oxygène est dangereux, surtout quand on a 8 ans. Enfants des années 80/90, nos parents paniquaient avec le “jeu du foulard”. Rien ne change vraiment avec le temps…

Si la mort ne survient pas, la possibilité de lésions cérébrales est non-négligeable.

Précision utile : cette pratique peut être effectuée lors d’un rapport sexuel entre adultes consentant-es. On peut voir des exemples dans plusieurs films pornographiques, réalisés par des acteurs maîtrisant la pratique. Cela reste dangereux, mais il s’agit également d’une pratique potentiellement non problématique. Entre adultes. Consentant-es. Formé-es aux premiers secours, ou en présence de personnes pouvant répondre à l’urgence. Et pas en solo.

La pratique ne vient pas du tout de Tik Tok, elle est vieille comme le monde, en témoigne cet article de Slate de 2009 à propos de David Carradine. Hélas, ce qui était plutôt réservé aux adultes dans un cadre bien précis a trouvé son chemin sur Tik Tok.

>> [FR] Article du Huffington Post sur le sujet du blackout challenge

 

Expériences “scientifiques”

Pour cette section, j’ai un exemple venu de 4chan et qui va résumer la problématique.

Si tu ne connais pas 4 chan…oh my sweet summer child.

C’est le forum de discussion et de partage d’images d’où viennent les Anonymous (bien !) mais aussi beaucoup de trolls, de violence, de harcèlement voire de meurtres. Je pourrais en faire 5 articles fastoche. Le principe est que tout le monde y est totalement anonyme, rendant les propos sans conséquence autre que la potentielle mise en danger d’autrui. Quand je dis violence, je dis que je n’y vais me documenter que contrainte et forcée. Les propos sont souvent fascisant et réellement ultra haineux. Et si 4 chan s’intéresse à toi, peu importe que tu sois l’Église de la Scientologie, tu peux PAS gagner.

En 2009, un anonyme de 4chan propose une recette pour créer de jolis cristaux roses et violets à partir d’ingrédients disponibles facilement à la maison : des pièces de monnaie en cuivre, du sel, du bicarbonate de soude, de l’ammoniaque et de la javel. Il faut ensuite souffler dans le mélange.

Sauf qu’en fait, ce sont des vapeurs toxiques qui sont générées par la réaction chimique. J’ai lu ici et là qu’il s’agissait de gaz moutarde, mais les personnes mieux formées que moi en chimie sauront déterminer la nature de ce gaz.

Le fait de souffler dans le mélange obligeait les personnes à rapprocher leur visage du contenant, et d’inhaler les vapeurs produites.

Il est très difficile de quantifier les dégâts commis par cet anon malveillant au vu de l’anonymat emblématique de 4chan, d’autant plus que les mort-es ne se relèvent pas pour témoigner et que les proches n’ont pas forcément comme réflexe premier d’aller fouiller l’historique de navigation de la victime.

Moralité : il ne faut jamais faire de chimie amusante si on ne sait pas très très précisément ce qu’on veut faire et sans avoir les protections adéquates. En 4 secondes, j’ai trouvé plusieurs Tik Tok d’expériences de chimie, impliquant des piles batterie, du feu, sans préconiser  l’utilisation de protections (gants, lunettes, ne pas faire en intérieur). Souvent agrémentées de paillettes, car on s’adresse aussi à des enfants.

 

Tide Pod challenge et forbidden snacks

Les “Tide Pod” sont des capsules de détergent pour lave-vaisselle qui ressemblent à des bonbons. Glossy, colorés, le genre de trucs qu’on a absolument envie de goûter. Et je dois avouer que je suis persuadée que les capsules Finish que j’utilise ont un goût fraise et citron.

Bon alors non, et ça peut gravement endommager ton système digestif, voire te tuer si tu es un enfant ou si tu en manges plusieurs.

(Vidéo de ChubbyEmu sur le sujet du TidePod Challenge, soumis à restriction d’âge sur YouTube, parce que pourquoi informer quand on peut éloigner l’information des plus jeunes ?)

Mais cela a donné lieu à une micro-trend : les forbidden snacks (friandises interdites). Comme je pense qu’on a bien besoin d’un peu de légèreté avant la suite, voici une collection de trucs à ne pas manger. 

 

Pranks

Tu trouveras peut-être ça étonnant, mais Rémi Gaillard est parfois mentionné comme inspiration à faire ces blagues à des inconnu-es dans l’espace public, ou à ses proches.

Paye ta référence française des enfers… Cela dit, du coup, tu visualises bien ce qu’est une caméra cachée ou un micro-trottoir. Un mec, souvent blanc (moins de problèmes avec la police, hey !) qui se permet de faire n’importe quoi dans l’espace public juste pour rire (et gagner de l’argent au détriment des victimes de ses “blagues”)

Micro-trottoirs

En 1996, j’allais prendre le bus et j’ai croisé Jean-Yves Lafesse. J’avais une Chupa Chups en bouche, et il m’a dit “Tu suces ?”. J’avais 16 ans. Je suis restée sidérée avant de repartir. Je n’ai pas très bien vécu cette expérience, parce que même aujourd’hui, j’en garde un fond de gerbe. Sans doute mon côté prude, hein ? Ou alors le fait que voir un type de 40 piges me poser cette question qui m’a renvoyée aux agressions subies de la part de types de son espèce. Je me faisais déjà harceler en rue depuis que j’avais 12 ans. Ce type n’était pas original pour un sou dans sa question, sans les caméras, je l’aurais confondu avec l’habituel Jean-Nuisible.

Poser des questions choquantes à des femmes dans la rue, c’est aussi une trend Tik Tok. Rien que pour voir la réaction d’une femme, se sachant filmée. Si Lafesse exerçait dans les années où tout était revu au montage (non, je ne suis pas passée dans son segment sur Canal+), ici, on sait que tout sera diffusé dans la minute, avec ou sans consentement.

(Kurtis Conner, en anglais, désolée)

Un exemple chelou est celui de “Hawk Tuah”, que je te laisse découvrir ici (attention, c’est une référence sexuelle et une meuf bourrée, le level de cringe est au max).

 

Elle a un podcast, maintenant, sa petite phrase lui a fait gagner plus de 4 millions de dollars. Pour le coup, je ne suis absolument pas jalouse. Je préfère être connue par 12 personnes mais pour des raisons un peu moins glauques, ça va.

Pranker ses proches, mordelol

Une autre tendance assez abominable est celle de “pranker” (faire des blagues) ses enfants, ses parents, ses partenaires. Mais pas avec des vannes amusantes, hein ? Avec des vannes genre faire croire à tes gosses que tout le monde va à Disneyworld avant de leur rire au nez. Faut bien leur apprendre à gérer la déception, haha.

Bam Margera le faisait dans les années 90 en harcelant son père pour Jackass. Attention, la vidéo ci-dessous n’a qu’un aspect nostalgique superficiel qui parlera 20 secondes aux fans de Jackass, mais en vrai elle est violente, problématique, inintéressante. J’en avais marre de montrer des vidéos des années 2020 et ça n’a pas changé d’un iota. Et ça permettra aussi à la Gen Z de constater qu’elle n’a rien inventé. CHEH !

(pardon, je craque un peu, oui, allez, on respire et on va dans le pire)

Toujours sur YouTube, le cas DaddyoFive a elle aussi terminé avec des parents en prison. Parents qui torturaient leur petit dernier, avec un Trouble de l’Opposition avec Provocation: trop drôle de lui faire péter des câbles pour ensuite le punir sévèrement, hein ?

Leurs vidéos sont constituées à 60% d’enfants qui pleurent et pètent des câbles.

Dans la famille LaBrant, on commence par annoncer à une des filles qu’on va devoir donner le chien pour des raisons à la con. Elle pleure. Tant mieux, ça fait des vues ! En revanche, elle ne cesse pas de pleurer alors que sa mère lui avoue que c’était une blague. Bizarre.

Une trend moins sadique mais tout aussi humiliante : faire de la pâtisserie avec son enfant, casser un œuf, mais au lieu de casser l’œuf sur le plan de travail ou le rebord du saladier, on le lui casse sur le front. Curieusement, un enfant de moins de 6 ans a du mal à saisir en quoi c’est si drôle.

@lareinarosa24

#CapCut#eggcrackingtrend I’m really glad people are speaking out on this trend. It’s heartbreaking 💔

♬ original sound – LaReinaRosa24

 

Blagues au supermarché

Et si on jouait à “the floor is lava” mais dans un hypermarché ? Ce jeu consiste à prétendre que le sol est de la lave, et qu’on doit donc se déplacer uniquement en hauteur, en sautant par exemple d’objet en objet. 

On peut aussi faire semblant de tomber et lâcher ce qu’on a en main, afin que ça se répande au sol (préférer du lait ou de l’huile pour l’effet visuel et permettre aux autres client-es du magasin de tomber également).

Mieux : lécher les produits avant de remettre le couvercle. La tendance a débuté avec de la crème glacée (Ice Licking Challenge), mais le ciel est ta limite !

Notre star pour cette trend est Jack Doherty, YouTubeur depuis l’âge de 7 ans, qui a tout récemment crashé sa voiture de luxe (en live !) en textant et conduisant. La police n’a pas trouvé ça si fun que ça. Ses parents s’en branlent ou l’encouragent. Bah oui, c’est eux qui avaient la responsabilité des revenus jusqu’à sa majorité, atta.

 

(La vidéo ci-dessus revient sur l’implication de Jack Doherty sur Only Fan, qui s’est converti en proxénète virtuel. Le titre est totalement pété, oui, absolument)

Et voici Cleore qui nous présente Jack à sa manière. Que j’adore. Merci Cleore !

 

Surtout, continuer à se filmer lorsqu’on se fait sortir par les vigiles, s’indigner lorsqu’on se fait appréhender par la police, pour un effet plus réussi. Les “prankeurs” les plus célèbres ont d’ailleurs souvent des gardes du corps, afin de les préserver de toute réponse de la victime de la blague.

Le master ? Zachary Latham, qui a fini par tuer son voisin agacé de le voir jouer de l’accélérateur dans le voisinage. Après avoir harcelé ses voisins pendant des mois, il en pousse un à bout et invoquera la “légitime défense”. Sorti de prison, il y est retourné, cette fois juste pour harcèlement. Qu’on ne le laisse pas décimer tout le voisinage est sans doute une…bonne chose ? 

 

Saute dans le lac !

En mai 2024, Natalie Reynolds, réduite à streamer sur Kick après s’être fait jeter de tous les autres réseaux sociaux (on appelle ça une prouesse), décide de pranker dans un parc. Elle propose à une femme, manifestement soit sous l’effet de substances ou atteinte de troubles psy, 20 dollars si elle se jette toute habillée dans le lac juste là, devant. La femme le fait. Mais elle ne sait pas nager. Elle l’a même dit à Natalie. L’équipe est donc passée à deux doigts de l’homicide, mais a fait mine de se casser en riant avant d’être rattrapée par un employé du parc. Les pompiers ont ensuite été appelés (par un témoin) pour sortir la femme de l’eau.

Feindre une maladie

Autre truc super drôle et pas du tout stigmatisant : être neurotypique et simuler un meltdown ou une crise psychotique en public. Qu’est-ce qu’on se marre. Pour en vivre, des crises psychotiques, j’ai tout sauf envie d’être filmée et exposés dans ces moments d’extrême vulnérabilité. Et, quand bien même, avec mes quelques connaissances en psychiatrie et la pair-aidance, je sais parfois déterminer le fake avec des indices que “seul-es les vrai-es savent”. 

Une personne avec un Trouble Dissociatif de l’Identité met par exemple en scène son amour entre deux de ses alters.

 

(Sous titres FR accessibles)

 

(Sous titres FR accessibles)

 

Feindre une pathologie est quelque chose sur Tik Tok, on va l’aborder rapidement ici. Il y a eu une trend “autistic challenge” mais aussi des personnes qui simulent un syndrome de la Tourette ou Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI). Quand au TDAH Tok rempli de personnes simulant uniquement les effets rigolos du trouble, que dire… Je ne peux en aucun cas remettre en question leur diagnostic, mais mettre en scène son trouble, présenter les aspects sympas sans jamais parler des down, c’est mensonger et ça fait du mal à toutes les personnes atteintes. 

Oui pour expliquer, documenter, sensibiliser, mais en jouer pour un but lucratif ?

Voici aussi Alistair (keur keur keur) pour HParadoxae [FR] sur ce thème, avec beaucoup de nuances et toute une playlist sur l’autisme : 

Un cas intriguant est celui de “TwoSoulsOneBod” dont deux alters sont tombés amoureux l’un de l’autre :

Un cas avéré de tromperie, avouée, est celle de Ticksandroses. Voici la réponse de deux personnes atteintes du syndromes de la Tourette qui répondent :

Le plus difficile pour la fin, et sans vidéo car gros gros TW : l’affaire Kelly Rohagan qui a fini amputée des deux jambes suite à un probable Munchhausen et qui a documenté l’exemple de son parcours sur Tik Tok.

Troller un pays : le cas Johnny Somali

Enduire la statue d’une “femme de réconfort” d’huile pour bébé tout en passant une chanson de Puff Diddy ? Lui passer la main sous sa jupe ? En quoi c’est problématique ? 

En Corée du Sud et dans toute l’Asie du Sud Est, les “femmes de réconfort” étaient des femmes soumises à la prostitution pour l’usage des soldats japonais. Cette statue rend hommage à ces femmes sacrifiées. L’huile pour bébé est devenue le symbole des viols (présumés à ce stade) commis par Diddy sur plus de 120 victimes, préférablement mineures évidemment. Est-ce que tu vois le problème ?

Ce fut le summum pour lui, qui risque actuellement 10 ans de prison. Après des années de harcèlement de rue en Corée du Sud, il était temps que quelqu’un l’arrête. Il n’est pas Somalien, mais la Somalie connectée est indignée par ce type qui porte comme vrai nom Ramsey Khalid Ismael et qui nuit à leur image.

À mon avis, il ruine l’image de l’humanité toute entière, d’autant plus qu’il n’est pas le seul, mais bon.

Parce que oui, plusieurs cisdudes se font un métier de se rendre en Asie du Sud Est et de ne volontairement respecter aucune convenance ou limite en profitant du caractère peu belliqueux des habitant-es. Du type qui se rend dans un wagon pour femmes au Japon à celui qui harcèle des femmes en rue, on a de tout.

(Vidéo sur les exactions japonaises de Johnny Somali)

 

(Vidéo expliquant ses problèmes judiciaires en Corée du Sud)

C’est bon ? On respire un peu ? Allez, en route vers la deuxième partie !