Je me permets ce petit repost triste car je voulais proposer cette critique à la librairie que j’aime et qui organise une rencontre où on cause livres, mais tu sais quoi ?

Je me cancel.

J’ai trop peur, d’autant plus que je devais parler de cancel culture (l’ironie est forte, hein ?) ou de philanthrocapitalisme ou direct de Frederici. Mais vu l’accueil, la dernière fois, sur le groupe de ma ville où j’ai juste dit le mot “féministe” je me dis que je vais me faire éclater. Je ne suis pas en capacité de me faire éclater. Déjà me déplacer, bon. Parler devant des gens va me réclamer 150 000 cuillères, et si je me fait huer je vais vraiment me sentir mal et plus jamais parler de ma vie. Cet évènement se situant dans une ville bourgeoise du Val de Marne, j’ai zéro chance de survie.

Donc je me cancel alors que je voulais parler cancel culture, et je suis soit lâche, soit mon instinct de survie est fort dans certains moments difficiles. Ou les deux.

Allez, je vais reprendre ce que j’avais écrit en juin 2022, pour moi, pour la catharsis, pour retravailler le texte que j’avais écrit en repensant aux bons moments où je pensais pouvoir arriver quelque part en m’exprimant. Mais je pense que je vais renoncer à ça, à tout. Je ne sers à rien.

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🤓 Ce matin je te propose une fiche de lecture de l’essai, court, 38 pages, de Laure Murat, et qui s’appelle “Qui annule quoi ?”

Le bouquin est court, pas cher (4,50€), donc si tu peux le trouver, prends-le pour soutenir l’autrice, MAIS je sais que c’est chaud de lire pour beaucoup d’entre nous, même 38 pages, on va essayer de tirer les grandes lignes à notre façon, c’est à dire n’importe comment.

🐦 “Membre de la maison Murat, Laure Murat est une cousine du 8e prince Murat, et la fille de Napoléon Murat, producteur de films, et d’Inès d’Albert de Luynes, qui a écrit quelques ouvrages.
Elle obtient son doctorat en histoire, à l’École des hautes études en sciences sociales, en 20064. Son champ d’études s’étend à l’histoire de la culture, l’histoire de la psychiatrie, les gender studies.
Elle est actuellement professeur au département d’études françaises et francophones (Department of French and Francophone Studies) de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA)” 🐦

Ok, on choisit pas où on naît et si on finit par faire un livre sur la cancel culture c’est qu’on s’en est bien sortie je crois. J’espère 🤞

Laure Murat

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🎯 “La cancel culture ou, littéralement, culture de l’annulation, est essentiellement un terme polémique, péjoratif, une “expression de la droite américaine adoptée par les néoconservateurs français pour mieux disqualifier les interpellations progressistes” selon la formule d’André Gunther. Elle désigne un ensemble de réclamations, issues de la gauche radicale, exigeant un changement concret de pratiques dans la société accusée de perpétuer une culture raciste, sexiste, ignorante des populations opprimées. Outil critique des minorités exerçant leur liberté d’expression, elle consiste notamment à révéler des propos ou des actes jugés répréhensibles ou offensants de la part de personnes, d’entreprises ou d’institutions, et à leur retirer tout soutien notamment sur les réseaux sociaux. La cancel culture est donc avant tout un mode d’expression et de protestation, composé de discours et d’actions concertées relevant de droits politiques ; manifester, boycotter, lancer des alertes.” 🎯
(“Qui Annule quoi”, toutes citations de l’essai sont entre 🎯🎯)

Je pense que c’est une très bonne définition et c’est bien de commencer par retrouver la vraie définition du terme sans l’épouvantail wokiste qui va avec. Et surtout, ce que j’y vois, c’est la légitimité de l’alerte : les outils utilisés sont les outils politiques habituels (manifestation, boycott, alertes) et mis à la disposition de tous-tes dans le cadre de la loi.

🃏 Manifester n’est pas illégal.
🃏 Boycotter n’est pas illégal.
🃏 Lancer des alertes n’est pas toujours illégal (ce devrait être jamais mais le secret des trucs, là, des gens qui ont de la thune et des avocats, c’est une vraie prise de risque)

Je crois que c’est la peur qui guide les personnes qui crachent sur la cancel culture. Parce que quand on sort ton linge sale et qu’on expose les traces de pneu, t’es pas content-e. Voir que ça arrive aux autres doit en mettre certains en grande difficulté.

La cancel culture utiliserait des méthodes violentes (cramer des affiches, faire des actions de terrain pour bloquer des enseignes) et illégales que ça arrangerait tout le monde qu’on sorte du cadre de la loi. Mais non. Dire à une personne ou une entité : “tu fais de la merde” est absolument légal et ça s’appelle la Liberté d’Expression (BLAM 💥).

🎯”La cancel culture est la mise en œuvre d’une pression populaire sur les sphères du pouvoir” 🎯


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Ici, on parle déboulonnage de statues et c’est un bon exemple, en effet. Quoi de plus visible et parlant politiquement que d’annuler la pose d’une sculpture ?

👉 Fait super intéressant :

🎯 “Comme dans le cas de la statue du Général Lee à Charlottesville, où le retrait avait été approuvé par la municipalité ET les descendants du général sudiste, la volonté populaire n’a fait, en réalité, que rencontrer un projet ou une décision politique déjà entérinée” 🎯

Concernant le déboulonnage de cet individu heureusement mort depuis bien longtemps qui est Léopold II, 10 millions de mort-es à son actif, essentiellement des personnes colonisées, la lutte militante a suivi une pétition déjà signée par 80 000 personnes. Mais le tortionnaire est encore en place, t’en fais pas.

En 2020, à New York, le Muséum d’histoire naturelle a demandé le retrait d’une statue de Roosevelt “car elle représente explicitement un Noir et un Amérindien comme assujettis et et racialement inférieurs” (Bill de Blasio, maire de NYC)
Les descendants de Roosevelt ont soutenu la décision.

Laure Murat évoque ensuite la Frônce, ce beau pays de mon enfônce, qui est moins opé pour l’idée. Mais (Merde c’est quoi son nom à l’autre, là, qui nous gouverne ?) Poupi 1er a été bien clair : la République n’effacera personne. Comme si débouler Léopold II l’aurait fait sortir des livres d’histoire par pure magie, tsé. Ce n’est pas une statue, dont tu ne connais sans doute pas la vie, qui va apprendre l’Histoire, en vrai. Ou alors je vais réclamer des statues de mes idoles féministes de peur d’oublier mes racines.

👉 Ériger une statue, c’est célébrer et honorer une personne. Cesser de célébrer la personne ne dispense pas d’indiquer dans les livres d’histoires ce qu’elle a accompli ou commis. Est-ce que Léopold II ou Roosevelt sont sortis des mémoires ? Non. Le déboulonnage a simplement signifié qu’on ne souhaitait plus célébrer cette personne ou cet événement.

Regarde, on a à priori plus de statue d’Hitler en circulation, est-ce qu’on a oublié ce sombre résidu de Jenkem (le Jenkem est un hallucinogène issue des excréments humains) ? Nope, on l’a pas oublié, des imbéciles Godwinnent chaque jour et le feront sans doute jusqu’à la fin des temps, le néonazisme a un nom et des armes, la menace fasciste est on ne peut plus réelle.


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Les statues sont un rappel de l’histoire. Déjà, c’est cher, faut avoir voulu payer tout le truc, faire fondre du métal ou tailler de la pierre puis faire une plaque, c’est pas imprimé en 3D et juste posé là. Non. C’est une volonté coûteuse d’honorer une personne ou un événement spécifique. Rien qu’au niveau de la place, on ne peut pas honorer tout le monde, surtout si on honore tous les connards de l’histoire.

Exemple :


Le Centaure Nessus enlevant Déjanire
Laurent-Honoré Marqueste, 1892
Jardin des Tuileries

🤿 Illustration de l’enlèvement de la femme d’Hercule par un centaure “tombé amoureux” d’elle. L’enlèvement des Sabines est aussi souvent représenté et mis en valeur alors que l’histoire qui y est accrochées est juste immonde (on vole les femmes des autres pour faire des enfants). C’est dit qu’elles étaient consentantes, évidemment. La Belle et la Bête revival. Déjanire a l’air super consentante sur la statue, j’avoue.

On continue à voir ces statues, ces symboles bien souvent issus des guerres ou du colonialisme, la mise en valeur et la glorifications de personnes “pas si bien que ça”. Alors oui, c’est du beau boulot, si on aime bien voir des meufs se faire traiter comme des objets dans la promesse d’un avenir constitué d’agressions de tous types. Le contrôle du corps des femmes, essentiellement pour la maternité, EST une violence. Honorer le colonialisme EST une violence.

👉 Laure Murat précise à juste titre que les demandes de déboulonnage attirent l’attention sur une période ou un pan de notre culture en invoquant chacun-e à la réflexion, et ne font pas que faire ctrl+x en laissant tout le monde dans le vent. Non. Chaque action est justifiée, appuyée par l’Histoire, on explique ce qui ne va pas et pourquoi on doit agir. Ces actions attirent notre attention sur notre propre linge sale, et ça, ça fait chier les dominants. Pas pour la statue, mais pour l’éclairage nouveau qui est fait sur les “grands personnages” qu’on enseigne à l’école. L’Histoire est finalement pas si manichéenne, hein ? On peut sauver un pays et être un sale con.

J’ai récemment trouvé la chaîne YouTube nommée “Knowing Better“, tenue par un ancien prof d’Histoire aux US. Lors de plusieurs épisodes, il avoue ne jamais avoir étudié tel ou tel événement lors de son cursus universitaire : la fin de l’esclavage aux US (1942 en réalité), le mythe de Thanksgiving, le mythe autour des natif-ves qu’on a juste…cancel (haha). Il s’en excuse et espère réparer en produisant du contenu.

On a un peu le même deal d’une Histoire idéalisée en France et je suis très heureuse d’avoir eu un prof d’Histoire, sur un an, qui racontait ce qui se passait en dehors des livres. Je n’ai jamais suivi un cours aussi assidûment. Les mythes liés aux guerres, la mort du socialisme en France, les magouilles qui ont émaillé l’Histoire, ce genre de choses.

Nan, ce que veulent les dominants c’est qu’on oublie ça et qu’on continue sur notre lancée. “Ce qui est fait est fait, oublions le passé” style. Mais sans toucher aux mémorabilia sinistres : tableaux et statues continueront de raconter cette histoire fantasmée. Certains parlent même de révisionnisme sans percevoir la contradiction. Les événements se sont produits, on a trouzmille wagonnets de bon dieu de preuves, dont des statues, nul besoin de révisionniser qui que ce soit, au contraire, on VEUT que les erreurs soient visibles et connues de tous-tes sans avoir à subir ces monuments.

Et l’analogie foireuse est typique des pseudo-arguments des droitards fâchés qu’on aille fouiller dans leurs petites affaires. Retournez vous flatter sur votre connaissance suspicieusement exhaustive des heures les plus sombres de notre Histoire et foutez-nous la paix.

Voici la vision “Charlie Hebdo” de la cancel culture. Par Biche. Oui, c’est peu représentatif.

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On a déjà fait plus de la moitié, c’est passionnant.

Laure Murat évoque un livre nommé “Les Statues de la discorde” de Jacqueline Lalouette, historienne qui rappelle que par le décret du 14 août 1792, l’Assemblée législative ordonne la destruction des statues et monuments :

🐦 “Les principes sacrés de la Liberté et de l’Égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l’orgueil, aux préjugés et à la tyrannie”

ET BIM
Les Républicains en PLS !

🙄 Et puis merde, quand c’est des statues de Marx ou de Lénine qui tombent, tout le monde est ostensiblement content et personne ne gueule à la cancel culture. Je dis pas que Lénine mérite une statue, je pointe la différence entre “nos” méchants et “leurs” méchants.

Ici, elle prend l’exemple de Jules Ferry, et ça tombe bien car l’Enfant est dans une école qui porte ce nom. Mais Jules Ferry c’est pas un Charlemagne bienveillant. Charlemagne non plus n’était pas un Charlemagne bienveillant, cela dit.

On trouve des archives des débats sur le site de l’Assemblée Nationale :

🐦 “[Jules Ferry] Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… (Rumeurs sur plusieurs bancs à l’extrême gauche.)

M. Jules Maigne. Oh ! vous osez dire cela dans le pays où ont été proclamés les droits de l’homme !

M. de Guilloutet. C’est la justification de l’esclavage et de la traite des n…[edit : ce mot n’a pas sa place chez moi] !

M. Jules Ferry. Si l’honorable M. Maigne a raison, si la déclaration des droits de l’homme a été écrite pour les noirs de l’Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas !
[…] M. Jules Ferry. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures…
[…] Ces devoirs, messieurs, ont été souvent méconnus dans l’histoire des siècles précédents, et certainement, quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l’esclavage dans l’Amérique centrale, ils n’accomplissaient pas leur devoir d’hommes de race supérieure. (Très bien ! très bien !) Mais, de nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquit­tent avec largeur, avec grandeur et honnêteté, de ce devoir supérieur de civilisation.” 🐦

Ça fait mal au cul, hein ?

On va faire quoi de Jules Ferry, alors ?

“Les délégués des colonies et Jules Ferry”
1892, par Frédéric Regamey.

🐡🐡🐡

La question qui suit est intéressante :

🎯 “Quel est le sens de la monumentalité aujourd’hui ? Et de la monumentalité personnifiée ? Qu’implique-t-elle en termes de hiérarchie, d’échelle et de culte ?”🎯

Par quoi remplacer ces statues qui à elles seules perpétuent l’idée des “Grands Hommes Héroïques” ? Et c’est vrai : de toutes les guerres, de toutes les révolutions, on n’a conservé que les “héros” en oubliant commodément, parce que ça ferait beaucoup à sculpter, les petites mains des victoires ?

👉 Les modes d’expression artistiques sont pourtant foisonnants, rien n’empêcherait un remplacement par une non-figuration personnelle au profit d’une symbolique ou d’une photo de groupe ? Ou d’un plug anal comme place Vendôme ? Je sais pas, je propose !

A ce titre, je trouve la place des “900 jours” à St Pétersbourg vraiment bien car célébrant l’ensemble de la résistance de la ville durant les 900 jours de siège par l’armée allemande (1941/1945), sans se focaliser sur une seule figure. J’ai eu la chance de la visiter en 1996 et c’est un des lieux qui m’a le plus bouleversée, vachement plus que le rococo aveuglant des Palais. J’étais assez jeune mais le symbolisme puissant m’a totalement emportée. J’ai récemment retrouvé mes photos de l’époque. Les photos étaient pourries mais le souvenir vivace.
(Oui, j’ai fait Russe en LV1, kesstuveux, on naît rouge ET on le devient)

Dans tous les cas, loin de bêtement supprimer des choses en annulant l’Histoire, les revendications militantes permettent de mettre en lumière ce qu’on a oublié, les choses devant lesquelles on passe chaque jour sans ciller.
Place Maurice Barrès, antisémite d’extrême droite, Colbert, colon notoire plein de merdes…

Je vais chercher mon enfant rue Galliéni dans son école Jules Ferry, j’avoue que c’est pas rien (Mais je croise la rue Joséphine et la rue Clotilde sur le chemin, ça compense ❤️).

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Autre question : et les nuances de gris ?
Lincoln et Churchill étaient pas des gens parfaits, au contraire, mais ils ont fait des trucs plutôt bien.
Alors, on en fait quoi ?

👉 La question, ici, est : est-ce qu’on pense aux victimes ou aux populations racisées ciblées par ces personnes au cours de l’Histoire ? Est-ce que les accomplissements effacent les crimes ? Doit-on passer certaines choses sous silence ?

Faut-il cancel les exactions de nos “grands hommes” ? (Celles de nos “grandes femmes” c’est déjà fait)

Manifestement oui car c’est ce qui est fait. On oblitère tout ça, on le fout sous le tapis et on célèbre les vainqueurs.
En gros on peut cancel ce qu’on veut, tant que ça va dans le sens du discours dominant.

🦈 Tout comme beaucoup ne peuvent plus séparer l’homme de l’artiste parce que quand même, il a fait des trucs bien, on se retrouve face à un double discours complètement incohérent. On peut cancel une femme à tout moment en la privant de son emploi, en la harcelant, en l’agressant jusqu’à ce qu’elle se taise, mais Polanski n’ira sans doute jamais en prison alors même qu’il a été JUGÉ.

Car les dominants peuvent te cancel à tout moment.
Le footballeur Colin Kaepernick s’est agenouillé en 2016 pendant l’hymne national pour être ensuite exclu de la NFL. Le geste était puissant, les représailles le furent tout autant.

👉 Le pouvoir, il n’est pas entre les mains de ceux-lles qui pointent du doigt les difformités du système, non. Le pouvoir, il est entre les mains des dominants et c’est PRÉCISÉMENT ça qu’on cherche à occulter en prêtant un immense pouvoir imaginaire aux islamo-wokistes. Établir une pseudo égalité en terme de pouvoir est une stratégie qui justifie la violence des oppresseurs.
Comme quand tu fous une taloche à un enfant en disant “Rhalala ces enfants nous manipulent”. Les enfants de moins de 6 ans ne manipulent personne, ne font pas exprès et n’ont même pas encore le concept en tête, leur prêter des intentions qu’iels n’ont pas justifie simplement les violences parentales aux yeux de certain-es.

Qui se fait virer quand elle accuse de harcèlement ou de viol ? Le coupable ? Je rappelle ici qu’on a élu deux violeurs (“””présumés”””) aux législatives. Où sont passées les victimes ? Personne ne s’en souvient, elles ont été harcelées, brutalisées dans les médias, et ont sans doute fini par se mettre au vert.

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Très honnêtement, je n’ai pas appris grand chose si ce n’est le fait que les déboulonnages sont souvent déjà dans le pipe || comme on dit dans le digital-avec-les-doigts. Mais j’avais triché parce que c’est un de mes sujets d’intérêts.
En gros je suis rassurée que mes recherches empiriques lors de l’écriture de billets matinaux ne soient pas complètement pétées. Au contraire, on a bien la même logique et ça me rassure quand à mes capacités d’apprentissage par moi-même. Nan, vraiment, j’ai un gros souci de légitimité (si tu n’avais pas déjà remarqué au fil du temps) donc me dire que ce que je pensais et exprimais l’est également par une personne sans doute plus intelligente que moi, ça me rassure.

HOWEVER, cette lecture de 38 pages pour seulement 4,50€ me semble être un bon outil à mettre entre les mains de ton ami un peu réac sur les bords qui capte rien et qui t’énerve à faire semblant de ne pas comprendre qu’il bosse en réalité pour les dominants comme lui. En plus, pour le coup, Laure Murat est historienne et star en gender studies, elle sait un peu de quoi elle parle.

Je vais m’efforcer de mettre la main sur d’autres brochures de la collection Seuil Libelle car ça peut être bien d’avoir ce type d’outil court et percutant à portée de main.

👾👾👾

PS : Quand j’ai vu le visage de Laure Murat, j’ai revu Supernana, l’animatrice radio de mon enfance que j’aimais d’amour (Rest in Pipe Catherine Pelletier <3 ), je viens de comparer à nouveau et la ressemblance est vraiment frappante.

Donc ça m’a indirectement fait du bien. Non, rien, j’en profitais juste pour re-re-redire mon amour profond pour Supernana. C’est elle qui m’a appris les codes de la sexualité, qui m’a fait découvrir l’homosexualité, les transidentités, le travail du sexe, la prévention contre le VIH, j’étais “beaucoup trop jeune” pour ça mais ça a forgé en moi un truc indéboulonnable : chaque personne est différente, les gens peuvent agir à leur guide tant que c’est dans le consentement et la joie, ne juge jamais une personne sur son apparence, l’amour est puissant, infini et prend différentes formes.

Une page Facebook sur l’émission repasse d’anciens extraits et ça me fait beaucoup de bien de savoir que la mémoire de Supernana survit encore aujourd’hui ❤️

Edit : un livre sur sa vie va être publié, j’ai participé à la cagnotte et mon témoignage sur cette partie de ma vie y figurera peut-être. J’avais 10 ans et je survivais aux abus grâce à sa voix puissante.

Moi, je ne le suis sans doute pas suffisamment, puissante, pour aller dire tout ça devant des personnes qui se montreront sans doute peu réceptives, voire hostiles à mon discours.

Alors je me cancel.