Heure de réveil : 4h43 (grr)

On en est à la phase 2 de la grève des chats. Hier je pensais m’être sortie d’affaire parce qu’ils se sont rués sur les croquettes habituelles, QUE NENNI. C’était une feinte pour mieux me sauter à la gorge à peine posé un pied par terre.

J’en ai marre d’avoir la crève, aussi. Le 38°C au réveil ça me gonfle puissance tête de Finkie.

Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiis t’as vu, Finkielkraut s’est fait (enfin) virer !

“«Je veux aller en justice. Et je suis d’autant plus déterminé à le faire que LCI a retiré l’émission de son site internet, ce qui empêche tout le monde de se faire une idée précise de ce que j’y ai dit. Je suis jeté en pâture», a déclaré le philosophe, interrogé par l’AFP. «J’ai pris la décision d’attaquer quand j’ai vu que cette émission n’était plus visible. Eux-mêmes, LCI, ils trafiquent mes propos en envoyant un passage décontextualisé» sur Twitter, a-t-il ajouté.”
(Le Figaro)

Les différentes personnes en moi ont différentes réponses. La webmaster en moi rigole bien (rien n’est jamais supprimé sur Internet…), la militante lève les yeux au ciel en priant la Libertay D’exprechun et la survivante a juste envie de lui faire un Mawashi Geri.

👾👾👾

On rigole, on rigole, mais ce type est une pourriture de la pire espèce : les intellectuels blancs “hédonistes” qui passent à la télé.

Banaliser la pédophilie et la pédocriminalité c’est grave, et il aurait dû se faire jeter depuis longtemps, comme ses potes Frédéric Mitterrand, Matzneff, et tous les autres tocards dont ma colère brouille les noms sous mes yeux.

De toutes façons ils se ressemblent tous.
Prosopagnosie.

De toutes façons, ils ressemblent tous à mon agresseur.
Nan mais genre, heu, vraiment. Il était de cette engeance, avec sa Culture et ses Activités Extraordinaires de Pro. Intelligent, pense-t-il, supérieur aux autres, certainement, légitime à agir comme bon lui semble du fait de son incroyable valeur par ailleurs, trop précieux pour l’Humanité. Quel talent.

Pour moi, ils ont tous son visage.

🤢🤢🤢

On est des biens de consommation, pour eux.

Peu importe qui nous sommes, femmes, enfants, nous sommes sans âme. On nous prend, on nous use, on nous rejette.

Parce qu’au moment où on nous attribue la moindre parcelle d’humanité, les choses se compliquent, moralement. La dissonance se règle donc à la base : si l’objet de mon désir n’est qu’un objet, je ne fais rien de mal.

(Et ta gueule dans le mur, si je l’encadre, c’est un objet ou pas ? 😒)

C’est plus simple de nous reléguer chez les “Autres”, cette masse informe de tous les gens moins bien qu’eux. C’est la première leçon dans “Patriarcat 101 : comment mettre en place un système de domination pérenne en seulement 5 étapes”.

De là, notre âge n’a strictement aucun intérêt. Ce n’est pas un “argument” car nous sommes sans âge. Eux, voient le corps. Notre corps. Un corps qui se doit de les exciter, ou un corps inintéressant pour eux. Les enfants, les vieilles. Baisable, pas baisable.

C’est tout.

Y’a rien d’autre.

On va me parler des enfants victimes qui deviennent coupables à leur tour, de pédophilie, l’amour de la jeunesse et des belles choses, de droit à l’amour, mais en fait j’en ai rien à battre. Nope.

☠️☠️☠️

J’ai été victime, enfant, je ne suis ni pédophile ni pédocriminelle. Pas mal des circuits de mon cerveau relatifs à l’amour et à la sexualité sont totalement fucked up, mais je n’ai pas agressé d’enfant.

Au contraire, depuis la découverte de ma grossesse la question m’obsède et je me demande comment sortir de cette hypervigilance constante vis à vis de mon fils. Avant de me dire que finalement, l’hypervigilance, c’est bien. C’est fatiguant mais c’est bien. On va continuer comme ça.

L’argument de l’hédonisme provoque en moi une fureur telle que je ne vais pas épiloguer là dessus et dire que tu peux fantasmer sur ce que tu veux, cela ne te donne pas le droit de te servir comme au petit déjeuner du Campanile de Nogent-le-Rotrou tel un morfale radin qui profite du moindre truc gratuit jusqu’à la mort.

Mort par petit déjeuner Campanile, je ne te souhaite pas mieux.

L’argument de l’hédonisme c’est vraiment le fin fond du cynisme. “On” est acteur, “on” se jette sur des proies, consentantes ou non, car “on” est le protagoniste principal de l’histoire.

Qui se souvient des prénoms des victimes ?
Perso j’ai Tristane, parce que c’est un prénom peu courant, mais je n’ai pas les autres. Je n’ai que les noms des agresseurs. Même si tu es médiatisée, t’as plus de prénom.

Rendre leurs prénoms aux victimes ça peut être un début, tu vois.

C’est pas “des victimes”, c’est Julie, Nesrine, Fatou, Berthilde, Samantha-Jennifer, et la liste infinie qui s’allonge à chaque seconde.

En fait, on a tous les prénoms du monde, nous, victimes et survivantes. Pas un seul prénom n’a, je pense, été épargné par les violences sexuelles. Ce qui est grave c’est que je puisse l’écrire avec une très grande confiance : les chiffres concernant ces violences sont inimaginables. 1 français-e sur 10, victime.

6,7 millions de victimes. 78% de femmes (attention, les hommes déclarent moins, merci la masculinité toxique).

🐬🐬🐬

On en est là, nous, on vous suit plus, on est derrière, larguées, à chercher désespérément qui nous sommes.

On a été prises, utilisées, on nous vole notre prénom, notre identité.

Comment se reconstruire avec ça ?

Cherchons déjà comment se construire après ça. Les agressions lors de l’enfance c’est quand même quelque chose qui affecte l’ensemble de ta vie par la suite, genre pas qu’un peu.

Ton agresseur a pris son plaisir, quelques minutes, quelques heures, il se retire, satisfait. C’est fini, pour lui.

Pas pour toi.

Toi, tu viens de prendre perpète.

Et ça, ils s’en préoccuperaient si tu avais figure humaine pour eux. La moindre once de compassion ou d’empathie est sensée te faire réfléchir à tes actes, surtout quand tu te proclames sage, valeureux, génial en tout point, exemplaire.

Mais non. Le génie peut se permettre un petit écart de temps en temps, dit-il à la manière d’une daronne qui se descend sa tablette de chocolat une fois son enfant couché.

Il est au dessus de toute cette masse grouillante des humains.

🐢🐢🐢

Et nous, on les encourage.
On les idéalise, on leur pardonne ces “écarts” parce que leur génie compte plus que nos vies.

Leur génie, leur talent, leurs films, chansons, livres, tableaux et sculptures, valent bien notre vie, oui.

Comment tu veux qu’ils se souviennent de nos prénoms ?

Oh, peut-être avec affection, quand on parlera d’une jeune fille de 14 ans dans un bestseller en racontant par le menu comment on l’a violée, en toute impunité, à l’époque et aujourd’hui.

Parce que non seulement ils nous violent, mais on fait également pour eux l’objet d’une réutilisation infâme. Matériau de roman, chanson, whatever. Les Muses sont mortes et enterrées.

A chaque fois que je lis un passage où un homme se souvient du bon-vieux-temps-wink-wink je me dis que la victime crève un tout petit peu plus.

Comment les victimes de Matzneff, celles qu’il décrit dans ses livres, ont vécu ces scènes-là ? Tu crois que la gamine de 14 ans elle se dit “son regard bleu dans les flots de mes yeux contemplant ici bas l’immensité de son désir blabla mon cul” ?

Non, elle se dit “Merde, qu’est-ce qu’il se passe, pourquoi, c’est quoi ce truc, au secours, attends, dis oui, ça te sortira d’affaire, si tu dis non ils frappent et tuent, avec de la chance tu seras juste violée”

Elle fétichise pas les vieux mecs blancs, hein. Regarde la gueule qu’ils ont en plus.

🐽🐽🐽

Ils ont réussi à nous faire croire en Lolita.
Se faire courtiser par plus âgé, c’est signe qu’on est une Femme, une vraie. C’est archi-intégré chez les adoes en tout cas.

Chez leurs comparses, 14 ans est encore l’âge de l’enfance.
Chez nous, on peut commencer les bébés.

Nos camarades masculins sont tellement immatures, au même âge. Encore protégés du monde, genre c’est eux qui ont besoin qu’on les protège du monde, tsé.

T’as jamais remarqué, ça ?

Une meuf à 14 ans elle sait déjà “tenir” une maison.
Un mec à 40 ans a toujours pas situé le panier à linge.

On est dans une industrialisation de la pédocriminalité.

On rend disponible sexuellement de très très jeunes filles pour satisfaire aux désirs des hommes, quels qu’ils soient.
Ils ont tous le droit de nous toucher, de nous agresser, du fait de leur condition de dominants. C’est dans les Conditions Générales.

On nous éduque, nous, à la soumission et à l’obéissance. Notre corps n’est pas vraiment le nôtre, si c’était le cas on aurait droit à l’IVG partout dans le monde.

Depuis la naissance, on est élevées en vaches laitières, si je peux me permettre la comparaison hasardeuse (ok, pas tant que ça).

De là…comment nous respecter ?

🐝🐝🐝

Si personne ne nous investit d’une once d’humanité, nos viols ne sont pas si graves, pas importants, broutilles, après tout “c’est la vie” et les hommes sont de dangereux prédateurs.

Peggy Sastre, une psycho-évolutionniste de Causeur fascistoïde, affirme par exemple que l’homme agresse parce que c’est un comportement favorable à l’évolution humaine. Plus de bébés = plus d’exemplaires de ma gueule.

Wow. Pick me > 9000

Ce sont eux, alors, les êtres trop irrationnels pour gouverner ?

Ah non, c’est nous. En tout logique. Parce que leurs abus et la peur dans laquelle nous marinons nous ont rendues complètement hystériques, bien sûr. Eux, si calmes et si rationnels. Si maîtres de leurs émotions et de leurs pulsions.

Ce qui est pratique c’est que le système s’auto-entretient.
Dressées à l’irrationalité et à devenir de parfaites victimes, dressés à devenir des agresseurs qui prennent et qui jettent. Notre soumission est bien preuve de notre acquiescement à ce deal monstrueux, non ? Et eux, s’ils se permettent de nous violer pour s’en vanter à la télé, c’est bien qu’on les laisse faire.

🧚🧚🧚

A titre purement personnel, mes propos n’engageant que moi, je suis convaincue que Finkielkraut lui aussi a deux trois dossiers qui font une grosse bosse sous le tapis du salon. S’il pouvait trébucher dessus, ce serait un des plus beaux jours de ma vie.

Ce mec est hautement suspect. Il prend trop de peine à défendre ses copains, trop de temps à entretenir le mythe (“violez votre femme” dit-il). Je suis persuadée qu’il tremble un peu à chaque nouveau dossier qui sort parce qu’il n’est pas tranquille.

Puis je commence à connaître ce regard qui part dans le flou à certaines évocations, maintenant.

Mec, t’es dedans jusqu’au cou.

Mais en attendant, il défend les copains, en se disant que peut-être, quand ce sera son tour, ils seront là ?

Ce n’est qu’une intime conviction. Rien de plus.

Ceci n’est pas une parodie

🐮🐮🐮

On nous élève comme des vaches laitières. Soumises, offertes, généreuses, pas bavardes, pour le coup. On passe d’une main à l’autre, on sert différents maîtres, pourquoi pas.

Pas un seul instant ne nous est accordé une quelconque sentience. Est-ce qu’on souffre ? Aucune idée, on ne peut pas parler. Est-ce qu’on pense, même ? 🤷‍♀️

Oui mais.

Depuis un moment, on bouge enfin. Ils découvrent qu’on sait parler. Qu’on sait frapper, aussi, fort.
Du coup, on va sur LCI défendre l’idée qu’on peut consommer une jeune personne, le dire publiquement, et s’en sortir les mains dans les poches.

Le mal est fait.

“Si ce qui m’arrive est si banal, pourquoi en parler ?”

Ben ouais, pourquoi ? Faut laver son linge sale en famille, laisser les braves gens gagner leur vie comme ils peuvent. Le viol fait partie de nos vies, c’est une possibilité envisageable, quelque chose comme se péter une jambe. Ça arrive, on y peut rien.

Quand on dit “séparer l’homme de l’artiste” j’entends “Leurs vies toutes entières valent moins qu’un de ses films”. Et des gens disent ça, normal, entre la poire et le dessert. Mains dans les poches.

🦉🦉🦉

Non, ta vie ne vaut pas moins que celle de Finkie. Pas plus non plus, mais pas moins. Ce qui se passe derrière les portes de toutes ces demeures doit être dit.

Une fois énoncés, les faits prennent vie, sous les néons verdâtres grésillants. Une scène romantisée de “séduction” devient une sordide affaire de viol sur mineure. Un “hédonisme” est de la pédocriminalité la plus obscène. Tu passes des salons bourgeois au couloir du RER à 1h du mat.

Nos romanciers, nos intellectuels, nos réalisateurs, tous ces gens ont on autre visage sous les néons.

Et TOI.
Toi. ♥
Toi, tu vaux plus que toutes les œuvres réunies. On les cramera s’il le faut, pour te sortir de là, je te le promets. On les cramera malgré les cris outrés devant cette si terrible censure que nous appliquerons ensemble.

Il faut cramer les idoles, et vite. Et ainsi, on pourra enfin reprendre notre souffle, toutes ensemble.

Prends soin de toi ♥