Heure de réveil : bien trop tôt pour mon bien-être.

Mais je me suis réveillée en faisant semblant de hurler de rire (parce que tout le monde dors, sauf les chats) devant une image de CNEWS présentant les “nouveaux mots” que le totalitarisme wokiste fait entrer de force dans les mœurs.

👀👀👀

Bon, alors, déjà, l’usage fait le dictionnaire. Désormais, j’accepte la validité du mot “digital” mais peut-être que je continuerai de me moquer. Parce que l’usage fait le dictionnaire, donc en toute logique, je m’adapte. Pourtant, ça a été vraiment difficile. Je reconnais aussi désormais la plupart des mots utilisés dans le domaine du digital-avec-les-doigts (j’ai dit que je continuais de me moquer) et je fais pas chier le monde à cause du mot FLEX.

En revanche, je ne sais pas si je pourrais m’adapter au turbo bullshit CNEWS qui nous propose des mots inconnus de toustes (argh de l’inclusif)

Contexte :

🐦 “La ministre de l’enseignement supérieur s’est déclarée favorable à l’écriture inclusive. Dans le même temps c’est l’écriture « non-binaire » qui s’installe dans les universités.
Tout cela de manière totalitaire pour déconstruire et détruire notre langue et notre culture !

Le délégué national de l’UNI Rémy Perrad était sur le plateau de Pascal Praud le 13 juin 2023 à ce propos.”
(UNI, le site de la droite étudiante, c’est marqué dessus, je te jure)

ECRITURE INCLUSIVE: LES NOUVEAUX MOTS
MONSIEUR/MADAME → MISIX
MAMAN/PAPA → MAPA
MATERNITE/PATERNITE → NEUTERNITE
AUTEUR/AUTRICE →AUTRIM
NOUVEAU/NOUVELLE → NOUVELLEAU

ADJECTIFS
SURPRIS/SURPRISE → SURPRIX
CONFUS/CONFUSE → CONFUX

ÉCRITURE INCLUSIVE: ADIEU BESCHERELLE, BONJOUR “IEL”

J’ai utilisé un OCR pour pas me fader la réécriture de cette image, désolée pour le CAPSLOCK DES ENFERS

🦆🦆🦆

Et là, d’abord, tant de conneries en si peu de mots, c’est limite mignon si ce n’était pas aussi bête. J’ai bien du mal à sortir de mon hilarité silencieuse, j’avoue.

J’aime surtout le choix de l’invité, inconnu de moi mais de l’UNI, l’association de la droite étudiante. Forcément, si tu tapes à droite, tu sais déjà à quoi t’attendre niveau inclusivité et volonté de changement.

Selon leur propre site :

“L’UNI est une association indépendante et représentative qui rassemble des lycéens, des étudiants, des enseignants ainsi que tous ceux qui souhaitent défendre et promouvoir l’excellence, la reconnaissance du mérite, et la défense d’une société de liberté et de responsabilité. L’UNI milite pour une Éducation centrée sur la transmission des savoirs, des valeurs et de notre héritage culturel et historique.”

Mais là, c’est juste fendard. Ils ont repris, en gros, la syntaxe étasunienne qui propose des X et qui est difficilement décalquable tel quel sur du français. C’est absolument ridicule. Oui, on peut utiliser des X, je l’utilise pour les personnes qui se genrent de cette manière et ça ne tue pas mon âme. Mais c’est clairement pas l’utilisation standard ici bas, Rémy. Je sais pas d’où tu sors tes infos, sans doute de ton cul, mais c’est un peu la honte, là.

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Alors voilà, CNEWS, à quoi s’attendre ? Sauf que j’ai détecté un truc qui est tout sauf innocent, surtout si notre interlocuteur puise ses sources aux US, comme c’est manifestement le cas.

Maman/Papa – MAPA.

C’est l’occasion de parler de “dog whistleblowing” dis donc !

Le terme “dog whistle” est un terme difficilement traduisible en français (parce que la transposition brute ne fonctionne pas, pas plus qu’avec les X) mais renvoie aux sifflets à ultrasons qui appellent les chiens. L’utilisation de ce mot remonte aux habitudes des esclavagistes de siffler les chiens pour retrouver les fugitif-ves, mais aussi la consigne silencieuse donnée aux chiens policiers pour attaquer.

Le sifflet à ultrasons n’est audible que par les chiens (et sans doute d’autres trucs mais moins bien dressés), c’est un signal discret pour déclencher une réaction de l’animal.

Si je te dis “Je vis en banlieue parisienne, à 100m du 93” tu penses peut-être, comme  une de mes sœurs, que “la banlieue c’est dangereux”, rempli de tours HLM invivables aux murs tenus par de petites frappes. Alors que je vis dans un endroit plutôt paisible.
Surtout, quand tu penses “banlieue”, tu penses sans doute “immigration”, car les banlieues sont uniquement racontées à travers les “émeutes” ou soulèvements populaires. Si tu penses immigration, tu penses “personnes racisées et violentes” et là, bim, tu es tombé-e dans le piège de l’à priori déclenché par un seul mot : banlieue.

Ton esprit est passé de “banlieue” à “immigré-es” quasiment automatiquement, car c’est le langage utilisé dans les médias en association à des cramages de bagnoles, du deal de shit et autres agressions sanguinaires à base de feux d’artifices, blablabla.

Le dog whistle, c’est envoyer un sous-entendu en n’ayant l’air de rien. On pourrait traduire “dog whistle” par “appeau à cons” en gros.

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Le terme “MAP” désigne un des trucs les plus puants du monde, en vrai. Et c’est pas la marque de gants ménagers, non.

MAP désigne “Minor Attracted Person”, une communauté de personnes qui se disent ouvertement attirés (désolée, j’attends encore les comptes portés par des femmes pour féminiser ou inclusiviser) par les mineur-es, les enfants, bref, des pédophiles qui se disent “pas pédocriminels mais quand même”. Je suis assez peu réceptive, j’avoue, en tant que victime, de ce truc, même si je sais qu’il y a des personnes qui ne passent jamais à l’acte. Je suis désolée, c’est viscéral et sans doute inadéquat, mais je ne peux pas soutenir ce mouvement. Je peux ne pas dire que ce sont des pédocriminels déguisés, mais pas plus.

Quand on sait que la nouvelle tendance made in US est d’appeler les personnes trans, spécialement les femmes trans, des “groomers”, c’est à dire des personnes qui s’introduisent dans la psyché de nos enfants pour les préparer (“groomer”) à des actes pédocriminels, l’utilisation du terme MAP(A) est tout sauf anodine. On associe deux choses qui n’ont rien à voir. Non, transitionner ne fait pas des personnes des prédatrices.

En tout cas, moi, ça me renvoie automatiquement à ça. Je suis française, c’est un terme qui a fait une apparition récente (2019) en France mais je le connais via mes sources étasuniennes depuis un peu plus longtemps.

Pour toutes les personnes qui pensent réellement que le mythe des groomers dans les événements drag queens et les agressions dans les WC des femmes par des femmes trans sont un fait de société extrêmement urgent et grave, porté par ces saloperies de wokistes à la con, le terme va automatiquement parler à leur cerveau reptilien, ou plutôt à leur lobe frontal, la partie qui gère le langage et le raisonnement.

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C’est ça, le dog whistle, dans le sens “en filigrane” (L’autre utilisation de whistleblow est “lanceur-se d’alerte”). Dire “guerre au terrorisme” pour ne pas dire “guerre à l’Islam”. Utiliser du vocabulaire spécifique pour faire tilter des personnes et les conforter dans la sensation qu’elles en savent plus que la plupart des gens. Elles sont dans la confidence, ces personnes, elles voient bien ce qui se passe et se disent sans doute que la cancel culture les oblige à utiliser un langage détourné pour évoquer les “vrais problèmes qu’on peut pas dire”.

Lorsque Gérald D. parle d’insécurité, on pense aux banlieues et à ces sales jeunes qui font rien qu’à être désœuvrés par pure fainéantise, pas du tout car on vit dans un monde raciste.

Lorsqu’on parle “laïcité”, on parle “Islam” ou “voile”. Si on dit “elle touche les allocs” on pensera peut-être à l’image de la mère de famille nombreuse, la “wellfare queen” de Ronald Reagan qui touche pensions et allocs pour bien vivre aux crochets de la société sans jamais travailler. Alors que faire des gosses pour se sortir de la précarité est la pire idée du monde, ou pas loin. Se faire enfler par notre président en allant voter au cas où était aussi une des pires idées, mais je m’égare.

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Je ne sais pas si le terme utilisé ici “MAPA” fait référence à “MAP”, je ne suis pas dans la tête de la personne qui sort l’énormité. Mais…si moi j’ai tilté…combien d’autres ont fait le lien, même inconsciemment ? Et vu que le petit jeune qui cause à la télé prend manifestement ses sources outre-Atlantique, ça m’étonnerait qu’il ne connaisse pas le terme…

Je vais aussi me marrer sur le reste, genre “Neuternité” pour “Maternité”. Sans déconner. Je suis dans des groupes de parentalité féministe depuis 8 ans, jamais, ô grand jamais, je n’ai lu ou entendu ce terme. Je veux bien croire qu’il a été proposé, mais il n’est à priori pas encore en usage courant.

Idem pour “Autrim” pour auteur/autreurice. Alors, du coup, maintenant, le mot autrice est intégré mais il faut autre chose pour faire chier. Et soulignons le “M” à la place du “X” parce que sinon ça faisait autrix et ça ressemblait trop à la forme féminine du mot. Sans déconner, les mecs.

Le Figaro nous propose même un “décryptage” :

DÉCRYPTAGE – De nouveaux mots pour «s’affranchir de la binarité de genre par l’écriture»? C’est désormais l’objectif des collectifs défendant les personnes LGBTQIAAP+.

Je te mets pas le lien, c’est en accès abonné-e et l’article ne vaut pas le coup. On se plaint en gros que le dictionnaire “Le Robert” ait intégré le pronom “iel” dans sa dernière édition tout en faisant des efforts pour sembler…neutres dans le discours, à l’aide de l’utilisation de termes typiques de “dog whistle”.

🐦 “Vous vous adressez à des personnes bigenres, demi-genres, aporagenres (1), xénogenres (2), de genres fluides ou multiples et vous avez peur de les mégenrer? Ne soyez pas «confux»: il n’est pas facile de connaître les formulations les plus adéquates pour inclure les personnes non binaires dans un discours.

Alors que, d’après un sondage Ifop publié en 2020, 22 % des 18-30 ans se disent non binaires – c’est-à-dire ni exclusivement homme ni exclusivement femme -, le dictionnaire Le Robert reconnaît désormais «iel» comme pronom personnel neutre de la troisième personne du singulier. Concernant les procédés d’écriture à privilégier, il n’y a cependant pas encore de consensus, même parmi les personnes non binaires.”

On a d’abord la floppée de termes inconnus du grand public. Xénogenre, mein gott, comment perdre ton lectorat dans des abysses de perplexité mieux que ça…et surtout, comment conforter la panique morale au sujet de notre si beau vocabulaire inchangé depuis 1675 ? “On nous impose de nouveaux mots, au secours !” Je note l’absence de “agenre” qui est quand même un tout petit peu en seconde place après non-binaire dans les dénominations utilisées…

Ensuite, on place “confux” pour enfoncer le clou : ces gens là (les féministes) sont vraiment complètement foulleaux. Fous et folles. Foulleaux. Y’a même un X dedans, merde, je fais des efforts d’adaptation, là ! On place un autre mot bizarre après plein de mots bizarres : on en appelle au traditionalisme franchouillard, ici, sans AUCUN doute.

Malgré l’aspect relativement objectif de l’article, rien que ces lignes m’indiquent quel est le parti pris : celui de la confusion au profit du conservatisme.

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Encore une fois : pourquoi accepter des termes comme “digital” plus facilement que “iel” ? Clickbait, blockchain, ROI, tracking, flex, responsive, benchmark, pop-up, community manager, sandbox, POC, backoffice, growth hacking, Big Data, KPI, opt-in, scrum, UX/UI design ou zoning font partie intégrante du vocabulaire de la start-up nation et on s’étouffe devant des mots destinés à inclure tout le monde ? Sans rire…

On est dans de la pure panique morale. Attention, on va changer tous les mots comme ça tu pourras même plus parler, nous sommes la légion de la cancel culture (encore un mot purement français) wokiste (ça veut dire “cuit dans un petit wok” en français) !

Ce genre d’article est un appeau à cons, oui. On dit sans dire que l’inclusif c’est n’importe quoi, preuve en est cette liste de mots imaginaires (sauf nouvelleau) utilisée quotidiennement par des dizaines de milliards de terroristes intellectuel-les dont le plan maudit consiste à prendre en compte l’identité de chaque personne tout en les mettant dans des cases, comprenne qui voudra.

Alors, oui, j’ai du mal avec l’écriture neutre, techniquement. Pas parce que je n’apprécie pas la non-binarité, juste orthographiquement et syntaxiquement, c’est assez compliqué de trouver des tournures de phrases réellement inclusives. Je fais comme je peux en sachant que je vais forcément laisser mes mains aller sur le clavier dans un inclusif binaire. Je l’admets, entre la lisibilité pour les personnes -dys et les besoins de représentativité, écrire au neutre est souvent problématique dans une langue binaire. Et esthétiquement, j’ai du mal avec le X, oui. Les mots chantent, le X brouille mon message interne, ok, mais c’est mon problème et c’est à moi de chercher des solutions convenables en surpassant mes blocages. Je dois faire un effort, je le sais. Personne ne me menace ni ne me harcèle, mais je continue à chercher.

C’est ici qu’on voit que la transposition pure du vocabulaire étasunien à la langue française n’est pas faisable en 2 secondes. Notre langue est genrée as fuck. Alors, on CHERCHE, on TESTE DES TRUCS ET DES MACHINS, on TENTE DE TROUVER, ensemble, comment faire plus ou moins consensus. Et on y arrive moyen, mais au moins, on ESSAYE au lieu d’aller se moquer sur CNEWS de menaces fantasmées.

Oui, changer le monde passe par le changement du vocabulaire. Vouloir changer le monde pour que les personnes non-binaires soient représenté-es (tu vois, j’ai du mal, représentéx ? représentx ? Est-ce que tu m’en veux car j’ai du mal ? Pourtant, l’usage du X ne fait pas l’unanimité donc je ne sais pas faire mieux pour le moment.), j’avoue, quelle terreur terrorisante. J’en tremble de caféine. Trop peur.

Le message en filigrane ici, c’est : “Ces personnes sont complètement à l’ouest et veulent tout détruire avec des mots moches” et “Amusez-vous sur Twitter à composer des phrases pour bien se marrer pour invalider toute velléité d’inclusion, mordelol”.

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Lobby LGBT+, à l’attaque ! Mords-y l’oeil ! D’abord l’usurpation de l’arc-en-ciel, les toilettes mixtes, demain, le monde tout entier !

Quand s’arrêteront-iels ?