Heures de réveil : 2h22, 3h32, 4h43 (ouais)

Je ne sais pas comment faire une intro, ce matin, mais on va parler de la considération interne au boy’s club. Ou comment les hommes cis entre eux se vouent plus d’amour et de respect qu’ils n’en montrent envers les femmes.

On appelle ça le “désir homosocial

❤️❤️❤️

Je suis en train de lire ce papier de Virginia Cooper et Sue Kinsey sur les boy’s clubs universitaire au Royaume-Uni, publié en 2012.

🐦 Objectif – L’objectif de cet article est d’explorer la nature et le pouvoir du boys club universitaire.
Dans de nombreuses organisations, la significance politique du boys club passe largement inaperçue et non reconnue. Pourtant, la façon dont les collègues masculins se lient intimement les uns aux autres, parfois appelée désir homosocial, est cruciale pour leur réussite à obtenir et à conserver le pouvoir au travail.

Conception/méthodologie/approche – Des données féministes, poststructuralistes, ethnographiques, qualitatives et longitudinales ont été recueillies sur une période de fin de cinq ans auprès d’universitaires masculins et féminins dans une université britannique.

Résultats – Le boys club est toujours une caractéristique puissante des universités britanniques. Leur invisibilité apparente dissimule la manière dont elles peuvent promouvoir et maintenir les intérêts masculins dans une myriade de voies, y compris la sélection et la promotion. Ces conclusions ont des résonances pour toutes les organisations. Limites/implications de la recherche – La recherche de l’intimité entre les collègues masculins nécessite un travail de terrain intensif en temps et un accès privilégié aux hommes qui interagissent les uns avec les autres.

🔸 On va donc lire ça et explorer ce qu’on va trouver.

🐦 Nous utilisons la métaphore du “boys club” pour désigner les discours et les pratiques partagés entre les hommes qui institutionnalisent la domination des hommes sur les femmes (Bird, 1996), mais qui restent cachés ou sont présentés comme des interactions sociales inoffensives.

🔸 Citation dans la citation :

🐦 […] la masculinité, dans la mesure où ce terme peut être brièvement défini, est simultanément un lieu dans les relations entre les sexes, les pratiques par lesquelles les hommes et les femmes s’engagent dans ce lieu et les effets de ces pratiques.
(Connell (1995, p. 71))

Ce Boy’s Club s’appelle “Le Cercle de la Garnison” stp 🤣

🧡🧡🧡

On parle ici de Boy’s Club, au Royaume-Uni, alors je pense au Bristol Social Club Moins Le Socialisme, club masculin non-mixte depuis 125 ans. On nous fait chier avec trois groupes non-mixtes mais eux décident de trucs et de machins importants à huis clos.

List of gentlemen’s clubs in London (Wikipedia)

Fun fact : quand tu cherches un club similaire en France, tu as des bars gays. Mais quand tu cherches un peu mieux, tu te rends compte qu’on en a. Evidemment. Mais ça m’a fait rire bêtement, je m’attendais à des canapés en cuir et j’ai trouvé des gens en cuir. Passons. C’est le matin.

🐦 Car ici, les femmes, épouses ou non, ne sont autorisées qu’au titre d’invitées de ces messieurs. ” Cela s’est un peu modernisé. Maintenant, nous avons des femmes qui viennent au restaurant et en chambre, mais seulement si elles sont accompagnées “, nous explique-t-on sous couvert d’anonymat. Que justifie un tel règlement en 2015 ? La ” tradition “, car ” cela fait plus de cent ans que c’est ainsi “. Les membres, surnommés les ” travailleurs “, sont des financiers et des avocats qui ne désirent pas se retrouver en présence de femmes seules, parce que ” l’ambiance ne serait pas aussi familière, et qu’ils préfèrent rester entre eux “. Pour eux, le club est un “deuxième chez soi”, un lieu qui permet de ” fuir la maison pour se retrouver devant un jeu de cartes ou un verre “. Ou pour déjeuner et cultiver son réseau entre hommes issus du même sérail.
(Madame Figaro, ce brûlot féministe)

🔹 Quand j’étais petite, j’ai été élevée avec une Mamie qui râlait parce que mon grand-père n’était jamais là. Il allait “au bistrot avec ses copains” et la vanne c’est qu’avec lui, elle ne pouvait jamais faire de soufflé car on ne savait pas quand il rentrerait.

Cette manière de fuir le domicile m’a toujours interpellée. C’était bien, pourtant, chez lui, en plus il n’avait même pas à faire à manger ! J’ai mis ASSEZ LONGTEMPS à comprendre qu’il était pas forcément toujours “au bistrot” et que ses déplacement professionnels n’étaient pas toujours professionnels. Mais je ne comprends toujours pas ce besoin viscéral de fuir le domicile. Genre t’as un boulot stressant, tu fuis le boulot pour rentrer chez toi, mais à la maison, il est où, le stress ?

Mon grand-père était marié à une prof d’Arts Ménagers. Sa maison était toujours impeccable, du sol au plafond. Ma grand-mère cuisinait bien et avait totalement l’esprit mère au foyer des années 50. Ils avaient deux filles qui ne cassaient pas tout, qui travaillaient bien à l’école…

💛💛💛

Mais lui avait besoin de liberté, tu comprends ? Parce que ma grand-mère l’engueulait (je l’aurais engueulé aussi), parce qu’il était visiblement plutôt assez volage et qu’il travaillait beaucoup trop. Donc, pour se détendre de sa journée de travail sans sa femme, il allait “au bistrot” sans sa femme. Parce que ça le faisait chier. J’ai assisté à la logistique des repas de fêtes, sa seule implication était de choisir le vin. Franchement, moi, tu me dis que je rentre dans une maison clean avec à manger, je vais pas “au bistrot”. Surtout, je me demande comment les libertés de sa femme ont été gérées.

Alors ok, ma Mamie était pas commode (et pas armoire Lorraine non plus), elle avait son caractère parfois acide, passif-agressif, ses silences vexés et plein de choses qui la rendaient difficile à vivre. J’ai vécu avec elle à 25 ans pour bosser mon second BTS, je l’adorais et l’adore toujours, mais ouais, elle était reloue.

🌴 Sauf qu’il avait deux filles, aussi. Mais son bien-être de travailleur à responsabilité épuisé comptait plus que le reste. Je suis désolée si tu me lis, maman, mais c’est la seule réponse que j’ai. Parce que je me vois mal, moi, larguer tout le monde et aller “au bistrot” en laissant époux et enfant se démerder. Je dis pas que j’aimerais pas, parfois, mais je ne pense pas en faire une habitude.

En résumé, un homme fuit sa femme pour se rendre dans un endroit pour s’alcooliser avec ses copains, qu’il voit plus souvent que sa femme, du coup. Je n’ai aucun mal à croire que ça ait pu tourner vinaigre. Parce que plus il fuyait, plus elle se sentait en insécurité affective (oh oh oh serait-on dans une relation cis-hétéro ?), plus elle se sentait en insécurité affective, plus elle était agressive, et plus lui fuyait. Ma grand-mère était plutôt une belle femme, très soignée, soucieuse de son apparence et vivant extrêmement mal l’avancée en âge et les relations qu’il avait avec d’autres femmes. Lorsque j’ai été à ses funérailles, j’ai aussi été dans la maison, et j’ai trouvé son journal intime. Un fucking carnet alimentaire, arrêté 4 ou 5 jours avant son décès. Elle avait 95 ans. L’insécurité affective, encore, toujours.

🤷‍♀️ Moi, j’ai développé un non-affect : si j’aime pas, je peux partir quand je veux. Les gens sont libres de mener les activités qu’ils veulent, mon mari pourrait totalement avoir une double vie. J’ai pris le contrepied de ce que je sentais sans savoir dire les mots “l’amour ça fait mal et j’ai peur de la perte”.

Au grand étonnement de ma Mamie, qui adorait mon époux, point de bistrot, point de coucheries, des adultes qui dialoguent et qui se font toujours confiance après 5 ans. Lorsque je me suis mariée, elle m’a dit “Bon, tu sais…maintenant que tu es mariée…ton mari va aller voir ailleurs, et c’est normal.” J’ai dit “No way” elle a dit “Ooooh, tu verras bien, ma cocotte”.

Je veux pas dire, mais ça fait 10 ans que j’attends, maintenant.

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🐦 À l’Automobile Club de France, club de luxe implanté place de la Concorde, les femmes n’ont le droit d’accéder qu’à certains étages et seulement en tant qu’invitées. Même confirmation par téléphone pour le très huppé Jockey Club, “QG” des aristos. La raison ? ” C’est un club de gentlemen “. Les femmes ne peuvent y être membres, parce que, nous dit-on, cela fait partie des codes, “comme le fait de ne pas pouvoir venir en baskets ou en jeans “. Le Nouveau Cercle, où se retrouvent les passionnés de jeux, est également réservé aux hommes. Un employé explique qu’il s’agit, encore une fois, d’une tradition et que les membres ne souhaitent pas la changer. “Ces messieurs aiment refaire le monde entre eux et nous avons quelques manifestations organisées avec ces dames, comme le dîner des épouses ou le prix littéraire”, ajoute-t-il.
(Madame Figaro, ce brûlot féministe)

🦩 Les femmes perturbent avec leur sexe béant affiché sous leur nez. Elles perturbent sexuellement car elles ne sont qu’un enjeu sexuel. Que dire de plus que ça ? On est tellement réifiées que nous sommes une fonction : la baise. Deux éventuellement, ou en cas de pas de bol : les enfants.

Une femme ne peut pas penser, ne peut pas parler, ses idées seront perçues comme ridicules ou pathétiques, même si Jean-Nuisible répète strictement la même chose et se fait applaudir juste après (Si toi aussi t’as été en réunion dans ta vie tape dans tes mains 👏).

Un enjeu sexuel ou procréateur, c’est tout. C’est exactement ce que disent ces règles d’exclusion ou les proviseurs de 1962 sur les minijupes. Les filles “perturbent”. Alors que si ces messieurs se la taillaient en pointe et se la collaient sur l’oreille, tout le monde serait tranquille, en fait.

👁‍🗨 Mais c’est pas le regard masculin qu’on veut changer. Imagine, un jour, ils se rendent compte que les femmes sont des êtres humains également ? Peut-être que certains d’entre eux briseraient le Grand Cercle de l’Amitié ? Non, c’est pas à eux de changer, c’est à nous de disparaître parce qu’ils ne veulent pas reconnaître qu’ils sont de gros queutards.

Dans les groupes de musique amateurs que j’ai pu connaître, il y a toujours eu la peur de “la meuf qui fait splitter le groupe” ou de celle qui va parler agression sexuelle. J’ai été “meuf de” et au départ, je n’ai pas vraiment été accueillie à bras ouverts, au contraire. Ensuite ils ont compris que ça irait, alors ça a été. Puis mon ex m’a fait de sales coups, je me suis repliée sur moi-même et tout le monde m’a tourné le dos. Tout comme ils ont laissé une “meuf de” presque réussir sa tentative de suicide en l’accusant ensuite de vouloir foutre la merde alors que si les “meufs de” n’avaient pas appelé les pompiers, c’est à ses funérailles que j’aurais été.

Autant rester entre bites. Même si c’est le cœur du problème, c’est LEUR queue du problème.

J’avoue tout. Je n’ai pas envie de rejoindre une bande de potes.

Nan, même pas là. Ils ont l’air très bien ensemble, on va les laisser là.

💙💙💙

On rappelle (oui on est toujours dans la publication mentionnée plus haut, je ne me suis pas perdue) que l’Homme est la Neutralité. Il est le non-énoncé car perpétuel, cela va de soi. La particularité, c’est “les autres”. Les femmes, mais aussi toutes les minorités de genre. L’Homme est la norme, et personne ne va t’embaucher parce que “Vous êtes un homme, ça fera un peu d’air frais dans cette équipe de femmes, surtout si vous faites de la pâtisserie hahaha”. On en a déjà parlé ici et .

Cette domination doit être justifiée. On choisit la biologie parce que c’est le plus simple. Les hommes sont plus grands, plus forts, plus intelligents. D’où ? On sait pas, mais c’est comme ça.

🐦 Dans le contexte des organisations, Collinson et Hearn (1994, p. 12) ont tenté de cerner ces “tensions entre le pouvoir collectif des hommes et des masculinités, et la différenciation entre les hommes et les masculinités”. Néanmoins, ils soutiennent que les diverses masculinités sont centrales à l’exercice du pouvoir genré sur le lieu de travail. Ils proposent cinq discours et pratiques de la masculinité qui sont endémiques dans de nombreuses organisations : l’autoritarisme, le paternalisme, l’entrepreneuriat, l’informalisme et le carriérisme.
L’autoritarisme “célèbre une masculinité brutale et agressive” tandis que le paternalisme “s’appuie sur la métaphore familiale de la “règle du père” qui est autoritaire, bienveillant, autodiscipliné et sage” (1994, p. 13).
L’entrepreneuriat “exprime une approche “dure” et hautement compétitive des affaires et de l’organisation et est associé à des styles de gestion plus récents”.
Le carriérisme suggère une obsession de la réussite hiérarchique, en particulier dans le cas des masculinités de la classe moyenne où les hommes se définissent (et sont définis) “comme des soutiens de famille privatisés dont le but premier est de “subvenir” aux besoins de leur famille” (Collinson et Hearn, 1994, p. 15).
Enfin, l’informalisme révèle la nature du réseautage informel entre les hommes, fondé sur des intérêts et des valeurs masculines partagés.

👉 On est ici dans l’informalisme : cette connivence immédiate et cette solidarité de genre qui repose sur la reproduction de l’exclusion féminine. Les hommes préfèrent travailler entre eux, avec des personnes qui leur ressemblent. On cite ici le recrutement managerial, et je viens de comprendre pourquoi les personnes ayant réussi  à surmonter le harcèlement professionnel dont j’ai pu être victime sont taillées dans la même essence de bois : le directeur est cynique, violent, agressif et sans concession. De mémoire, pas un-e manager n’échappe à cette règle : les deux femmes managers présentent elles aussi ces caractéristiques “masculines” recherchées. Mais si on avait pas un devoir de parité…pas sûre du tout qu’elles auraient eu cette opportunité. C’est les femmes qui sautent en premier quand ça sent le roussi. En tout cas, de leur part, je n’ai jamais reçu aucun soutien, juste de la fausse sympathie pour me soutirer des infos me desservant.

Rémora-style.

Rémora cherchant une nouvelle opportunité professionnelle.

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🐦 Plus le cercle est fermé, plus il est difficile pour les outsiders de s’introduire et leur difficulté à entrer peut être considérée comme un signe que les insiders ont eu raison de verrouiller la porte car les assaillants sont manifestement incompétents.

[On préfère le] concept de “désir homosocial” qui résume mieux l'”énergie” et la “chimie” qui circulent entre certains hommes au travail et qui peuvent influencer leurs décisions quant à la succession de chacun. C’est une expression qui souligne les “ambiguïtés entre le “social” et le “sexuel” dans les réseaux d’hommes” (Roper, 1996, p. 213).

🔘 On en arrive aux vannes de vestiaires. Tu sais, les vannes de cul trop trop drôle ? Les questions intrusives, l’intérêt pour les menstruations, les avances mal dissimulées, tout ça ? Ben ça sert entre autres à gêner, salir et écarter les femmes des lieux où se déroulent ces exemples attendrissants (non) de l’objectification féminine. Cela permet aussi aux hommes de se raconter des anecdotes croustillantes, mais jamais celles où ils ont eu une panne, non, celles où c’est la femme qui a été en mauvaise posture, si j’ose dire. Et ça les rapproche, de dédain des femmes.

🐦 Les féministes doivent peut-être accepter l’instabilité de la catégorie “femmes”, mais cela ne signifie pas que la catégorie ne doit pas être utilisée politiquement (Butler, 1990, p. 15).

🔘 Cette citation est là pour faire plaisir. Merci. On continue.

Une expérience mentionnée et dont, je pense, on peut à peu près toustes se souvenir, c’est le “seul-e au milieu d’un groupe d’hommes”. Moi, seule en salle de réunion ou dans l’ascenseur avec que des mecs, c’est l’angoisse immédiate. Et si on m’oblige de nouveau à faire la bise, je ne réponds plus de rien. Pourquoi je toucherais ta joue, mec ? Ah oui, parce que tu as une position d’autorité et que tu a ignoré mes refus sans doute trop polis. En soirée avec que des mecs ? Je fais plus, ça, sauf si j’ai pas le choix ou que je ne sais pas que je serai la seule meuf. Les vannes, les sous entendus, les “private jokes de dominant” (lol avec le viol), non merci. J’ai vécu trop de moment où ils me posaient tous des questions très intimes en rafale avec la porte beaucoup trop loin de moi.

C’est fait pour. On te rappelle ta condition d’objet sexuel et éventuellement procréatif pour que tu “restes à ta place”. Toi = sexe ou bébé. Compris ?

🐦 [Témoignage] En marge d’une autre conversation, différente, mon nouveau collègue de l’équipe des RH, Carl, vient de me dire qu’il fait partie d’une liste de diffusion réservée aux hommes de l’école de commerce, qui transmet des informations sur le football, des blagues et des discussions sur les investissements financiers. Il n’a pas vraiment dit que les femmes étaient exclues mais nous avons compris que ce devait être le cas lorsque je lui ai demandé qui figurait sur la liste de distribution et qui l’avait invité à s’y joindre. Il était très embarrassé mais ne voulait pas aborder la question de l’exclusivité avec le réseau. En tant que fan de football, j’ai été très surprise et déçue que ce membre du personnel relativement nouveau fasse partie d’un réseau dont je ne connaissais rien (en tant que membre du personnel depuis des décennies). J’ai demandé à toutes mes collègues féminines et aucune d’entre elles n’en avait entendu parler.

🧶 Tu veux ajouter quoi ? Que l’informel est en réalité extrêmement important et se constitue également de beuveries ou de sport entre dudes ? Qu’organiser des “after-work” en semaine exclut d’office toutes les daronnes ? Que l’ambiance de ces soirées est de toutes façons tellement anxiogène que tu retenteras pas, ce qui est le but ?

Selon Google Images, une soirée mecs c’est soit en boîte, soit devant du sport à la télé, le tout avec des bières et des hurlements. J’avoue que ça me tente moyen.

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🐦 Aujourd’hui, lors de la réunion de notre département, il a fait une présentation sur ses plans pour notre domaine d’activité. Les mots et les phrases qu’il a utilisés pour ” faire du business ” impliquaient généralement une combinaison de ” lignes de front, de fond et de base “, d'” approches à l’épreuve des balles ” et autres commentaires machistes et ” masculinisés “. Il a même applaudi avec enthousiasme le travail du “gourou” des RH, Gary Hamel, qui a récemment exhorté les praticiens des RH à “lutter contre les forces du statu quo”, à “saisir les nouvelles opportunités” et à combattre les organisations qui “souffrent d’un faible taux de sperme d’entreprise” (Hamel, 2002, p. 9). Tout cela a été longuement exposé par Simon, avec un visage tout à fait sérieux, et a suscité des regards d’incrédulité sur les visages des femmes universitaires.

📺 C’est vrai que la violence des termes m’a frappée aussi. Tout comme mon désormais ex directeur disait sans ciller “on les a bien violés” en parlant d’un autre service. Grosse ambiance.

Le vocabulaire entrepreneurial est une mine. Perso, quand tu me dis “Big Data” je pense “Big Dick” (désolée, c’est la réalité, mon monde est bien triste, je sais).
“Bootcamp” désignera donc des formations aussi intensives que 2 semaines au camp militaire (c’est un terme militaire à la base, oui)
Que dire du terme “Mompreneur” (maman-entrepreneur) ? Je te laisse y réfléchir.

On loue l’agressivité, l’insistance, on mise tout sur un développement rapide (growth hacking, lean management). J’insiste sur l’agressivité et la violence qui sont encouragées plus ou moins directement. Loup de Wall Street style, tu vois ? Si la violence et le mensonge peuvent apporter beaucoup d’argent, alors…on va continuer à encourager ces “qualités”, tout en déportant le SAV sur les femmes. Tu me crois pas ? Combien de mails j’ai dû faire pour mes divers responsables…combien de client-es j’ai calmé-es pacifiquement au téléphone ? “Une vois féminine ça passe mieux” “Tu peux gérer machin ? Il est chiant je veux pas lui parler”. Genre moi j’ai qu’une envie c’est de rattraper tes merdes.

Et on s’étonne que le capitalisme soit violent. Et on s’étonne que beaucoup d’hommes soient violents alors qu’ils suivent les règles du jeu. Le système s’auto-entretient, strate après strate, génération de connards après génération de connards. Est-ce la violence masculine qui nourrit le capitalisme ou le capitalisme qui nourrit la violence masculine ? J’en sais foutre rien.

😭 Puis tu as Guillaume, un jeune collègue, à qui tout le monde demandait “C’est pas trop dur de ne travailler qu’avec des femmes ?”. Il était clairement déclassé, cette question ne lui était pas posée avec bienveillance. J’ai eu d’autres collègues “touts seuls” pour qui c’était la même. Et un collègue qui se vantait d’avoir rendu un service entièrement masculin, haha, qu’est-ce qu’on se marre dis donc.

Les instituteurs, les maïeuticiens, les infirmiers, les assistants maternels, tous soupçonnés de nourrir des penchants pédophiles, sinon, pourquoi choisir ces métiers-là ? C’est obligatoirement pour une paye de ouf ou de la gratification sexuelle, non ? Et comme t’as pas une paye de ouf…rien d’autre ne peut justifier ton orientation professionnelle.

Seule configuration possible lorsqu’on parle de “mec dans un groupe de femmes”

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D’un autre côté, c’est bien utile, car ça permet aux comploteuses de se dissimuler habilement sous couvert de “club de tricot” ou de macramé.

Le women’s club c’est les interstices de liberté, et nous on continue demain (on est à la moitié de l’étude à vue de nez)